Le chaperon du 9-1

Ouvrez bien grand vos étiquettes :
Je vais vous bonnir l’historiette
D’la môme au rouge chaperon.
Quequ’part dans un bled à la con,
Peut-être bien Corbeil-essonnes,
Vivait seule avec sa daronne
Une gosse au QI léger
Et au joli p’tit cul potelé.
C’était la star des HLM.
« Si tu portais à ta grand-rem
Cette appétissante côtelette ?
Je te prête ma mobylette. »
Qu’lui bonnit sa môman un matin.
« Et don’t forget le Castelvin !
I paraîtrait qu’elle est patraque
Le jaja la remettra d’attaque ! »
La gosseline mit les adjas
Sur son chemin elle rencontra
Un loup qu’avait vraiment la dalle
« Je m’calerais bien les amygdales
Avec d’la pucelle premier choix »
Se dit l’animal à part soi
« Où qu’tu vas comme ça ma jolie ?
T’as maté ma Kawasaki ? »
« J’vais rendre visite à ma grand-vioque,
La pauvre est clouée au paddock »
« Où c’est qu’elle crèche, la relique ? »
Demanda le loup famélique
Qui voyant rôder les dreaupers
Décida de la jouer pépère
« La première bicoque du patelin
À deux bornes d’ici, c’est pas loin »
« On fait la course, ma beauté ? »
La môme qu’avait pas inventé
L’eau chaude accepta mais - sa brelle
Ne faisant pas des étincelles -
Le loup arriva le premier.
Sonna : « Qui que c’est ? » fit Mémé
« Je t’amène de la bouffetance
De quoi bien te remplir la panse »
Dit le loup d’une toute petite voix
Allez grand-maman ouvre-moi
Et chausse ton jeu de dominos ! »
« Tire donc sur le bitoniau,
Et le bidule se f’ra la malle »
Le loup rentré trouva pas mal
La vieille qu’i s’mit sous les chicots
Il prit ses frusques, et au pageot !
Une plombe plus tard le chaperon
Sonna à son tour. « J’ai un litron
Pour toi la vioque. Ouvre la lourde. »
Et le loup bonnit à la gourde
Avec une voix de vieux tromblon
« Tire l’bitoniau à la con
Et le machin se f’ra la belle »
La gosseline sans cervelle
Radina, mit la barbaque au frigo
Le loup voulant remettre illico
L’couvert lui dit : « Viens dans mon page
M’embrasser, tu seras bien sage… »
Quand elle vit la vioque de près
La môme en crut pas ses quinquets
« T’en as d’ses abattis » dit-elle
« C’est pour mieux t’ bécoter, ma belle »
« Et tes flubes , impressionnant ! »
« Je cours l’marathon tous les ans »
« Tes esgourdes elles me fascinent ! »
« C’est pour capter c’que tu jaspines »
« Nom de d’là ! T’as de ces calots ! »
« C’est pour admirer ton museau »
« Et tes chailles elles sont mahousses »
« C’est pas pour bouffer du couscous ! »
Là d’ssus le loup montra sa fiole
La goss’ passa à la cass’role.

Y a une morale à l’histoire ?
En vérité on peut en voir
Mais bibi il en voit pas trop :
Le loup avait vraiment les crocs,
Conne comme une valoche sans poignée
La môme à la fin s’fait bouffer.

Disons que c’est bien mérité !

cqfd.
rien à ajouter, sauf que j'ai bien apprécié ce conte de nos banlieues.

Ah si !
j'trouve qu'ya une morale

Sieur de Legone, si tu permets :

Si ton rouge bien frais te laisse boire
ta rouge bien chaude baise ce soir

petite correction d'écrivailleur précoce

si ton rouge bien frais te laisse boire,
c'est que ta rouge bien chaude baise ce soir.

« Tire donc sur le bitoniau,
Et le bidule se f’ra la malle »

J'adore cette façon de rajeunir nos contes !
Par goût j'aurais aimé une variante pour la fin.

je me souviens d'un exo posté ici sur un thème approchant dans lequel le chaperon envoyait au loup ses amitiés et quelques potes http://www.vosecrits.com/t6969-exo-lettre-d-insulte-tire-la-chevillette-et-la-bobinette-cherra je m'étais bien amusée mais en vers ça a quand même une autre classe, surtout dans le registre choisi ;-)

Il n'y a pas tellement de suce-pince, mais la langue est de toute beauté.
avec des emprunts à l'angliche
"Et don’t forget le Castelvin !"
et des rimes qatariennes
« Où c’est qu’elle crèche, la relique ? »
Demanda le loup famélique

Putain, il s'a pécho et becté la vioque et la pisseuse, le bestiau ! Ça doit faire un bail qu’il avait pas graillé

Écrit comme ça, c'est surement plus accessible, dans le 9-1

Je me suis beaucoup amusée à la lecture de cette truculente version !

Quel poème !

peaucha bas

J'aurais bien imaginé Renaud la chanter, celle-là...
Ou comment un conte de Perrault devient conte d'apéro. J'avoue n'avoir pas compris la moitié des mots d'argot, mais c'est vraiment bien ficelé, c't'histoire, rien à dire, ça m'a bien plu (t'aurais peut-être pu aérer la lecture, quand même)

Bien aimé, très sympa. J'ai guetté une fin un peu différente, une liberté scénaristique tout autant que dans le vocabulaire, mais tu as préféré coller au conte, après tout.

Drôle, vif et savoureux !

ah vraiment j'aime beaucoup, c'est complètement jubilatoire!
du coup, bravo et puis merci

pas sûr que les sept dernières lignes (la morale) soient indispensables, pour moi ça enlève un peu quelque chose.

et ça pourrait même être encore plus excellent en ponçant légèrement par ci par là pour un rythme impeccable.
je pense par exemple à
"Qu’lui bonnit sa môman un matin.", parce que ça fait deux fois le verbe bonnir, et que "dit" à la place...mais bon, je chipote

génial ! super revisitation, une vraie récréaction... un truc me gêne, des p'tits cailloux dans les pieds, j'ai pas dansé au même rythme à chaque vers, mais j'étais saoule, déjà... je reviendra pour un aut' tour...

J'ai beaucoup aimé, particulièrement le dialogue à la fin qui est excellent!

Le chaperon sauce Legone, j'en mangerais sans fin ! Et au moins toi tu confonds pas langue verte et langage écolo !

Un poème à lire, relire, et diffuser sans modération.
Bravo !

http://www.moutal.eu/divers/482-fables-de-la-fontaine-en-argot-par-marcus.html

Le Chêne et le roseau
Biglant un jour à ses panards,
Qu'un roseau v'nait lui faire la pige,
Le chêne, un fortiche, un mastar
Lui bonit: « P'tit' têt', tu attiges;
Ton gniass' n'aurait pas le culot
De s'aligner avec mécolle;
Mézigue est mailloche et riflot
Tu es loqu'du et tartignolle.
Ne tenant pas sur ses jacquots,
Le moindre zef te balanc'tique.
Qu'un bécan t'agriche, et d'auto
Tu baiss's la tronche et tu chanc'tique.»
D'accord, j'accouche camaro
Qu'un coup de zéphir me dégomme
Mais, je me rebecqu'te aussitôt;
Savoir ce que ferait ta pomme ?
Jusqu'ici tu t'es cru planqué,
C'est pour ça que tu charribottes;
Mais il ne faudrait qu'un louqué,
Pour que tu dingues avec les potes.
Tandis qu'ils discutaient l'bout gras,
Le temps tourna à la godille.
Orage, éclairs, tout radina
Pour leur arnaquer les gambilles.
Mariol et peinard, le roseau
Tourna, vira s'croyant au guinche;
Et s'bidonnant dans son coinstot,
D'gaffer la bouille à son aminche.
Celui-ci mastar mais à cran,
Râlait, gueulait à perdre haleine,
Gambergeant qu'avec ce coup de flan,
Il allait aller à la traine.
Enfin, l'zef radinant du Nord,
Fit tant, avec tout' son équipe,
Que l'chêne dingua dans les décors
D'vant l'roseau qui s'fendait la pipe.
moralité
Costauds, ne crossez pas; le jour où ça cafouille,
Le dernier des miteux vous mettra dans ses fouilles

Savoureux cet argot principalement parisien ! Je trouve dommage qu'il soit assez méconnu en province.
Ayant vécu douze ans à Paris, j'ai quand même pu apprécier en grande partie ce langage dans les deux versions ci-dessus. Un régal. Ça met de bonne humeur. Merci aux auteurs.

Chouette boulot ! Un pastiche inspiré, plein de trouvailles, ah ça me met de bonne humeur...

J'aime beaucoup ce principe de la fable revisitée : une louche d'humour et de fantaisie en plus agrémentés de trouvailles originales et imagées, ça ne se refuse pas, c'est un plaisir !