Cygne Noir

Un fond sans carpe et plein de maelströms noirs, la Scarpe
- Je voguais, emporté par des bosquets flottants
Longue çà le soulier - vers les trous-cataractes !
Buvait l'écume jaune aux geysers tressautant.

Un canard aile un clapotis; mon cœur se pâme !
- Et sue dessous les archers, aux transports longs.
Un pigeon bruisse un peu l'éther, ainsi qu'un arbre,
Vous crussiez vous évanouir, sur l'aquilon.

Point un cygne, un soleil noir dégouttant de l'eau
- Puis l'aplomb délicat des amours palpébrales
Qui fendant avec force tristesses les flots,

Pince mon coeur ouvert de son bec sidéral;
- Comme une fille, ses blondeurs en un halo :
Sa poitrine semée de frondes lâche un râle.


---

Brouillon : je me rouille !

Je n'aime pas beaucoup ce genre de déballage littéraire. J'ai l'impression en te lisant que tu veux montrer au lecteur que tu connais une foule de mots "rares" et que tu manies bien les verbes compliqués. Cela dit, c'est bien écrit, ça on ne peut pas te l'enlever, mais je te reproche un manque de simplicité, de spontanéité.
"mon coeur se pâme" est une phrase courante, très banale, elle est en totale rupture avec le reste du texte qui lui est très inédit dans l'assemblage des mots.
Je respecte beaucoup ton travail, que j'estime, mais tous ces noms et adjectifs antiques me dérangent.

Orakei a écrit:"mon coeur se pâme" est une phrase courante, très banale

personnellement, je ne dis pas "mon coeur se pâme" tous les jours ;-)

C'est une phrase assez commune, que je retrouve dans beaucoup de poèmes "amateurs" ou non. Biensûr que personne ne l'emploie tous les jours...

charlemagne j'aime bien

Un canard aile un clapotis

suis toujours aussi hermétique
ou alors c'est tes écrits qui le sont
au choix :-))
désolé

j'ajoute qu'au début j'aimais bien, mais juste à cause des mots inconnus, j'aime bien apprendre
mais maintenant la fatigue m'assaille comme on dit en Tanzanie
marre d'apprendre des mots qui me serviront jamais ;-)

Merci pour vos réactions !

Pour "mon cœur se pâme", je pensais faire un pléonasme, ou une sorte de métonymie (ou synecdoque ?) dans la mesure où, en bon français, on écrirait "je me pâme". Mais après une petite recherche, t'as raison Orakei, et je n'ai pas de quoi être fier.

Aussi, ce vocabulaire n'est pas très inédit. Quand vous lisez un poète, vous apprenez son style et sa pensée, même son vocabulaire. Ici, c'est plus ou moins pareil; si ce n'est que je mérite moins des lecteurs qu'ils se familiarisent à mes vers.


Voilà, @ + et merci encore

Salut Charly,

j'ai trouvé ton brouillon plûtot de bon goût et
prend toujours un grand plaisir à te lire, farfouiller
dans les recoins de ton écriture (ou plûtot déblayer)
pour saisir le sens général de tes poèmes.
En revanche, tu as prononcé a juste titre le mot lecteur.
Je me fais du soucis au sujet de ton pannel de lecteurs.
Peut-être devrais tu t'affilier à quelque cercle littéraire
où ton style serit apprécié et encouragé de manière très
pointue (ce que je suis bien incapable de faire).
Tu pourrais y travailler les extrêmes comme par exemple le
surjonctif.

A Bientôt.

Bonheur, bonheur de (re)trouver un texte de Charlemagne, on en a plein la bouche quand on le dit à haute voix, ça passe, mieux que ça, ça se mâche; il y a une force dans ça.

Honnètement, je trouve ça excellemment réussi dans le genre alexandrins crypto-rimbaldiens (un bateau-ivre en eaux calmes ?). techniquement, rien à dire, si ce n'est qu'il manque peut-être une syllabe au sixième vers ?

C'est, je trouve, très savant. Certes, du vocabulaire élaboré un peu abscon, mais une structure de phrase complexe, une rythmique d'alexandrin assez novatrice (le 3-4-5 de la troisième strophe). Je rajoute le goût des sonorités, des images poétiques imaginatives. J'ai noté aussi l'alternance choisie de rimes (très) pauvres et (très) riches (inventif !).

Alors, comment exprimer ce qui m'ennuie ? Je résumerais ainsi : tu joues plus en virtuose qu'en sensibilité, et tu mets ton savoir et ton art au service d'une "forme" qui date de plus d'un siècle*. Scolastiquement, ça vaut 20/20, à l'aise ! C'est peut-être pas accessible, mais ça a une vraie classe.

C'est pas une critique, mais une proposition (un appel), à tenter d'autres formes, à mettre davantage ton art au service de ton texte en le dissimulant. Bref : à te mettre en danger sur de nouvelles choses, parce que je pense que tu regorges de potentiel.

Ceci dit, bravo pour ce sonnet qui a bie des égards m'a épaté !


* pas le sonnet, mais la résonance rimbaldienne de cedit sonnet.

Loupbleu a écrit:
Alors, comment exprimer ce qui m'ennuie ? Je résumerais ainsi : tu joues plus en virtuose qu'en sensibilité, et tu mets ton savoir et ton art au service d'une "forme" qui date de plus d'un siècle. Scolastiquement, ça vaut 20/20, à l'aise ! C'est peut-être pas accessible, mais ça a une vraie classe.

C'est pas une critique, mais une proposition (un appel), à tenter d'autres formes, à mettre davantage ton art au service de ton texte en le dissimulant. Bref : à te mettre en danger sur de nouvelles choses, parce que je pense que tu regorges de potentiel.

Loup-Bleu, je ne vois pas en quoi te choque cette forme du sonnet éprouvée "depuis plus d'un siècle"; est-ce que le XXIème siècle requiert nécessairement une forme dite contemporaine? Qu'est-ce que serait une forme poétique contemporaine? Là on entre dans une exigence "structuraliste". Les "choses qui datent" n'ont-elles plus le droit de cité dans une autre période/époque?
Le texte de Charlemagne, non scholastiquement parlant, gagne peut-être aussi sa force de cette forme /technique/structure définie (mais non figée) et reconnaissable, certes.
Ceci étant, ta critique... ben chapeau.

Idem pour moi. La poésie se veut de plus en plus libre, ce qui sous-entend qu'elle est également libre d'être écrite en formes fixes :-) . Et les prouesses techniques de Charlemagne empêchent le texte d'être rébarbatif

Le sonnet ne me choque pas, ni l'alexandrin, encore moins les formes fixes :-)

Voici mon avis, mais c'est tout perso, je ne demande à personne d'être d'accord avec moi !

Je me suis assez mal exprimé, d'ailleurs, le sonnet ça fait 8 siècles plus ou moins que ça marche (wikipedia me dit que ça date du XIIIème). Y a pas de raison que ça ne dure pas un siècle de plus ? Ceci dit, 8 siècles, ça en fait, de fait, une forme un peu usagée... Ce que je soulignais c'était ici la façon de jouer avec cette forme, assez ésotérique, assez spécialiste, je trouve un peu datée - notamment beaucoup de références à Rimbaud.

Ce qui fait qu'à mon sens, même si le texte a de nombreuses qualités, il ne pourra être qu'anecdotique. J'ai (peut-être à tort) l'impression d'un carcan, peut-être d'une trop grande vénération des anciens. Or, je pense que ce sonnet déborde d'intelligence, de culture, de maîtrise, et je crois de sensibilité et de talent. C'est pourquoi j'avais envie de proposer à Charlemagne l'aventure de faire d'une autre façon, prendre un chemin plus personel.

Il est vrai que, au résultat, ce poème (comme d'autres), ne porte pas tout ce que j'eusse voulu lui donné. Et c'est, comme l'a précocement vu (avant moi) Loup Bleu, un emportement dû à un trop fort goût pour le langage et l'alexandrin. S'agissant de Rimbaud, c'est que je suis tombé dedans quand j'étais petit (j'ai arrêté), et il s'ra difficile de m'en dépêtrer.

Ainsi, par soucis du sentiment plus que de la forme, j'avais choisi la concision, le sonnet (et donc pas pour son côté classique).
M'enfin, je pense à des octosyllabes; étant un peu perdu en vers libres...

D'ailleurs, le sixième vers, amputé, et même franchement coupé, me plaît bien ainsi.

A bientôt les amis !

Marrant, parce que je n'ai pas réussi à prendre ce texte au sérieux, excuse-moi Charlemagne.
J'ai plutôt pensé à un assemblage de mots disparates, placés de manière aléatoire, de manière à former un texte. Le tout de manière volontaire, à savoir que tu te serais livré à un exercice de création, comme on le ferait en alignant des mots tirés au sort pour voir ce que ça donne.
A cela, tu as ajouté quelques sonorités classiques, un rythme efficace et soigné et voilà, l'art de réinventer le poème.
Mais en lisant les commentaires et tes réponses, je me rends compte que je me suis plantée :-((
Dommage, parce que ça me plaît ce genre d'exercices de création automatique (même si celui-ci paraît un peu tiré par les cheveux mais c'est justement ce côté surréaliste qui m'a fait penser à ce genre d'exercices).

Je reconfirme: je suis un fan de Charly: je ne serais jamais fatigué de décoder ce qu'il a à nous dire. ( le double a m'interpelle: beau ou moche?)

alors pour la petite histoire j'avais un petit fond de musique que j'ai éteins dès le demi-vers n°1 pour m'atteler à comprendre ton texte.

je partage les premières critiques, ton texte est compliqué, mais ce n'est pas du tout un défaut ! disons qu'au prochain de tes textes je prendrai un dictionnaire tout près... :-))

cela dit on a l'impression que des fois tu veux absolument faire compliqué en oubliant ce que tu voulais réellement dire au départ. est ce seulement une impression ??