Exo « Anonyme » : Maman

Voilà maman. Je t’ai installée dans ton fauteuil préféré, et j’ai couvert tes genoux avec ton plaid écossais. Qu’est ce que tu dis ? Tu dis rien ?

Pas la peine de me regarder de cette façon maman, j’fais rien de mal. Je me rince le gosier c’est tout. Oui gin, bourbon, whisky. J’suis une grande fille t’sais. Une vieille fille maintenant ?

Pourquoi tu ne me dis toujours que des méchancetés ? Ouais bon tu l’as pas dit. Mais je sais ce que tu penses. Je l’ai toujours su. Et à vrai dire, je m’en balance.

Et puis tu t’es vue toi ? Avec tes airs de momie ? T’es pas contente que je sois revenue ? Je suis allée respirer l’air du grand large une petite vingtaine d’années c’est tout, tu vas pas en faire un fromage…

T’sais quand j’étais petite je t’appelais maman mimolette, parce que mamie m’avait expliqué que la mimolette extra vieille, elle était grise à l’extérieur et de plus en plus cassante à l’intérieur.

A propos de fromage ça commence à puer ici. Bouge pas, je vais ouvrir la fenêtre.

Vue sur le cimetière, c’est gai, y’a pas à dire ! Putain ça me rappelle ma jeunesse. Faut pas que j’y pense sinon je vais chialer ma race.

Je suis revenue maman, on va plus se quitter hein ? Je vais m’assoir à côté de toi, je vais prendre ta main toute desséchée dans la mienne, puis on va regarder ensemble le paysage savoir de quoi demain sera fait. Tu ne penseras plus de méchancetés à mon sujet, hein maman ? Je vais bien m’occuper de toi maintenant.

Tu l'as trouvée bonne mon infusion spécialement concoctée pour toi ? Bon sur le coup, ça t’a un peu crispé les traits mais pas beaucoup plus que d’habitude, t’as toujours eu l’air coincée du fion, pas vrai ? Mais maintenant si, si je t’assure tu as la mine tout à fait détendue. Du reste t’as même pas réagi quand tu as laissé tomber ta tasse et qu’elle s’est brisée en mille morceaux sur ton joli parquet ciré. T’as même pas gueulé quand elle t’a éclaboussée et maintenant, on pourrait presque croire que tu souris.

J’aime bien maman, quand on pourrait presque croire que tu souris. Et puis tu ne dis rien. C’est reposant, ça me fait du bien, maman. Regarde maman, ta vieille petite fille pose sa tête sur tes genoux, ce qu’ils sont osseux tes genoux, et tu ne dis rien. Pas le début d’une moue de dégoût, pas le moindre geste de révolte. Toi qui geignais tout le temps quand tu ne glapissais pas, quand tu ne vociférais pas. J’aime bien maman, quand tu ne me fais plus peur. J’aime bien maman quand je peux poser ta main sur mes cheveux, et que je te sens apaisée.

Maman, tu te souviens , ils te disaient de moi : « Ta fille ? Ah oui celle qui biberonne ? »

Je biberonnais maman parce que tu n’avais pas voulu allaiter « ce bébé qui un jour te mordrait le sein » hein c’est ce que tu répétais à qui voulait l’entendre, que les enfants un jour vous mordent le sein, et tu avais préféré parer à toute éventualité…Je ne t’en veux pas, t’inquiète pas. C’est fini ce temps là. Le temps des angoisses

Tu vois maman tu n’as plus rien à craindre, regarde, j’ai amené un biberon, je vais le remplir de lait tiède, et je vais le boire lovée sur ton plaid et sur toi. Et puis on va rester ensemble sans bouger pour toujours. Ca sera notre secret hein, parce que les autres ce qu’ils en pensent on s’en fout et parce que je sais très bien qu’en fait quand tu m’appelais « l’autre folle », tu voulais dire « mon bébé ». Tu n’es plus colère hein maman momie, maman Colette, maman mimolette ?

Un texte macabre à souhait. Un petit peu trop long peut-être. J'ai ma petite idée sur l'identité de l'auteure.
Vivement la fin de l'exo pour savoir qui a écrit quoi. On va avoir des surprises !!!

Vrai que le texte perd un peu en force, en sécheresse, en nervosité au fur et à mesure de la lecture, qu'il s'amollit en quelque sorte ; mais ça semble correspondre aussi à ce qu'il raconte, cet affaissement, ce relâchement des corps et des sentiments. D'ailleurs, dans la deuxième partie du texte les paragraphes sont plus longs, plus étoffés, réflexifs...

J'ai juste remarqué l'absence du "ne" dans les phrases négatives du début alors qu'il est bien présent vers la fin ; il est possible que cela participe aussi d'un choix stylistique pour illustrer le fond du récit mais j'avoue que cela a arrêté ma lecture, sans la gêner.

j'aime bien ce texte
difficile registre du vrai, du roman, de la réflexion,
je t'en veux, je t'en veux pas

si le sujet me rappelait quelques unes,
(janis, poussie, croisic)
je trouve que le style ne leur correspond pas
je ne sais pas pourquoi
il y a un ton qui pencherait plutôt vers des iris ou maryse, ou même coline... ou plus jeune, même lyra, éléa...etc...

A part que je trouve que la prose c'est souvent toujours un peu la même chose (l'art d'accommoder le trashy, zoom sur les ordures en extérieur bleu nuit, contemplation complice du mal-être, envahissement du romanesque par les tics du polar etc. -sévère le Marvejols s'pas?), je trouve à ce texte un petit côté Narbahtéen. Sans doute je me trompe...

Il y a une réminiscence de la scène de la mort du maître dans le film (Alain Corbeau je crois) "le maître de musique". Que je conseille de voir et revoir.

J'ai trouvé que le sujet perdait en force par trop de "bavardage", il en dit trop sur la relation des deux, trop d'explications, il me manque un petit espace suggéré pour me glisser en tant que lectrice.
Malgré cela, ça reste un texte fort et percutant.

Il n'y a qu'une chose dont je sois absolument certain concernant ce texte c'est qu'il n'est pas de moi.
Pour Pïgeonvolle : on ne dit pas “Narbahtéen“ mais “Narbuesque“. J'en profite pour te demande l'autorisation spéciale de déformer ton pseudo histoire de rigolade. Prunier il t'appelle bien Marvounet. (Je me suis fait taper sur les doigts par la modo sur un commentaire précédent). Mais si tu veux pas, je ferais attention : c'est Marvejol ou Marve ?
Bon sincérement, sur ce coup là, je n'ai aucune idée de l'auteur : Biennarmé peut-être…

Trop bavard pour être vraiment percutant, dommage !
Je supprimerais la vue sur le cimetière, le ça commence à puer et quelques détails cosmétiques du même genre, pour ramasser davantage et mettre en relief à la fois la sécheresse du début et le ramollissement ( le mot n'est pas juste, mais je ne trouve pas le bon) de la fin, qui sonne très vrai, très juste, et qui succède bien à la rigor mortis
C'est pas du Janis, en tout cas ! Après, j'hésite...

Un bon début, les textes parlés ça me parle, une langue, du chien, un style et pis, et pis, et pis... et pis ça me fatigue, alors pourquoi ? mince de pince ! saperlipopette ! trop de... trop long... trop de je ne sais quoi, mais trop long... ça blablate et ça me fatigue.
Il m'avait bien amorcée çuilà, et pis j'ai décroché, je suis repartie dans le flot, dans la rivière, comme la truite...
Et pis je ne sais pas qui c'est... merci Fred d'avoir pensé à moije ! hihihihihi... pourquoi tu évoques toujours mon pseudo dans tous les textes un poil tordus, barrés ??? je peux faire dans la dentelle, dans la tendresse b... ! si, si... ;-))

Je vais vous décevoir... ou pas... Mr Prunier ! Je ne suis pas l'auteure de ce texte. Pas assez cruel pour moi.
J'essaie de me renouveler un peu quand même...

Déjà, on peut supposer que l'auteur(e) du texte ne l'a pas commenté (ça fausserait vraiment les pistes, sinon !!!!!!) mais j'aurais eu les mêmes pensées que PCP...
Bon, le texte. Pour moi non plus pas très réussi, sur la forme surtout. Très bien le discours à la 1ère personne, mais elle parle un peu trop. Ou alors, avec une voix démente, névrosée, trop rapide et les yeux exorbités. Mais je trouve que ça ne colle pas, la différence entre le début et la fin. Au niveau rythme ça s'appesantit, mais ce n'est pas gênant, au contraire - l'effet momie ? Pour moi la fin est plus réussie pour le début, déjà le niveau de langue du début est trop vulgaire pour ce qu'elle a à dire, et même si les phrases sont plus courtes elle parle trop. Je le verrais bien réécrit sous une forme de poésie hachurée, mais je trouve que la prose ne sied pas tout à fait à ce sujet.

je ne suis pas non plus l'auteur, naméo

pas mal quand même, assez affreux et jubilatoire, et ça gagnerait à être resserré, je suis d'accord

Plus mort, tu meurs. On dirait du vécu, j'espère que ça n'en est pas !

L'histoire aurait gagné en intensité si l'on ne devinait pas trop vite de quoi il retourne

Oui, j'aurais bien pensé Poussicat, là...

C'est violent et sans gants, noir de noir et ça dégage sec. Pussicat ?

pacon non plus

Oui, Pussicat ! Non ?
Ce texte fait mal,( virgule, c'est important) quelque part !

mais comment n'y avons nous pas pensé!!!
bien sûr: Rebecca.

cet empoisonnement maternel retourné, c'est le secret...

ma laissée mi-figue mi-molette
pas à l'aise, quoi...

J'y ai pensé un instant. Mais pas assez longtemps !

J'aime beaucoup le contraste entre la violence de l'acte et la douceur induite par le biberon, le lait, le fromage....Comme quoi l'emballage :-)