Mots à maux

Les jours vraiment indifférents.
Vides ou pleins; jamais totalement vides et jamais totalement pleins, désespérément ..
Aujourd'hui le "mot juste" passe entre les mailles de mon imagination; voilà au juste, le maux.
J'essaye un peu de combiner quelques phrases mais c'est peine perdue;
Mes phrases
comme elles s'horizontalisent, se cambrent devant le convenu, s’arque-boutent, tiennent trop bien au papier, ne s’harmonisent que par le mariage forcé de la syntaxe.
Voyez comme leur sourire est ravissant, voyez comme le fond n'y ai pas.
Et puis ce poème,
Voyez comme les mots riment parfaitement, voyez comment tout cela ne rime à rien; Voyez comme je décris le paysage et comme je n’accommode pas.
Le lecteur voulait que j’envoie des particules de rêve. N'est ce pas ? Il tend toute son âme vers l'amplitude, la grâce attendue et voila qu'il reçoit un morceau de bâton en pleine gueule.
Ce morceau c'est impuissance; comme être obligé de lancer les mots au lieu que ce soit l'autre qui s’élance vers eux, qu'il prenne - dans l'espace offert - bon temps .
Tant l'alphabet parait étroit à présent il parait rigide comme le temps. Juste Vingt-six -
Mon bras sait, essuie les revers, essaye; toujours dans l’excès
tantôt s'immobilise pour la raison tantôt se liquéfie mielleusement pour l'originalité. Rien ne va. Il se désolidarise et me montre du doigt comme étant l'unique responsable.
Les mots refusent et le stylo acquiesce; J'ai le monde entier contre moi...

Non alors, c'est pas que c'est mauvais, c'est même plutôt pas mal pour un sujet comme ça, y a du style, mais.. pfff.. l'invective au lecteur pour lui dire "tiens, tu veux de la poésie, eh ben non, regarde, j'écris de la merde et je suis sadique et c'est bien fait pour ta gueule mouahaha mais c'est qu'au fond je suis malheureux" c'est un peu.. pfff.. enfin voilà, quoi, ça ne part pas mal pourtant, mais du coup, pourquoi poster ça finalement si c'est pour dire que oh ben zut vous venez de lire un truc inutile ?

Moi j'aime bien. J'ai lu ce texte deux fois pour bien le goûter.
Je ne sais pas comment ce poème pourrait être reçu par quelqu'un qui n'écrit pas. Mais, lorsque l'on écrit, on peut retrouver des choses très justes. En tout cas, je me suis reconnue dans ton texte. Et tu as exprimé des choses que je peux ressentir mais avec tes mots à toi. Des mots justes. Des mots poétiques.

Il y a effectivement des lourdeurs, des choses convenues. Moi non plus je n'aime pas trop cette apostrophe au lecteur, par exemple :

"Le lecteur voulait que j’envoie des particules de rêve. N'est ce pas ?"
"Voyez comme les mots riment parfaitement, voyez comment tout cela ne rime à rien"

C'est par moments un peu maladroit, je pense que cette impression est aussi due à la structure aléatoire du texte et aux quelques fautes d'orthographes et de ponctuation (l'oubli d'espace avant le point-virgule, les points de suspension atrophiés me font bizarre).

MAIS il y a également des choses que j'aime beaucoup comme "Mes phrases
comme elles s'horizontalisent, se cambrent devant le convenu, s’arque-boutent,". Je rejoins et comprends le fond.

En effet, pas besoin d'interpeler le lecteur : "si tout cela ne rime à rien", autant laissé l'écrivain en tête à tête avec ses interrogations. Malgré cela, je trouve le texte empli d'une rage qui se retient d'exploser et ce n'est pas inintéressant. Peut être mériterait il d'être repris, ou pour le faire entrer en prose en recentrant le monologue sur l'auteur plus que sur le lecteur, ou en poésie en tenant compte de la forme?
en tous cas, très prometteur pour moi.

Le lecteur voulait donc quelque chose ? Certes, sinon il ne serait pas lecteur mais autant lui laisser le plaisir de décider lui-même ce dont il a envie, or ce n'est pas le cas ici.
Pas mal de poésie dans ce texte mais à un moment donné, j'ai le sentiment que la volonté de faire beau prend le dessus sur le fond et la forme en devient hésitante parce que trop chargée, ne sachant plus vers qui se tourner.