Exo « Anonyme » : L'homme et les étoiles

Dans la nuit pure et claire

Engourdie par le froid,

Songeur et solitaire

Je marche devant moi,

Quand sortant de la lande

Je vois dans la clairière

Dansant la sarabande

Mille étranges lumières.

Je pense un court moment

Que ces mouvants reflets

Sont les scintillements

De mille feu-follets.

Puis j'imagine encore

Que ces lumières folles

Qui mourront à l'aurore

Sont lueurs de lucioles;

Mais c'est invraisemblable:

Cette vive gestuelle

Proche mais impalpable

Paraît irrationnelle :

Des geysers de lumière

Bondissent jusqu'au ciel

Et retombent à terre

En puissants arc-en-ciel.

Sans plus de retenue

M'approchant du mystère,

Je vois un homme nu

Allongé dos à terre.

De ses mains, de ses yeux

Fusent des étincelles
En un torrent de feu

Ardent et irréel.

Incrédule, ahuri

J'observe intensément

La fantasmagorie

Et soudain je comprends:

Cet homme devant moi,

Là, sous le ciel sans voiles,

Cet homme devant moi

Fait l'amour aux étoiles.

Faire l'amour aux étoiles.Joli !
Il y a de belles images. A part l'homme nu :-)

Ce poème, j'aurais aimé le lire sans le morcellement des vers en hexasyllabes. Mais le problème, c'est qu'en alexandrins, on avait le problème de l'hémistiche en e.
Et en alexandrins, "cette vive gestuelle" ne collait plus. Alors j'aurais peut-être remplacé par "cet étrange ballet"

cet étrange ballet ne convient pas, car l'adjectif a déjà été utilisé plus haut.
Alors, cet aérien ballet ?
(et au passage, pardon pour la répétition du mot problème dans mon commentaire ci-dessus)

L'idée est fort jolie, mais le poème manque de l'ampleur et du jaillissement qu'elle suggère...

Je n'aurais pas dit mieux que Coline.
Rythmiquement c'est oui, mais la musique n'est pas aussi fluide et limpide qu'elle devrait être. Quelques petites lacunes (deux fois "mille" en peu de mots), des vers que je n'ai pas trouvé jolis ("mais c'est invraisemblable", "paraît irrationnelle"). Je n'aurais probablement pas fait mieux, mais il manque un petit je ne sais quoi d'épice.

Ça c'est quelqu'un qui a la métrique dans la peau comme un musicos le swing. La disposition c'est sans doute pour nous égarer, pour faire croire à quelqu'un d'autre. Un chouilla long, mais c'est pas mal du tout. La relation au ciel, les étoiles, ça pourrait être du Lunalice mais non car l'homme nu qui sur le dos ...(quelle image ithyphallique) c'es tpas son genre je crois, de plus elle est tout vers libre et les exos, pas son truc. J'ai pensé un instant à Marine qui assez bien la métrique taquine, et on a ici un interstice de dévoilement entre EngourdiE et SongEUR, mais il n'a commenté aucun exo anonyme donc elle n'en est probablement pas (à ce jour). Donc je sèche et, comme la pince à linge sur son fil, ressec j'attends mon lange (qu'il passe!).

En tout cas le top du top du texte laptop c'est son début, d'ailleurs il aurait quasi pu s'arrêter là. Si on dit d'ordinaire (qui dort dine d'ailleurs surtout devant l'ordinateur) "aller devant soi" ici le "Je marche devant moi" devient sublime: glissement dans le fantastique, dédoublement spéculaire, le narrateur regarde l'auteur à moins que ce ne soit l'inverse. 'Vise un peu:

Dans la nuit pure et claire
Engourdie par le froid,
Songeur et solitaire
Je marche devant moi

Rebecca? (en effet,ça me rappelle Il neige sur Paris)

en lisant, j'ai pensé à pcp qui aime bien les apports d'astronopoétiquofusion

J'aime bien le début qui me fait un peu penser aux Djinns de Hugo :
On doute
La nuit...
J'écoute:-
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.
Du coup, comme j'ai pensé à ça, la suite m'a semblé un peu fadasse.
Mais j'ai quand même trouvé le début pas mal du tout.

Les premiers vers m'emportent, je me dis : wouah ! et puis, au fil de la lecture, l'écriture s'allonge, s'allonge comme pour remplir du vide et mon enthousiasme fond comme neige au soleil... cela avait si bien commencé, les quatre premiers vers sont superbes.

Je reviens passeque ce midi j'étais pressée... bref, je lis, je me régale, ça coule et puis le 5e quatrain arrive...

Mais c'est invraisemblable:

Cette vive gestuelle

Proche mais impalpable

Paraît irrationnelle :

... et là je cale. Point. Je ne retrouve plus la musique des premiers vers. On a droit une description manu auto glubo (latinistes, venez à mon secours...) calée avec la forme : le texte est posté non pas en quatrain mais en longueur interligne comme un sexe totem.

Qd je lis le 1er quatrain, celui-ci est juste pas possible :

Des geysers de lumière / Bondissent jusqu'au ciel / Et retombent à terre / En puissants arc-en-ciel.

bon, une fois la lecture finie, j'me suis qd même dis que j'aurais bien aimé rencontrer cet inconnu, cet "anonyme" avant qu'il geysère à tout va... ;-)

Ah moi j'aime bien

le rythme

la forme

ça swingue

sauf peut-être

la fin

l'amour aux étoiles

me fait

un peu (un peu)

retomber

En accord avec les autres... J'aime bien le rythme : d'ailleurs j'ai essayé de le chanter, ça fonctionne (surtout le début effectivement). En revanche, je rejoins Janis pour dire que "faire l'amour aux étoiles", ça ne me parle pas, mais alors pas du tout

je n'aime pas non plus la dernière phrase,
"invraisemblable" et "irrationnelle" font intrusion je trouve dans le fluide du reste,
peut être pour ça que...

mais tout le reste, oui!

surtout les 4 premiers vers soulignés par Marvejols:
ceux, là c'est bijou!

Un peu trop aride à mon goût...(mais curieuse, j'ai poursuivi) jusqu'au feu d'artifice final :-)
J'aime bien les textes à chute :-)