Exo « Anonyme » : Fausse note

S’il chante faux l’oiseau criard

dans l’arbre noir craquant de gel

va-t-il figer le fol espoir

de la sève assoiffée de ciel　?



Verbe bavard

verbe buvard

vas-tu tarir toutes les sources

à lancer ton cri sans y croire

tentant de freiner dans sa course

l'aride saison qui s’annonce

mâchoires serrées

un bâillon

de fausses notes qui s’enfonce

au cœur battant de ma chanson　?

J'ai aimé ce poème, et surtout les quatre premiers vers.
On visualise tout de suite un corbeau sur un arbre dépouillé.
Verbe bavard, verbe buvard... C'est joli, aussi !

joli.
ce n'est pas directement de secret qu'il s'agit, mais ce n'est pas le seul exo à contourner les contraintes...

verbe buvard
tarir les sources
lancer ton cri sans y croire

l'aride saison
mâchoires serrées
un bâillon

au cœur de ma chanson

Je sens là le thème de la page blanche. Le secret ne serait-il pas, sentant le poignard de la sècheresse d'inspiration ("fausses notes qui s’enfonce / au cœur battant de ma chanson"), de parvenir en s'en lamentant à évanouir cette aridité de plume? Truc d'auteur. Le tambour battant du coeur distille un rien de trac.


J'ai bien aimé les allitérations en -L (s'il / gel / va-t-il / fol / ciel) et en CR- qui nous font aux oreilles croasser des corneilles (criard / arbre noir / craquant / cri sans y croire).

j'aime aussi
des sons, des images
quelque chose d'un peu dur, aussi, j'aime bien vraiment

Une plume !

Un mainate ? :-)
J'ai bien aimé aussi, pur et dur au sens littéral !

Ah j'aime ! ça démarre fort avec des sons qui chantent à l'oreille puis cassure dans le rythme pour reprendre sa course... et la fin top !
Bon, je ne vois pas de secret ou j'ai loupé un truc mais pas grave... j'aime, je croâ,

Chako Noir a écrit:Un mainate ? :-)

une pie ?

Arielle, sur ce coup, je suis sûre !

pas con !

ou jha, le bel oiseau

Hé oui, Coline et son renard ont trouvé le corbeau de la fable !

Une histoire de page blanche, une de plus, comme l'a très bien compris Marvejols. Le thème est éculé mais d'actualité pour moi en ce moment et si à 20 ou à 40 ans on peut se convaincre qu'il s'agit d'une indisposition passagère, à un certain âge (bien certain, hélas !) on en arrive à se demander si la mystérieuse alliance entre l'émotion et les mots qui est à la source du poème n'est pas en train de vous échapper de manière définitive ne vous laissant que les rudiments d'une technique dépourvue d'âme qui n'a plus rien à voir avec la poésie.

Merci à Tizef pour cette excellente idée d'exercice. Le nombre de participants témoigne du succès de la proposition et de l'intérêt qu'elle a suscité. J'ai lu de très beaux textes que je vais tâcher de commenter dans les jours à venir. Je m'y suis prise un peu tard pour les commentaires anonymes.

Difficile de ne pas te reconnaitre Ariellamie ! Mais j'aurais même eu tendance à t'attribuer d'autres textes ... On ne prête qu'aux riches , c'est un truisme !

C'est du "maîtrisé", du "charpenté".
Chaque mot est pesé, presqu'une démonstration mathématique sans son aridité.
Intelligent et puissant, je dirais aussi.