Exo « Anonyme » : Ecce homo
+3
Pussicat
Janis
Modération
7 participants
Page 1 sur 1
Exo « Anonyme » : Ecce homo
(Un p'tit dernier pour la route )
— Alors rien, je ne peux en parler, puisque c’est un secret.
— Pas même à moi ?
Elle secoue la tête, négative, s’empare d’un crayon qui traîne là, puis, en des gestes rapides, elle rassemble sa chevelure en un chignon qu’elle pique avec ledit crayon.
Plus loin, derrière elle et encore derrière le coup de soleil qu’elle porte dans le dos, s’étale une mer émeraude. Elle a les seins qui semblent vouloir s’échapper de son haut de maillot, mini le haut de maillot, simple tissu tendu, étroit, jolis seins. J’essaie de regarder ailleurs, de regarder au-delà de…
— Pas même à toi ? s’étonne-t-elle. On se connait depuis vingt-quatre heures.
— T’es sûre que ça fait pas vingt-quatre ans ?
— M’étonnerait, j’en ai à peine vingt-deux.
— N'empêche qu’on se croise souvent.
— Oui, toutes les fois où tu viens chercher à boire.
— Bon tu vas me le dire ce qu’il y a dans ton cocktail ?
— De l’alcool, trop, faut croire.
— Et puis ?
— Et puis c’est tout.
— Du jus d'ananas ?
— Si tu veux.
— De la cannelle ?
— Pourquoi pas.
— Et de la Téquila ?
— Poil aux doigts.
— Ok, j’échange ton secret contre le mien.
— Essaie toujours.
— Toutes les filles qui m’ont tenu tête, se nommaient Bérangère. Bérangère c’est moche comme prénom, tu trouves pas ?
— Non, je trouve pas. C’est le mien.
— Bien ce que je disais.
— …
— Je vais aller me reposer.
— Bonne idée.
Et le temps passe, un peu. Le temps que je rejoigne une épouse qui s'étale sous le soleil et sur transat, pile en face de la piscine.
— Eh Bérangère, je lui dis, le all inclusive, c’est pas exactement ce que je croyais.
— Pourquoi, t’as payé ton cocktail ?
— Non, mais je sais pas ce qu’ils mettent dedans.
— Ce qui fait de toi un alcoolique anonyme.
— C’est plutôt l’inverse, enfin je veux dire c’est plutôt le cocktail qui est anonyme, non ?
Elle se redresse, vise la mer, quitte son transat, précise qu’elle va se baigner, me demande si je l’accompagne ?
— Je suis pas fan de l’eau salée.
— Disons plutôt, de l’eau tout court.
— Même pas vrai, je suis sûr qu’il y a de l’eau là, dans mon verre !
— Eh ?
— Oui ?
— Tu me fais plaisir, le reste du week-end, tu reste aussi anonyme que tes cocktails.
Elle nous laisse là, mon cocktail et moi, et se dessine une frontière entre la mer et la terre, entre deux Bérangère. J’ai pas le pied marin, me dis-je en le vidant, J’ai pas le pied marin me dis-je en me levant. La preuve c’est que ça tangue et pas qu’un peu, jusqu’au bar.
— La même chose, je demande.
— La même chose que quoi ?
— Elle est pas là Bérangère ?
— Elle vient de quitter son service.
— Et tu la connais sa recette ?
— Celle du cocktail ?
— Précisément.
— C’est un Toutes-les-bouteilles-qui-traînent.
— C’est pas anonyme ça ?
— Ben non, faut qu’elles traînent.
— Y a une bouteille d’eau qui traîne ?
— Pas pour l’instant.
— Tant mieux, l’anonymat c’est pas mon truc. Alors un double d’anonymat s’il te plaît, sans eau et sans sel.
Elle fouille les bouteilles, mélange, me sert, m’interroge :
— C’est quoi ton prénom ?
— Jésus.
Elle se marre.
Et moi, je vois pas ce qui la fait marrer ?
Ecce homo
— Alors ?— Alors rien, je ne peux en parler, puisque c’est un secret.
— Pas même à moi ?
Elle secoue la tête, négative, s’empare d’un crayon qui traîne là, puis, en des gestes rapides, elle rassemble sa chevelure en un chignon qu’elle pique avec ledit crayon.
Plus loin, derrière elle et encore derrière le coup de soleil qu’elle porte dans le dos, s’étale une mer émeraude. Elle a les seins qui semblent vouloir s’échapper de son haut de maillot, mini le haut de maillot, simple tissu tendu, étroit, jolis seins. J’essaie de regarder ailleurs, de regarder au-delà de…
— Pas même à toi ? s’étonne-t-elle. On se connait depuis vingt-quatre heures.
— T’es sûre que ça fait pas vingt-quatre ans ?
— M’étonnerait, j’en ai à peine vingt-deux.
— N'empêche qu’on se croise souvent.
— Oui, toutes les fois où tu viens chercher à boire.
— Bon tu vas me le dire ce qu’il y a dans ton cocktail ?
— De l’alcool, trop, faut croire.
— Et puis ?
— Et puis c’est tout.
— Du jus d'ananas ?
— Si tu veux.
— De la cannelle ?
— Pourquoi pas.
— Et de la Téquila ?
— Poil aux doigts.
— Ok, j’échange ton secret contre le mien.
— Essaie toujours.
— Toutes les filles qui m’ont tenu tête, se nommaient Bérangère. Bérangère c’est moche comme prénom, tu trouves pas ?
— Non, je trouve pas. C’est le mien.
— Bien ce que je disais.
— …
— Je vais aller me reposer.
— Bonne idée.
Et le temps passe, un peu. Le temps que je rejoigne une épouse qui s'étale sous le soleil et sur transat, pile en face de la piscine.
— Eh Bérangère, je lui dis, le all inclusive, c’est pas exactement ce que je croyais.
— Pourquoi, t’as payé ton cocktail ?
— Non, mais je sais pas ce qu’ils mettent dedans.
— Ce qui fait de toi un alcoolique anonyme.
— C’est plutôt l’inverse, enfin je veux dire c’est plutôt le cocktail qui est anonyme, non ?
Elle se redresse, vise la mer, quitte son transat, précise qu’elle va se baigner, me demande si je l’accompagne ?
— Je suis pas fan de l’eau salée.
— Disons plutôt, de l’eau tout court.
— Même pas vrai, je suis sûr qu’il y a de l’eau là, dans mon verre !
— Eh ?
— Oui ?
— Tu me fais plaisir, le reste du week-end, tu reste aussi anonyme que tes cocktails.
Elle nous laisse là, mon cocktail et moi, et se dessine une frontière entre la mer et la terre, entre deux Bérangère. J’ai pas le pied marin, me dis-je en le vidant, J’ai pas le pied marin me dis-je en me levant. La preuve c’est que ça tangue et pas qu’un peu, jusqu’au bar.
— La même chose, je demande.
— La même chose que quoi ?
— Elle est pas là Bérangère ?
— Elle vient de quitter son service.
— Et tu la connais sa recette ?
— Celle du cocktail ?
— Précisément.
— C’est un Toutes-les-bouteilles-qui-traînent.
— C’est pas anonyme ça ?
— Ben non, faut qu’elles traînent.
— Y a une bouteille d’eau qui traîne ?
— Pas pour l’instant.
— Tant mieux, l’anonymat c’est pas mon truc. Alors un double d’anonymat s’il te plaît, sans eau et sans sel.
Elle fouille les bouteilles, mélange, me sert, m’interroge :
— C’est quoi ton prénom ?
— Jésus.
Elle se marre.
Et moi, je vois pas ce qui la fait marrer ?
Modération- Nombre de messages : 1362
Age : 18
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
ha ha !
totafait
sauf qu'à la fin elle dit pas "t'es con des fois" !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
J'en oubliais de noter que j'aime bien cet humour :
Entre autres...Plus loin, derrière elle et encore derrière le coup de soleil qu’elle porte dans le dos,
Invité- Invité
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
bien possible...
la marque de fabrique : le café, la fille, le soleil... chers à notre regretté mentor
le dialogue, ajouterais-je...
et en plein dans le thème de l'exo en plus.
la marque de fabrique : le café, la fille, le soleil... chers à notre regretté mentor
le dialogue, ajouterais-je...
et en plein dans le thème de l'exo en plus.
Invité- Invité
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
ah, excellent, j'ai adoré ! l'humour, tout, des petites phrases comme des bijoux... j'aime, et pas seulement parce que ça parle d'alcools... ;-)))
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
C'est vrai que, ça, ça ressemble à du Yali !Modération a écrit:— Tant mieux, l’anonymat c’est pas mon truc. Alors un double d’anonymat s’il te plaît, sans eau et sans sel.
Après, il y a quelques tournures qui me feraient plutôt penser à un pasticheur... Enfin, peut-on savoir ?
Et j'ai bien aimé, le dialogue est fluide, les personnages ne manquent pas de charme. Well done !
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
J'aime beaucoup.
Des réparties telles que:
Je ne sais pas si c'est de Yali ou d'un pasticheur très doué, mais en tout cas, merci pour ce bon moment !
(et puis bien le bonjour à Bérangère: ça aussi, c'est... sucre d'orge !)
Des réparties telles que:
ben ça me fait hurler de rire (enfin, pas littéralement, mais c'est l'idée). Et c'est partout comme ça !
— Et de la Téquila ?
— Poil aux doigts.
Je ne sais pas si c'est de Yali ou d'un pasticheur très doué, mais en tout cas, merci pour ce bon moment !
(et puis bien le bonjour à Bérangère: ça aussi, c'est... sucre d'orge !)
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 58
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
c'est vrai que Jésus comme prénom anonyme...
on s'y croirait, en août, dans le sable,
ça fait du bien en plein hiver un peu de soleil iodé !
mais les cocktails avec tout ce qui traîne, ce n'est pas un peu maso...?
on s'y croirait, en août, dans le sable,
ça fait du bien en plein hiver un peu de soleil iodé !
mais les cocktails avec tout ce qui traîne, ce n'est pas un peu maso...?
Invité- Invité
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
— Eh Bérangère, je lui dis, le all inclusive, c’est pas exactement ce que je croyais.
— Pourquoi, t’as payé ton cocktail ?
— Non, mais je sais pas ce qu’ils mettent dedans.
— Ce qui fait de toi un alcoolique anonyme.
bien vu!
— Pourquoi, t’as payé ton cocktail ?
— Non, mais je sais pas ce qu’ils mettent dedans.
— Ce qui fait de toi un alcoolique anonyme.
bien vu!
Invité- Invité
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
Qui a osé ?
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo « Anonyme » : Ecce homo
"Plus loin, derrière elle et encore derrière le coup de soleil qu’elle porte dans le dos, s’étale une mer émeraude."
Superbe !
Sinon J(ésus) + B(érangère) = J&B -> CQFD
Frais et ensoleillé !
Superbe !
Sinon J(ésus) + B(érangère) = J&B -> CQFD
Frais et ensoleillé !
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum