Nuit d'or

filtrer la nuit
la nuit
l'obscurité au crible de tes yeux
crible de tes yeux
filtrer la nuit
la pierre précieuse dans le tamis
dans le tamis
orpailleur, je cherche la lueur
cherche la lueur
dans le lit du fleuve aux flots de nuit
la paillette où tu dors mille vies
mille vies
facettes de rêves inouïs
inouïs rêves de nuit
mille facettes lazuli
pierres endormeuses lapis
lazuli
à l'outremer des songes
azurés de mille marées
mille marées
de l'onde aux éclats
multiples splendides avivés
avivés
de mots mêlés immensités perlées
à vouloir dire l'innomé

Un vrai régal !
Les répétitions mettent aussitôt le tamis en mouvement. Et "l'innomé" est "dit".
Je suis enthousiasmée par ce poème.

je n'ai pas compris les pierres endormeuses,
mais aucune importance!

j'aime les tamis,
les chercheurs d'or à la rivière,
bref:
j'aime.

et cela ne m'étonne pas de vous,
Louis.

Encore un poème qui aurait mérité bien plus de commentaires ! J'avoue, je suis déçue par la partialité des membres de VE.

J'ai lu ce texte musical et doux (les "liquides" l-m-n y sont pour beaucoup) à voix haute et j'ai regretté de ne pas avoir une seconde voix, un écho qui appuierait... J'ai imaginé la mise en voix pour un auditoire sensible... ce texte est simple et beau. Simplement beau.

Une voix pour cet " orpailleur " des mystères ;-)

Moi aussi je le trouve beau ce poème doux et pudique. J’ai aimé dérouler ce fil délicat, ces paroles presque chuchotées.

Bleu nuit, bleu lapis-lazuli, lueur, paillettes d'or.
Rythme qui berce au gré des gestes tournoyants de l'orpailleur,

Louis a écrit:
dans le lit du fleuve aux flots de nuit

l'allitération fait même entendre la chanson de l'eau
Très beau poème. Vraiment.

Combien y-a-t-il de Louis ?
Cette facette en paillettes d'or et pierres précieuses me plait.

Effectivement, je n'avais point lu ce poème lors de son postage, vivement la retraite ???

Louis, tes pépites me font palpiter !

J'aime beaucoup aussi, entendu le crépitement des pierres, vu leur chatoiement, et voyagé l'espace de quelques secondes dans un univers bleuté, liquide et précieux.

j'ai lu
tout d'abord un peu méfiant,
aux premières répétitions
et puis la musique s'est mis en place

merci pour cette lecture matinale.

La ponctuation, rare, ouvre plusieurs possibilités, floues, je devrais dire fluides comme dans ce vers:
"La paillette où tu dors mille vies" et tout continue à couler, à miroiter sans qu'on ait une seule solution. C'est riche...

En vers libres , ok ... pas ma tasse de thé.

Le titre en forme d'oxymore  ("Nuit d'or") semble s'être donné pour but d'explorer un mystère fascinant, mystère que recèlerait l'hyperbole ("mille vies" x 2, "mille facettes", "mille marées" x 2). La parabole du chercheur d'or ("crible", "orpailleur", "lueur" x 2, "paillette", "tamis", "éclats") désigne symboliquement la méthode de cette captation. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'enrichissement ("pierre précieuse") n'est pas d'ordre pécuniaire. Il s'agit de l'intime, de la relation amoureuse ("tes yeux"), de la traversée des apparences ("nuit" x 5, "obscurité") grâce à laquelle il sera possible d'avoir accès aux couleurs les plus pures ("lapis lazuli" x 2, "outremer", "azurés") du sentiment amoureux, de partager avec l'autre des territoires inexplorés du sommeil ("le lit", "rêves", "rêves inouïs", "endormeuses", "songes"), de naviguer sans contraintes sur les eaux les tumultueuses ou douces ("fleuve", "flots", "outremer", "marées", "ondes", périphrase : "immensités perlées") de la carte du tendre, d'un royaume enchanteur (amoncellement d'adjectifs valorisants au pluriels : "multiples splendides avivés", le dernier étant doublé) présentant les caractères de l'utopie ("vouloir dire l'innomé").

Merci pour le partage !

Merci pour ce poème magnifique.

J'ai beaucoup apprécié le texte ainsi que l'écho qui est associé.

j'aime également cette musicalité qui donne au texte une légèreté

Bonjour Louis,

J'aime les répétitions sauf si on en abuse. La répétition en général apporte un plus ou accentue l'émotion et l'atmosphère du poème, donc à utiliser à petite dose. Là je trouve que ces nombreuses répétitions parasitent les sensations visuelles que le narrateur souhaite m'offrir. Et de toute façon même en faisant abstraction sur les répétitions votre poème ne m'a pas enchantée, emportée. Trop d'images banales. J'ai lu mieux de vous. Désolée.