Exo anonyme « Ce que je fais » : Et maintenant ?

Mon très cher clone,

Tu m'as fait rire, hier, quand tu m'as soufflé à l'oreille, cette question empreinte d'un soupçon de moquerie.
Mais n'y ai-je pas senti aussi une once de mépris ?

Et maintenant, que fais-tu ?
Comme si le fait de t'avoir étranglé me laissait seule et désemparée.

Oui, je t'ai tué, très cher. Et me voilà légère.
Ce que je fais ?

J'ai acheté un aspirateur pour gober de mon air tous les restes de ta présence.
Il y en a de très efficaces, tu sais ? Je l'ai pris sans sac. C'est mieux.

Cent sacs. C'est ce que j'ai déboursé pour m'évader un peu.
Pour voyager.

Alors ce que je fais
Je vais te le dire.

Je me mêle à la foule. Sans appréhension.
Je dis ce que je pense. Sans gêne.

Je vais voir ailleurs. Sans crainte.
Je côtoie l'autre. Sans méfiance.

Je me laisse approcher. Sans réticence
Je touche d'autres peaux. Sans peur.

Ce que je fais ?
Je vis.

Et toi ? qui regardes-tu d'un sale œil ?
Qui freines-tu ?

Sur quel dos soumis t'es-tu perché,
Toi, mon frileux sur-moi ?

Quel joli meurtre ! J'ai senti l'allègement se produire tout au long du texte qui est plus raide au début qu'à la fin. J'aurais même presque souhaité l'allonger un peu pour aller jusqu'à une libération plus folle.

Spoiler:

Bien vu l'aspirat(u)eur sans sac !

Aucune idée de l'auteur, mais j'ai bien aimé : le sujet, qui m'intéresse, les mots simples et directs, le rythme, et cette dérision qu'on sent poindre. Et puis, l'aspirateur sans sac, super image. On n'utilise pas assez les objets du quotidien en littérature ! ^^

j'aime beaucoup cette disposition, deux lignes espacées à chaque fois
pour suivre la progression

c'est un sur moi qui n'est pas si mort que ça à la fin comparé au début, puisqu'il semble perché quelque part.
une peur déclinée en différents termes, donc très appuyée...!

et qui finit aspirée, ha, la bonne idée!

N'oublie pas de mettre ton sur-moi pour sortir, sinon tu vas attraper le sida !

Bon, y a un truc qui me gêne, dépendante comme elle semblait l'être, faible donc, était-elle de taille — dans le sens premier du terme — à l'étrangler ?
Ceci dit, le texte progresse avec intelligence et style.

j'aime bien, et la mise en forme, et l'écriture à la fois soignée et simple.

Une seule chose me gêne, mais je comprends bien que le texte n'existe que pour elle : la chute. En même temps le texte est construit sur cette idée.

Mais ce surmoi tout d'un coup, cette irruption d'un terme psy aussi, ça me fait un peu retomber.

Alors qu'il y a tant de gens à étrangler dans cette vallée de larmes ! pourquoi se priver ? (Ü)

ah mais en fait c'est son surmoi qu'elle a étranglé, je n'avais pas tout saisi!
et ensuite elle se demande où, sur le dos de qui il a bien pu migrer après l'aspiration,
qui il va aller embêter maintenant...maintenant qu'elle est débarrassée de lui.

bon j'avoue il m'aura fallu 2 lectures pour me faire au rythme. Mais si j'y suis revenue, c'est que ce texte m'aura interpelée. Et en effet ! j'aime la progression, le style épuré et efficace.

Spoiler:

quelle belle idée , que c'est sympa , que c'est bien fait ...

Ah ! quelle imagination !
j'aime beaucoup.
En lisant le titre et selon la consigne j'ajoute "que vais-je faire ?" , le texte confirme mon idée.
De l'autodérision et une interprétation de la consigne par l'explication préalable, par l'aménagement du décor et des personnages.
Savoureux.

Une auto-analyse moqueuse sous forme de poème, pourquoi pas ?
La légèreté du début me plaît qui laisse une libre interprétation au lecteur.
Dommage que la fin trop explicite réduise le propos.

Moi je dirais Gilbert Bécaud : "Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie, de tous ces gens qui m’indiffèrent, maintenant que tu es parti ... " (Pierre Delanoë).

Non, le coup de l'aspirateur est fantastique et sublime la tragique disparition du surmoi.

ça fait plaisir en tout cas tout cet air nouveau!
la disparition du surmoi frileux qui ne freine plus, qui rend "légère",
sans peur, réticence, crainte, appréhension, méfiance, gêne... ^^

coline Dé a écrit:

Spoiler:

Ah non ! Loupé :-)

Personnellement je n'ai réussi à rentrer, à être en empathie avec ce texte, qui ne me parle pas. Peut-être une seconde lecture ?

je ne saisis pas trop... le texte est écrit sous la forme d'un courrier... adressé à qui ? on évoque le "surmoi" dans les commentaires... peut-on tuer ce surmoi et continuer à vivre sans ?... ça se discute : d'où l'importance du titre : Et maintenant ?... c'est pourquoi je trouve que la seconde partie n'est pas assez travaillée, après le soi-disant meurtre... je ne pense pas que l'on sente aussi léger que cela après s'être débarrasser de son "surmoi", si cela est possible...
façon, dès qu'on psychanalyse, j'ai tendance à lire à reculons...
et puis la chute n'est-elle pas contradictoire ?
j'aime bien l'humour

J'ai du mal à entrer dans le texte en raison de ce texte adressé à un Tu qui ne parle en réalité que d'un JE. Sans doute l'intention est-elle là, certes, mais cela saute un peu trop aux yeux et l'intérêt s'en trouve amoindri. Pourtant, ça commence bien, c'est interpellant mais rapidement, l'effet retombe un peu et j'ai davantage de mal à suivre le propos, désolée.

Bravo ! beaucoup aimé.

J'ai aimé le titre sous forme de défi et l'humour qui sous-tend l'ensemble.
Mais il ne suffit pas d'aspirer à se libérer semble-t-il, il va se coller ailleurs...

J'aurais dit du Janis mais vu ce qu'elle en dit ça ne doit pas être ça.

je n'ai pas accroché.. manque d'unité à mon goût, du "cher clone" au surmoi.
Mais il y a de belles idées, dont celle d'une progression vers la légèreté dans l'écriture (mais j'ai trouvé le début fort lourd).
Un moment, j'ai cru que c'était tout simplement ses inhibitions dont il/elle s'était débarrassé/e, et j'ai trouvé ça plaisant comme idée. Le surmoi m'a déçu, moi

pour moi c'est réussi, juste envie de le redire...!

Alors là ! Je ne t'attendais pas dans ce registre iris, rien que pour ça bravo !
tu as beaucoup de cordes à ton arc d'écriture je trouve

J'apprécie le sujet même si j'ai toujours un peu de mal à m'y retrouver entre le moi, le sur-moi et l'égo mais je comprends bien l'idée et je la trouve traitée de façon intéressante et bien agréable à lire. C'est intelligent.

Ah Iris, je ne t'aurais pas soupçonnée ici ! Mais bravo, doublement !

J'ai beaucoup aimé ce grand ménage de printemps, ce voyage autour d'un aspirateur qui délivre mais je l'ai suivi comme une histoire de couple et le dernier mot m'a un peu déçue. Peu importe, ce surmoi, je le prends comme une image et ça fonctionne diablement bien. Merci Iris, je respire !