Exo anonyme « Ce que je fais » : Qui se mange froid

Qu'est-ce tu fais ?
fais pipi !
T'as vu l'heure ! Bon tu m'appelles quand tu as fini que je te remette ton pyjama comme il faut.

Le soir, le doigt dans un verre d'eau et elle fait psssss pour me donner envie. Faudrait voir à pas trop les réveiller la nuit. Mais rien ne vient.

Qu'est-ce tu fais ?
Je joue avec mon mécano !
Bon, dans cinq minutes on mange, tu ranges tout je ne veux pas marcher sur un boulon !
Oui parce que les enfants, on les adore, jusqu'au jour où on marche pieds nus sur un jouet.

Je range tout, affolée, et si ils ne m'aimaient plus ? Est-ce qu'ils m'aiment ? Je visualise leur air ennuyé quand je viens les voir dans le lit le matin. D'ailleurs je n'y vais plus.

Qu'est-ce vous faites ?
Soudain seule au milieu des arbres, dans la forêt qui murmure.
Hé ! Vous faites quoi ?
La terre s'ouvre sous mes pieds, je sens que ça coule sur mes jambes, sur mes joues, sous mon nez.
Hou !
Ils sont arrivés par derrière, ils rient, alors ils ont fait tout le chemin juste pour ça, me faire peur ? Ils ont l'air contents de leur blague pendant que je tremble sur le siège arrière.

Qu'est-ce tu fais ?
Rien pourquoi.
T'as pas des devoirs ?
Si pourquoi.
Ma pauvre fille ! Déjà que t'es pas aidée !
Oh ta gueule.

Qu'est-ce tu fais ?
Je me maquille.
Tu sors ?
Ben oui.
Hé bé, l'espoir fait vivre ! Tu t'es regardée un peu ?
Quoi.
Hé viens voir un peu ça ! La petite croit qu'elle va pécho !

Mais qu'est-ce tu fais ?
Ça se voit pas ? Je te vise.
Pour quoi faire ?
À ton avis ?
Mais ça va p...
chut
Mais qu'est-ce tu fais ?
...
..
.

Je n'ai pas tout compris, en commençant par ce passage :

Le soir, le doigt dans un verre d'eau et elle fait psssss pour me donner envie. Faudrait voir à pas trop les réveiller la nuit. Mais rien ne vient.

qui mêle le "je" et le "elle".

Et c'est un peu la même chose tout le long du texte. Cela m'a demandé des retours en arrière et du coup ça m'a un peu fatiguée je dois dire d'essayer de comprendre qui disait quoi, qui était qui.

C'est un peu brouillon, non ? Ou alors c'est moi...

Je trouve que ça fonctionne bien, avec une progression ( si l'on peut dire !) inexorable vers le fossé. Dégénération ! Parce que ça dégénère ferme dans cette histoire ... punaise, tu n'y vas pas de main morte

Spoiler:

Pas difficile d'en deviner l'auteure, l'autrice, l'autre… mais c'est plus question de mise en forme que de style pour le coup. Sinon, ma conforomière du dessus a raison, c'est un gros brin très brouillon.

Spoiler:

Ah j'hésite à cause de "la petite croit qu'elle va pécho"... mais si tu as raison, c'est moins épuré que d'hab...

Un indice ?

Spoiler:

ah il est absolument terrible ce texte, je trouve!

en l'état pour moi ça fonctionne, le côté brouillon épouse les flammèches de pensées dans cette petite caboche enfantine.

j'y vois une gamine en souffrance, qui voit se creuser le fossé entre elle et ses parents, jusqu'à...l'envie de meurtre?

un vraiment bon texte, fort, efficace
et qui résume en courts tableaux un chagrin solitaire, en suivant les pavés de "trop".

...la vengeance étant un plat qui ne se mange pas chaud.

Moi ça ne me gène pas les passages du je au il au nous, etc. Je comprends tout ça à la façon d'un tableau tachiste. Je serais tenté de dire que la pisseuse c'est

Spoiler:

J'ai eu besoin ici aussi d'une deuxième lecture pour comprendre bien ce qui se tramait . J'aime bien l'idée de la question qui revient en ritournelle avec ses réponses marquant les différentes étapes de l'enfance et de l'adolescence ( le "ta gueule" notamment par rapport aux réponses policées d'avant) j'aime bien que ça avance comme un truc implacable et crédible mais la fin est un peu too much à mon sens , on n'a pas assez d'éléments avant qui rendent ce dérapage possible, on sent l'énervement mais rien qui puisse laisser place à un sentiment meurtrier.

Un peu brouillon en effet, et vrai qu'il manque une (au moins) étape dans la progression qui amène au meurtre, ou à l'envie de meurtre.

Mais quand même, c'est pas mal vu, et décliné

oh j'aime ! un tantinet brouillon? oui peut être mais cela ne m'a pas tant dérangé que cela parce que, comme Igloo, je trouve que cet aspect rend hommage aux pensées, forcément brouillonnes, de la fille.

Spoiler:

On sent la tension monter. Et ça fait un moment que ça dure ! Depuis l'enfance, en fait ! Ça ne pouvait pas bien se terminer !

Spoiler:

On lit une histoire, ici, en touches du quotidien, consigne respectée.
(je n'ai pas trouvé très clair le passage du "doigts dans l'eau", mais en relisant, l'ai trouvé savoureux (!))
Humour noir et séquences suffisamment obscures pour laisser deviner la/les scènes.
je sens le calvaire d'une mère/épouse à bout de nerfs et les rapports mère/ado toujours très "jouissifs" bien sûr !

Je suis bien en peine de commenter ce texte parce que je n'ai rien compris.

alors, si j'ai bien compris l'astuce vient du détournement de la consigne : "Ce que je fais", 1ère personne du singulier se transforme en interrogation : "Qu'est-ce tu fais", seconde personne du singulier... mais tout est raconté à la première personne, le lecteur lit le texte par le prisme des yeux de l'adulte.

Les dialogues et va-et-vient entre la voix de l'adulte et celle de/des l'enfant(s) sont difficiles à suivre comme ici :

Le soir, le doigt dans un verre d'eau et elle fait psssss pour me donner envie. Faudrait voir à pas trop les réveiller la nuit. Mais rien ne vient.

ou :

Mais qu'est-ce tu fais ?
Ça se voit pas ? Je te vise.
Pour quoi faire ?

Que signifie : Je te vise.

Je ne trouve pas cette phrase agréable à lire ni à écouter, je sais pas pourquoi... :

Je visualise leur air ennuyé quand je viens les voir dans le lit le matin.

Je ne sais quoi penser de ce texte, La journée d'une mère célibataire... j'accroche pas.

J'ai du mal à entrer dans le texte. Pas à cause de cet aspect emmêlé qui justement reflète bien à mes yeux la bousculade de pensées qui peuvent traverser l'esprit quand on perd pied dans les tâches du quotidien ou face au sens de la vie. Non, c'est plutôt une émotion que je trouve trop encadrée, presque contenue et qui n'arrive pas à exprimer pleinement ce qu'elle voudrait dire. Il en faudrait peu pour modifier cela, vraiment peu et je pense que ça fonctionnerait davantage en ce qui me concerne. Simple avis perso, bien sûr.

Excellent !

aucun mal à comprendre ni le déroulement ni la visée finale, elle a raison d'ailleurs
j'aime
ça fait écho

Un flash-back émaillé d'injonctions, de terreurs et de mépris jusqu'au redressement de l'ado "Ta gueule", "Je me maquille" et le renversement implacable. Bien visé!

je t'avais devinée, tu le sais...je viens redire bravo, pour le plaisir!

merci !

mon commentaire, je le maintiens : c'est quand même du vitef, et à le relire je vois ce qui cloche je crois. Je le réécrirai un de des quatre

parce qu'il ne s'agit pas du tout d'une mère célibataire ! mais d'une enfant, puis d'une ado, malmenée et qui finit par pointer un fusil sur ses géniteurs.
Quand plusieurs lecteurs ne comprennent pas, c'est qu'il y a un problème. Dont acte !

J'étais passée à côté bizarrement ! Plusieurs lectures m'ont été nécessaires pour tout comprendre mais si on y revient malgré tout, c'est qu'il y a quelque chose non ? En tout cas l'impression, elle, était là. Curieuse de voir la version remaniée !
(bon titre aussi)

Janis a écrit:
Oui parce que les enfants, on les adore, jusqu'au jour où on marche pieds nus sur un jouet.

Alors c'était toi ! En tous cas, la phrase ci-dessus justifie amplement le meurtre final. Mais pour être tout à fait franc, je croyais qu'elle le visait avec son pipi

Visuel, simple et efficace.
J'ai bien apprécié ces minis tranches de la pauv' vie de cette enfant comme autant de petits tableaux.
Un très bon moment de lecture pour moi.

Narbah a écrit:

Janis a écrit:
Oui parce que les enfants, on les adore, jusqu'au jour où on marche pieds nus sur un jouet.

Alors c'était toi ! En tous cas, la phrase ci-dessus justifie amplement le meurtre final. Mais pour être tout à fait franc, je croyais qu'elle le visait avec son pipi

ha mais cette phrase, je l'ai volée à guy mentor, une sorte d'hommage
c'était une de ses "un jour une phrase"

la vraie phrase était, je crois : tout le monde aime les enfants. Jusqu'au jour où on marche pied nu sur un Légo

tellement vrai ! j'adore