Exo anonyme « Ce que je fais » : Je m'incline devant l'effet

Ce que je fais ? Je te regarde...
Ce que tu fais me fait l’effet
Qu’en ma pupille tu poignardes
Et le surfait et l’imparfait.
Tes faits et gestes se hasardent
A enchanter l’insatisfait
Qui détestait sa vie blafarde
En espérant comme un bienfait
Pouvoir rejoindre la camarde
Tôt-fait en son grand lit défait

Ce que je fais ? Je reste là...
A feuilleter l’éphéméride
D’une fée que l’hiver frôla
En la parant de quelques rides
Et dont les yeux couleur lilas
Délivrent des étés torrides...
Sous sa peau teinte chocolat
Se réfugia un apatride
Qui jamais plus ne sera las
Que maintenant plus rien ne bride

Ce que je fais ? Je me souviens...
Des jours où vivre m'étouffait
En ces temps antédiluviens
Des cheveux que je décoiffais
De ta façon de dire : « Viens »
De la robe que tu dégrafais
Et je fais encore semblant
Devant l’effet que tu me fais
De ne pas tituber tremblant
Abasourdi et stupéfait.

Ce que tu fais ?
Tu me regardes tu restes là tu te souviens, tandis que je m'incline
Devant les faits

Ça me fait un peu l'effet d'un Gainsbourg genre “Que j'aime ta couleur café“ mais dans une meule de foin dans le Berry. Si c'est voulu c'est réussi !
La maladresse de l'emploi de mots presque savants, dis par Fernandel, je craque !

Jolie chute.
Une histoire qui trouverait davantage de couleur en prose, me dis-je.

pas mal, oui, jolie progression et belle chute

Ce que j'ai préféré, c'est le dernier paragraphe.

Jeu sur les sons et les sens.
J'avais compris que nous devions, comme Janis, donner la lumière sur des faits quotidien, dans son "banal à soi". Je ne retrouve pas trop cette contrainte, il me semble.
Par contre, cette ballade (es-ce bien une ballade ?) me plait, beaucoup, beaucoup.

Suis partagée. Trop d’effets pour moi tue l’effet.
Et puis, il y a cette mixture bizarre de vocables, entre contemporain et suranné.
Oui, un plus, pour la chute.

devant les éloges précédentes, j'ai honte de dire que je n'ai pas réussi à accrocher, même après relectures. Je me suis sentie étrangère, je n'ai pas réussi à ressentir ce que l'auteur aura voulu montrer, j'en suis bien désolée. Non que cela soit mal écrit, mais, pour moi, il manque un petit quelque chose.

dommage que cela ressemble trop, dans la construction "ce que je fais je", au poème de Janis.
consigne bof, en ce sens.

pour autant j'aime assez
la musique, le rythme, et le propos touchant.
et le tout est agréable.

Spoiler:

ah: et très chouette, le titre!!

J'aime beaucoup. Tout d'abord la désillusion qui hante le texte, puis le cri silencieux qui est poussé, forme d'appel à l'amour ou à l'aide, entendu mais pas écouté. A cela, j'ajoute un jeu intéressant sur le rythme, les sons, donnant un rythme bienvenu au texte. Un texte qui me parle.

musical et un brin nostalgique...

La première strophe en "fait" un peu trop.
La suite coule plus agréablement, avec sa pointe de mélancolie...

Cette première strophe m'est apparue chargée, et puis à la relecture j'en ai presque admiré le fait que le verbe faire, pourtant plusieurs fois répété sous diverses formes, coulait si bien à la lecture dans les sons et le sens.

Toute une histoire en trois strophes, les parfums de l'avant, et un arrêt sur image avec ces deux dernières phrases qui offre à ce texte une superbe chute.

J'ai beaucoup apprécié la lecture d'une poésie rimée sur ce thème (il y en a peut-être d'autres, je suis loin d'avoir ouvert tous les posts), c'est très visuel et sensoriel, émouvant, aussi, joli poème, vraiment.

la première strophe est trop, trop de trop de tout... et puis "la camarde" encore un mot qui me sort des yeux ! lu et re-lu usé jusqu'à la corde du pendu...
j'aime bien la suite mais je suis comme étouffée sous les effets... les sons qui ricochent, j'en perds le sens sous l'effet des jeux.

Ah oui, j'accroche. Ça roule, ça rebondi, plein de rythme.
Il n'y a que l'avant dernier vers qui m'accroche:
Tu me regardes tu restes là tu te souviens, tandis que je m'incline

Ou même, c'est seulement le "tandis que je m'incline" qui arrive là.
Bon, je ne me gène pas pour faire une suggestion, hein? Pourquoi pas:

Tu me regardes tu restes là tu te souviens,
Tout ça tandis que je m'incline

(non, ça colle pas... tu trouveras mieux que moi!!!)

jfmah a écrit:(non, ça colle pas... tu trouveras mieux que moi!!!)

ah, ah !

ha rien que le jeu de mot dans le titre eût dû me guider

et les amours perdues aussi

joliment beau

C'est rigolo, personnellement je n'ai pas eu la même lecture que Janis, j'ai plutôt lu l'admiration et la gratitude d'un homme pour la femme qui l'a sorti d'une vie banale et sans couleurs et qui est toujours à ses côtés mais peut-être moi aussi, suis-je à côté ...de la plaque :-)
Dans le sens de ma lecture, un bel hommage à cette femme, ais-je trouvé.
Juste le sentiment que cette jolie déclaration était comme un peu coïncée dans la forme choisie.

oui zou c'est ce que j'ai voulu exprimer...un amour un peu sur le tard quand on n'espère plus rien de la vie et surtout pas une rencontre... qu'on est un mec un peu bourru touché par la grâce...
le tout un peu alambiqué je reconnais, pas eu le temps de peaufiner

Merci rebecca pour ton retour. Je suis contente d'avoir été en phase, j'aime ça.

J'avais beaucoup aimé et pas eu le temps de faire un commentaire satisfaisant. Et toujours pas ! Sauf que j'ai beaucoup aimé !!!

Superbe déclinaison des faits ! J'ai adoré ces sonorités qui rebondissent sans lasser, craignant à tout instant de voir trébucher l'artiste qui parvient jusqu'au bout à conserver ce savant équilibre entre la forme et le fond, parvenant à glisser avec aisance l'émotion, la mélancolie, le portrait subtil d'un couple qui vieillit sans se lasser. Bravo !

J'ai lu sans tricher et quand j'ai vu la signature ..." mais bon sang, mais c'est bien sûr !"