Exo anonyme « Ce que je fais » : La somme de toutes les nuits

Ce que je fais...
je prends la nuit
tout contre moi
jusque l'éclat
puis je m'endors.


Ce que je fais...
je prends l'ennui
et je le mange
regard de l'ange
sous la pluie d'or.


Ce que je fais...
je prends la suite
je fais la somme
de tous les rhums
avalés fort.


Ce que je fais...
je prends la fuite
je suis la trace
du russe en glace
l'esprit se tord.


Ce que je fais...
pendant ces nuits
quand je trimbale
et flingue et balles
dans mon sac Dior.


Ce que je fais...
quand je m'ennuie
dessine en peine
là sur mes veines
des accroche-mort.


Ce que je fais...
je prends la nuit et je l'avale jusque l'éclat, puis je m'endors...

je devine de qui c'est...
mais je n'en dis pas plus pour l'instant,
(j'ai dit que je ne commentais pas en premier les exos)

"jusque l'éclat" -> me laisse songeuse et pas trop dans le bon sens. ni pour le son ni pour le sens.
"Ce que je fais...
pendant ces nuits
quand je trimbale
et flingue et balles
dans mon sac Dior." -> "trimballe" et "flingue" "Dior" ne sont pas trop dans le ton de l'ensemble, pour moi.
Hormis ces détails, ces petites touches "nuiteuses" sont bien agréables à lire, jolie musique de nuit. Assonances très appréciées.

joli.

Je pige la recherche (musicale je crois). je vois ici et là des trouvailles sympathiques, et ailleurs des facilités (des chevilles disons). Une bonne idée d'ensemble avec une part de réussite globale, mais encore pas mal de maladresses.

Ce que je fais...
je te commente
je prends ta place
en plus je place
mon esprit fort.

Attention hein : quand je dis “esprit fort“, c'est bien de moi même que je me moque, pas de toi, évidemment.

J’ai eu le même réflexe qu’éclaircie pour ce « jusque l’éclat ». Est-ce « jusqu’à l’éclatement » qu’il signifie ?
Sinon : jolie déclinaison de ces nuits sans sommeil.

Joli
la mise en page aussi
comme des petites maisons
carrées

j'aime bien la nuit, alors quand je lis un titre comme : "La somme de toutes les nuits" forcément, ça me parle... alors je lis.
je ne comprends pas "jusque l'éclat" : éclater, lumière... ?
ça j'aime bien : "accroche-mort."
oui, joli balade nocturne... ça manque un peu de folie, moi j'aurais bien vu des vers libres sur le thème de la nuit.

pas mal du tout, oui bien joli même.
bon, sauf que quand je vois "ce que je fais je" ça me renvoie toujours au poème de Janis...

igloo a écrit:pas mal du tout, oui bien joli même.
bon, sauf que quand je vois "ce que je fais je" ça me renvoie toujours au poème de Janis...

c'est le piège de cet exercice... oublier le poème de Janis pour faire autre chose et lire autrement.

oui, c'est pour ça que c'était l'unique consigne: déjà il faut oublier le poème originel, et ce n'est pas facile...la preuve.

il y en à quelques uns comme ça, d'exos qui reprennent la ritournelle
mais bon ils sont chouettes à lire aussi, alors...

La première strophe recueille mes préférences. Les autres sont bien fichues, aussi, mais celle-ci dégage un truc particulier qui me parle plus que le reste, simple question de goûts.

Je ne comprends pas trop "jusque l'éclat". Sinon, j'ai aimé ce poème.

J'ai toujours eu un faible pour les rimes qui se répètent au fil des strophes...

Une ritournelle poignante.

L'ensemble me botte. Ça commence par une très bonne strophe

Ce que je fais...
je prends la nuit
tout contre moi
jusque l'éclat
puis je m'endors.

qui m'a fait pensé un instant à Lunalice (tendresse+inquiétude+lune ou jour) mais c'est trop rimé/rythmé. Et puis elle a commenté.

Jusque l'éclat: excellent! J'aime cette forme qui sonne archaïque (Jusque vous Ma Dame)sans ce à si balourd.

Jusque l'éclat : ben oui, jusqu'à l'éclat du jour... L'éclat s'oppose à la nuit et son sens s'éclaire par elle. EMCW (élémentaire mon cher Watson).

J'avoue quand même que le "puis je m'endors" ne me comble pas: il aplatit la force de l'ensemble. Ça a un petit côté retraité...

ah j'avais vu juste, dans le titre même je t'ai reconnue.

je remercie les lecteurs et tous ceux qui ont laissé un commentaire... c'est ma prière de la journée, deux fois que j'écris la même chose !

igloo a écrit:ah j'avais vu juste, dans le titre même je t'ai reconnue.

tu es bien la seule je crois et pourtant ce n'était pas difficile : le style, le titre, tous ceux qui connaissent mes errances nocturnes auraient dû me reconnaître tt de suite...
il faut dire que je n'ai pas cherché à me cacher sur ce coup mais répondre au thème de l'Exo.

Tiens, tiens... mais on se rejoint igloo là, non ? le jeu du "JE" !? :-)))

Marvejols a été le seul à saisir : jusque l'éclat et pourquoi j'utilise cette forme au lieu de jusqu'à
extrait de son commentaire :
Jusque l'éclat : ben oui, jusqu'à l'éclat du jour... L'éclat s'oppose à la nuit et son sens s'éclaire par elle. EMCW (élémentaire mon cher Watson).

d'accord avec éclaircie... y'a des bancalous par-çi par là...

Pussicat a écrit:jTiens, tiens... mais on se rejoint igloo là, non ? le jeu du "JE" !? :-)))

...ai pas compris...! c'est moi qui bug, autant?!

j'ai oublié : merci pour le côté retraité Marvejols, je le mets de côté justement pour mes vieux jours... :-))

Marvejols a écrit:J'avoue quand même que le "puis je m'endors" ne me comble pas: il aplatit la force de l'ensemble. Ça a un petit côté retraité...

merci pour ton investissement et tes commentaires toujours détaillés, c'est un vrai plaisir de les lire même si ils sont à rebrousse-poil.

igloo a écrit:

Pussicat a écrit:jTiens, tiens... mais on se rejoint igloo là, non ? le jeu du "JE" !? :-)))

...ai pas compris...! c'est moi qui bug, autant?!

nan, c'est moi qui me suis mal exprimé... je ne parle pas de toi, igloo, mais de ce dont on parlait : dans mon texte, le narrateur se confond avec le personnage... j'ai puisé dans le vécu.

Pussicat a écrit:dans mon texte, le narrateur se confond avec le personnage... j'ai puisé dans le vécu.

c'est même pas ça : le personnage de mon texte se confond avec "moi je", Pussicat ! j'ai puisé dans mon vécu, voilà ! là c'est plus clair (pas bien réveillée ce matin !!)

c'est à dire que c'est forcément un "je" qui parle, vu que le thème de l'exo est "ce que je fais".
mais après qui est ce je, ça on n'en sait rien! ça dépend de si c'est écrit au premier degré, au second ou au quatorzième...!

dans "Dodo" j'ai choisi de diffracter le "je".

"diffracter" ouais, je sais pas, c'est un peu trop compliqué pour moi... dans mon second texte je me glisse dans la peau d'un psychopathe spécialisé dans l'étranglement à mains nues. C'est de la fiction, c'est tout... j'utilise les consignes de l'Exo et les détourne.(et PCP qui me traite d'amateur ! j'adore cette série... Dexter)

Ah, c'était donc toi ! Et l'amateur, par ailleurs.

Bon, j'ai eu ma petite idée de commentaire avant que l'identité de l'auteur ne soit révélée, voici :

Ce que je fais...
je prends la nuit
tout contre moi
jusque l'éclat
puis je m'endors.

Jusqu’à l’éclat est évidemment la tournure normale ; tu as voulu créer un effet de style, mais on bute dessus tout de suite, donc pour moi cela ne marche pas.

Prendre la nuit tout contre soi est tendre et poétique
Puis je m’endors est en contrepoint, comme un retour assez directif à la réalité ordinaire ; ça peut casser la poésie. Tu aurais dit : je vais me coucher ou j’va m’chécou, c’était pareil. J’aurais aimé entendre : puis je m’en vais (ou autre chose, ce qui aurait permis une plus grande ouverture quant à l’interprétation)

Ce que je fais...
je prends l'ennui
et je le mange
regard de l'ange
sous la pluie d'or.

Alors là, désolé mais manger l’ennui est pour moi un concept assez bizarre, l’ennui j’aurais plus tendance à le rompre, l’écraser, l’exterminer, mais toi tu le manges, bon, je respecte ton appétit (je signale que je dis ça mais je ne connais pas l’ennui, alors…)

J’avoue ne pas comprendre ce que viennent faire ce regard de l’ange et cette pluie d’or. Est-ce là pour les assonances ? Pour moi c’est décalé. Pas trop compris le but du message.

Ce que je fais...
je prends la suite
je fais la somme
de tous les rhums
avalés fort.

Une suite ? À l’hotel ?
Éventuellement, je fais un somme après tous ces rhums…
Le fait est que tu y vas fort.

Ce que je fais...
je prends la fuite
je suis la trace
du russe en glace
l'esprit se tord.

Je prends la fuite, ça je comprends ; fuir de la suite après tous ces rhums dans le cornet, c'est normal !
Apparemment tu as dû boire avec un Russe qui avait foutu de la glace dans sa vodka, du coup l’esprit se tord, c’est évident.

Ce que je fais...
pendant ces nuits
quand je trimbale
et flingue et balles
dans mon sac Dior.

T’as ton port d’arme en bonne et due forme ?

Ce que je fais...
quand je m'ennuie
dessine en peine
là sur mes veines
des accroche-mort.

Fuuuiiou, j’espère au moins que tu ne te shootes pas.

Alors donc, en conclusion ce que je pense de tout ça, c’est un mignon poème d’adolescente, c’est tendre et rêveur avec quelques trucs imparfaits comme ci comme ça, mais assez sympa finalement.

Ce que je fais...
quand je m'ennuie
dessine en peine
là sur mes veines
des accroche-mort.
Ca c'est très fort. Tout le poème d'ailleurs parle de souffrance, de mal-être avec une terrible intensité. Beaucoup de belles formules, mais j'ai coincé aussi sur ce jusque l'éclat qui m'a paru possible mais hors contexte, là.

vrai que le titre aurait dû nous mettre sur la voie
même si tu n'es visiblement pas le seul oiseau de nuit du coin

en tout cas, j'ai beaucoup aimé

La somme de toutes les nuits(Pussy) et Matin(Eclairssy) -Ah! avec des -si...- pour moi = the best (je ne parle que de la poessy)...





PS: Janis dans le rôle de marathon woman, trop drôle...

Marvejols a écrit:La somme de toutes les nuits(Pussy) et Matin(Eclairssy) -Ah! avec des -si...- pour moi = the best (je ne parle que de la poessy)...

PS: Janis dans le rôle de marathon woman, trop drôle...

c'est vrai que je n'avais pas fait la correspondance avec le texte de éclaircie !
remarque judicieuse Marvejols...
quant à ton jugement, je le prends comme un cadeau, alors MERCI ! il me reste à répondre à l'analyse de PCP toujours aussi délicat ds ses commentaires.

Janis a écrit:
vrai que le titre aurait dû nous mettre sur la voie
même si tu n'es visiblement pas le seul oiseau de nuit du coin

en tout cas, j'ai beaucoup aimé

merci pour ta lecture et ton commentaire...

coline Dé a écrit:
Ce que je fais...
quand je m'ennuie
dessine en peine
là sur mes veines
des accroche-mort.
Ca c'est très fort. Tout le poème d'ailleurs parle de souffrance, de mal-être avec une terrible intensité. Beaucoup de belles formules, mais j'ai coincé aussi sur ce jusque l'éclat qui m'a paru possible mais hors contexte, là.

PCP pense que j'ai un peu forcé la "dose" sur cette dernière strophe que je voulais exagérément noire comme une porte qui se referme.

rien à redire sur le thème que tu as saisi.

"jusque l'éclat" a été mal lu, interprété par la majorité des lecteurs et pourtant je le voulais tel.
Marvejols a su lire ce que je voulais faire passer, ressentir en utilisant cette forme plutôt que "jusqu'à" trop banal et impossible à cause de la répétition de la voyelle "a" : jusqu'à l'éclat. ça cloche selon moi. Je pensais évident "éclat" par opposition à la "nuit" : lumière, réfraction, éclat du jour, éclat de lumière...

Finalement, t'as bien raison : jusque l'éclat ça le fait !

Et c'est vrai qu'il faut savoir être audacieux, casser les conventions. Je suis souvent enfermé dans les codes et les conditionnements de l'éducation et de la culture, mais j'aime aussi bien pisser sur tout ça en même temps.

C'est grave docteur ?

Autrement, Pussicat, pour te venger de moi (c'est de bonne guerre), tu n'as qu'à aller critiquer ceci :

http://www.vosecrits.com/t13259-exo-anonyme-ce-que-je-fais-je-suis-tres-zen

voilà un des textes que je n'avais pas eu le temps de commenter shame on my fucking job mais dont j'avais reconnu la patte.

et j'ai bcp aimé cette promenade dans tes insomnies, hormis, mais je crois que cela avait été relevé :

quand je trimbale
et flingue et balles
dans mon sac Dior.

qui au final ne ressemble pas au reste du texte.
mais cela n'a en rien gâché mon plaisir de lecture.

C'est rigolo, ces trois vers qui n'ont pas fait l'unanimité, moi je les ai vraiment beaucoup aimés.
Je trouve qu'ils donnent du punch au poème, l'incarne un peu dans une époque, le rendent moderne.
Comme quoi ;-)
Un très bon moment de lecture pour moi en tout cas, même s'il m'est difficile de préciser plus avant.