Les déserts

Ils sont dans le silence ou l'haleine des vents,
Mais quand ils parlent ils chantent en déplaçant leurs vagues
En nuages de cristaux que le souffle du temps
A patiemment roulés.
Ils sont dans le mystère et peuplés de fantômes.
Dans le jour du soleil ou la nuit des étoiles,
Il faut suivre leurs pistes avant qu'elles ne s'effacent
Et effacent nos rêves.
Ils sont beaucoup trop grands, géants de notre terre.
Leurs fleuves n'ont pas d'eau, leurs montagnes pas d'arbres.
Leurs routes se déplacent, souvent dans un seul but :
Se noyer dans l'espace.
Ils sont inaccessibles dans leurs moindres secrets.
On roule sur leur peau. On écrase leurs dunes.
On brise leur silence. On profane leur paix.
Inconscients du massacre.
Quand nous les traversons on ne les comprend pas.
On peut les piétiner puisqu'on croit qu'ils sont morts.
Eux qui peuplent nos songes et le jour nous fascinent.
Seraient-ils une image du futur de la terre ?
Les déserts ?

Bel hommage aux déserts ces lieux fascinants qui, loin d'être immobiles et morts, respirent et se déplacent et peut-être même nous menacent de leur vengeance, nous les profanateurs ...

Sans images extraordinaires mais avec un rythme d'alexandrins parlés qui déroule en majesté ses vagues régulières bien en accord avec le sujet. Quelques hexamètres viennent heureusement briser les dunes, leur imprimant leur mouvement de balancier jusqu'à la question finale qui reste en suspend sur ses trois syllabes. Bien vu !
J'aurais cependant aéré un peu la disposition par un saut de ligne entre les quatrains.

Il faut suivre leurs pistes avant qu'elles ne s'effacent
Et effacent nos rêves
La répétition du son é dans le second vers n'est pas très heureuse et pourrait être facilement évitée (en effaçant nos rêves, par exemple)

Bonjour troupi2.

Vos Écrits s'efforçant d'être le plus convivial possible, nous apprécions si les nouveaux arrivants viennent se présenter à la communauté, ici : http://www.vosecrits.com/t10392-presentez-vous-ici

Merci et bienvenue donc.

Bonjour, et bienvenue.

Le désert est un beau sujet. Tu le traites de façon riche, étoffée.
Parfois inspirée.

Une remarque très personnelle est qu'un sujet aride -à première vue,
peut appeler à un peu d'aridité - *à première vue aussi, dans l'écriture.

L'alternance des "on", des "nous" et des "ils" ...
Peut-être trop nombreux, peut-être contournable...

"puisqu'on croit qu'il ..." croustille un peu trop.

Tout ça, dans une première lecture.

- *tu me répondras peut-être que l'aridité n'est que dans les yeux de ceux qui ne savent pas regarder.

Bonjour et bienvenue,

Je reprends les critiques précédentes: beau sujet bien traité.

J'accroche aussi sur les deux vers mentionnés par Ariel et par...Arielle.

puisqu'on croit qu'ils sont morts

Tu pourrais mettre "puisque nous les croyons mort" pour éviter la répétition "qu" qui sonne mal

Bienvenue.
J'aime tout particulièrement les deux premiers vers.
Les détails ont déjà été évoqué par les autres visiteurs, j'ajouterai ce "nous" qui me semble un peu incongru dans le vers :
" Quand nous les traversons on ne les comprend pas" , (tous les "on" ne me choquent pas), ainsi que la répétition du son "on" pas très heureuse, dans le même vers.
Ravie d'avoir lu ce poème.

Le thème même des déserts me plaît particulièrement. Et j'ai aimé les mots que tu as trouvés pour les décrire.

bonjour troupi

vers la fin
j'aurai bien échangé quelques " on "
par des personnages, des chameliers, une petite fille voilée ou un grincement de poulie quand on irait puiser l'eau hypothétique d'un puits

sinon
ma lecture fut très agréable
merci

La vastitude me paraît abordée avec réalisme et justesse dans ce texte, on devine la grandeur, l'ampleur, l'immensité à perte de vue et ces espaces qui dévorent encore et encore notre regard.
Toutefois, je me dis que la mise en forme n'est peut-être pas - simple avis perso - celle qui correspond le mieux au mouvement que tu imprimes dans le déplacement du sable, la création des dunes ou l'étendue sans fin. Quelques aérations, un jeu sur les espace, que sais-je... de légères modifications permettraient sans doute au rythme d'être davantage mis en valeur. Et le texte en vaut la peine.

troupi2 a écrit:On roule sur leur peau.

On profane leur paix.

On peut les piétiner puisqu'on croit qu'ils sont morts.

Belles images, vraiment...

(mais trois fois On, rien que dans l'exemple, dommage)

Merci pour tous vos commentaires, je les apprécie d'autant plus qu'ils sont justifiés et que sans aucun doute le texte manque un peu de travail. Bien vu Arielle pour "en effaçant nos rêves" Je garde.
Pour la série des "on" par contre c'est voulu et ces répétitions ne servent qu'à marteler le sujet pour bien faire voir l'inconsciente exagération
des dégâts que nous faisons subir à ces milieux fragiles.
Trois ou quatre autres poèmes suivront sur le thème du désert, écrits le soir sous les étoiles dans le Namib. Presque pas retouchés d'où les quelques défauts.

J'ai bien aimé aussi : il y a un mouvement dans ce poème qui évoque tout à fait le désert selon l'idée que je m'en fais (après quelques lectures d'éminents auteurs et un magnifique livre de phots... rien d'autre hélas !)
J'ai apprécié de n'y trouver aucun des clichés obligés et cette idée de "peau" qui donne mieux qu'aucun autre terme la sensation qu'il s'agit bien d'une entité vivante.
Les quelques broutilles améliorables n'altèrent pas mon plaisir de lecture.