Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
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Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Sa maison se dresse, il le sait, en limite du monde stable, sur les bords de l’univers solide et ferme.
Il faut partir…
Ne pas rester là…
Sa porte ouvrira bientôt sur l’océan, et déjà son balcon surplombe les vagues, et le soir il vient là, sur cette loge en première place au spectacle de la mer vorace, et le soir il observe la lente érosion, l’effondrement des terres, le jour déclinant qui déchire le ciel en traînées de nuages ; le soir il contemple le soleil s’effondrant qui disparait à l’horizon, lentement englouti par l’océan.
Il viendra l’instant funeste, il le sait, il viendra l’instant fatal, quand tout glissera jusqu’à la mer sans reste, quand tout se perdra dans le mouvement sans fin des marées.
Toute sa vie là, en balance, sur le bord d’un naufrage.
Partir…
Loin des rivages…
Partir…
Il me rattrapera, l’océan. Où fuir ? Ses vagues toujours viendront couvrir mes pas dans le sable, viendront tracer un sillage à ma course éperdue, sur les routes, sur les chemins, sur toutes les rues de passage, la marée toujours montante, toujours recommencée, jusqu’à tout inonder, les rivages des songes et les galets blancs des souvenirs.
Partir…
Il n’écoute pas les voix qui voulent tirer sa vie loin des rives, les voix apeurées, les paroles des sages précautions, l’écho des prudences timorées.
La prochaine tempête. Le vent soufflera. Les vagues déchaînées. La falaise, toi, ta maison, tes souvenirs, tout s’affaissera.
S’éloigner…
Un abri quelque part…
Un refuge…
Il lit sur son balcon au-dessus de la mer un livre profond, une métaphysique par-dessus les flots, il médite l’être et le devenir ; lève les yeux sur la lumière d’or du couchant, puis lit Lautréamont, il écoute ses chants, il entend Maldoror : « Vieil océan aux vagues de cristal, tu ressembles proportionnellement à ces marques azurées que l’on voit sur le dos meurtri des mousses… Je te salue vieil océan ! »
Il lève les yeux encore. Les vagues sombres portent la mémoire. Debout face à l’immense sur un frêle esquif de bois, sa compagne d’autrefois ; debout devant la mer étirée dans la démesure, là-bas ; debout si fragile, et rien en elle pourtant ne vacille rien ne chancelle ; debout elle s’éloigne vers les frontières du visible, elle s’en va comme elle est partie déjà, sa compagne des années de la vie ensemble quand, malgré ses attaques et ses bourrasques, la maladie se trouvait tenue fermement à distance, éloignée de ses poumons si fragiles ; quand la mer se tenait loin, ne rongeait pas encore le continent et tous les bouts du réel ; quand elle n’osait s’approcher du substantiel vivace, de l’infrangible aux roches d’opale et de silice ; debout sur son frêle esquif, maintenant s’en va, sa compagne d’autrefois.
Partir…
Quitter ce monde qui se brise…
Rien n’arrêtera la puissance des vagues déferlantes, rien ne fera rempart à l’océan dans sa furie démente, terriblement ravageuse, pars !
Personne ne vient plus dans sa maison du bord des temps qui portent les terres, et les demeures et la vie des hommes ; il reste seul, avec ses livres, avec la conscience lucide de chaque instant qui passe ; il reste seul avec son chien fidèle qui ne veut pas le quitter.
Seul face à la mer, seul, et ne tremble pas.
Combien de falaises éboulées devant lui tout au long de sa vie ; combien d’espoirs tombés à l’eau des déceptions, dans les précipices où tombent les illusions toujours du plus haut ; lui n’avait pas flanché, il n’avait pas dévalé la pente jusque dans les flots ; quand la terre s’effritait sous ses pas, quand s’ouvraient les failles et les minuscules craquelures, les béances en devenir, lui ne fléchissait pas, il avait appris à se tenir droit.
Cette fois, tu ne pourras pas…
Fuir… fuir… pour rester debout.
Sauve-toi…
De pied ferme, il attendra. Il ne tournera pas le dos à la mer, quémandeur d’un refuge illusoire, mendiant d’un ailleurs. Il restera. Il attendra le prochain coup de vent, ou le suivant… Il restera face à la mer, yeux dans les yeux de l’océan et, quand le moment viendra, quand la terre craquera, dans le grand effondrement, il pourra crier avec Maldoror : « Je te salue vieil océan ! »
Il faut partir…
Ne pas rester là…
Sa porte ouvrira bientôt sur l’océan, et déjà son balcon surplombe les vagues, et le soir il vient là, sur cette loge en première place au spectacle de la mer vorace, et le soir il observe la lente érosion, l’effondrement des terres, le jour déclinant qui déchire le ciel en traînées de nuages ; le soir il contemple le soleil s’effondrant qui disparait à l’horizon, lentement englouti par l’océan.
Il viendra l’instant funeste, il le sait, il viendra l’instant fatal, quand tout glissera jusqu’à la mer sans reste, quand tout se perdra dans le mouvement sans fin des marées.
Toute sa vie là, en balance, sur le bord d’un naufrage.
Partir…
Loin des rivages…
Partir…
Il me rattrapera, l’océan. Où fuir ? Ses vagues toujours viendront couvrir mes pas dans le sable, viendront tracer un sillage à ma course éperdue, sur les routes, sur les chemins, sur toutes les rues de passage, la marée toujours montante, toujours recommencée, jusqu’à tout inonder, les rivages des songes et les galets blancs des souvenirs.
Partir…
Il n’écoute pas les voix qui voulent tirer sa vie loin des rives, les voix apeurées, les paroles des sages précautions, l’écho des prudences timorées.
La prochaine tempête. Le vent soufflera. Les vagues déchaînées. La falaise, toi, ta maison, tes souvenirs, tout s’affaissera.
S’éloigner…
Un abri quelque part…
Un refuge…
Il lit sur son balcon au-dessus de la mer un livre profond, une métaphysique par-dessus les flots, il médite l’être et le devenir ; lève les yeux sur la lumière d’or du couchant, puis lit Lautréamont, il écoute ses chants, il entend Maldoror : « Vieil océan aux vagues de cristal, tu ressembles proportionnellement à ces marques azurées que l’on voit sur le dos meurtri des mousses… Je te salue vieil océan ! »
Il lève les yeux encore. Les vagues sombres portent la mémoire. Debout face à l’immense sur un frêle esquif de bois, sa compagne d’autrefois ; debout devant la mer étirée dans la démesure, là-bas ; debout si fragile, et rien en elle pourtant ne vacille rien ne chancelle ; debout elle s’éloigne vers les frontières du visible, elle s’en va comme elle est partie déjà, sa compagne des années de la vie ensemble quand, malgré ses attaques et ses bourrasques, la maladie se trouvait tenue fermement à distance, éloignée de ses poumons si fragiles ; quand la mer se tenait loin, ne rongeait pas encore le continent et tous les bouts du réel ; quand elle n’osait s’approcher du substantiel vivace, de l’infrangible aux roches d’opale et de silice ; debout sur son frêle esquif, maintenant s’en va, sa compagne d’autrefois.
Partir…
Quitter ce monde qui se brise…
Rien n’arrêtera la puissance des vagues déferlantes, rien ne fera rempart à l’océan dans sa furie démente, terriblement ravageuse, pars !
Personne ne vient plus dans sa maison du bord des temps qui portent les terres, et les demeures et la vie des hommes ; il reste seul, avec ses livres, avec la conscience lucide de chaque instant qui passe ; il reste seul avec son chien fidèle qui ne veut pas le quitter.
Seul face à la mer, seul, et ne tremble pas.
Combien de falaises éboulées devant lui tout au long de sa vie ; combien d’espoirs tombés à l’eau des déceptions, dans les précipices où tombent les illusions toujours du plus haut ; lui n’avait pas flanché, il n’avait pas dévalé la pente jusque dans les flots ; quand la terre s’effritait sous ses pas, quand s’ouvraient les failles et les minuscules craquelures, les béances en devenir, lui ne fléchissait pas, il avait appris à se tenir droit.
Cette fois, tu ne pourras pas…
Fuir… fuir… pour rester debout.
Sauve-toi…
De pied ferme, il attendra. Il ne tournera pas le dos à la mer, quémandeur d’un refuge illusoire, mendiant d’un ailleurs. Il restera. Il attendra le prochain coup de vent, ou le suivant… Il restera face à la mer, yeux dans les yeux de l’océan et, quand le moment viendra, quand la terre craquera, dans le grand effondrement, il pourra crier avec Maldoror : « Je te salue vieil océan ! »
Modération- Nombre de messages : 1362
Age : 18
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Ben moi aussi.. je ne sais trop quoi dire. je n'ai pas accroché. Ça me semble à la fois trop (très ambitieux!) et pas assez. Mais ça me donne envie de relire Lautréamont!
jfmah- Nombre de messages : 38
Age : 51
Date d'inscription : 03/03/2013
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Il me semble ressentir comme une rupture d'équilibre entre l'histoire et son symbole.
A trop vouloir insister sur l'allégorie celle-ci prend toute la place et cette histoire d'effondrement de la falaise parait peu crédible dans le laps de temps d'une vie :
"quand la mer se tenait loin, ne rongeait pas encore le continent et tous les bouts du réel" et puis
"quand le moment viendra, quand la terre craquera, dans le grand effondrement," cela me parait assez peu irréaliste dans l'espace d'une vie mais on peut trouver un certain charme à voir mélangés ainsi le réel et l'imaginaire.
A trop vouloir insister sur l'allégorie celle-ci prend toute la place et cette histoire d'effondrement de la falaise parait peu crédible dans le laps de temps d'une vie :
"quand la mer se tenait loin, ne rongeait pas encore le continent et tous les bouts du réel" et puis
"quand le moment viendra, quand la terre craquera, dans le grand effondrement," cela me parait assez peu irréaliste dans l'espace d'une vie mais on peut trouver un certain charme à voir mélangés ainsi le réel et l'imaginaire.
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Il y a un bel essai. mais je le trouve non transformé.
Je crois deviner le souffle du vent qui devrait battre mes tempes de lecteur comme des embruns.
Sauf que je le devine seulement, il manque la violence.
Ce Prométhée est un peu mou pour un titan.
Je sens en arrière plan l'influence Maldororienne, d'ailleurs clairement indiquée. On tourne autour du juif errant, croise un vague moine de Mathurin, mais il manque une plume à la Artaud pour insuffler un vent de désespoir et de folie.
Mais ça passe ici ou là :
(…)
Il viendra l’instant funeste, il le sait, il viendra l’instant fatal, quand tout glissera jusqu’à la mer sans reste, quand tout se perdra dans le mouvement sans fin des marées.
(…)
les rivages des songes et les galets blancs des souvenirs
(…)
un livre profond, une métaphysique par-dessus les flots
(…)
“il reste seul, avec ses livres“ (Edgar Poe n'aurait pas mis la virgule il me semble ;-))
Donc je dirai que je salue la tentative, loin des jeux de mots “attente“, “tente“, “tante“, (je ne crache pas dans la soupe des aimables plaisantins, j'en fais mon beurre plus souvent qu'à mon tour), cette tentative de présenter son front aux souffle du grand large. Mais il manque deux choses essentielles de mon point de vue :
- Une ossature simple et directe de l'idée : le dernier homme qui attend son dernier instant, la maison, la falaise qui s'écroule, le protagoniste qui reste, ou qui fuit, qui est courageux, ou lâche, etc. Ici, on ne sait pas trop, c'est un peu à la va-comme-je-te-pousse, un peu adolescent.
- Une plume plus lâchée dans la folie des mots et un style nettement plus tempétueux.
Cette mer comme un métaphore de la maladie, compagne ambiguë, ce chien même pas enragé, voilà.
Ça vaudrait le coup de retravailler sec.
Je crois deviner le souffle du vent qui devrait battre mes tempes de lecteur comme des embruns.
Sauf que je le devine seulement, il manque la violence.
Ce Prométhée est un peu mou pour un titan.
Je sens en arrière plan l'influence Maldororienne, d'ailleurs clairement indiquée. On tourne autour du juif errant, croise un vague moine de Mathurin, mais il manque une plume à la Artaud pour insuffler un vent de désespoir et de folie.
Mais ça passe ici ou là :
(…)
Il viendra l’instant funeste, il le sait, il viendra l’instant fatal, quand tout glissera jusqu’à la mer sans reste, quand tout se perdra dans le mouvement sans fin des marées.
(…)
les rivages des songes et les galets blancs des souvenirs
(…)
un livre profond, une métaphysique par-dessus les flots
(…)
“il reste seul, avec ses livres“ (Edgar Poe n'aurait pas mis la virgule il me semble ;-))
Donc je dirai que je salue la tentative, loin des jeux de mots “attente“, “tente“, “tante“, (je ne crache pas dans la soupe des aimables plaisantins, j'en fais mon beurre plus souvent qu'à mon tour), cette tentative de présenter son front aux souffle du grand large. Mais il manque deux choses essentielles de mon point de vue :
- Une ossature simple et directe de l'idée : le dernier homme qui attend son dernier instant, la maison, la falaise qui s'écroule, le protagoniste qui reste, ou qui fuit, qui est courageux, ou lâche, etc. Ici, on ne sait pas trop, c'est un peu à la va-comme-je-te-pousse, un peu adolescent.
- Une plume plus lâchée dans la folie des mots et un style nettement plus tempétueux.
Cette mer comme un métaphore de la maladie, compagne ambiguë, ce chien même pas enragé, voilà.
Ça vaudrait le coup de retravailler sec.
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
une métaphore, sinon je vais attraper froid !
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
J'ai aimé l'image de cette lente et inéluctable érosion, ce sol qui se dérobe, et cette vaine volonté de lutter.
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
J'ai aimé l'écriture et l'univers, mais moins la construction. Ou plutôt, ça gagnerait à être un peu resserré. Je trouve ça trop long pour le propos
Par exemple, les passages en pointillés (partir...) fragilisent l'ensemble je trouve, et sont un peu convenus (quitter ce monde qui se brise... lalala). Et je trouve la fin inutilement grandiloquente.
Il me semble qu'avec un travail d'élagage (il y a aussi beaucoup d'adjectifs), ça pourrait filer une belle métaphore plus percutante.
J'ai dit !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Je vois plutôt la mer comme une métaphore de la mort qui approche plutôt que comme celle de la maladie.
Les vagues du temps qui érode tout sur son passage.
Qu'on fuit parfois, ou qu'on voudrait fuir, ou qu'on affronte, finalement toujours seul, le moment venu .
J'ai beaucoup aimé ce texte, je le trouve juste et émouvant .
Les vagues du temps qui érode tout sur son passage.
Qu'on fuit parfois, ou qu'on voudrait fuir, ou qu'on affronte, finalement toujours seul, le moment venu .
J'ai beaucoup aimé ce texte, je le trouve juste et émouvant .
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Ce qui me gêne, c'est qu'il y a deux éléments superposés me semble-t-il: la véritable érosion, l'effondrement de la falaise et l'effondrement intérieur mais la jonction entre eux paraît peu naturelle et Maldoror arrive de façon artificielle aussi, un peu comme une citation obligée. Qui est sa compagne d'autrefois? La mer?
J'ai besoin d'y voir plus clair pour apprécier pleinement.
Bel effort cependant.
J'ai besoin d'y voir plus clair pour apprécier pleinement.
Bel effort cependant.
obi- Nombre de messages : 574
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
C'est un texte dans lequel je note de ci de là pas mal d'imperfections et, en même temps, le propos me parle beaucoup, comme si les mots auraient été disposés de la même manière sous ma plume tout en sachant que quelque chose ne fonctionne pas. Sentiment difficile à exprimer clairement. Peut-être la légèreté fait-elle défaut, la suppression de quelques précisions arrangerait sans doute la sensation de longueur ressentie et permettrait au propos de sortir tout ce qu'il a dans le ventre.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Je précise que j'aime beaucoup ces images d'océan déchaîné, de mer qui vient se briser contre nos (dés)illusions.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
La porte d'entrée était ouverte, accueillante, celle de la sortie également, et, le problème, c'est que deux portes ouvertes ça fait pas mal de courant d'air. Oui, c'est bien ça, je ressors de ce texte avec une impression de courant d'air d'été, pas désagréable donc, mais volatile.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo anonyme "l'attente" : Temps progressif d'un effondrement.
Je ne suis pas insensible à ce lent et irrémédiable effritement. J'irais assez dans le sens de Rebecca.
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
J'ai beaucoup aimé ! La superposition des éléments réels et figurés, le jeu à la limite du fantastique, l'ambiance, tout m'a parlé.
Et les répétitions " et le soir" qui ont valeur incantatoire ;
Et les répétitions " et le soir" qui ont valeur incantatoire ;
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
D'un point de vue poétique, je me suis laissée emporter (ça m'a rappelé certains passage d'un livre que j'ai beaucoup aimé : "Océan mer" d'Alessandro Baricco), tout au moins dans la première partie, jusqu'à "Un refuge...". Ce qui suit m'est apparu un peu long, trop de métaphores nuisent à l'ensemble, ou alors est-ce cette entrée dans réalité qui m'a un peu déroutée.
Et pourtant, dans son ensemble, il y a une émotion en filigrane, une lame de fond, qui me plait bien.
Et pourtant, dans son ensemble, il y a une émotion en filigrane, une lame de fond, qui me plait bien.
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Comme beaucoup j'aime, j'adore même l'imaginaire marin, dont les richesses sont ici bien étalées, elles arrivent par vagues qui déposent à nos pieds des tessons et des petits coquillages, ça c'est bien.
En revanche j'ai moins aimé certains segments qui m'ont semblé plus affectés tels "Il viendra l’instant funeste, il le sait, il viendra l’instant fatal, quand tout glissera jusqu’à la mer sans reste, quand tout se perdra dans le mouvement sans fin des marées."
Cette certitude, cet absolu un peu grandiloquent qui je trouve met à mal la poésie du texte ; après, c'est peut-être moi : je préfère le calme. Je trouve que le texte hésite un peu trop entre les deux pôle de son titre oxymorique, que le fracas, la puissance impétueuse de l'effondrement se marie mal avec la progression douce (mais d'autant plus dangereuse) de la marée. Il y a quelque chose qui ne colle pas.
En revanche j'ai moins aimé certains segments qui m'ont semblé plus affectés tels "Il viendra l’instant funeste, il le sait, il viendra l’instant fatal, quand tout glissera jusqu’à la mer sans reste, quand tout se perdra dans le mouvement sans fin des marées."
Cette certitude, cet absolu un peu grandiloquent qui je trouve met à mal la poésie du texte ; après, c'est peut-être moi : je préfère le calme. Je trouve que le texte hésite un peu trop entre les deux pôle de son titre oxymorique, que le fracas, la puissance impétueuse de l'effondrement se marie mal avec la progression douce (mais d'autant plus dangereuse) de la marée. Il y a quelque chose qui ne colle pas.
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
moi aussi j'y ai lu une métaphore sur la mort, le temps qui passe, les souvenirs, et la falaise comme un sablier, y'a pas d'issue possible, à la fin ne reste que la mort qu'il faut affronter les "yeux dans les yeux"
la mise en page du texte, debout, en longueur, avec espaces, m'a fait penser à cette falaise érodée, comme une vie bouffée par le temps, la maladie et tout...
la mise en page du texte, debout, en longueur, avec espaces, m'a fait penser à cette falaise érodée, comme une vie bouffée par le temps, la maladie et tout...
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
magnifique texte, que j'ai contourné sans toutefois m'en détourner.
rien n'a arrêté ma lecture, parce que j'ai vu les images: et j'assistais à un film, avec une voix off, et tous les bruits, la couleur, le vent, les embruns comme des gifles en staccato salés.
"Personne ne vient plus dans sa maison du bord des temps qui portent les terres, et les demeures et la vie des hommes ; il reste seul, avec ses livres, avec la conscience lucide de chaque instant qui passe ; il reste seul avec son chien fidèle qui ne veut pas le quitter.
Seul face à la mer, seul, et ne tremble pas."
sans doute parce que ce thème, la solitude du Titan qui s'érode, me fait quelque chose.
il ne me semble pas mou, mais fatigué, et déjà ermite.
la maladie n'est pas la sienne, mais celle d'une sirène disparue, et qui l'appelle (à la rejoindre?) flottant sur un frêle et fantomatique esquif .
du moins, c'est ce que j'y vois...
l'érosion est soumise au hasard des tempêtes, on ne sait pas quand l'effondrement, il n'y tient même pas plus que ça.
c'est un peu "Mektoub".
pas non plus envie d'être faible, de se rassurer: la fuite est possible, il suffit de partir des rivages aux surplombs dangereux! il le sait très bien, mais d'abord pour aller où, et ensuite il le vivrait comme une vaine lâcheté...enfin comme quelque chose de vain en tout cas.
alors il reste là, de moins en moins solide, debout mais fatigué, avec son chien et ses livres, seul.
on dirait que l'effondrement ne dépend pas de lui, mais des éléments environnants, qui ici apparaîssent plus forts que tout, déchainés et même universels: "Les vagues sombres portent la mémoire"
il n'est pas pressé, il n'attend pas particulièrement, il cherche la sagesse et quelle attitude adopter: en attendant il contemple simplement le temps qui passe, progressif, d'un effondrement prévisible. ce n'est pas innocent: dans le non choix il y a un choix.
(je suis en ce moment particulièrement remontée contre la fatalité.
pour deux bonnes raisons au moins et peut être plus, je ne l'accepte pas.
c'est pourquoi je m'étais abstenue de commenter...jusque là, parce que j'ai cru y percevoir quelque chose de l'ordre de cela, dont j'ai voulu m'éloigner. peut être me suis je trompée. si c'est le cas, désolée, Louis. ce texte m'a plu, parce que le film était beau.)
rien n'a arrêté ma lecture, parce que j'ai vu les images: et j'assistais à un film, avec une voix off, et tous les bruits, la couleur, le vent, les embruns comme des gifles en staccato salés.
"Personne ne vient plus dans sa maison du bord des temps qui portent les terres, et les demeures et la vie des hommes ; il reste seul, avec ses livres, avec la conscience lucide de chaque instant qui passe ; il reste seul avec son chien fidèle qui ne veut pas le quitter.
Seul face à la mer, seul, et ne tremble pas."
sans doute parce que ce thème, la solitude du Titan qui s'érode, me fait quelque chose.
il ne me semble pas mou, mais fatigué, et déjà ermite.
la maladie n'est pas la sienne, mais celle d'une sirène disparue, et qui l'appelle (à la rejoindre?) flottant sur un frêle et fantomatique esquif .
du moins, c'est ce que j'y vois...
l'érosion est soumise au hasard des tempêtes, on ne sait pas quand l'effondrement, il n'y tient même pas plus que ça.
c'est un peu "Mektoub".
pas non plus envie d'être faible, de se rassurer: la fuite est possible, il suffit de partir des rivages aux surplombs dangereux! il le sait très bien, mais d'abord pour aller où, et ensuite il le vivrait comme une vaine lâcheté...enfin comme quelque chose de vain en tout cas.
alors il reste là, de moins en moins solide, debout mais fatigué, avec son chien et ses livres, seul.
on dirait que l'effondrement ne dépend pas de lui, mais des éléments environnants, qui ici apparaîssent plus forts que tout, déchainés et même universels: "Les vagues sombres portent la mémoire"
il n'est pas pressé, il n'attend pas particulièrement, il cherche la sagesse et quelle attitude adopter: en attendant il contemple simplement le temps qui passe, progressif, d'un effondrement prévisible. ce n'est pas innocent: dans le non choix il y a un choix.
(je suis en ce moment particulièrement remontée contre la fatalité.
pour deux bonnes raisons au moins et peut être plus, je ne l'accepte pas.
c'est pourquoi je m'étais abstenue de commenter...jusque là, parce que j'ai cru y percevoir quelque chose de l'ordre de cela, dont j'ai voulu m'éloigner. peut être me suis je trompée. si c'est le cas, désolée, Louis. ce texte m'a plu, parce que le film était beau.)
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
(c'est un film romantique, un film Hurlevent, la photo est classe, je fais la midinette!)
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
ah oui, et peut être ne veut-il pas quitter cette maison périlleusement perchée aujourd'hui, mais qui à l'origine était
"en limite du monde stable, sur les bords de l’univers solide et ferme.", du temps de la sirène, parce que c'est la maison du souvenir qu'on ne veut pas quitter, auquel on veut demeurer fidèle.
"en limite du monde stable, sur les bords de l’univers solide et ferme.", du temps de la sirène, parce que c'est la maison du souvenir qu'on ne veut pas quitter, auquel on veut demeurer fidèle.
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
pour moi Maldoror n'est là que pour signifier un jusqu'au boutisme, un livre entre des mains, pas n'importe lequel c'est vrai, mais qui fait partie du "tableau".
la construction ne m'a pas gênée.
elle correspond aux vagues, aux lames plus ou moins de fond.
la mer symboliserait l'humanité à la longue "engloutissante".
la construction ne m'a pas gênée.
elle correspond aux vagues, aux lames plus ou moins de fond.
la mer symboliserait l'humanité à la longue "engloutissante".
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Y pourquoi y pourrait pas citer Lautréamont sur un forum littéraire? La peine infinie, l 'appel irrésistible des forces, l 'inéluctable, le choix de survivre dans la détresse.
Les passages en blancs font de ce texte un poème en prose et produisent non pas des longueurs, mais l 'effet voulu de la gravité dans l 'attente solitaire.
Bien vu le Mektoub qui érode, moi, Maldoror, j ' adôôre...Tiens , j 'fais de l 'esprit, c 'est pas mon genre!
Les passages en blancs font de ce texte un poème en prose et produisent non pas des longueurs, mais l 'effet voulu de la gravité dans l 'attente solitaire.
Bien vu le Mektoub qui érode, moi, Maldoror, j ' adôôre...Tiens , j 'fais de l 'esprit, c 'est pas mon genre!
soussan- Nombre de messages : 119
Age : 76
Date d'inscription : 31/10/2012
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
et pour finir (dernier mot), la grandiloquence est celle de l'océan déchaîné: c'est quelque chose d'affolant, beau, dangereux et d'un lyrisme à la fois envoûtant et communicatif, emporté par le souffle de vents puissants, qui rendent à moitié fou.
c'est assez bien rendu. comment ne pas perdre son calme...?
bon voilà, je voulais saluer Louis.
lui donner à mon tour un commentaire sincère, avec du contenu.
c'est assez bien rendu. comment ne pas perdre son calme...?
bon voilà, je voulais saluer Louis.
lui donner à mon tour un commentaire sincère, avec du contenu.
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
P.S: quelque chose du capitaine qui reste pour couler avec son navire, aussi.
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
J'aurais dû te reconnaitre, Louis !
Invité- Invité
Re: Exo anonyme « L'attente » : Temps progressif d'un effondrement
Louis !
Vos commentaires ici et là me ravissent.
Et l'on vous découvre sous un autre jour dans vos textes. L'histoire du personnage dont on rit (c'était bien de vous ? j'ai oublié le titre) m'avait émue comme ce n'est pas possible.
Et maintenant, ce texte grave...
Offrez-nous plus souvent de tels textes, et merci !
Vos commentaires ici et là me ravissent.
Et l'on vous découvre sous un autre jour dans vos textes. L'histoire du personnage dont on rit (c'était bien de vous ? j'ai oublié le titre) m'avait émue comme ce n'est pas possible.
Et maintenant, ce texte grave...
Offrez-nous plus souvent de tels textes, et merci !
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