Miroir…
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Miroir…
Le grand miroir de Marie s'est brusquement obscurci.
Ses grands yeux noirs ont cessé de scruter sans fin l'eau profonde de ce lac cerclé de bois où ses rêves et ses désirs se fracassaient comme des marées sans lunes.
Un siècle de vie... Marie est partie.
Mère est morte !
La femme cabossée, brisée, abîmée, les mains et les bras transformés par la vieillesse en planches anatomiques, est partie retrouver ses souvenirs intacts, ceux d'une enfant orpheline de père dans la campagne française d'avant guerre.
Elle n'a pu transmettre que sa force, sa vitalité, son intransigeance, sa dureté de silex, ses silences obtus.
J'ai mal !
Pourquoi n'avons-nous pu nous aimer ?
J'ai tant de fois souhaité sa mort.
Maintenant, son départ est inutile, il tue les derniers espoirs d'enfance que je nourrissais.
Depuis quand, m'avait-elle oubliée ?
Depuis ce quai de gare au Croisic ?
Elle était venue me chercher, drapée dans ses voiles de veuve, accompagnée d'une amie, pour éviter les regards douloureux d'une petite fille de onze ans, le verbiage des grandes personnes est une force incontestable.
Elle était venue me chercher mais elle était absente, loin, très loin de la fillette ombrageuse et butée. Nous avons manqué le train du soir et à l'époque il y avait peu d'hôtels disponibles pour le trio que nous présentions.
Nous avons passé la nuit dans la gare déserte.
Le lendemain, nous prîmes un autre train.
Mère devisait calmement avec son amie.
Je regardais le paysage,
imaginant... pourquoi-pas ?
… que papa serait à l'arrivée !
Ses grands yeux noirs ont cessé de scruter sans fin l'eau profonde de ce lac cerclé de bois où ses rêves et ses désirs se fracassaient comme des marées sans lunes.
Un siècle de vie... Marie est partie.
Mère est morte !
La femme cabossée, brisée, abîmée, les mains et les bras transformés par la vieillesse en planches anatomiques, est partie retrouver ses souvenirs intacts, ceux d'une enfant orpheline de père dans la campagne française d'avant guerre.
Elle n'a pu transmettre que sa force, sa vitalité, son intransigeance, sa dureté de silex, ses silences obtus.
J'ai mal !
Pourquoi n'avons-nous pu nous aimer ?
J'ai tant de fois souhaité sa mort.
Maintenant, son départ est inutile, il tue les derniers espoirs d'enfance que je nourrissais.
Depuis quand, m'avait-elle oubliée ?
Depuis ce quai de gare au Croisic ?
Elle était venue me chercher, drapée dans ses voiles de veuve, accompagnée d'une amie, pour éviter les regards douloureux d'une petite fille de onze ans, le verbiage des grandes personnes est une force incontestable.
Elle était venue me chercher mais elle était absente, loin, très loin de la fillette ombrageuse et butée. Nous avons manqué le train du soir et à l'époque il y avait peu d'hôtels disponibles pour le trio que nous présentions.
Nous avons passé la nuit dans la gare déserte.
Le lendemain, nous prîmes un autre train.
Mère devisait calmement avec son amie.
Je regardais le paysage,
imaginant... pourquoi-pas ?
… que papa serait à l'arrivée !
- Spoiler:
- J'ai repris le dernier paragraphe d'un texte ancien et loupé (Marie), je tente à nouveau un début d'histoire. Merci pour vos retours.
Re: Miroir…
Croisic, je vais te donner mon sentiment honnête, pour ce qu'il vaut.
D'abord je trouve cette phrase bien trop longue et démonstrative : "Ses grands yeux noirs ont cessé de scruter sans fin l'eau profonde de ce lac cerclé de bois où ses rêves et ses désirs se fracassaient comme des marées sans lunes."
Ensuite, j'ai l'impression, l'intuition plutôt que le texte est trop brut, direct ; le passage du milieu surtout, qui vibre de colère, de violence mal canalisée, mal orientée... c'est l'enfant qui parle ici, furieuse, frustrée, douloureuse, elle trépigne, il n'y a pas de décalage (recul) entre ce qu'elle vit et ce que l'adulte rapporte. Je pense qu'il y aurait moyen de peut-être traduire cela autrement, de l'étoffer sinon l'enrober..
Je ne sais pas si tu me comprends.
Et d'ailleurs il est bien possible que cette forme soit le fruit délibéré de ton retravail.
Bien, le dernier paragraphe, la brièveté lui sied (sans le point d'exclamation peut-être, très peut-être).
D'abord je trouve cette phrase bien trop longue et démonstrative : "Ses grands yeux noirs ont cessé de scruter sans fin l'eau profonde de ce lac cerclé de bois où ses rêves et ses désirs se fracassaient comme des marées sans lunes."
Ensuite, j'ai l'impression, l'intuition plutôt que le texte est trop brut, direct ; le passage du milieu surtout, qui vibre de colère, de violence mal canalisée, mal orientée... c'est l'enfant qui parle ici, furieuse, frustrée, douloureuse, elle trépigne, il n'y a pas de décalage (recul) entre ce qu'elle vit et ce que l'adulte rapporte. Je pense qu'il y aurait moyen de peut-être traduire cela autrement, de l'étoffer sinon l'enrober..
Je ne sais pas si tu me comprends.
Et d'ailleurs il est bien possible que cette forme soit le fruit délibéré de ton retravail.
Bien, le dernier paragraphe, la brièveté lui sied (sans le point d'exclamation peut-être, très peut-être).
Invité- Invité
Re: Miroir…
Easter merci. C'est bien ce que je souhaitais lire. Je vais retravailler ces passages où je me laisse entraîner soit dans le lyrisme soit dans la colère.
Re: Miroir…
je ne sais pas ce qui est bien et ce qui est mal
dans ce début où cette fin d'histoire
mais la force de l'image s'imprime dans la rétine du lecteur
et ça, ça madame
c'est le principal
dans ce début où cette fin d'histoire
mais la force de l'image s'imprime dans la rétine du lecteur
et ça, ça madame
c'est le principal
Re: Miroir…
Il y a deux phrases qui sont très fortes :
Entre la colère et le chagrin il y a cette déception vitale : passer une vie entière à se rater. Et ça, on manque de vocabulaire pour l'exprimer, il faut racler jusqu'à l'os, ni gras ni chair, jusqu'à l'os et même plus : jusqu'à la moelle...
Enfin, c'est comme ça que je le sens. Sûrement, ça va te demander du temps.
Dans le genre, j'ai une soupe aux navets qui mijote depuis quatre ans...
etMaintenant, son départ est inutile, il tue les derniers espoirs d'enfance que je nourrissais.
Pour le reste, tu ne sais pas dans quel registre te caler, et c'est trop brut, trop immédiat.le verbiage des grandes personnes est une force incontestable.
Entre la colère et le chagrin il y a cette déception vitale : passer une vie entière à se rater. Et ça, on manque de vocabulaire pour l'exprimer, il faut racler jusqu'à l'os, ni gras ni chair, jusqu'à l'os et même plus : jusqu'à la moelle...
Enfin, c'est comme ça que je le sens. Sûrement, ça va te demander du temps.
Dans le genre, j'ai une soupe aux navets qui mijote depuis quatre ans...
Invité- Invité
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