Exo « J'invente des mots » : Le mâchemots

Gontran se dénuita, l'âme si chiffrenée,
Qu'il se mit à griser de sa plus triste mine
Un paperote blanc et un peu crasse-rhine
Fritant le chorisson et le gras merguézé.

Emprisouiller en mots visions hélipeurées,
Les écraboucider comme viles vermines,
Gontran y travailla, en mâchemots-rumine,
Puis par le vasistron, jeta sa lettrailée.

Alors, alors enfin, il croquina le chorisson
Tout en fripoulinant en pensant au quidon
Qui sur le cabastron prendrait son videpeurs.

Il était comme ça, Gontran le mâchemots.
Partajouilleur à fond, jusqu'à ses fouillepots.
C'était un évideur, un éviteur de peurs.

Les mots inventés sont pour la plupart très suggestifs : se dénuiter, crasse-rhine, hélipeurée, partajouilleur, videpeur... et bien sûr mâchemots
le contraste avec la forme rigide du sonnet est un régal...

Ah, que c'est chouette ! C'est rigolo. Ça donne vraiment envie d'essayer. Faut juste trouver le temps.

J'adore en prendre plein le vasistron des lettrailées de cette qualité !
Bravo Iris pour ces visions hélipeurées, si tu en as encore quelques-unes au fond de tes fouillepots je suis preneuse.

Ma foi, voilà qui est boutrement bien torchiadé, palsambouille ! On s'en baglerait volontiers une autre chouparde derrière la gargamouille.

j'adore, l'invention des mots et le thème, j'adore... un petit regret sur le premier tiercé, la répétition du son "an", "en" : Alors, alors enfin, il croquina le chorisson, Tout en fripoulinant en pensant au quidon...
j'adore !

Tu as raison, Pussicat, le en en n'est pas très heureux, et je l'ai remarqué aussi.Donc, je corrige :
Gontran se dénuita, l'âme si chiffrenée,
Qu'il se mit à griser de sa plus triste mine
Un paperote blanc et un peu crasse-rhine
Fritant le chorisson et le gras merguézé.

Emprisouiller en mots visions hélipeurées,
Les écraboucider comme viles vermines,
Gontran y travailla, en mâchemots-rumine,
Puis par le vasistron, jeta sa lettrailée.

Alors, alors enfin, il croquina le chorisson
Et il fripoulina en pensant au quidon
Qui sur le cabastron prendrait son videpeurs.

Il était comme ça, Gontran le mâchemots.
Partajouilleur à fond, jusqu'à ses fouillepots.
C'était un évideur, un éviteur de peurs.

Je me demande si je ne devrais pas aussi écrire mâche-mots et vide-peurs, ou mâchemot et videpeur. Je préfère le mot sans tiret, mais alors le s de la fin choque un peu (? :-) si j'utilise mon mot inventé au singulier.

Tout simplement épastrouilant ! On se conflugine et on en reflopabignole dans ses houseaux!

Ce Gontrand quel abominatroce partajouilleur de peurs. Merci Iris pour ce bafouillon kiffable.

Trop forte Iris!!!
J'adore le videpeur, et plein d'autres .

Holala ! Quel niveau ! C'est admirable.
Ingéniosité, rythme vif à souhait, jolies trouvailles, le tout décliné sur un fil conducteur on ne peut plus sympathique... tu places la barre haut :-)

Iris a écrit:en mâchemots-rumine

c'est tout de même très joli, ce mot (d'autres aussi, d'ailleurs).

Je ne mâche pas mes mots : c'est rigolo !

Iris, tu me dénuies l'âme si chiffrenée, à tel point qu'un paperote blanc un peu crasse-rhine fritant le chorisson et le gras merguézé m'émeut.

Ainsi suis-je emprisouillé, hélipeuré, écraboucidé, et finalement totalement jeté vivant dans le vasistron lettrailé.

Fichtre quelle jubilupté, quel tourbilole de frianduchesses et c'est crânement bien chemisé. Il pleut, je m'en va gnougnouter dans mes dormioles.

Iris a écrit:Je me demande si je ne devrais pas aussi écrire mâche-mots et vide-peurs, ou mâchemot et videpeur. Je préfère le mot sans tiret, mais alors le s de la fin choque un peu (? :-) si j'utilise mon mot inventé au singulier.

pour répondre à ta question, Iris, je trouve que c'est mieux sans les tirets pour mâchemot et videpeur moi aussi.
peut être vaut-il mieux le mot au singulier, oui: "mâchemot-rumine"

la suite ne fait pas mentir les deux premières lignes, particulièrement réussies, de ce poème que j'ai beaucoup aimé d'emblée.
mais j'y reviendrai mieux, pour faire un commentaire digne de ce nom (je suis un peu débordée en ce moment, pardon!)

hyper bien balancé, bravo!
avec même les odeurs, la poésie des images, tout.
on est chez Gontran, et c’est mignontouchant car pas si drôle.
cette idée d’avion en papier grisé lancé par la fenêtre est une super trouvaille métaphorique,
visuellement tout fonctionne direct.
Se dénuiter,
Hélipeurée,
Ecraboucider,
Lettrailée,
Fouillepots,
je retiens particulièrement ceux-là, ça mais j’aime le tout.

Beaucoup de virtuosité, de trouvailles , de beaux mots, Iris. Chacun, pris isolément est réjouissant (pour ceux que je parviens à interpréter) mais l'abondance des mots nouveaux me gâche un peu l'ensemble . 
C'est ma faute:je ne tiens pas les alcools forts...
En tout cas merci pour l'exercice que j'ai malgré tout trouvé intéressant et qui m'a fait réfléchir...