Manque

C'est son visage que l'on aperçoit sur le mien.
Loin.
Nous ne pleurons jamais ensemble,
Cela serait une trop belle histoire.
Nous pleurons sans doute,
Mais pas pour les mêmes raisons, ni à la même heure.
Avec les livres et mon vin,
Je donne à boire à mon chagrin,
Car mes yeux sont trop grands
Pour un jour devenir mascaron.
J'ai appris
Qu'on ne pleure jamais les yeux ouverts,
Et que c'est la raison du sanglot.

Cette image du mascaron donne au poème une dimension tragique. Visage figé, masque qui cache la douleur. Incommunicabilité traduite aussi par le mot Loin qui se détache, seul.

j'aime ce texte sur le manque,
comme le dit Iris, les deux premiers vers donnent le ton avec ce retrait du mot "loin", seul sur sa ligne.

laventure a écrit:C'est son visage que l'on aperçoit sur le mien.

tout est dit !
le reste est distance, absence, manque, pis-aller et substitut :

laventure a écrit:
Avec les livres et mon vin,
Je donne à boire à mon chagrin,

petit bémol :
Et que c'est la raison du sanglot.
j'aurais supprimé : "Et que" (répétition)

J'ai appris
Qu'on ne pleure jamais les yeux ouverts,
C'est la raison du sanglot.

j'aime !

C'est très beau, laventure. J'ai un gros faible pour :
Nous ne pleurons jamais ensemble,
Cela serait une trop belle histoire.
Nous pleurons sans doute,
Mais pas pour les mêmes raisons, ni à la même heure.

laventure a écrit:C'est son visage que l'on aperçoit sur le mien.
Loin.

Dès les premiers mots, l'attention est attirée... j'aurais aimé davantage de "creusement" mais j'ai apprécié.

Ma petite perle chagrine du dimanche.

Nous ne pleurons jamais ensemble : cela a-t-il jamais été dit? Et pourtant, quelle meilleure façon de parler de l'incommunicabilité.

Je suis heureuse d'avoir trouvé ce petit texte.

merci!