Les restes de la veille
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Les restes de la veille
ce moment où tu commences à boire
ce moment où tu fais semblant d'aimer la solitude
où tu vis dans tes habitudes
où tu te marres
d'avance
l'esprit tout droit tendu vers la bouteille
et ses promesses de francs soleils
ce moment de la première gorgée celle
qui fait du mal et du bien
et qu'on supporte
tant bien que mal
et qui ouvre la porte
vers la deuxième gorgée
vers le moment de la troisième
vers le moment du premier
verre
vers le moment du deuxième
verre
et du troisième
et de la dernière goutte du suivant
vers le moment de la fin des problèmes
où l'alcool réchauffe le goût
de ton état de fond du trou
qui ne ressemble qu'à toi
qui ne rêve qu'à toi
et puis le sourire vient
tes mains ne tremblent plus
tu n'as plus
cette impression de sac plastique entre les dents
de goudron tartiné
tu navigues vers de nouveaux horizons
plus beaux
et moins compliqués
tu t'inventes des raisons
de croire en la tranquilité
ce moment cynique et déprimant d'éternité
qui
peu à peu
te mène
tout droit
ou tout rond aux courbes du téléphone
du combiné
de l'objet social
le besoin soudain
de lien
de partager
de se plaindre au plus offrant
tu ne sais plus comment faire semblant
la deuxième bouteille amène l'éloquence
et le moment
du répertoire parcouru
toujours dans un silence
fébrile toujours
dans le même sens
et d'appeler et d'appeler
et d'appeler et d'appeler
tout le monde à l'aide l'air innocent
les nerfs à vif
mais le ton enjoué
de ne pas avoir l'air d'y toucher
ce moment du eh ça va depuis hier
ce moment du pathétique
de la pâteuse du rire nerveux qui ne trompe pas
qui ne trompe personne
de la pitié planquée derrière
la politesse et les manières
le grand théâtre du vin pas cher
de la terrible terrible bouteille en plastique
la clarté mensongère de l'étiquette
et puis le moment de la chute
la déprime absolue la solitude écrasante
toute la lourdeur d'un corps qu'on ne peut plus lever
le rire le rire faiblard
la seule impression d'être un connard
et de se dire
que ta seule fierté est la taille de ta vessie
ce moment de toi
qui ne ressemble qu'à toi
qui ne rêve qu'à toi
qui ne trompe que toi
et de se rappeler et de se rappeler
et de se rappeler et de se rappeler
la voix gênée des amis
tes cris dans le combiné
le goût immonde de la première gorgée celle qui fait mal
du moment où tu étais
encore à la porte
plein d'espoir tout en étant certain
et conscient qu'il y a une fin à tout
ce moment de fond du trou
du dernier verre pourri dégueulasse
et acide
et amer et detesté
ce moment d'éternité
ce moment de reflux gastriques
ce moment de hoquets
d' ultra salivation
et de haine de soi
puis la cuvette
puis le premier renvoi
puis la fraîcheur du blanc
puis la réalité du sol de la poussière
de la crasse et de l'enfer
ce moment qui n'est plus un moment
qui est une tâche
et qui sens
et qui rappelle et qui rappelle
et qui rappelle
la digestion
la fin des temps
et la carcasse des promesses
des restes de la
veille
ce moment où tu fais semblant d'aimer la solitude
où tu vis dans tes habitudes
où tu te marres
d'avance
l'esprit tout droit tendu vers la bouteille
et ses promesses de francs soleils
ce moment de la première gorgée celle
qui fait du mal et du bien
et qu'on supporte
tant bien que mal
et qui ouvre la porte
vers la deuxième gorgée
vers le moment de la troisième
vers le moment du premier
verre
vers le moment du deuxième
verre
et du troisième
et de la dernière goutte du suivant
vers le moment de la fin des problèmes
où l'alcool réchauffe le goût
de ton état de fond du trou
qui ne ressemble qu'à toi
qui ne rêve qu'à toi
et puis le sourire vient
tes mains ne tremblent plus
tu n'as plus
cette impression de sac plastique entre les dents
de goudron tartiné
tu navigues vers de nouveaux horizons
plus beaux
et moins compliqués
tu t'inventes des raisons
de croire en la tranquilité
ce moment cynique et déprimant d'éternité
qui
peu à peu
te mène
tout droit
ou tout rond aux courbes du téléphone
du combiné
de l'objet social
le besoin soudain
de lien
de partager
de se plaindre au plus offrant
tu ne sais plus comment faire semblant
la deuxième bouteille amène l'éloquence
et le moment
du répertoire parcouru
toujours dans un silence
fébrile toujours
dans le même sens
et d'appeler et d'appeler
et d'appeler et d'appeler
tout le monde à l'aide l'air innocent
les nerfs à vif
mais le ton enjoué
de ne pas avoir l'air d'y toucher
ce moment du eh ça va depuis hier
ce moment du pathétique
de la pâteuse du rire nerveux qui ne trompe pas
qui ne trompe personne
de la pitié planquée derrière
la politesse et les manières
le grand théâtre du vin pas cher
de la terrible terrible bouteille en plastique
la clarté mensongère de l'étiquette
et puis le moment de la chute
la déprime absolue la solitude écrasante
toute la lourdeur d'un corps qu'on ne peut plus lever
le rire le rire faiblard
la seule impression d'être un connard
et de se dire
que ta seule fierté est la taille de ta vessie
ce moment de toi
qui ne ressemble qu'à toi
qui ne rêve qu'à toi
qui ne trompe que toi
et de se rappeler et de se rappeler
et de se rappeler et de se rappeler
la voix gênée des amis
tes cris dans le combiné
le goût immonde de la première gorgée celle qui fait mal
du moment où tu étais
encore à la porte
plein d'espoir tout en étant certain
et conscient qu'il y a une fin à tout
ce moment de fond du trou
du dernier verre pourri dégueulasse
et acide
et amer et detesté
ce moment d'éternité
ce moment de reflux gastriques
ce moment de hoquets
d' ultra salivation
et de haine de soi
puis la cuvette
puis le premier renvoi
puis la fraîcheur du blanc
puis la réalité du sol de la poussière
de la crasse et de l'enfer
ce moment qui n'est plus un moment
qui est une tâche
et qui sens
et qui rappelle et qui rappelle
et qui rappelle
la digestion
la fin des temps
et la carcasse des promesses
des restes de la
veille
Re: Les restes de la veille
Bon, 40 et quelques lectures et pas de commentaire.
Puisque VE est un peu débridé ces temps ci je me laisse aller, tant pis si cela rebondit de travers.
D'abord le fond, j'aime bien, l'alcool enfin présenté pour ce qu'il est, une drogue. Et pas valorisé à la poête maudit, etc.
Pour ce qui est d'envoyer le vomi à la figure du lecteur, je dirais c'est un peu de votre âge. A 10 ans on dit pipi caca, à 20 on emmerde tout le monde et on croit tout oser, à 30 on veut construire pour durer toujours, à quarante on se demande si ça en valait la peine, et à 50 alors à 50 c'est le pied. Après je sais pas.
Sinon je trouve que ça coule bien, sans jeu de mot, quoique..., et il y a des qualités d'écriture. J'aime bien le début. Après, vous auriez pu faire plus court je pense.
Puisque VE est un peu débridé ces temps ci je me laisse aller, tant pis si cela rebondit de travers.
D'abord le fond, j'aime bien, l'alcool enfin présenté pour ce qu'il est, une drogue. Et pas valorisé à la poête maudit, etc.
Pour ce qui est d'envoyer le vomi à la figure du lecteur, je dirais c'est un peu de votre âge. A 10 ans on dit pipi caca, à 20 on emmerde tout le monde et on croit tout oser, à 30 on veut construire pour durer toujours, à quarante on se demande si ça en valait la peine, et à 50 alors à 50 c'est le pied. Après je sais pas.
Sinon je trouve que ça coule bien, sans jeu de mot, quoique..., et il y a des qualités d'écriture. J'aime bien le début. Après, vous auriez pu faire plus court je pense.
Invité- Invité
Re: Les restes de la veille
j'aime que tu oses oser,
maintenant...
permets que ça décante
il faut le temps
comme toujours
maintenant...
permets que ça décante
il faut le temps
comme toujours
Invité- Invité
Re: Les restes de la veille
Ce poème m'a rappelé de troublant moment d'ivresse, un bon cru en somme.
OZz- Nombre de messages : 37
Age : 28
Date d'inscription : 30/05/2013
Re: Les restes de la veille
Rien que pour " ce besoin de (...)se plaindre au plus offrant", ça vaudrait le coup.
Mais il y a d'autres passages assez terribles.
Pourquoi me reste-t-il une impression de " trop" ? Ca ne tient pas à la crudité du propos, plutôt à une accumulation de mots qui n'apportent pas de charge supplémentaire, par rapport aux précédents.
Tu devrais "dégraisser", aller à l'os, comme dans :
la seule impression d'être un connard
et de se dire
que ta seule fierté est la taille de ta vessie
ce moment de toi
qui ne ressemble qu'à toi
Bises, Pierre
Mais il y a d'autres passages assez terribles.
Pourquoi me reste-t-il une impression de " trop" ? Ca ne tient pas à la crudité du propos, plutôt à une accumulation de mots qui n'apportent pas de charge supplémentaire, par rapport aux précédents.
Tu devrais "dégraisser", aller à l'os, comme dans :
la seule impression d'être un connard
et de se dire
que ta seule fierté est la taille de ta vessie
ce moment de toi
qui ne ressemble qu'à toi
Bises, Pierre
Invité- Invité
Re: Les restes de la veille
J'aime l'honnêteté sans aucune pose, la façon de faire le tour du terrain intime, de la temporalité destructrice.
Ça m'a rappelé la chanson qui dit :
buvons encore
une dernière fois
à l'amitié, l'amour, la joie.
Ça m'a rappelé la chanson qui dit :
buvons encore
une dernière fois
à l'amitié, l'amour, la joie.
Re: Les restes de la veille
le titre est bien vu,
le choix du "tu" et pas du "je",
et la fin, de plus en plus détachée, sans pour autant se découdre.
"et la carcasse des promesses
des restes de la
Veille"
entre les deux, on dirait un chemin de croix avec ses étapes pénibles:
c’est lesté, comme englué.
chaque étape amène la suivante et ça tangue, avec parfois un pas en arrière pour deux en avant.
je n’ai pas trop pu te suivre dans tout ce qui à trait à: "l’éternité, la fin des temps", le reste étant assez "cru" cela tranche.
mais je peux concevoir un effacement de la temporalité, grâce à la remarque de seyne.
également une impression de lignes ou de mots en trop,
sans savoir exactement lesquels,
pour que le texte puisse encore mieux correspondre à l'absence de complaisance.
et puis des choses qui se détachent du tout, comme:
"tu n'as plus
cette impression de sac plastique entre les dents
de goudron tartiné"
"tu t'inventes des raisons
de croire en la tranquilité"
le choix du "tu" et pas du "je",
et la fin, de plus en plus détachée, sans pour autant se découdre.
"et la carcasse des promesses
des restes de la
Veille"
entre les deux, on dirait un chemin de croix avec ses étapes pénibles:
c’est lesté, comme englué.
chaque étape amène la suivante et ça tangue, avec parfois un pas en arrière pour deux en avant.
je n’ai pas trop pu te suivre dans tout ce qui à trait à: "l’éternité, la fin des temps", le reste étant assez "cru" cela tranche.
mais je peux concevoir un effacement de la temporalité, grâce à la remarque de seyne.
également une impression de lignes ou de mots en trop,
sans savoir exactement lesquels,
pour que le texte puisse encore mieux correspondre à l'absence de complaisance.
et puis des choses qui se détachent du tout, comme:
"tu n'as plus
cette impression de sac plastique entre les dents
de goudron tartiné"
"tu t'inventes des raisons
de croire en la tranquilité"
Invité- Invité
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