Octobre, immobilités
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CROISIC
Pussicat
seyne
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Octobre, immobilités
tout semble arrêté ce matin
le jardin baigne dans le blanc de la brume
les fleurs et les plantes, l'immobilité des herbes hautes où seule
tombe une olive.
pourtant dans une déchirure, entre soudain le soleil
voir - voir l'éclat intense
des couleurs trempées.
écouter dans ta voiture cette musique qui dit
exactement ce qu'on sent au fond de soi.
et le volant qu'on retient d'une main ferme
dans les trois-quarts de tour
d'un carrefour.
le jardin baigne dans le blanc de la brume
les fleurs et les plantes, l'immobilité des herbes hautes où seule
tombe une olive.
pourtant dans une déchirure, entre soudain le soleil
voir - voir l'éclat intense
des couleurs trempées.
écouter dans ta voiture cette musique qui dit
exactement ce qu'on sent au fond de soi.
et le volant qu'on retient d'une main ferme
dans les trois-quarts de tour
d'un carrefour.
Re: Octobre, immobilités
j'aime bien ce texte en trois temps, comme une valse
l'immobilité du matin, le réveil avant l'action
le voile qui se déchire, comme des volets que l'on ouvre, des rideaux que l'on tire
puis le confort de l'intérieur d'une voiture, "sa" voiture, le confort de "soi" relié au sentiments.
l'immobilité du matin, le réveil avant l'action
le voile qui se déchire, comme des volets que l'on ouvre, des rideaux que l'on tire
puis le confort de l'intérieur d'une voiture, "sa" voiture, le confort de "soi" relié au sentiments.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Octobre, immobilités
Si ça, ce n'est pas de la poésie ! C'est en tout cas celle que j'aime, que je préfère à toute autre, la "poésie du quotidien", de l'humain ; hors de la gangue et avec la profondeur de son apparente simplicité.
Un tableau (une série de), une photo (un album de), arrêt(s) sur image - rythme inclus.
Un tableau (une série de), une photo (un album de), arrêt(s) sur image - rythme inclus.
Invité- Invité
Re: Octobre, immobilités
Je dirais même un tableau qui va en s'élargissant, en cercles concentriques, à partir de "tombe une olive", de l'intérieur vers l'extérieur, le début du voyage.
Invité- Invité
Re: Octobre, immobilités
... mais que j'aime ce texte !
Et comme elle est belle l'image de cette olive, verte, qui tue l'immobile.
et alors, la vie revient avec sa musique et les autres sens s'éveillent.
Et comme elle est belle l'image de cette olive, verte, qui tue l'immobile.
et alors, la vie revient avec sa musique et les autres sens s'éveillent.
Re: Octobre, immobilités
Ah oui alors, j'ai l'impression de tenir la caméra.
Et ça, ça me parle tellement
Et ça, ça me parle tellement
écouter dans ta voiture cette musique qui dit
exactement ce qu'on sent au fond de soi.
Invité- Invité
Re: Octobre, immobilités
vrai texte
vraie image
de l'olive et de ses ronds d'eau
qui tourne en rond point toujours
juste le titre que je trouve inutile et réducteur
s u p e r b e !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
vraie image
de l'olive et de ses ronds d'eau
qui tourne en rond point toujours
juste le titre que je trouve inutile et réducteur
s u p e r b e !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Re: Octobre, immobilités
"pourtant dans une déchirure, entre soudain le soleil
voir - voir l'éclat intense
des couleurs trempées."
wow!
c'est un poème qui fait mouche, oui
doux et triste et pudique
tellement vrai
et garder le contrôle malgré l'émotion
c'est beau
voir - voir l'éclat intense
des couleurs trempées."
wow!
c'est un poème qui fait mouche, oui
doux et triste et pudique
tellement vrai
et garder le contrôle malgré l'émotion
c'est beau
Invité- Invité
Re: Octobre, immobilités
L'adjectif possessif "ta" recèle une vague ambiguïté... qui me plaît bien.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Octobre, immobilités
pour moi c'est une des clés du poème, la possession, le lien, l'union.jfmoods a écrit:L'adjectif possessif "ta" recèle une vague ambiguïté... qui me plaît bien.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Octobre, immobilités
ce que seyne ne dit pas,
et ce que le lecteur ignore, c'est :
est-il seul dans "sa" voiture,
ou sont-ils deux ?
s'il est seul, cela renforce la sensation d'union, et le volant devient substitut charnel.
c'est un poème cinématographique.
et ce que le lecteur ignore, c'est :
est-il seul dans "sa" voiture,
ou sont-ils deux ?
s'il est seul, cela renforce la sensation d'union, et le volant devient substitut charnel.
c'est un poème cinématographique.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Octobre, immobilités
je trouve le titre : bof !
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Octobre, immobilités
Merci à vous tous.
Oui, le titre est mauvais. Au départ le poème répondait à un autre, écrit par une amie, qui s'appelait "Octobre - voltes" et qui était aussi puissamment mouvant que le mien est immobile. Ceci explique cela, mais aussi en arrière plan dans mon esprit le désir de faire ressentir, dans le mouvement même de la vie, une sorte d'immobile beauté, ou plutôt, l'immobilité de la beauté.
À ce titre, l'olive est bien sa représentante.
Mais reprendre le mot dans le titre ne fait qu'asséner au lecteur ce qu'il doit penser et sentir.
Donc ce poème s'appellera simplement "Octobre".
Et c'est bien ma voiture, et j'y suis seule.
J'ai hésité à rétablir la coïncidence des personnes (on/ta), et puis il m'a semblé que c'était bien ainsi.
Oui, le titre est mauvais. Au départ le poème répondait à un autre, écrit par une amie, qui s'appelait "Octobre - voltes" et qui était aussi puissamment mouvant que le mien est immobile. Ceci explique cela, mais aussi en arrière plan dans mon esprit le désir de faire ressentir, dans le mouvement même de la vie, une sorte d'immobile beauté, ou plutôt, l'immobilité de la beauté.
À ce titre, l'olive est bien sa représentante.
Mais reprendre le mot dans le titre ne fait qu'asséner au lecteur ce qu'il doit penser et sentir.
Donc ce poème s'appellera simplement "Octobre".
Et c'est bien ma voiture, et j'y suis seule.
J'ai hésité à rétablir la coïncidence des personnes (on/ta), et puis il m'a semblé que c'était bien ainsi.
Re: Octobre, immobilités
C'est très habile, en effet, de laisser planer deux hypothèses de lecture à cet endroit précis du poème.
Ton texte me suggérait plutôt un paysage état d'âme... mais j'ai bien souvent tendance à en voir là où il n'y en a pas.
Ton texte me suggérait plutôt un paysage état d'âme... mais j'ai bien souvent tendance à en voir là où il n'y en a pas.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Octobre, immobilités
Je reviens, sans trop m'y éterniser, sur ce "ta" qui ouvrait, assez finement, trois hypothèses de lecture.
1) C'est une prise à partie du lecteur / de la lectrice, une manière de le / la mettre en situation, de lui faire ressentir ce rapport apaisé à l'environnement, de lui faire partager cette assurance. La voiture, comme tout autre objet familier, se présente comme un simple prolongement de mon corps, une médiation transparente, harmonieuse, avec le monde qui m'entoure.
2) C'est l'hypothèse que levait Pussicat : celle d'un autre occupant dans la voiture. Peu importe, en vérité, lequel des deux conduit, cette seconde lecture rejoint globalement la première, hormis le fait que l'on passe d'une évidence dans le rapport au monde à l'évidence de la relation amoureuse.
3) Il existe cependant une troisième hypothèse que je trouve infiniment plus séduisante. Il n'y a, en effet, pas d'autre occupant dans la voiture. Le "ta" s'adresse à l'être aimé disparu. J'avoue que c'est à cela que j'ai tout d'abord pensé et cela m'a fait relire les deux premiers blocs de ton texte d'un tout autre oeil.
1) C'est une prise à partie du lecteur / de la lectrice, une manière de le / la mettre en situation, de lui faire ressentir ce rapport apaisé à l'environnement, de lui faire partager cette assurance. La voiture, comme tout autre objet familier, se présente comme un simple prolongement de mon corps, une médiation transparente, harmonieuse, avec le monde qui m'entoure.
2) C'est l'hypothèse que levait Pussicat : celle d'un autre occupant dans la voiture. Peu importe, en vérité, lequel des deux conduit, cette seconde lecture rejoint globalement la première, hormis le fait que l'on passe d'une évidence dans le rapport au monde à l'évidence de la relation amoureuse.
3) Il existe cependant une troisième hypothèse que je trouve infiniment plus séduisante. Il n'y a, en effet, pas d'autre occupant dans la voiture. Le "ta" s'adresse à l'être aimé disparu. J'avoue que c'est à cela que j'ai tout d'abord pensé et cela m'a fait relire les deux premiers blocs de ton texte d'un tout autre oeil.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Octobre, immobilités
Tu oublies une autre hypothèse : je m'adresse à moi-même....je ne suis plus seule avec moi-même.
Re: Octobre, immobilités
oui. et j'ai lu d'emblée selon l'hypothèse n°1seyne a écrit:Tu oublies une autre hypothèse : je m'adresse à moi-même....je ne suis plus seule avec moi-même.
je le trouve bien moi, ce titre qui souligne cet état d'apesanteur
en suspension, le lecteur devient un passager virtuel dans la voiture, on se laisse bercer un peu comme dans une bulle, et le paysage défile.
on peut aussi ne pas souligner, mais ça ne m'a pas dérangée et je préfère même avec plutôt que sans immobilité.
cette olive, c'est assez fortiche, confère aussi une couleur de lecture à l'ensemble
car la lumière est rendue
une brèche vert de gris -encore!?- , si on couple l'olive au blanc de la brume, et le tout dans le soleil.
ou inversement.
euh...mais je ne sais pas si je suis très claire.
Invité- Invité
Re: Octobre, immobilités
seyne a écrit :
"Tu oublies une autre hypothèse : je m'adresse à moi-même....je ne suis plus seule avec moi-même."
C'est vrai.
Désolé, j'ai tendance à battre un peu trop la campagne.
"Tu oublies une autre hypothèse : je m'adresse à moi-même....je ne suis plus seule avec moi-même."
C'est vrai.
Désolé, j'ai tendance à battre un peu trop la campagne.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Octobre, immobilités
pas convacue,igloo a écrit:...
cette olive, c'est assez fortiche, confère aussi une couleur de lecture à l'ensemble
car la lumière est rendue
une brèche vert de gris -encore!?- , si on couple l'olive au blanc de la brume, et le tout dans le soleil.
ou inversement.
euh...mais je ne sais pas si je suis très claire.
avant la couleur, l'olive est là pour le mouvement => point de départ.
enfin, c'est ma lecture
et pis j'ai pas à me justifier,
nananère,
oup's, j'ai failli glisser sur le noïau ;-)
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Octobre, immobilités
"ceci" n'empêche en rien "cela", Pussicat.
c'est même complémentaire, et bien sûr que l'olive qui tombe est le point de départ.
ça ne remet rien en cause d'avoir une image en couleur, et chacun est libre d'y voir ce qu'il veut.
c'est fait pour...
c'est même complémentaire, et bien sûr que l'olive qui tombe est le point de départ.
ça ne remet rien en cause d'avoir une image en couleur, et chacun est libre d'y voir ce qu'il veut.
c'est fait pour...
Invité- Invité
Re: Octobre, immobilités
Pussicat a écrit:
enfin, c'est ma lecture
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Octobre, immobilités
une poétique quotidienne, j'aime ce genre d'écriture en fausse sobriété, lumineuse et tangible...
Re: Octobre, immobilités
seyne a écrit:tout semble arrêté ce matin
le jardin baigne dans le blanc de la brume
les fleurs et les plantes, l'immobilité des herbes hautes où seule
tombe une olive.
pourtant dans une déchirure, entre soudain le soleil
voir - voir l'éclat intense
des couleurs trempées.
écouter dans ta voiture cette musique qui dit
exactement ce qu'on sent au fond de soi.
et le volant qu'on retient d'une main ferme
dans les trois-quarts de tour
d'un carrefour.
Intimité et universalité simplement juxtaposées, comme dans la vraie vie...
Chacun sa focale, comme dans la vraie
Un très beau poème.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Octobre, immobilités
Merci,
Oui, mais le mystère pour moi, reste celui-ci : des moments de ce genre on en vit des dizaines chaque jour....qu'est-ce qui fait que soudain on les perçoit, on les fixe ?
Est-ce la même chose qui déclenche, en même temps ou 10 ans après, l'écriture du poème ?
Ce matériau de tout poème, entre la chose et le mot.
Re: Octobre, immobilités
De même que pour lire un poème il faut déployer ses capteurs, pour en écrire il faut être dans un état particulier de ...je ne sais comment dire... réceptivité? bof mais j'ai pas mieux. Être ouvert à sa propre sensibilité, l'accueillir à bras ouverts, aimer cette porosité qui fait que l'instant se décalque en nous et que nous sommes capables de retranscrire cette émotion, cet état. Avoir tous les chakras qui tournent comme les moulins de Daudet, en d'autres termes, et l'ordinateur central fraichement défragmenté.
Tu dis si bien : "entre la chose et le mot" ...il y a cette énergie , ce fluide que l'on capture et qui nous rend heureux, à tel point que l'on a besoin de fixer pour partager. On écrit , on peint, on crée... il y a les réflecteurs, les immédiats, et puis les accumulateurs, qui gardent et font leur miel; c'est bien le regard qui crée la beauté et le partage qui crée la joie.
Tu dis si bien : "entre la chose et le mot" ...il y a cette énergie , ce fluide que l'on capture et qui nous rend heureux, à tel point que l'on a besoin de fixer pour partager. On écrit , on peint, on crée... il y a les réflecteurs, les immédiats, et puis les accumulateurs, qui gardent et font leur miel; c'est bien le regard qui crée la beauté et le partage qui crée la joie.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Octobre, immobilités
Seyne a écrit :
"Oui, mais le mystère pour moi, reste celui-ci : des moments de ce genre on en vit des dizaines chaque jour....qu'est-ce qui fait que soudain on les perçoit, on les fixe ?
Est-ce la même chose qui déclenche, en même temps ou 10 ans après, l'écriture du poème ?
Ce matériau de tout poème, entre la chose et le mot."
L'autre mystère, au moins aussi troublant que celui-ci, c'est de se dire qu'il y a tant d'autres êtres qui se suffisent à eux-mêmes, pour lesquels la chose ne prendra pas la consistance du mot.
"Oui, mais le mystère pour moi, reste celui-ci : des moments de ce genre on en vit des dizaines chaque jour....qu'est-ce qui fait que soudain on les perçoit, on les fixe ?
Est-ce la même chose qui déclenche, en même temps ou 10 ans après, l'écriture du poème ?
Ce matériau de tout poème, entre la chose et le mot."
L'autre mystère, au moins aussi troublant que celui-ci, c'est de se dire qu'il y a tant d'autres êtres qui se suffisent à eux-mêmes, pour lesquels la chose ne prendra pas la consistance du mot.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Octobre, immobilités
ah oui, c'est bien intéressant ce que tu dis-là.
Les animaux et les plantes écrivent leur poème par la perfection de leurs mouvements vivants. Dans l'espace entre eux et ce qui les entoure.
Du coup, je vois comme un clin d'œil au titre du poème, comme si le matériau du poème, regard et pensée, venait s'inscrire au contraire dans une immobilité.
Les animaux et les plantes écrivent leur poème par la perfection de leurs mouvements vivants. Dans l'espace entre eux et ce qui les entoure.
Du coup, je vois comme un clin d'œil au titre du poème, comme si le matériau du poème, regard et pensée, venait s'inscrire au contraire dans une immobilité.
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