Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
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Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
I Enfance
J'ai dans le cœur d'atroces souvenirs,
De ceux qui nous font éteindre la lampe
Au soir, la sueur au front ; et mes tempes
Battent tant que je ne puis m'endormir.
Dans la solitude glacée de la
Nuit, après maints et maints retournements
Et comme crispé sur son coussin blanc,
Mon coeur sanglote dans le fond de ses draps,
Des larmes aussi froides que la neige ;
Mes pupilles, molles et embuées,
Sont dans leur plissement comme une plaie
D'où suintent, goutte à goutte, funambules,
Mes pleurs d'enfants et mes peines hurlantes,
Tremblant dans mon lit, tremblant sous ma peau,
Comme le condamné sur l'échafaud,
Comme l'esclave puni que l'on brule,
J'ai senti des lèvres de solitude
Descendre sur moi le long de l'échine,
Elles ont embrassé mon âme enfantine
Pour en ravir la douce quiétude,
J'ai connu l'angoisse, et puis la mort,
Leurs dentelles de toiles d'araignées
Les chairs bleuies et les jupes froissées
Où se levaient d'ineffables aurores,
Et ma chambre comme un glauque tombeau
S'est alors peuplée d'affolants fantômes,
De mille insectes et d'autant de psaumes
Entonnés par l'effroyable corbeau,
Horreurs ! Et c'est alors que je les vis !
Deux prunelles, comme des fentes, nimbées
De flammes pareilles à des bougies
Qu'une main pâle agitait dans la limbe,
II Hallucinations
Et mon regard saisi, halluciné,
A vu s'agiter ces deux sœurs jumelles,
Elles ont onduler leurs hanches mortelles
Pour danser une ronde possédée ;
Leur transe magique les faisait suer
Des odeurs aussi âcres que le sang,
Des parfums putrides et des fumées
Qui s'élevaient de leurs ventres brûlants !
Ces deux étoiles de ténèbres pourpres
Penchèrent sur moi leur tendre folie,
Et elles mirent à mon cou fragile
Les chaînes affligeantes de l'amour !
Alors j'ai rampé, captif, avili,
Jusqu'aux pieds de mes cruelles maîtresses,
Je me suis crucifié dans leurs caresses,
Avant que ces yeux ne viennent me dire :
« Enfant, toi qui nous regardes glisser
De bord en bord, en souffrant d'être otage,
Ne crains rien des ombres et des mirages
Que nos longs cils ne cessent de tisser,
La nuit nos paupières sont des chandelles
Qui consument des papillons en fuite
Nous avons le charme des étincelles,
Comme elles nous allumons les prunelles,
Avant de nous en aller dans les airs...
Larme fantôme au poème fantasque,
Nous ne sommes jamais que des lys morts
Qui ploient au soir et répugnent d'éclore
Embaumés dans le silence d'un masque,
Peut-être un jour y reposeras-tu ?
Ils sont pour toi une belle retraite,
L'antre sûre au ventre de la comète
Et la mer où naufrage la vertu ;
III Meurtre
Tu es l'enfant de la nuit exaltée,
Un poème mêlant ciel et marée,
Ta peau est la vague recommencée
Et les étoiles tes grains de beauté,
Mon enfant, comme tu es adorable !
Ton innocence attise nos fléaux ;
Nos regards te cloueront au berceau,
Puis, dans un holocauste abominable,
Nous, les flambeaux, nous flamberons ta peau,
Nous écorcherons ces grains de beauté,
Nous en ferons d'infâmes cendriers
Tant il est vrai que nous sommes bourreaux !
Tant il est vrai que nous sommes harpies !
Tant il est vrai que nous sommes vampires,
Que nous suçons l'esprit de nos martyrs
Jusqu'à plus soif ; Et qu'importe leurs vies ! »
Éclats d'éternité, phares vivants
Le temps d'une veille, d'une tempête
Ton tourment sera notre enchantement
L'amour notre voix, le mal notre quête,
Car nous avons dans le brasier astral
Jeté toute notre noire malice !
Dieu lui-même est notre caprice,
Et le Soleil une roue infernale
Qui tourne, qui tourne, cent fois le jour,
Le corps rompu de l'amant supplicié
Suspendu au ciel les membres brisés,
Les yeux bleus; et le cœur comme un tambour
Battant la chamade son agonie ;
Car c'est ainsi que nous faisons l'amour,
Comme le Soleil nous faisons le tour
De toute chose pour en extraire la vie !
Fin du cycle.
J'ai dans le cœur d'atroces souvenirs,
De ceux qui nous font éteindre la lampe
Au soir, la sueur au front ; et mes tempes
Battent tant que je ne puis m'endormir.
Dans la solitude glacée de la
Nuit, après maints et maints retournements
Et comme crispé sur son coussin blanc,
Mon coeur sanglote dans le fond de ses draps,
Des larmes aussi froides que la neige ;
Mes pupilles, molles et embuées,
Sont dans leur plissement comme une plaie
D'où suintent, goutte à goutte, funambules,
Mes pleurs d'enfants et mes peines hurlantes,
Tremblant dans mon lit, tremblant sous ma peau,
Comme le condamné sur l'échafaud,
Comme l'esclave puni que l'on brule,
J'ai senti des lèvres de solitude
Descendre sur moi le long de l'échine,
Elles ont embrassé mon âme enfantine
Pour en ravir la douce quiétude,
J'ai connu l'angoisse, et puis la mort,
Leurs dentelles de toiles d'araignées
Les chairs bleuies et les jupes froissées
Où se levaient d'ineffables aurores,
Et ma chambre comme un glauque tombeau
S'est alors peuplée d'affolants fantômes,
De mille insectes et d'autant de psaumes
Entonnés par l'effroyable corbeau,
Horreurs ! Et c'est alors que je les vis !
Deux prunelles, comme des fentes, nimbées
De flammes pareilles à des bougies
Qu'une main pâle agitait dans la limbe,
II Hallucinations
Et mon regard saisi, halluciné,
A vu s'agiter ces deux sœurs jumelles,
Elles ont onduler leurs hanches mortelles
Pour danser une ronde possédée ;
Leur transe magique les faisait suer
Des odeurs aussi âcres que le sang,
Des parfums putrides et des fumées
Qui s'élevaient de leurs ventres brûlants !
Ces deux étoiles de ténèbres pourpres
Penchèrent sur moi leur tendre folie,
Et elles mirent à mon cou fragile
Les chaînes affligeantes de l'amour !
Alors j'ai rampé, captif, avili,
Jusqu'aux pieds de mes cruelles maîtresses,
Je me suis crucifié dans leurs caresses,
Avant que ces yeux ne viennent me dire :
« Enfant, toi qui nous regardes glisser
De bord en bord, en souffrant d'être otage,
Ne crains rien des ombres et des mirages
Que nos longs cils ne cessent de tisser,
La nuit nos paupières sont des chandelles
Qui consument des papillons en fuite
Nous avons le charme des étincelles,
Comme elles nous allumons les prunelles,
Avant de nous en aller dans les airs...
Larme fantôme au poème fantasque,
Nous ne sommes jamais que des lys morts
Qui ploient au soir et répugnent d'éclore
Embaumés dans le silence d'un masque,
Peut-être un jour y reposeras-tu ?
Ils sont pour toi une belle retraite,
L'antre sûre au ventre de la comète
Et la mer où naufrage la vertu ;
III Meurtre
Tu es l'enfant de la nuit exaltée,
Un poème mêlant ciel et marée,
Ta peau est la vague recommencée
Et les étoiles tes grains de beauté,
Mon enfant, comme tu es adorable !
Ton innocence attise nos fléaux ;
Nos regards te cloueront au berceau,
Puis, dans un holocauste abominable,
Nous, les flambeaux, nous flamberons ta peau,
Nous écorcherons ces grains de beauté,
Nous en ferons d'infâmes cendriers
Tant il est vrai que nous sommes bourreaux !
Tant il est vrai que nous sommes harpies !
Tant il est vrai que nous sommes vampires,
Que nous suçons l'esprit de nos martyrs
Jusqu'à plus soif ; Et qu'importe leurs vies ! »
Éclats d'éternité, phares vivants
Le temps d'une veille, d'une tempête
Ton tourment sera notre enchantement
L'amour notre voix, le mal notre quête,
Car nous avons dans le brasier astral
Jeté toute notre noire malice !
Dieu lui-même est notre caprice,
Et le Soleil une roue infernale
Qui tourne, qui tourne, cent fois le jour,
Le corps rompu de l'amant supplicié
Suspendu au ciel les membres brisés,
Les yeux bleus; et le cœur comme un tambour
Battant la chamade son agonie ;
Car c'est ainsi que nous faisons l'amour,
Comme le Soleil nous faisons le tour
De toute chose pour en extraire la vie !
Fin du cycle.
Gemüth- Nombre de messages : 49
Age : 31
Date d'inscription : 24/09/2012
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
PS : Ceci est un exercice de style, pas une autobiographie.
PS2 : On me reprochera encore toute la pompe du monde, le poids de mes petits vers gluants : figurez-vous que cette pesanteur est voulue, souhaitée, travaillée, et que plus vous trouverez ça sclérosé et plus vous me donnerez de lauriers ! Guerre au dictat de la légèreté, vive le plomb dans les ailes !
En vous remerciant pour votre lecture, si jamais vous arrivez à lire ça...
PS2 : On me reprochera encore toute la pompe du monde, le poids de mes petits vers gluants : figurez-vous que cette pesanteur est voulue, souhaitée, travaillée, et que plus vous trouverez ça sclérosé et plus vous me donnerez de lauriers ! Guerre au dictat de la légèreté, vive le plomb dans les ailes !
En vous remerciant pour votre lecture, si jamais vous arrivez à lire ça...
Gemüth- Nombre de messages : 49
Age : 31
Date d'inscription : 24/09/2012
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
J'ai "réussi" à lire deux fois
La première avec les yeux de l'innocence
La seconde, après avoir lu ton post, avec la gourmandise du voyeur
On sent l'influence Rimbaldienne, mais pas que.
Tiens, je m'offrirais bien une petite troisième. Pour la route.
La première avec les yeux de l'innocence
La seconde, après avoir lu ton post, avec la gourmandise du voyeur
On sent l'influence Rimbaldienne, mais pas que.
Tiens, je m'offrirais bien une petite troisième. Pour la route.
Invité- Invité
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
J'en viendrais presque à être déçu qu'on me lise !
Je plaisante,
Je vous remercie mille fois pour cette attention portée à mon petit texte, il faut se faire violence pour le lire, et plus encore pour le comprendre. Cela fait partie de l'éthique du lecteur, je crois.
En vous remerciant de votre honnêteté, Tizef ! La probité, c'est si rare que cela mérite d'être souligné.
Gemüth, non partisan d'une cruauté de la poésie, mais pour une poésie de la cruauté.
Je plaisante,
Je vous remercie mille fois pour cette attention portée à mon petit texte, il faut se faire violence pour le lire, et plus encore pour le comprendre. Cela fait partie de l'éthique du lecteur, je crois.
En vous remerciant de votre honnêteté, Tizef ! La probité, c'est si rare que cela mérite d'être souligné.
Gemüth, non partisan d'une cruauté de la poésie, mais pour une poésie de la cruauté.
< Veuillez vous faire violence et répondre à vos commentateurs avec économie, ceci afin de ne pas maintenir votre poème en haut de page au détriment des autres.
Du reste, si les commentaires que vous recevez ne vous plaisent pas, libre à vous de ne plus soumettre vos textes ici.
La Modération. >
Du reste, si les commentaires que vous recevez ne vous plaisent pas, libre à vous de ne plus soumettre vos textes ici.
La Modération. >
Gemüth- Nombre de messages : 49
Age : 31
Date d'inscription : 24/09/2012
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
il est rare de vous lire, et je suis contente de vous revoir par ici.
pour être honnête, oui je me suis fait violence, parce que la longueur et le genre ne sont pas habituellement ma little cup of tea.
mais je ne suis fermée à rien, et j'aime par principe votre franche exigence.
tout ça pour dire que j'ai lu, et que je ne regrette pas.
je suis étonnée de voir ce que vous arrivez à développer à partir de quelque chose de non autobiographique...
entre le froid et le chaud.
tout le bloc de la fin m'a particulièrement plu,
il me semble qu'il fait remonter en lumière le principal, crescendo, oserais-je dire.
ces trois vers là sont mes préférés:
"Car c'est ainsi que nous faisons l'amour,
Comme le Soleil nous faisons le tour
De toute chose pour en extraire la vie !"
(pardon de les isoler du reste)
pour une poésie de la cruauté...
pour être honnête, oui je me suis fait violence, parce que la longueur et le genre ne sont pas habituellement ma little cup of tea.
mais je ne suis fermée à rien, et j'aime par principe votre franche exigence.
tout ça pour dire que j'ai lu, et que je ne regrette pas.
je suis étonnée de voir ce que vous arrivez à développer à partir de quelque chose de non autobiographique...
entre le froid et le chaud.
tout le bloc de la fin m'a particulièrement plu,
il me semble qu'il fait remonter en lumière le principal, crescendo, oserais-je dire.
ces trois vers là sont mes préférés:
"Car c'est ainsi que nous faisons l'amour,
Comme le Soleil nous faisons le tour
De toute chose pour en extraire la vie !"
(pardon de les isoler du reste)
pour une poésie de la cruauté...
Invité- Invité
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
Oh oui, excusez-moi, je ne recommencerai plus, c'est juré !La Modération a écrit:< Veuillez vous faire violence et répondre à vos commentateurs avec économie, ceci afin de ne pas maintenir votre poème en haut de page au détriment des autres.
Du reste, si les commentaires que vous recevez ne vous plaisent pas, libre à vous de ne plus soumettre vos textes ici.
La Modération. >
Juste... je n'ai jamais dit que les commentaires que je recevais ne me plaisaient pas, je ne vous aurais pas attendu pour claquer la porte si tel était le cas. Au contraire, la plupart du temps, je trouve ici des gens intelligents et sensibles. J'ai dit que ce sont certains commentaires, comme le vôtre, qui ne prennent pas la peine d'essayer de comprendre ce que j'essaie de faire qui me taquinaient un peu. Nous sommes ici sur un forum de lecture, a priori entre gens de bonne compagnie, alors autant être fidèle aux projets des autres. Moi, j'appelle de mes voeux la sympathie.
Modérément,
Gemüth.
Gemüth- Nombre de messages : 49
Age : 31
Date d'inscription : 24/09/2012
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
Je ne serais pas intervenue de cette façon si Gemüth ne nous renvoyait pas à nos leçons.
M'en fiche de la pompe. Dali était fan de l'art pompier, j'aime Dali, j'aime l'art pompier, quand il est bien fait.
Moije dis : si on a lu Les Contemplations de Victor Hugo, on peut se farcir l'exercice de style de Gemüth.
La différence, c'est que Hugo arrive à m'emporter vers des sommets quelque soit la longueur du texte.
« Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
Je ne suis pas en train de parler d'autres choses.
Premier mai ! L'amour gai, triste, brûlant, jaloux,
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ; »
Premier Mai (L'âme en fleur / Les contemplations)
Un texte de cette longueur ça doit me prendre d'entrée pour ne plus me lâcher, et pour ça il faut de la rigueur, mais pas que...
Dès le premier pavé il y a quelque chose qui cloche : le rythme, la musique et les rimes, les rimes que je cherche encore, et la rigueur dans les rimes, et la richesse dans les rimes.
Moije suis OK pour lire un texte comme le tien Gemüth, encore faut-il que tu me prennes par la main.
Désolée, le projet n'est pas atteint.
Tu me laisses en rase campagne, sans rimes pour m'accrocher, et je ne parle pas de ton audace :
faire rimer adorable avec abominable / fléaux avec berceau,
ou encore peau avec bourreaux / beauté avec cendriers
faut le faire.
Je me permettrai de souligner les rimes pauvres, les mots abandonnés en gras... j'apporterai aussi des commentaires, bref, tout ce qui m'a sautée aux yeux quoi...
en toute sympathie,
c'est que de l'amour.
M'en fiche de la pompe. Dali était fan de l'art pompier, j'aime Dali, j'aime l'art pompier, quand il est bien fait.
Moije dis : si on a lu Les Contemplations de Victor Hugo, on peut se farcir l'exercice de style de Gemüth.
La différence, c'est que Hugo arrive à m'emporter vers des sommets quelque soit la longueur du texte.
« Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
Je ne suis pas en train de parler d'autres choses.
Premier mai ! L'amour gai, triste, brûlant, jaloux,
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ; »
Premier Mai (L'âme en fleur / Les contemplations)
Un texte de cette longueur ça doit me prendre d'entrée pour ne plus me lâcher, et pour ça il faut de la rigueur, mais pas que...
Dès le premier pavé il y a quelque chose qui cloche : le rythme, la musique et les rimes, les rimes que je cherche encore, et la rigueur dans les rimes, et la richesse dans les rimes.
Moije suis OK pour lire un texte comme le tien Gemüth, encore faut-il que tu me prennes par la main.
Désolée, le projet n'est pas atteint.
Tu me laisses en rase campagne, sans rimes pour m'accrocher, et je ne parle pas de ton audace :
faire rimer adorable avec abominable / fléaux avec berceau,
ou encore peau avec bourreaux / beauté avec cendriers
faut le faire.
Je me permettrai de souligner les rimes pauvres, les mots abandonnés en gras... j'apporterai aussi des commentaires, bref, tout ce qui m'a sautée aux yeux quoi...
en toute sympathie,
c'est que de l'amour.
fin du commentaire.Gemüth a écrit:I Enfance
J'ai dans le cœur d'atroces souvenirs,
De ceux qui nous font éteindre la lampe
Au soir, la sueur au front ; et mes tempes
Battent tant que je ne puis m'endormir.
Dans la solitude glacée de la
Nuit, après maints et maints retournements
Et comme crispé sur son coussin blanc,
Mon coeur sanglote dans le fond de ses draps,
dans le passage qui va suivre je cherche encore les rimes
Des larmes aussi froides que la neige ;
Mes pupilles, molles et embuées,
Sont dans leur plissement comme une plaie
D'où suintent, goutte à goutte, funambules,
Mes pleurs d'enfants et mes peines hurlantes,
Tremblant dans mon lit, tremblant sous ma peau,
Comme le condamné sur l'échafaud,
Comme l'esclave puni que l'on brule,
J'ai senti des lèvres de solitude
Descendre sur moi le long de l'échine,
Elles ont embrassé mon âme enfantine
Pour en ravir la douce quiétude,
J'ai connu l'angoisse, et puis la mort,
Leurs dentelles de toiles d'araignées
Les chairs bleuies et les jupes froissées
Où se levaient d'ineffables aurores,
Et ma chambre comme un glauque tombeau
S'est alors peuplée d'affolants fantômes,
De mille insectes et d'autant de psaumes
Entonnés par l'effroyable corbeau,
dans le passage qui va suivre je cherche encore les rimes
Horreurs ! Et c'est alors que je les vis !
Deux prunelles, comme des fentes, nimbées
De flammes pareilles à des bougies
Qu'une main pâle agitait dans la limbe,
II Hallucinations
Et mon regard saisi, halluciné,
A vu s'agiter ces deux sœurs jumelles,
Elles ont onduler leurs hanches mortelles => ondulé
Pour danser une ronde possédée ;
Leur transe magique les faisait suer
Des odeurs aussi âcres que le sang,
Des parfums putrides et des fumées
Qui s'élevaient de leurs ventres brûlants !
dans le passage qui va suivre je cherche encore les rimes
Ces deux étoiles de ténèbres pourpres
Penchèrent sur moi leur tendre folie,
Et elles mirent à mon cou fragile
Les chaînes affligeantes de l'amour !
Alors j'ai rampé, captif, avili,
Jusqu'aux pieds de mes cruelles maîtresses,
Je me suis crucifié dans leurs caresses,
Avant que ces yeux ne viennent me dire :
« Enfant, toi qui nous regardes glisser
De bord en bord, en souffrant d'être otage,
Ne crains rien des ombres et des mirages
Que nos longs cils ne cessent de tisser,
dans le passage qui va suivre je cherche encore les rimes
La nuit nos paupières sont des chandelles
Qui consument des papillons en fuite
Nous avons le charme des étincelles,
Comme elles nous allumons les prunelles,
Avant de nous en aller dans les airs...
Larme fantôme au poème fantasque,
Nous ne sommes jamais que des lys morts
Qui ploient au soir et répugnent d'éclore
Embaumés dans le silence d'un masque,
Peut-être un jour y reposeras-tu ?
Ils sont pour toi une belle retraite,
L'antre sûre au ventre de la comète
Et la mer où naufrage la vertu ;
III Meurtre
Tu es l'enfant de la nuit exaltée,
Un poème mêlant ciel et marée,
Ta peau est la vague recommencée
Et les étoiles tes grains de beauté,
Mon enfant, comme tu es adorable !
Ton innocence attise nos fléaux ;
Nos regards te cloueront au berceau,
Puis, dans un holocauste abominable,
Nous, les flambeaux, nous flamberons ta peau, => des flambeaux qui flambent
Nous écorcherons ces grains de beauté,
Nous en ferons d'infâmes cendriers
Tant il est vrai que nous sommes bourreaux !
Tant il est vrai que nous sommes harpies !
Tant il est vrai que nous sommes vampires,
Que nous suçons l'esprit de nos martyrs
Jusqu'à plus soif ; Et qu'importe leurs vies ! »
Éclats d'éternité, phares vivants
Le temps d'une veille, d'une tempête
Ton tourment sera notre enchantement
L'amour notre voix, le mal notre quête,
Car nous avons dans le brasier astral
Jeté toute notre noire malice !
Dieu lui-même est notre caprice, => le vers s'essouffle
Et le Soleil une roue infernale
Qui tourne, qui tourne, cent fois le jour,
Le corps rompu de l'amant supplicié
Suspendu au ciel les membres brisés,
Les yeux bleus; et le cœur comme un tambour
Battant la chamade son agonie ;
Car c'est ainsi que nous faisons l'amour,
Comme le Soleil nous faisons le tour
De toute chose pour en extraire la vie !
Fin du cycle.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
Récemment je parlais de la posture que nous prenons à travers nos œuvres, cette image de nous-même que nous voulons renvoyer aux autres. J'affirmais que ce n'était pas une question de duplicité mais d'état d'esprit à un moment donné, d'un besoin urgent d'exprimer un trop-plein de sensations.
C'est la première impression que j'ai eu en lisant votre poésie, cette tendance à vous placer en personnage complexe, tourmenté, à l'instar des Chants de Maldoror auquel j'ai inévitablement pensé plutôt que Rimbaud.
La première partie évoque les peurs et les angoisses d'un enfant, avec pour toile de fond la solitude. C'est fort et bien rendu. Dans ce désespoir percent les deux prunelles de « sœurs jumelles ». Le vocabulaire devient alors plus grave, plus sinistre, aux évocations fortement morbides : « Des odeurs aussi âcres que le sang, Des parfums putrides et des fumées Qui s'élevaient de leurs ventres brûlants ! ».
Pourtant ces « deux étoiles de ténèbres pourpres » ne sont là que pour apporter l'amour.
À partir de ce moment j'abandonne toute tentative de compréhension et me perds dans votre symbolique obscure. C'est dommage car l'écriture, malgré une surenchère dans la noirceur, reste de qualité. J'ignore ce que vous cherchez au niveau du style, pour ma part je vous engage à davantage éclaircir votre pensée pour la rendre accessible. Il est vain de crier sa douleur si personne ne l'entend.
C'est la première impression que j'ai eu en lisant votre poésie, cette tendance à vous placer en personnage complexe, tourmenté, à l'instar des Chants de Maldoror auquel j'ai inévitablement pensé plutôt que Rimbaud.
La première partie évoque les peurs et les angoisses d'un enfant, avec pour toile de fond la solitude. C'est fort et bien rendu. Dans ce désespoir percent les deux prunelles de « sœurs jumelles ». Le vocabulaire devient alors plus grave, plus sinistre, aux évocations fortement morbides : « Des odeurs aussi âcres que le sang, Des parfums putrides et des fumées Qui s'élevaient de leurs ventres brûlants ! ».
Pourtant ces « deux étoiles de ténèbres pourpres » ne sont là que pour apporter l'amour.
À partir de ce moment j'abandonne toute tentative de compréhension et me perds dans votre symbolique obscure. C'est dommage car l'écriture, malgré une surenchère dans la noirceur, reste de qualité. J'ignore ce que vous cherchez au niveau du style, pour ma part je vous engage à davantage éclaircir votre pensée pour la rendre accessible. Il est vain de crier sa douleur si personne ne l'entend.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Ce ne sont pas les yeux d'Elsa
"Les yeux d'Elsa" est un poème qui offre une certaine transparence. Le lecteur est guidé par l'ouverture des images.
Ce qui se joue ici est plutôt de l'ordre de l'incantation. C'est le jeu des sonorités, des assonances, des allitérations qui, par delà le sens des mots, semble devoir fournir une direction particulière d'interprétation. Par exemple, le martèlement plaintif du son "an", la rugosité du "r" m'apparaissent comme des éléments assez caractéristiques, assez obsédants de ce texte.
Ce qui se joue ici est plutôt de l'ordre de l'incantation. C'est le jeu des sonorités, des assonances, des allitérations qui, par delà le sens des mots, semble devoir fournir une direction particulière d'interprétation. Par exemple, le martèlement plaintif du son "an", la rugosité du "r" m'apparaissent comme des éléments assez caractéristiques, assez obsédants de ce texte.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
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