Bordures
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CROISIC
seyne
Pussicat
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Bordures
Perdu le sommeil
bandeau
la friche hérissée
de bogues épines
accrochent mes rêves
aux hameçons vifs
et
....dans le silence
et
....dans la quiétude
et
....dans la chaleur
du ventre puant
mes jours sont des nuits
mes nuits sont des jours.
Soutier de la route
toi...................qui
mangeais la poussière
avale mes mots
dans ta bouche mes mots
dans ma bouche.............bâillon
sur mes yeux.................bandeau
Aveuglée clairvoyante
sur la route des rapes
t'en souviens-tu...............l'ami ?
non je le sais non je le sais ne me dis rien
De ces petits cailloux...
................................blanc ? noir ? gris ? rouge sang ?
qui me griffaient le dos... tu as tout oublié
pas le temps pas le temps pas le temps pas le temps
la route droit devant et les côtés bordures
Petits cailloux semés sur des chemins tressés
cordes vers emmêlés que je noue patiemment
fils de vers barbelés ô pour toi mon amant
que ta verge rouge sang plonge en moi pressée
Perdu le sommeil
bandeau
mes jours sont des nuits
mes nuits sont des jours.
bandeau
la friche hérissée
de bogues épines
accrochent mes rêves
aux hameçons vifs
et
....dans le silence
et
....dans la quiétude
et
....dans la chaleur
du ventre puant
mes jours sont des nuits
mes nuits sont des jours.
Soutier de la route
toi...................qui
mangeais la poussière
avale mes mots
dans ta bouche mes mots
dans ma bouche.............bâillon
sur mes yeux.................bandeau
Aveuglée clairvoyante
sur la route des rapes
t'en souviens-tu...............l'ami ?
non je le sais non je le sais ne me dis rien
De ces petits cailloux...
................................blanc ? noir ? gris ? rouge sang ?
qui me griffaient le dos... tu as tout oublié
pas le temps pas le temps pas le temps pas le temps
la route droit devant et les côtés bordures
Petits cailloux semés sur des chemins tressés
cordes vers emmêlés que je noue patiemment
fils de vers barbelés ô pour toi mon amant
que ta verge rouge sang plonge en moi pressée
Perdu le sommeil
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mes jours sont des nuits
mes nuits sont des jours.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Bordures
c'est très beau et ce titre qui revient juste au bon endroit dans le temps.
il re-tire le texte vers le haut.
c'est de la bonne poésie, hargneuse et sexuée, comme une autre, voudrait se montrer calme et androgyne.
il re-tire le texte vers le haut.
c'est de la bonne poésie, hargneuse et sexuée, comme une autre, voudrait se montrer calme et androgyne.
Invité- Invité
Re: Bordures
Que c'est dur!
un camp hérissé de barbelés plus qu'une route ouverte, même râpeuse, c'est ce qu'évoque ce poème.
Un oxymore exigeant " Aveuglée clairvoyante", pour un petit poucet perdu
"cordes vers emmêlés que je noue patiemment" belle image.
un camp hérissé de barbelés plus qu'une route ouverte, même râpeuse, c'est ce qu'évoque ce poème.
Un oxymore exigeant " Aveuglée clairvoyante", pour un petit poucet perdu
"cordes vers emmêlés que je noue patiemment" belle image.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Bordures
Texte magnifique... sur lequel il n'y a pas, pour moi, 50 hypothèses de lecture.
J'y reviendrai.
J'y reviendrai.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Bordures
c'est cru
c'est violent
alors je te propose un calligramme tout mignonnet, comme dessin qui l'accompagne :
http://www.vosecrits.com/t14163-il
c'est violent
alors je te propose un calligramme tout mignonnet, comme dessin qui l'accompagne :
http://www.vosecrits.com/t14163-il
Re: Bordures
Deux petites corrections, tout d'abord...
"mangeais la poussière"
"sur la route des râpes"
Je trouve que ton style se densifie, se vivifie, prend de l'éclat et de l'épaisseur.
Par quel biais saisir ce poème ? Par le chamboulement, forcément. L'urgence (les anaphores "non je le sais non je le sais", "pas le temps pas le temps pas le temps pas le temps") et l'inversion des repères temporels ("mes jours sont des nuits / mes nuits sont des jours" x 2) constituent les gages les plus sûrs de la découverte d'un lieu dessiné par la gradation ("et / dans le silence / et / dans la quiétude / et / dans la chaleur"). Ce lieu douillet, connoté négativement ("ventre puant"), rappelle immanquablement l'image de la serre, la sensation d'étouffement qu'elle procure. C'est l'espace de l'écriture ("soutier de la route"), celui qui vous harponne violemment ("hérissée", "épines", "hameçons", "barbelés") pour ne plus vous lâcher. Celui qui marquait un temps jusque-là infructueux, indomptable ("mangeais la poussière", "me griffaient le dos"), évoquait l'impuissance à trouver une voie ("blanc ? noir ? gris ? rouge sang ?"), voilà que vous parvenez à le transférer tout à coup vers l'espace du dedans ("dans ta bouche mes mots"), que vous en dirigez la courbe. "Je ferme les yeux pour mieux voir". C'est bien ce que traduit l'oxymore ("Aveuglée clairvoyante "). La route compte désormais des "bordures", une trajectoire. Elle ne court plus en aveugle, bordée de précipices, mais dessine des perspectives loin des corniches. On n'est plus attaqué de l'arrière par des signes incertains. On sème désormais des "cailloux" au fur et à mesure d'une progression. C'est un exercice de sensualité véritablement inédit où le désir rencontre immédiatement son objet (alexandrin coupé à l'hémistiche "fils de vers barbelés / ô pour toi mon amant", image de la "verge rouge sang" qui "plonge"), où l'on se déleste enfin du superflu qui nous limitait en taillant au plus serré dans l'épaisseur des mots (métaphore "la route des râpes").
"mangeais la poussière"
"sur la route des râpes"
Je trouve que ton style se densifie, se vivifie, prend de l'éclat et de l'épaisseur.
Par quel biais saisir ce poème ? Par le chamboulement, forcément. L'urgence (les anaphores "non je le sais non je le sais", "pas le temps pas le temps pas le temps pas le temps") et l'inversion des repères temporels ("mes jours sont des nuits / mes nuits sont des jours" x 2) constituent les gages les plus sûrs de la découverte d'un lieu dessiné par la gradation ("et / dans le silence / et / dans la quiétude / et / dans la chaleur"). Ce lieu douillet, connoté négativement ("ventre puant"), rappelle immanquablement l'image de la serre, la sensation d'étouffement qu'elle procure. C'est l'espace de l'écriture ("soutier de la route"), celui qui vous harponne violemment ("hérissée", "épines", "hameçons", "barbelés") pour ne plus vous lâcher. Celui qui marquait un temps jusque-là infructueux, indomptable ("mangeais la poussière", "me griffaient le dos"), évoquait l'impuissance à trouver une voie ("blanc ? noir ? gris ? rouge sang ?"), voilà que vous parvenez à le transférer tout à coup vers l'espace du dedans ("dans ta bouche mes mots"), que vous en dirigez la courbe. "Je ferme les yeux pour mieux voir". C'est bien ce que traduit l'oxymore ("Aveuglée clairvoyante "). La route compte désormais des "bordures", une trajectoire. Elle ne court plus en aveugle, bordée de précipices, mais dessine des perspectives loin des corniches. On n'est plus attaqué de l'arrière par des signes incertains. On sème désormais des "cailloux" au fur et à mesure d'une progression. C'est un exercice de sensualité véritablement inédit où le désir rencontre immédiatement son objet (alexandrin coupé à l'hémistiche "fils de vers barbelés / ô pour toi mon amant", image de la "verge rouge sang" qui "plonge"), où l'on se déleste enfin du superflu qui nous limitait en taillant au plus serré dans l'épaisseur des mots (métaphore "la route des râpes").
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Bordures
merci pour cette lecture jfmoods qui peut étonner parfois, dérouter même, tant elle est fouillée, précise et détaillée... et argumentée,
une correction pour les corrections :
d'accord pour "mangeais", faute d'inattention ))
mais je garde "rapes" sans accent circonflexe... dois-je aller plus loin ? je ne sais pas... ce serait ouvrir une porte... j'ai travaillé sur deux niveaux... disons, pour être directe, que j'ai mixé langue anglaise et langue française...
je ne donnerai pas les clefs de lecture de ce texte, je n'en vois pas l'intérêt, et peut-être parce que c'est un des textes le plus pénibles que j'ai eu à écrire... allez savoir où vous vous embarquez quand vous commencez... rien n'était prêt, aucun calcul, aucun plan, mais tout était déjà bien en place, quelque part, là, au tréfonds de moi... je l'ai su à partir du moment où les mots ont giclé... je ne pouvais plus les retenir... et la "route" était tracée... cela vous arrive t-il ce sentiment d'être dépassé par ce que vous écrivez ? je me suis sentie parfois dépassée comme si une autre que moi, mais toujours moi, me guidait... et le texte enfin posté, je me sentie légère, bien...
j'apprécie ton travail jfmoods, et je ne vais pas me lancer dans un commentaire de commentaire )))), d'autant qu'il rejoint parfois mes motivations, mais certains points sont restés dans l'éclairage d'une seule interprétation, et bien ainsi, c'est ta lecture ; le titre par exemple "Bordures" qui contient le mot "ordures"... pour le délestage, oui, bien sûr... quant à l'"exercice de sensualité..." peut-il être un remède ? un anti-douleur ? un effaceur des mauvais jours ? un appel au "désir" oui ! un appel à la vie, oui...! passer par ce chemin pour aller de l'avant, oui, sans aucun doute !
merci à vous tous qui avez laissé un petit mot...
une correction pour les corrections :
d'accord pour "mangeais", faute d'inattention ))
mais je garde "rapes" sans accent circonflexe... dois-je aller plus loin ? je ne sais pas... ce serait ouvrir une porte... j'ai travaillé sur deux niveaux... disons, pour être directe, que j'ai mixé langue anglaise et langue française...
je ne donnerai pas les clefs de lecture de ce texte, je n'en vois pas l'intérêt, et peut-être parce que c'est un des textes le plus pénibles que j'ai eu à écrire... allez savoir où vous vous embarquez quand vous commencez... rien n'était prêt, aucun calcul, aucun plan, mais tout était déjà bien en place, quelque part, là, au tréfonds de moi... je l'ai su à partir du moment où les mots ont giclé... je ne pouvais plus les retenir... et la "route" était tracée... cela vous arrive t-il ce sentiment d'être dépassé par ce que vous écrivez ? je me suis sentie parfois dépassée comme si une autre que moi, mais toujours moi, me guidait... et le texte enfin posté, je me sentie légère, bien...
j'apprécie ton travail jfmoods, et je ne vais pas me lancer dans un commentaire de commentaire )))), d'autant qu'il rejoint parfois mes motivations, mais certains points sont restés dans l'éclairage d'une seule interprétation, et bien ainsi, c'est ta lecture ; le titre par exemple "Bordures" qui contient le mot "ordures"... pour le délestage, oui, bien sûr... quant à l'"exercice de sensualité..." peut-il être un remède ? un anti-douleur ? un effaceur des mauvais jours ? un appel au "désir" oui ! un appel à la vie, oui...! passer par ce chemin pour aller de l'avant, oui, sans aucun doute !
merci à vous tous qui avez laissé un petit mot...
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Bordures
"merci à vous tous qui avez laissé un petit mot... " et rendez-vous sur le fil : Discussions autour de nos textes. (désolée modération pour ce second message )
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Bordures_Considérations diverses
"Bordures" m'a aussi fait penser à "ordure"... et, indirectement, au capitaine Bordure de Jarry. À ce monde absurde.
J'ai bien l'impression que nous sommes là au coeur de la problématique de la création poétique. Quelque part entre bénédiction... et malédiction. C'est bien ce que je ressens parfois lorsque je suis dans l'état d'esprit d'écrire. Pourquoi moi ? Pourquoi moi, là ? Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ?
J'ai bien l'impression que nous sommes là au coeur de la problématique de la création poétique. Quelque part entre bénédiction... et malédiction. C'est bien ce que je ressens parfois lorsque je suis dans l'état d'esprit d'écrire. Pourquoi moi ? Pourquoi moi, là ? Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ?
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Bordures
Vrai que c'est beau, très beau même, dur aussi.
Il y a des mots vifs, acérés, que je trouve particulièrement bien placés et puis des passages qui me touchent plus particulièrement tels par exemple :
"la friche hérissée
de bogues épines
accrochent mes rêves
aux hameçons vifs"
Il y a des mots vifs, acérés, que je trouve particulièrement bien placés et puis des passages qui me touchent plus particulièrement tels par exemple :
"la friche hérissée
de bogues épines
accrochent mes rêves
aux hameçons vifs"
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Je ressens la même chose
"cela vous arrive t-il ce sentiment d'être dépassé par ce que vous écrivez ? je me suis sentie parfois dépassée comme si une autre que moi, mais toujours moi, me guidait... "
Vous avez réussi à réveiller de vieilles blessures; votre écriture est, ici, particulièrement intense, sincère et touchante.
Vous avez réussi à réveiller de vieilles blessures; votre écriture est, ici, particulièrement intense, sincère et touchante.
Invité- Invité
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