Si tu es fatiguée
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Kilis
Lyra will
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Si tu es fatiguée
La musique est mauvaise et un homme que je ne connais pas me fait tourner et c'est comme être suspendue au ciel de sa main et les pieds
sur la pointe de l'évanouissement
Je pense que c'est...
quand je pense que c'est assez,
je tombe dans ses bras, son rire poursuit mon vertige et l'on reprend bruyamment nos esprits
fragiles comme un ballon entre nos côtes, et quand le monde est un peu plus droit dans mes yeux courant sur l'horizon, on remet ça et
tout est redevenu calme.
Il me dit que ma robe est étrange et de trouver une épaule pour me reposer
- ... - si tu es fatiguée -
Si tu es fatiguée viens
ta petite tête
dans le creux désolé de mon épaule -
Désolée j'ai
deux cents personnes dans mon corps je lui dis je suis le creux désolé
je suis tout
de mon long
longée
désolée,
tellement
Allons Non. Je n'ai pas soif merci.
Je suis sur le balcon et ma cigarette brouille tes mots, et je regarde les petites lumières bleues.
La fumée de ma cigarette s'enroule autour de l'incendie, quelqu'un ouvre la baie, il est l'heure, allez. Il fait doux et il y a des confettis dans le métro. Une femme tombe sur moi, et quand je remonte l'escalier, je sens l'odeur des pas un peu précipités. Il y a de la barbe à papa, et je ne comprends pas bien pourquoi, une machine à café. Très bientôt trois hommes vont monter dans le manège et je pourrais croire que ce monstre forain a été monté pour mes yeux, et son mouvement comme une hélice vient battre mon regard de courants réguliers.
Je pourrais être ce monstre. Sur la table il a posé de la dinde et de petits cerfs argentés gambadent sur la nappe, la jeune femme en rouge ne voulait pas de place vide à côté d'elle. J'ai fait semblant de ne pas l'entendre, on respire fort sur la vitre je ne sais pas si c'est l'incendie les plats refroidissaient et non c'est ma pomme de terre tu n'as pas besoin de ta fourchette de toute façon. Alors j'hésite un peu, et puis je suis sur le balcon et tu fais passer ma cigarette de ma main droite à ma main gauche et je la repasse de ma main gauche à ma main droite parce qu'il ne faut pas exagérer. Je regarde les petites lumières bleues de la police des c.r.s et des pompiers, et je trouve qu'ils ont bien joliment décoré le quartier.
Je ne peux pas croire que les hommes fument le cigare et parlent cinéma putes et trader sans moi, je prends un cigare et m'assieds au milieu de tout ça. Les autres femmes ne parlent pas et ne savent pas très bien ce que je fais là. Tu t'en es sortie ? Avec la dinde oui oui, mais alors qu'est-ce que tu fais... dis moi, donne moi des éléments pour que je comprenne. Je bois du champagne dans un gobelet en plastique je ne comprends pas pourquoi il s'est levé comme ça et pourquoi ta main a voyagé jusque dans mon dos et tout autour du monde tu dis vouloir partir mais je veux que tu me laisses c'est ma soirée et je ne veux pas t'entendre.
Je ne veux pas t'entendre et je ne veux pas je veux une soirée normale et pense que mes chaussures n'ont rien à faire dans le couloir vu le temps que j'ai passé à m'habiller, mes jambes font dix centimètres de moins et je n'avais pas prévu ça et si j'avais su, j'aurais mis quelque chose qui va avec des jambes dix centimètres plus courtes. Je pense que je vais rester assise près du guacamole en face de cette femme qui me parle des vibrations du métro qui secouent la Sagrada Familia parce que les maires de par le monde veulent marquer les villes de leurs mauvaises décisions.
Tes yeux clignent toutes les secondes et je me demande si c'est le stress ou un problème moteur mais tu as juste les yeux un peu secs depuis ce matin. Tes yeux alors me paraissent d'un coup beaucoup plus grand et quand je tourne sous le ciel de ta main et que je tombe dans ce ravin bleu qui te fait un peu mal j'ai l'impression que ce vertige était le seul creux désolé où me reposer ce soir.
sur la pointe de l'évanouissement
Je pense que c'est...
quand je pense que c'est assez,
je tombe dans ses bras, son rire poursuit mon vertige et l'on reprend bruyamment nos esprits
fragiles comme un ballon entre nos côtes, et quand le monde est un peu plus droit dans mes yeux courant sur l'horizon, on remet ça et
tout est redevenu calme.
Il me dit que ma robe est étrange et de trouver une épaule pour me reposer
- ... - si tu es fatiguée -
Si tu es fatiguée viens
ta petite tête
dans le creux désolé de mon épaule -
Désolée j'ai
deux cents personnes dans mon corps je lui dis je suis le creux désolé
je suis tout
de mon long
longée
désolée,
tellement
Allons Non. Je n'ai pas soif merci.
Je suis sur le balcon et ma cigarette brouille tes mots, et je regarde les petites lumières bleues.
La fumée de ma cigarette s'enroule autour de l'incendie, quelqu'un ouvre la baie, il est l'heure, allez. Il fait doux et il y a des confettis dans le métro. Une femme tombe sur moi, et quand je remonte l'escalier, je sens l'odeur des pas un peu précipités. Il y a de la barbe à papa, et je ne comprends pas bien pourquoi, une machine à café. Très bientôt trois hommes vont monter dans le manège et je pourrais croire que ce monstre forain a été monté pour mes yeux, et son mouvement comme une hélice vient battre mon regard de courants réguliers.
Je pourrais être ce monstre. Sur la table il a posé de la dinde et de petits cerfs argentés gambadent sur la nappe, la jeune femme en rouge ne voulait pas de place vide à côté d'elle. J'ai fait semblant de ne pas l'entendre, on respire fort sur la vitre je ne sais pas si c'est l'incendie les plats refroidissaient et non c'est ma pomme de terre tu n'as pas besoin de ta fourchette de toute façon. Alors j'hésite un peu, et puis je suis sur le balcon et tu fais passer ma cigarette de ma main droite à ma main gauche et je la repasse de ma main gauche à ma main droite parce qu'il ne faut pas exagérer. Je regarde les petites lumières bleues de la police des c.r.s et des pompiers, et je trouve qu'ils ont bien joliment décoré le quartier.
Je ne peux pas croire que les hommes fument le cigare et parlent cinéma putes et trader sans moi, je prends un cigare et m'assieds au milieu de tout ça. Les autres femmes ne parlent pas et ne savent pas très bien ce que je fais là. Tu t'en es sortie ? Avec la dinde oui oui, mais alors qu'est-ce que tu fais... dis moi, donne moi des éléments pour que je comprenne. Je bois du champagne dans un gobelet en plastique je ne comprends pas pourquoi il s'est levé comme ça et pourquoi ta main a voyagé jusque dans mon dos et tout autour du monde tu dis vouloir partir mais je veux que tu me laisses c'est ma soirée et je ne veux pas t'entendre.
Je ne veux pas t'entendre et je ne veux pas je veux une soirée normale et pense que mes chaussures n'ont rien à faire dans le couloir vu le temps que j'ai passé à m'habiller, mes jambes font dix centimètres de moins et je n'avais pas prévu ça et si j'avais su, j'aurais mis quelque chose qui va avec des jambes dix centimètres plus courtes. Je pense que je vais rester assise près du guacamole en face de cette femme qui me parle des vibrations du métro qui secouent la Sagrada Familia parce que les maires de par le monde veulent marquer les villes de leurs mauvaises décisions.
Tes yeux clignent toutes les secondes et je me demande si c'est le stress ou un problème moteur mais tu as juste les yeux un peu secs depuis ce matin. Tes yeux alors me paraissent d'un coup beaucoup plus grand et quand je tourne sous le ciel de ta main et que je tombe dans ce ravin bleu qui te fait un peu mal j'ai l'impression que ce vertige était le seul creux désolé où me reposer ce soir.
Re: Si tu es fatiguée
Ah ça j'adore, Lyra. C'est très très bon.
Et c'est précisément le genre de texte auquel je pensais en proposant l'ex "Comme une photo mentale"
et le format, presque 4000 signes convient parfaitement.
Et c'est précisément le genre de texte auquel je pensais en proposant l'ex "Comme une photo mentale"
et le format, presque 4000 signes convient parfaitement.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Si tu es fatiguée
(ah il faut que j'aille voir !)Kilis a écrit:Ah ça j'adore, Lyra. C'est très très bon.
Et c'est précisément le genre de texte auquel je pensais en proposant l'ex "Comme une photo mentale"
et le format, presque 4000 signes convient parfaitement.
Re: Si tu es fatiguée
c'est beau ! très beau texte,
c'est un poème qui s'étire et ne demande rien d'autre qu'être lu...
commenter ?
il n'y a rien à commenter, simplement dire que j'ai aimé me poser pour un instant dans "ce creux désolé"...
et je pense que je vais y retourner,
merci pour cette lecture Lyra
(argh ! mais pourquoi je n'arrive pas à écrire des textes...))))
c'est un poème qui s'étire et ne demande rien d'autre qu'être lu...
commenter ?
il n'y a rien à commenter, simplement dire que j'ai aimé me poser pour un instant dans "ce creux désolé"...
et je pense que je vais y retourner,
merci pour cette lecture Lyra
(argh ! mais pourquoi je n'arrive pas à écrire des textes...))))
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Si tu es fatiguée
Lyra c'est gentil de m'inviter à ton réveillon, je ne me sens pas dépaysée du tout, même si je ne connais personne à part toi, tu as un tel art de créer une atmosphère où l'on respire sans effort le rêve et la réalité avec les ombres là où il faut et une lumière sensible pour reposer des yeux fatigués...
Comme toujours, je ne sais pas comment commenter autrement qu'en disant que j'aime. Enormément.
Comme toujours, je ne sais pas comment commenter autrement qu'en disant que j'aime. Enormément.
Invité- Invité
Re: Si tu es fatiguée
Le charme particulier de ce texte découle, en grande partie, de l'incapacité dans laquelle se trouve le lecteur de faire la part des choses sur le contexte des événements relatés. Est-ce là le compte-rendu très poétisé d'événements réellement traversés par le personnage (en apparence, un réveillon) ? Est-ce la traversée d'un rêve ? Il ne semble pas possible de le dire avec certitude. Je suis toujours friand de ces lignes de force fuyantes qui ne dévoilent rien et ne laissent entrevoir, au final, qu'un jeu d'alternatives. Reprenons... Ce texte comporte 3 parties, 3 lieux.
1. Du début à "… il est l'heure, allez."
2. De "Il fait doux.." à "... ce monstre."
3. De "Sur la table..." à la fin
Ce sont deux lieux fermés séparés par un lieu intermédiaire. Le "métro" assure la jonction. On quitte donc bien le premier lieu ("… il est l'heure, allez."). Cependant, "le balcon" est ses "petites lumières bleues", pareillement présents dans le second lieu, laissent planer le doute. Il n'est certes pas impossible que le second lieu soit également pourvu d'un balcon et qu'on puisse y voir également des lumières bleues... mais il y a aussi, au fil du texte, ce présent de narration obsédant, l'absence de virgules, comme quand on relate, sans prendre le temps de construire, le fil d'un songe. Il y a aussi le côté invraisemblable ("et je ne comprends pas bien pourquoi, une machine à café.", "Les autres femmes ne parlent pas et ne savent pas très bien ce que je fais là."), mais pas complètement inexplicable. Et puis, cette histoire de longueur de jambes ("vu le temps que j'ai passé à m'habiller, mes jambes font dix centimètres de moins") semble un brin capilotractée. Cependant, l'autre référence aux jambes ("j'aurais mis quelque chose qui va avec des jambes dix centimètres plus courtes.") peut laisser imaginer qu'il s'agit simplement d'une question de longueur... de robe. Bref, le lecteur, un peu interloqué par ton texte, emporte avec lui la magie de ce moment, de ce tour de passe-passe verbal.
1. Du début à "… il est l'heure, allez."
2. De "Il fait doux.." à "... ce monstre."
3. De "Sur la table..." à la fin
Ce sont deux lieux fermés séparés par un lieu intermédiaire. Le "métro" assure la jonction. On quitte donc bien le premier lieu ("… il est l'heure, allez."). Cependant, "le balcon" est ses "petites lumières bleues", pareillement présents dans le second lieu, laissent planer le doute. Il n'est certes pas impossible que le second lieu soit également pourvu d'un balcon et qu'on puisse y voir également des lumières bleues... mais il y a aussi, au fil du texte, ce présent de narration obsédant, l'absence de virgules, comme quand on relate, sans prendre le temps de construire, le fil d'un songe. Il y a aussi le côté invraisemblable ("et je ne comprends pas bien pourquoi, une machine à café.", "Les autres femmes ne parlent pas et ne savent pas très bien ce que je fais là."), mais pas complètement inexplicable. Et puis, cette histoire de longueur de jambes ("vu le temps que j'ai passé à m'habiller, mes jambes font dix centimètres de moins") semble un brin capilotractée. Cependant, l'autre référence aux jambes ("j'aurais mis quelque chose qui va avec des jambes dix centimètres plus courtes.") peut laisser imaginer qu'il s'agit simplement d'une question de longueur... de robe. Bref, le lecteur, un peu interloqué par ton texte, emporte avec lui la magie de ce moment, de ce tour de passe-passe verbal.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
re : Si tu es fatiguée
En effet l'éclatement de la narration est intéressant et très attachant. Pourquoi se casser la tête avec tous les credo et dogmes de la théorie sur les points de vue et focalisation etc... alors que ça marche sur Internet un texte comme ça, sauvage, spontanée, sensible, adroit... Evidemment les petites longueurs et formats brefs ont l'avantage sur les narrations plus ambitieuses. Mais tout simplement peut-être as-tu digéré la connaissance pour devenir une créatrice ?...
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Si tu es fatiguée
J'aime beaucoup mais j'ai du mal à analyser pourquoi.
Sans doute cette plongée dans la tête d'un femme, qui a trop bu, trop fumé.
Un plaisir de lecture en tout cas.
Sans doute cette plongée dans la tête d'un femme, qui a trop bu, trop fumé.
Un plaisir de lecture en tout cas.
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