Les canaux de la Néva
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Les canaux de la Néva
On dirait
à chaque problème, la solution
à chaque douleur, le remède.
Simple. Mettre une pièce
(un dollar, un jeton)
dans la fente, ouvrir le bon tiroir
« Tu seras sauvé mon frère ».
À Petersbourg, les visiteurs se pressent
aux portes des palais des tsars.
Combien d'heures, la file d'attente pour entrer à l'Ermitage ?
On dirait
un centre, beaucoup de directions
un itinéraire, beaucoup d'intersections.
Pas simple. Choisir entre mille
(couleur, texture, tenue..)
SON rouge à lèvres
« Souriez, vous êtes photographiés ».
On dirait, on dirait, on dirait... mais
le genre est masculin, même le féminin
et l'ordinaire silencieux.
à chaque problème, la solution
à chaque douleur, le remède.
Simple. Mettre une pièce
(un dollar, un jeton)
dans la fente, ouvrir le bon tiroir
« Tu seras sauvé mon frère ».
À Petersbourg, les visiteurs se pressent
aux portes des palais des tsars.
Combien d'heures, la file d'attente pour entrer à l'Ermitage ?
On dirait
un centre, beaucoup de directions
un itinéraire, beaucoup d'intersections.
Pas simple. Choisir entre mille
(couleur, texture, tenue..)
SON rouge à lèvres
« Souriez, vous êtes photographiés ».
On dirait, on dirait, on dirait... mais
le genre est masculin, même le féminin
et l'ordinaire silencieux.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Les canaux de la Néva
alors je lis deux textes
alors je dis que j'aime
le poème est composé de deux parties
"on dirait" serait le repère entre le positif et le négatif d'une photographie
alors je trace une ligne avec un bâton par exemple sur le sable ou la terre
en haut ce qui existe en haut
en bas le reflet de ce qu'il y a en haut
en haut c'est "simple", tu sais où tu es et si tu as ce qu'il faut pour ouvrir la porte, tu as accès à tout.
en bas, c'est "pas simple", tu ne sais pas où tu es, il faut "choisir" entre plusieurs chemins, plusieurs "directions", et même quand enfin tu es, tu arrives là où tu dois être, tu n'es pas sûr(e) d'avoir fait le bon choix, et quoi qu'il en soit, il te faut sourire et accepter ton sort
je lis un poème en miroir
un très beau texte
(pourquoi "Petersbourg" et non pas Saint Petersbourg ?)
je dis "miroir" pour le musée au bord de la Neva
alors je dis que j'aime
le poème est composé de deux parties
"on dirait" serait le repère entre le positif et le négatif d'une photographie
alors je trace une ligne avec un bâton par exemple sur le sable ou la terre
en haut ce qui existe en haut
en bas le reflet de ce qu'il y a en haut
en haut c'est "simple", tu sais où tu es et si tu as ce qu'il faut pour ouvrir la porte, tu as accès à tout.
en bas, c'est "pas simple", tu ne sais pas où tu es, il faut "choisir" entre plusieurs chemins, plusieurs "directions", et même quand enfin tu es, tu arrives là où tu dois être, tu n'es pas sûr(e) d'avoir fait le bon choix, et quoi qu'il en soit, il te faut sourire et accepter ton sort
je lis un poème en miroir
un très beau texte
(pourquoi "Petersbourg" et non pas Saint Petersbourg ?)
je dis "miroir" pour le musée au bord de la Neva
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Les canaux de la Néva
je viens de relire ton texte et mon commentaire
et j'ai l'impression d'être passée à côté
à +
et j'ai l'impression d'être passée à côté
à +
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Les canaux de la Néva
Merci Pussicat, visiblement ce poème n'intéresse pas.
Il est sans doute maladroit, mais j'aurais aimé lire quand même des commentaires, comprendre ce qui ne va pas.
Pétersbourg, parce que c'est la ville de Pierre (dit le grand, le tsar) qui n'a rien d'un saint.
Par fidélité à Pouchkine
http://www.rvb.ru/pushkin/01text/06prose/01prose/0856.htm?start=0&length=1
dernière ligne de la page 14 , ou ligne 5 de la page 15 (par exemple)
pour Akhmatova c'est Léningrad.
Et "sankt" n'est pas un mot russe (saint = Святой), c'est comme si Albertville venait à être appelé Holy Albertville !
L'appellation moderne est une absurdité et un déni d'histoire qui m'écorche.
Il est sans doute maladroit, mais j'aurais aimé lire quand même des commentaires, comprendre ce qui ne va pas.
Pétersbourg, parce que c'est la ville de Pierre (dit le grand, le tsar) qui n'a rien d'un saint.
Par fidélité à Pouchkine
http://www.rvb.ru/pushkin/01text/06prose/01prose/0856.htm?start=0&length=1
dernière ligne de la page 14 , ou ligne 5 de la page 15 (par exemple)
pour Akhmatova c'est Léningrad.
Et "sankt" n'est pas un mot russe (saint = Святой), c'est comme si Albertville venait à être appelé Holy Albertville !
L'appellation moderne est une absurdité et un déni d'histoire qui m'écorche.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Les canaux de la Néva
Le poème semble se lire à 3 niveaux.
Au premier niveau (vers 1 à 10), le rapport à la vie moderne se schématise (anaphore "chaque" x 2) en une dualité construite sur un automatisme (forme infinitive "mettre" et "ouvrir") des antithèses ("problème" / "solution", "douleur" / "remède"). D'un côté, l'aspect matériel pour lequel la locutrice assimile ironiquement l'hypothétique gain de hasard à la possibilité d'une rédemption d'ordre religieux ("Tu seras sauvé mon frère"). De l'autre, l'aspect spirituel - le culturel ("palais des tsars") ayant pris la place du religieux - pour lequel l'individu est prêt à sacrifier son temps sans compter.
Le second niveau (vers 11 à 17) pressent ("On dirait") l'insuffisance d'une première délimitation car il faut resituer l'individu dans la spécificité d'un modernité plus complexe (antithèse "un" / "beaucoup"). La création de besoins toujours nouveaux ("entre mille") entretient la dépendance aux objets ("SON" majuscule) et la difficulté de se constituer une identité dans une société où l'image ("Souriez, vous êtes photographiés") est prédominante et modèle pour une large part la représentation du monde.
Le dernier niveau (vers 18 à 20) tire la conclusion logique, la conjonction de coordination "mais" nous faisant passer du stade des simples conjectures à celui d'une certitude ("est"). Un processus d'indifférenciation généralisée ("masculin" = "féminin") est en marche, dicté par une société de consommation toujours plus frénétique, plus féroce, dans laquelle la perte de l'identité et des repères menace. À moins que ce soit le pôle féminin, sans doute plus pragmatique sur la multiplicité des enjeux à long terme, qui ait perdu la partie contre une vision masculine plus économique, à beaucoup plus court terme, de la société. L'"ordinaire" mentionné ici renvoie à deux notions complémentaires. C'est, dans l'acception première, l'idée d'un repas, d'un repas ici peu affriolant dans lequel l'échange entre les convives n'existerait plus ("silencieux"). C'est, dans une lecture plus moderne, l'image d'une habitude, d'un réseau de comportements réflexes aliénants, qui nous empêchent désormais d'appréhender en toute liberté, en toute conscience, les événements. On pense au mythe de la caverne. Dorénavant sans port d'attache, ballotté sur le radeau de ses illusions, l'individu, au coeur d'un spectacle permanent, est condamné à errer sans fin sur les canaux de la Néva.
Merci pour le voyage !
Au premier niveau (vers 1 à 10), le rapport à la vie moderne se schématise (anaphore "chaque" x 2) en une dualité construite sur un automatisme (forme infinitive "mettre" et "ouvrir") des antithèses ("problème" / "solution", "douleur" / "remède"). D'un côté, l'aspect matériel pour lequel la locutrice assimile ironiquement l'hypothétique gain de hasard à la possibilité d'une rédemption d'ordre religieux ("Tu seras sauvé mon frère"). De l'autre, l'aspect spirituel - le culturel ("palais des tsars") ayant pris la place du religieux - pour lequel l'individu est prêt à sacrifier son temps sans compter.
Le second niveau (vers 11 à 17) pressent ("On dirait") l'insuffisance d'une première délimitation car il faut resituer l'individu dans la spécificité d'un modernité plus complexe (antithèse "un" / "beaucoup"). La création de besoins toujours nouveaux ("entre mille") entretient la dépendance aux objets ("SON" majuscule) et la difficulté de se constituer une identité dans une société où l'image ("Souriez, vous êtes photographiés") est prédominante et modèle pour une large part la représentation du monde.
Le dernier niveau (vers 18 à 20) tire la conclusion logique, la conjonction de coordination "mais" nous faisant passer du stade des simples conjectures à celui d'une certitude ("est"). Un processus d'indifférenciation généralisée ("masculin" = "féminin") est en marche, dicté par une société de consommation toujours plus frénétique, plus féroce, dans laquelle la perte de l'identité et des repères menace. À moins que ce soit le pôle féminin, sans doute plus pragmatique sur la multiplicité des enjeux à long terme, qui ait perdu la partie contre une vision masculine plus économique, à beaucoup plus court terme, de la société. L'"ordinaire" mentionné ici renvoie à deux notions complémentaires. C'est, dans l'acception première, l'idée d'un repas, d'un repas ici peu affriolant dans lequel l'échange entre les convives n'existerait plus ("silencieux"). C'est, dans une lecture plus moderne, l'image d'une habitude, d'un réseau de comportements réflexes aliénants, qui nous empêchent désormais d'appréhender en toute liberté, en toute conscience, les événements. On pense au mythe de la caverne. Dorénavant sans port d'attache, ballotté sur le radeau de ses illusions, l'individu, au coeur d'un spectacle permanent, est condamné à errer sans fin sur les canaux de la Néva.
Merci pour le voyage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Les canaux de la Néva
J'ai bien aimé cette description peu conventionnelle du lieu (curieuse, je suis allée voir d'un peu plus près ce que sont ces canaux...) même si je me suis un peu perdue, moi aussi dans ces intersections multiples!
Mais c'est justement ce qui est intéressant, cette lecture qui nécessite des aller-retour...
Par contre, j'ai du mal avec la dernière strophe que je trouve "en décalage" par rapport au reste du poème, sans vraiment m'expliquer pourquoi...
Mais c'est justement ce qui est intéressant, cette lecture qui nécessite des aller-retour...
Par contre, j'ai du mal avec la dernière strophe que je trouve "en décalage" par rapport au reste du poème, sans vraiment m'expliquer pourquoi...
isa- Nombre de messages : 559
Age : 33
Localisation : Elbonerg
Date d'inscription : 08/04/2009
Re: Les canaux de la Néva
Salut isa ! à suivre sur Discussion autour de nos textes
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Les canaux de la Néva
J'ai lu plusieurs fois ton texte .
J'ai pensé être très bête, je ne comprenais pas .Puis jfmoods a donné son interprétation, et là ça a été terrible: j'ai eu la confirmation de ma stupidité. Un genre de soulagement aussi, comme quand on apprend que ben voilà oui, c'est un cancer.
J'ai relu en refusant tout ; et j'ai bien aimé! Mais je t'en prie, Annie, ne me demande pas pourquoi...
J'ai pensé être très bête, je ne comprenais pas .Puis jfmoods a donné son interprétation, et là ça a été terrible: j'ai eu la confirmation de ma stupidité. Un genre de soulagement aussi, comme quand on apprend que ben voilà oui, c'est un cancer.
J'ai relu en refusant tout ; et j'ai bien aimé! Mais je t'en prie, Annie, ne me demande pas pourquoi...
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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