Rimmel
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Rimmel
Soit l'archange Raphaël
qui n'éclaire plus le bel
aujourd'hui, soit le recel
des horizons du bordel,
j'épelle ici le réel.
Soit la tour de fer d'Eiffel
bergère en dépit du gel
qui frappe au pont Saint Michel.
Soit la musique arc-en-ciel,
canaque ou Khabar Ajel
l'île rougit de nickel.
Soient les mineurs de Calel
et les filles du Carmel
même ombre au jour solennel
de l'éclipse ou de noël
chacun répond à l'appel.
Soient Étienne de Vicq, El
Desichado, la Sorel,
tourne, tourne au carrousel
l'une ou l'autre après untel
déroulement rituel.
Soit encor l'âge nouvel
qu'imagina George Orwell
fort de l'état ixixel...
Demeurent plutôt Bayel
Paris, Brest et Warluzel !
qui n'éclaire plus le bel
aujourd'hui, soit le recel
des horizons du bordel,
j'épelle ici le réel.
Soit la tour de fer d'Eiffel
bergère en dépit du gel
qui frappe au pont Saint Michel.
Soit la musique arc-en-ciel,
canaque ou Khabar Ajel
l'île rougit de nickel.
Soient les mineurs de Calel
et les filles du Carmel
même ombre au jour solennel
de l'éclipse ou de noël
chacun répond à l'appel.
Soient Étienne de Vicq, El
Desichado, la Sorel,
tourne, tourne au carrousel
l'une ou l'autre après untel
déroulement rituel.
Soit encor l'âge nouvel
qu'imagina George Orwell
fort de l'état ixixel...
Demeurent plutôt Bayel
Paris, Brest et Warluzel !
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Rimmel
rimes en el,
elles sortent du tunnel pour beaucoup de décibels et vont mourir sur l'autel
de l'artiste éternel
elles sortent du tunnel pour beaucoup de décibels et vont mourir sur l'autel
de l'artiste éternel
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Rimmel
"pont Saint-Michel"
"El Desdichado"
Ce chapelet, sous l'égide du chiffre 7 (heptasyllabes en 7 étapes : "soit" x 5, "soient" x 2), se dévide un peu comme un semainier des âges. Le choix de la graphie ancienne ("encor") montre suffisamment de quel côté du temps ton cœur balance. L'intertextualité mallarméenne ("le bel / aujourd'hui") fait résonner sur le monde contemporain la pesanteur glaciale et l’ennui éprouvés alors par le poète face à son siècle. L'intertextualité apollinarienne ("tour... Eiffel... / bergère") ne met pas plus en évidence l'éloge d'une modernité (allitérations en "r" et en "f" plutôt désagréables à l'oreille : "tour de fer d'Eiffel") si chère pourtant, à son époque, à l'auteur de "Zone". Non, ton propos illustre plutôt, dans la vision du présent, le brigandage ("recel") issu du racolage le plus décomplexé de notre société de consommation (titre du poème, "horizons du bordel"). Le désenchantement suscité ici fait rejaillir avec d'autant plus de force l'évocation fascinée de l'ailleurs ("canaque", périphrase saillante désignant la Nouvelle-Calédonie : "l'île rougit de nickel"), aux couleurs ("arc-en-ciel") et sons ("musique", "Khabar Ajel") aptes à combler nos sens appauvris. Cette ouverture fabuleuse met en perspective, par effet de contraste, l'image de ces vies enferrées parallèlement dans la plus profonde claustration : à ceux qui s'enfoncent dans les entrailles de la terre pour s'assurer une subsistance matérielle ("mineurs de Calel") répondent en effet celles qui, sur la terre, retirées derrière des murs épais, poursuivent une quête spirituelle ("filles du Carmel"). Quoi qu'il en soit, l'existence, à l'image d'une roue (champ lexical de la révolution : "tourne" x 2, "carrousel", "déroulement") suit tantôt les routes balisées du territoire intime ("Étienne de Vicq"), tantôt les chemins, plus ou moins carrossables, de l'univers fantasmé ("El Desdichado", "la Sorel"). Sur l'avenir pèse la lourde hypothèque (points de suspension) d'une contre-utopie réalisée rendant caduque toute forme de liberté et soulignée par l'inversion du sujet ("qu'imagina George Orwell"). Cependant, une seconde inversion du sujet (doublée d'une exclamation) met au contraire en exergue la capacité de mouvement, le retentissement intime des lieux qui forgent notre rapport multiple, fascinant, enrichissant, jamais épuisé, au monde ("Demeurent plutôt Bayel / Paris, Brest et Warluzel").
Merci pour ce partage !
"El Desdichado"
Ce chapelet, sous l'égide du chiffre 7 (heptasyllabes en 7 étapes : "soit" x 5, "soient" x 2), se dévide un peu comme un semainier des âges. Le choix de la graphie ancienne ("encor") montre suffisamment de quel côté du temps ton cœur balance. L'intertextualité mallarméenne ("le bel / aujourd'hui") fait résonner sur le monde contemporain la pesanteur glaciale et l’ennui éprouvés alors par le poète face à son siècle. L'intertextualité apollinarienne ("tour... Eiffel... / bergère") ne met pas plus en évidence l'éloge d'une modernité (allitérations en "r" et en "f" plutôt désagréables à l'oreille : "tour de fer d'Eiffel") si chère pourtant, à son époque, à l'auteur de "Zone". Non, ton propos illustre plutôt, dans la vision du présent, le brigandage ("recel") issu du racolage le plus décomplexé de notre société de consommation (titre du poème, "horizons du bordel"). Le désenchantement suscité ici fait rejaillir avec d'autant plus de force l'évocation fascinée de l'ailleurs ("canaque", périphrase saillante désignant la Nouvelle-Calédonie : "l'île rougit de nickel"), aux couleurs ("arc-en-ciel") et sons ("musique", "Khabar Ajel") aptes à combler nos sens appauvris. Cette ouverture fabuleuse met en perspective, par effet de contraste, l'image de ces vies enferrées parallèlement dans la plus profonde claustration : à ceux qui s'enfoncent dans les entrailles de la terre pour s'assurer une subsistance matérielle ("mineurs de Calel") répondent en effet celles qui, sur la terre, retirées derrière des murs épais, poursuivent une quête spirituelle ("filles du Carmel"). Quoi qu'il en soit, l'existence, à l'image d'une roue (champ lexical de la révolution : "tourne" x 2, "carrousel", "déroulement") suit tantôt les routes balisées du territoire intime ("Étienne de Vicq"), tantôt les chemins, plus ou moins carrossables, de l'univers fantasmé ("El Desdichado", "la Sorel"). Sur l'avenir pèse la lourde hypothèque (points de suspension) d'une contre-utopie réalisée rendant caduque toute forme de liberté et soulignée par l'inversion du sujet ("qu'imagina George Orwell"). Cependant, une seconde inversion du sujet (doublée d'une exclamation) met au contraire en exergue la capacité de mouvement, le retentissement intime des lieux qui forgent notre rapport multiple, fascinant, enrichissant, jamais épuisé, au monde ("Demeurent plutôt Bayel / Paris, Brest et Warluzel").
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Rimmel
Je bloque vraiment ici sur la rime, trop présente, qui avale complètement le sens pour moi et m'empêche d'apprécier les mots. Les noms propres sont trop nombreux, eux aussi, à mon goût, pour être évocateurs : l'image n'a pas le temps de naître, qu'une autre, d'un univers très différent, vient s'y ajouter. S'il y a ici des références que j'identifie, elles me perdent totalement... Je trouve donc à ce texte, dans sa facture très classique, un hermétisme un peu involontaire ou mal dosé en tout cas, qui ne me parle pas.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Rimmel
Sans rancune Loreena, l'impression de bousculade que tu soulignes est juste.
Il s'agit évidemment d'un exercice formel, qui ne se cache pas, exercice de virtuosité -merci So-Back (après tout les études de Chopin de Bartok sont aussi des morceaux de répertoire); qui fait apparaître une certaine vision du monde -merci jfmoods. En l'écrivant je voyais quelque chose entre une ronde criarde et une danse macabre peinte.
Sans aller très loin je suis partagée entre émerveillement désenchanté et désenchantement lumineux. Et puis j'adôôôre l'alphabet !
Il s'agit évidemment d'un exercice formel, qui ne se cache pas, exercice de virtuosité -merci So-Back (après tout les études de Chopin de Bartok sont aussi des morceaux de répertoire); qui fait apparaître une certaine vision du monde -merci jfmoods. En l'écrivant je voyais quelque chose entre une ronde criarde et une danse macabre peinte.
Sans aller très loin je suis partagée entre émerveillement désenchanté et désenchantement lumineux. Et puis j'adôôôre l'alphabet !
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Rimmel
Juliette avait le rimmel aquarel' sa passion pour la peinture pouvait s'exprimer sur une musique de chambre
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Regrets
Non j'ai beau m'efforcer de lire les créations des autres, rien ne me semble beau en dehors des miennes.
Lary456- Nombre de messages : 82
Age : 60
Date d'inscription : 15/12/2011
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