Faim

La nuit mange ses fruits et,
douce et,
lente,
le ventre ciel nous offre sa pleine étoilée.
Soif.
La forêt s'ouvre.
Faim.

un peu rapide,
aurais presque envie de
quelques bruissements de feuilles
quelques lièvres surgissant d'entre les herbes
un petit furetage
un hululement
un brame douloureux
le battement de vos ailes
salutaire
en tout cas
le ciel semble ouvert
la fraîcheur nocturne se mélange au battement du vivant
sous la mousse
la terre est chaude
en cette fin d'été

ce s'rait'y une année à ceps ?

mmm...arf....

Spoiler:

la nuit la nature reprend ses droits, les sens s'émoustillent , c'est l'effet sous la lune

Tu signes là un retour très clôturé. Deux phrases verbales (une description longue, l'autre on ne peut plus brève) et deux phrases nominales (deux constats bruts). Travail d'entrecroisement. Assèchement immédiat, inéluctable, du flux. La première phrase, avec ses étranges relances ("et" x 2), a suffi à épuiser l'essentiel de la perspective. Le lecteur, arrêté par le jeu d'oppositions ("mange" / "offre"), s'interroge. La métaphore ("ventre ciel") semble nous présenter la voûte céleste comme un spectacle issu d'une digestion progressive ("douce", "lente"). La nuit aurait-elle ingéré, avalé, emmagasiné les dernières lueurs du jour (figurées ici par les "fruits") pour les faire resplendir maintenant, comme des joyaux, à travers la totalité du ciel ? La magnifique "pleine étoilée" est aussi, implicitement, "plaine étoilée", double tapis étincelant à la fois céleste et terrestre. Ce spectacle, fantasmagorique, presque cabalistique, instille en l'être le désir de combler d'autres attentes, de franchir la porte d'autres mystères ("La forêt s'ouvre").

"Les lumières se rendent où l'affamé les voit." (René Char)

Merci pour ce partage !

jusqu'à étoilée, je suis.
après, 3 cassures ruptures, c'est trop.

C’est très très bien ! Je ne discuterai même pas la longueur, elle suffit. N’avons-nous pas tous, dans nos poèmes préférés, notre vers préféré que l’on relit sans les autres ? Tout ça pour dire que là, il n’y a que l’essentiel de l’essence, et c’est très bien ainsi.
Dans le fond et dans la forme, ça me fait grandement penser à un passage des Nourritures Terrestres. Ca s’y intégrerait le plus parfaitement du monde. Et Dieu sait si j’aime la finesse, la profondeur, la simplicité, la légèreté de Gide. Félicitations !

C'est fatigant ces poésies modernes qui se croient malines parce qu'elles nous parlent de riens dans des termes de néant. En tout cas j'aime beaucoup l'image de Pussy Cat. Elle montre que l'auteur a de l'humour. Courage !

Moi aussi, je suis las.
Les auberges espagnoles, la frilosité, le sens désenchanté, la langue lourde, la musicalité oubliée...
Ou alors, c'est chagrin, que je suis.
Ou pire.

Je pense que les deux "et" ont une signification, mais je n'arrive pas trop à la cerner.
En tout cas, un court poème qui laisse réfléchir le lecteur sur ces quelques vers.

Pussicat a écrit:La nuit mange ses fruits et,
douce et,
lente,
le ventre ciel nous offre sa pleine étoilée.
Soif.
La forêt s'ouvre.
Faim.

En fait moi ce sont justement les trois dernières ruptures/cassures que je préfère
Le début me semble peut-être un peu convenu (douce et lente surtout)
par contre j'aime beaucoup les images : la nuit mange ses fruits, et la forêt qui s'ouvre, encerclée par soif et faim
bref il y a quelque chose là-dedans qui me plait vraiment bien
j'en reprendrais bien un peu!

Curieux poème que je ne trouve personnellement pas trop court. Un impression intrigante et une sensation d'inachevé qui apparaît plutôt ici pour moi comme une qualité.

Juste un questionnement en deuxième lecture: la plEine étoilée (et non plAine) est-elle volontaire?

Délicat, j'y suis sensible mais je reste un peu sur ma faim.

"sa pleine étoilée" est une expression remarquable !

Bonjour Pussicat,

Selon moi un poème court doit être percutant, dire les choses sans que le lecteur ait cette impression de goût d'inachevé. Et là je trouve votre poème très réussit. Par contre je trouve assez lourd le "ventre ciel".
"Son ventre" tout simplement aurait suffit et aurait été un beau prolongement du "corps" de la nuit qui mange, douce, lente...

Un de mes préférés depuis que je te lis!
J'aime tout, le format, la brièveté (oh, lente fulgurance), l'élasticité...
tout quoi.
Superbe.
Et on y fait son chemin à l'aise, sans être harcelé par les sens obligatoires.
J'adore particulièrement la "pleine étoilée", comme une pleine brassée.
Chacun récolte ce qui lui plaît.

N'exagérons rien : ça fait genre, mais ça ne le fait pas.
Rien de rien ne m'accroche ici.
Contrairement à d'autres fois,
peut-être.
Encore faut-il voir.
En tout cas là c'est vite fait convenu au rabais,
sérieusement.
Non ?

Soyez sûr que je saluerais une vraie envolée de vous, Mister Pussicat.

J'ai lu, a posteriori, le titre comme ce qui pourrait rester, au terme de la lecture. Parce que c'est une assez jolie porte qui s'ouvre. Mais juste une porte*. Un petit grincement harmonieux. Ce qu'il y a ensuite, mystère. Déjà pas mal, parce que certains textes, on a du mal à aller jusqu'au bout (les miens, par exemple...)

* (micro-ondes ou congélo ?)

Merci à chacun de vous pour votre passage, et votre contribution... le temps passé.
Pour le reste, et en détail, je vous donne rdv sur le fil "Discussions...", des oiseaux, une envolée d'oiseaux,
grand merci, .