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Chimie, musique, lycée

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Message  Ento Dim 31 Aoû 2014 - 3:51

Irradiant ainsi qu’une voix de ténor
Une bouche éblouit par de graves débords
Lumière en discours, panaches de science
Orchestre professant avec impatience

Et des ouïes plombées desquelles connaissances
S’émane brillamment la docte quintessence
Quand gravis pavillons, elles versent en or
Changées par le tympan comme dans l’athanor.

Asile originel, clos du jour, insonore
Havre parmi – Îlot ! – maintes incandescences
Je tenais le plus cher dans ton ombre d’aurore

Lorsque vint dans le creux de ma pleine ignorance
Ce midi clair et lourd, immolant, matador
De sa lame savante une autre adolescence…
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Message  jfmoods Dim 31 Aoû 2014 - 16:56

Le champ lexical de la clarté aveuglante éperonne littéralement ce sonnet. L'abondance des hyperboles ("lumière en discours, panaches de science", "docte quintessence", "versent en or"), ornementées de deux diérèses, projette sur l'enseignement et le corps professoral un regard pour le moins amusé (métonymies : "Une bouche éblouit", "Orchestre professant", hyperbole : "ouïes plombées", comparaison : "comme dans l'athanor"). Le champ lexical du son ainsi que le caractère épique de l'expression "gravis pavillons" appuient avec bonheur sur la transmission introuvable du savoir. Dans cet univers à l'étincelante stérilité, le locuteur vit retranché sur ses propres territoires (champ lexical du refuge : "Asile", "clos", "havre", "Îlot") et heureux (superlatif : "le plus cher"), objet d'une douce passivité. L'appel de cieux nouveaux, marqués d'une grande luminosité - celle-ci productive -, transmutera la passivité de ces jeunes années en action, en défi à relever ("matador").

Un cadenassage très mallarméen (mention spéciale pour les tirets accompagnés d'une exclamation) où affleure, mais peut-être n'est-ce là qu'une impression toute personnelle, l'ombre fugace de Maurice Scève ("Quand gravis pavillons").

Merci pour ce partage !
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Message  Jano Mar 2 Sep 2014 - 8:22

Je commence à mieux cerner votre style et, honnêtement, j'ai du mal. Le vocabulaire utilisé, l'agencement des vers, les rimes choisies font que j'y trouve un côté pesant, laborieux, emphatique. Avez-vous essayé de lire ce sonnet à voix haute ? Vous verrez que l'articulation y est difficile, la musicalité des mots entre eux quasi absente. La complexité que vous recherchez, à mon sens, abolit toute fluidité.
Quant au message, autant je comprends les quatrains, autant les tercets me laissent dubitatifs.
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Message  Ento Mar 2 Sep 2014 - 18:58

@jfmoods : Vous avez très bien vu mon intention avec le « cadenassage mallarméen » (après, est-elle, est-elle pas concrétisée…). Je n’ai pas quitté de vue le fameux sonnet en « -yx », dont j’ai repris la rime en « -or ». J’ai voulu une lumière ample, forte, comme elle est chère au poète, avec la façon qu’il a de la mêler aux diverses choses – ici, je l’ai alliée au son. J’ai pensé au si beau « Lys ! » en rejet de l’Après-midi d’un Faune pour créer cet – Îlot ! –. Bien sûr, j’ai recherché le symbole, le sens difficile, caché sous les images. Tout cela fait sans doute un peu trop de « à la façon de… », sans doute ce texte n’est-il qu’un exercice d’imitation déguisé, sans doute... Cette production manque dans tous les cas d’une sérieuse dose de travail, de talent, pour atteindre ses modèles.
(J’avoue ne pas connaître l’œuvre de Maurice Scève…).
@Jano : Pour ce qui concerne le « pesant, laborieux » et peu fluide, je vous le concède dans une certaine mesure ; comme je le disais justement, cela demanderait encore à être poli, fuselé, pour atteindre la légèreté, l’aérodynamisme complexe d’une production mallarméenne. En revanche, je prétends à un minimum de musicalité ; soit nos oreilles sont différentes, ou bien la mienne seule entend mal – c’est possible – mais je ne trouve pas de si évidente difficulté de ce côté-là. J’ai beau m’être prêté à plusieurs lectures à haute voix, sur votre conseil – et quoique je ne sois pas adepte du gueuloir – je n’achoppe pas contre aucune liaison, aucun mot ou vers. Bon, mais c’est peu être mon entraînement… Fruits frais fruits frits, fruits cuits fruits crus… Reste l’emphase, que je revendique. Aura-t-on beau dire que ce qui est excessif est insignifiant, il y a une expressivité dans l’excès. C’est aussi une différence de sensibilité, d’autre manieront plus volontiers la litote… En tous les cas, l’hyperbole n’est prégnante que dans la première strophe et, il me semble, pas tant présente dans les deux tercets. Pour vous éclairer sur le sens : le thème est rien moins que de banal. Passage de « l’inconscience » juvénile à la « conscience » adulte, à l’apprentissage du monde…
Merci à vous deux pour vos commentaires !
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Message  jfmoods Mar 2 Sep 2014 - 20:07

David aime aussi relever ce genre de défi. Je reste admiratif de tentatives comme celles-ci sur le sonnet. Tout cela exige un travail particulièrement aride.

Chapeau bas !
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Message  Jano Mer 3 Sep 2014 - 5:52

Je ne nie pas un travail de fond, intense et productif. Tout ceci reste histoire de goût. Mon commentaire était sans doute trop abrupt.
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Message  isa Ven 5 Sep 2014 - 18:11

Effectivement, d'un point de vue formel il n'y a pas grand chose à reprendre.
Ceci dit, je suis restée assez insensible au contenu: le vocabulaire m'a un peu freinée je crois.
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Message  joe-joe Ven 5 Sep 2014 - 19:38

En gros d'accord avec la dame, d'avant.
Trop de corset(s).
On n'entend pas le cœur, ni le sang qui bat, ni le sexe qui...
Comment dire... les mots, sans doute, nous laissent en coulisse.
Enfin, elle et moi, en tout cas.
J'aimerais que vous lâchiez les bêtes, que ça rugisse, je sens en vous de tempétueuses envolées.
Au plaisir,
le zen'

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Message  Pussicat Ven 5 Sep 2014 - 22:19

J'avoue ma perplexité Ento.
La forme épouse le sonnet en alexandrins ;  le thème, la musique ; le titre - je n'aime pas (ça c'est mon tiret mallarméen à moije).
Quoi de plus facile en poésie de composer une mélodie.
Le problème est qu'il n'y a ni musique ni tempo, et la marche est bancale : douze pieds, 6/6, 5/7, 7/5, 4/8/, 8/4... l'alexandrin se glisse dans n'importe quelle taille de chausse.  
Or ici Ento, tu ne sembles pas très à l'aise.
Le 1er danse sur 11(à moinsse de lire : « i-rra-di-yant ») et son compère « ainsi » lui confère une liaison dissonante, ça commence mal.
Le 3e tourne sur 10 ( à moinsse de lire encore une fois  : « Lu-mi-è-re/liaison avec en…sci-yence »)
Pareil pour le dernier vers de la 1ère strophe : « im-pa-ssi-yence »...

J'avoue mon trouble Ento à commenter un texte écrit avec science et savoir tellement qu'il crève les yeux de ses lecteurs. Je ne vois rien, je n'entends rien... comment se fait-il ? l'or sans doute changé en plomb.
Et la musique, où est la musique ?
Quant à l'adossement mallarméen cité par jfmoods, je le cherche encore...
J'avoue ma perplexité Ento.
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Message  Pussicat Sam 6 Sep 2014 - 19:51

sur les conseils d'une amie intime, très intime, je reviens réviser ma contribution modeste ; j'avoue être passée à côté de l'humour qui se fait un chemin, mais pas seulement... il y a du travail, un gros travail sur la forme, et j'y suis plus sensible après maintes relectures.
cependant, je reste sur mes positions concernant le titre que je ne trouve pas bon (mais sur ce terrain plus nulle que moije ici, difficile de trouver, alors...) et les vers qui dansent sur 10 ou 13 pieds...
sinon quelques mots qui me brouillent l'écoute, ton texte a des vibrations intéressantes.
à bientôt de te re-lire,
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Message  Rebecca Dim 7 Sep 2014 - 5:26

Bonjour j'ai lu que tu n'étais pas d'accord avec Pussicat sur le nombre de pieds de tes alexandrins. Mais euh moi z'aussi je compte des vers de 11 pieds. Me trompé-je ?


Irradiant ainsi qu’une voix de ténor
ok 12 pieds en prononçant irra-di-ant

Une bouche éblouit par de graves débords 12 ( c'est la bouche qui irradie comme une voix de ténor ? comparer une bouche à une voix c'est osé je trouve )


Lumière en discours, panaches de science ici 11 lu-mi-è-re(e)n-dis-cours-pa-na-ches-de-science bon 12 si on prononce sci-ence mais articulé ainsi c'est moche

Orchestre professant avec impatience 11 à moins de dire im-pa-ti-ence ce qui est encore assez moche mais bon c'est peut être ironique

Et des ouïes plombées desquelles connaissances 11 là je ne vois pas où rajouter une syllabe même en adoptant la langue caoutchouc ...ah si...mea culpa on peut dire ou-i
(S’)émane brillamment la docte quintessence 12 (émaner ne fonctionne pas à la forme pronominale me semble-t-il en tout cas pour moi c'est du jamais vu )
Quand gravis pavillons, elles versent en or 12
Changées par le tympan comme dans l’athanor. 12

Asile originel, clos du jour, insonore 12
Havre parmi – Îlot ! – maintes incandescences 12
Je tenais le plus cher dans ton ombre d’aurore 12

Lorsque vint dans le creux de ma pleine ignorance 12
Ce midi clair et lourd, immolant, matador 12
De sa lame savante une autre adolescence…12

Bon ok tes Alex marchent bien sur leurs douze pieds pourvu qu'on se torde bien la bouche pour les articuler et la cervelle pour les assimiler ce qui doit être la règle du jeu sans doute mais je dois être "mal armée" pour en ap-pré-ci-er la flu-i-di-té , la musicalité, et la clarté :-)))
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Message  jfmoods Dim 7 Sep 2014 - 7:22

"Une bouche éblouit par de graves débords"

En vérité, le parti pris d'humour se lit dans l'inexistence de l'enseignant lui-même, de l'aura éventuelle qu'il pourrait exercer sur son auditoire, tout cela au profit de son seul discours, d'un exercice de récitation se jouant comme en dehors de lui et dont le flux lui échappe.

"S’émane brillamment la docte quintessence"

Il existe quelques rares occurrences de la forme pronominale "s'émaner". Le lecteur a l'impression d'être face à un nouveau trait d'humour, comme si ce " s' "  appuyait sur le caractère quasi religieux de la scène.

C'est vrai : la stérilité mise en scène ici constitue aussi un autre élément clé de l'univers mallarméen.
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Message  Frédéric Prunier Lun 8 Sep 2014 - 19:33

je ne suis pas persuadé du sens de ce texte... je veux dire sa conclusion... ce qu'il veut me dire.... etc

par contre,
j'aime sa musique et sa poésie de paroles
et ça

c'est le primordiale

le reste peut toujours se travailler


bravo
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http://www.quai-favieres-antiquites.com

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Message  gaspard Ven 28 Nov 2014 - 8:17

Ce sonnet est l'œuvre d'un poète sonné : ce qui est très bien. Compter les pieds pour l'œil (cette tellement absurde règle sortie d'on ne sait où), et c'est ce qui me plait; L'humour du fatras prétentieux (la poésie n'est-elle pas un fatras prétentieux depuis Malarmée ?) et l'obligation de faire sonner la scansion  pour avoir ses douze pieds (prendre douze fois son pied) :



Irradiant ainsi qu’une voix de ténor
i rat dit an un si cul neud voix deux té nord
Une bouche éblouit par de graves débords
Eue neud boue ché blou hi par deux gras vœux des bords
Lumière en discours, panaches de science
lu mi ère rang dix court, pas na cheu de scie Hans
Orchestre professant avec impatience
Or qu'est-ce tre pro fait sans a ve qu'un pas scie Hans

(etc)

Lu comme ça c'est formidable non ?

On dirait du Queneau.
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