Coude-à-coude
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Coude-à-coude
j'en dis si peu
que les mots se perdent
sans main pour les joindre
ils défaillent du plus intime
37° de braise humaine
s'abritent
sous des ponts détruits
une part de vies se découpe
j'y suis en phrase
là
sur des claies où reposent
quelques émois momifiés
incorporés à petites touches
rongés d'obsèques
le beau resurgit
autant que l'effroyable
l’opaque souvent
au coude-à-coude avec l’éclat
sans table des matières
nos empreintes calcinées
resteront digitales
c'est notre serment
la vie glisse
entre les arcades brisées
au-delà des bastides en ruine
goutte à goutte
ride à ride
je tente d'écrire
bref sans toi
entier
d'indicible sacerdoce
que les mots se perdent
sans main pour les joindre
ils défaillent du plus intime
37° de braise humaine
s'abritent
sous des ponts détruits
une part de vies se découpe
j'y suis en phrase
là
sur des claies où reposent
quelques émois momifiés
incorporés à petites touches
rongés d'obsèques
le beau resurgit
autant que l'effroyable
l’opaque souvent
au coude-à-coude avec l’éclat
sans table des matières
nos empreintes calcinées
resteront digitales
c'est notre serment
la vie glisse
entre les arcades brisées
au-delà des bastides en ruine
goutte à goutte
ride à ride
je tente d'écrire
bref sans toi
entier
d'indicible sacerdoce
Invité- Invité
Re: Coude-à-coude
l'indicible sacerdoce est palpable et bien retranscrit, pudique et sobre.
l'enveloppe musicale, avec ses découpes et ses liants me plait bien.
je ne trouve pas que les mots défaillent, pour le coup.
l'enveloppe musicale, avec ses découpes et ses liants me plait bien.
je ne trouve pas que les mots défaillent, pour le coup.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Coude-à-coude
j'aime bien cette construction qui me permet de penser que le sacerdoce releve vraiment d'un engagement sans failles
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Coude-à-coude
Quelques images magnifiques et une pudeur bienvenue pour ce propos-là.
Vraiment réussi, j'apprécie beaucoup.
Vraiment réussi, j'apprécie beaucoup.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Coude-à-coude
Les pronoms personnels ("j'", "je", "toi") et les adjectifs possessifs au pluriel ("nos", "notre") imposent l'image d'un couple. La périphrase ("37° de braise humaine"), renvoyant au locuteur, suggère au lecteur la flamme lointaine d'un foyer amoureux, foyer dont il s'agit de conserver à toute force en mémoire le champ de luminosité (futur : "empreintes... resteront digitales", nom commun : "serment"). Un jeu d'antithèses ("émois"/"obsèques", "le beau"/"l'effroyable", "l'opaque"/"l'éclat"), assorti d'un comparatif d'égalité ("autant que"), accrédite la violence d'une lutte sans merci portée par le titre et entérinée à l'intérieur du poème lui-même (expression : "Coude-à-coude"). Cette lutte se livre sur des décombres de fortifications ("ponts", "arcades", "bastides"), sur une perte irréparable, comme l'atteste on ne peut plus clairement le champ lexical de la décomposition ("détruits", "momifiés", "rongés", "calcinées", "brisées", "en ruines"). L'écriture ("les mots", "en phrase", "écrire") constitue le biais par lequel, progressivement (gradations : "goutte à goutte", "ride à ride"), chercheront à s'ordonnancer, à se fixer les strates d'une souffrance. Le livre représente le fruit métaphorique (complément de lieu : "sur des claies"), comme émanant du pointillisme d'un peintre (expression : "incorporés à petites touches"), de cette pérégrination d'ordre intime. Cependant, par- delà l'étai balsamique de la plume, l'absence de l'autre demeure une épreuve infiniment douloureuse à traverser (marqueur d'intensité : "si peu/que", verbes pronominaux : "se perdent", "s'abritent", "se découpe", superlatif : "défaillent du plus intime", expression à caractère métaphorique : "entier/d'indicible sacerdoce", gradation anaphorique à distance : "sans main", "sans table des matières", "sans toi").
Le passage le plus bouleversant de ce poème se situe sans nul doute à l'antépénultième vers. Trois mots, doués d'une redoutable incandescence. Je suis "bref", raccourci, comme un arbre dont la cime aurait été soudainement taillée. C'est ta présence qui me grandissait, c'est grâce à toi que je me dressais de toute ma hauteur, de toute ma prestance, vers la vie.
Merci pour ce partage !
Le passage le plus bouleversant de ce poème se situe sans nul doute à l'antépénultième vers. Trois mots, doués d'une redoutable incandescence. Je suis "bref", raccourci, comme un arbre dont la cime aurait été soudainement taillée. C'est ta présence qui me grandissait, c'est grâce à toi que je me dressais de toute ma hauteur, de toute ma prestance, vers la vie.
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
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