films
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jfmoods
Annie
Pussicat
hi wen
seyne
9 participants
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films
Voir des lions attaquer des gens n’est pas sans risque, pas sans brouillage. Ni voir des animaux dans leur coït sous des rires de femmes, ni voir le serpent vomir un chien mort. Tu n’es pas indemne de ce que tu as choisi dans le catalogue. Et ton âme n’est plus cette nappe liquide, qui s’enfonçait toujours sous un ciel nocturne.
Tu ne retrouves plus le geste qu’il avait dans le rêve, de lisser ses cheveux trempés et il n’est plus – n’a pas été – ni dans le passé ni dans un autre pays, ce compagnon muet.
Pourtant le jour naissant fut comme un cocon, où le rêve battait encore, lent, son récit : une plage de l’hémisphère sud, une fête, une nuit longue où errent en groupe ceux que l’amour lâche et serre, une fausse liberté. Trop de cris aigus dans des auto-tamponneuses, tu n’aimais pas ce qu’ils faisaient, le petit vent de dépravation imposée.
Le deuil de tous ceux qui lissent ainsi, d’un geste machinal, leur chevelure en arrière, c’est la couleur de cette nuit, brune et chaude, où s’enfonce la lame presque invisible de la mer. Moiteurs, vagues éclairs au loin, fêtes dépassées.
On voit s’éloigner sans bruit les fauves, dans l’obscurité, renonçant…..
qui commande
ce renoncement au spasme de la lutte, de l’égorgement
ce départ ?
Tout marche de ce pas souple vers sa dissolution, et toi qui cherchais encore à saisir le rêve
tu vois s’éteindre lentement son sens, comme balancement d’une queue qui disparaît
dans l’indifférence.
Tu ne retrouves plus le geste qu’il avait dans le rêve, de lisser ses cheveux trempés et il n’est plus – n’a pas été – ni dans le passé ni dans un autre pays, ce compagnon muet.
Pourtant le jour naissant fut comme un cocon, où le rêve battait encore, lent, son récit : une plage de l’hémisphère sud, une fête, une nuit longue où errent en groupe ceux que l’amour lâche et serre, une fausse liberté. Trop de cris aigus dans des auto-tamponneuses, tu n’aimais pas ce qu’ils faisaient, le petit vent de dépravation imposée.
Le deuil de tous ceux qui lissent ainsi, d’un geste machinal, leur chevelure en arrière, c’est la couleur de cette nuit, brune et chaude, où s’enfonce la lame presque invisible de la mer. Moiteurs, vagues éclairs au loin, fêtes dépassées.
On voit s’éloigner sans bruit les fauves, dans l’obscurité, renonçant…..
qui commande
ce renoncement au spasme de la lutte, de l’égorgement
ce départ ?
Tout marche de ce pas souple vers sa dissolution, et toi qui cherchais encore à saisir le rêve
tu vois s’éteindre lentement son sens, comme balancement d’une queue qui disparaît
dans l’indifférence.
Re: films
c'est beau.
et indéfinissable.
une sorte d'entre-deux, qui part du réel, mais s'arrete avant la conceptualisation ou la métaphore. spiritualisé, comme suspendu à l'état d'esquisse.
et indéfinissable.
une sorte d'entre-deux, qui part du réel, mais s'arrete avant la conceptualisation ou la métaphore. spiritualisé, comme suspendu à l'état d'esquisse.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: films
Beau texte,
que je trouve difficile à fermer, refermer, terminer, comme si tu n'en avais pas assez dit, ou trop.
J'aurais bouclé la boucle à : "ce départ".
J'aime particulièrement ce geste-couleur-odeur qui revient en écho :
"Tu ne retrouves plus le geste qu’il avait dans le rêve, de lisser ses cheveux trempés..."
"Le deuil de tous ceux qui lissent ainsi, d’un geste machinal, leur chevelure en arrière,..."
"c’est la couleur de cette nuit, brune et chaude, où s’enfonce la lame presque invisible de la mer."
très beau !
J'aime !
que je trouve difficile à fermer, refermer, terminer, comme si tu n'en avais pas assez dit, ou trop.
J'aurais bouclé la boucle à : "ce départ".
J'aime particulièrement ce geste-couleur-odeur qui revient en écho :
"Tu ne retrouves plus le geste qu’il avait dans le rêve, de lisser ses cheveux trempés..."
"Le deuil de tous ceux qui lissent ainsi, d’un geste machinal, leur chevelure en arrière,..."
"c’est la couleur de cette nuit, brune et chaude, où s’enfonce la lame presque invisible de la mer."
très beau !
J'aime !
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: films
oui, tu as raison, le dernier paragraphe est comme une porte pour une longue réflexion à poursuivre.
Re: films
Merci, seyne, c'est magnifique.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: films
Le centre névralgique du poème semble se situer dans ce passage où s'articule le glissement entre présent ("est"), passé composé ("a... été"), passé simple ("fut") et imparfait ("battait"). Les négations ("pas sans" x 2, "ni voir" x 2, "n'... pas" x 2, "n'... plus" x 2, "ne plus", "ni... ni", "sans"), relayées par les présentatifs ("ceux que", "tous ceux qui... leur", "c'est", "toi qui... tu") et l'hyperbole ("Tout") appuient sur la sensation d'inéluctable effacement de la perspective. Dans un écho éloigné de quelques phrases où se répondent "nappe liquide" et "mer", "ciel nocturne" et "couleur de cette nuit", l'"âme" tend à se confondre avec "lame", figurant l'image d'une mort symbolique.
Merci pour ce partage !
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: films
Je reste émue par cette subtilité.
Polixène- Nombre de messages : 3295
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: films
Difficile de commenter ce texte, parce qu'il est beau, superbe même. Sur le plan technique, je ne trouve rien à dire, pas du tout spécialiste. L'important est ce qu'il me raconte et il me parle, ô combien oui. Les images du début sont fortes, intéressantes à plus d'un titre et leur originalité me séduit. Merci seyne pour ce bon et beau moment-lecture.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: films
C'est à vomir une rose fauve, avec les épines.
Il est interdit cependant de feuler.
Il est interdit cependant de feuler.
minuit- Nombre de messages : 420
Age : 65
Date d'inscription : 24/05/2014
Re: films
(c'est un compliment qui s'ignore, oui qui s'ignore surtout)
minuit- Nombre de messages : 420
Age : 65
Date d'inscription : 24/05/2014
Re: films
merci à vous tous...vomir, oui, c'est cette sensation-émotion qui est le point de départ du texte, venue après avoir visionné quelques vidéos de youtube, ce genre de vidéo "indignes de soi" dans lesquelles on s'est autorisé à plonger.
Et ce fil a entraîné le souvenir du rêve de la veille, et puis une interrogation sur des positions vertueuses qui nous constituent. Vidéo, rêve nocturne, réflexion, sensation de malaise...de plus en plus j'ai envie de dépeindre cette tapisserie mêlée et changeante qui nous accompagne sans trêve, même la nuit.
Ou pour dire les choses autrement, ce fleuve aux fluides superposés, entre lesquels nous nageons comme des poissons tellement vivants, tellement plus que notre raison.
Et ce fil a entraîné le souvenir du rêve de la veille, et puis une interrogation sur des positions vertueuses qui nous constituent. Vidéo, rêve nocturne, réflexion, sensation de malaise...de plus en plus j'ai envie de dépeindre cette tapisserie mêlée et changeante qui nous accompagne sans trêve, même la nuit.
Ou pour dire les choses autrement, ce fleuve aux fluides superposés, entre lesquels nous nageons comme des poissons tellement vivants, tellement plus que notre raison.
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