Boucans XV
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Boucans XV
…dans la cargaison
je
vous
ai épousée
du premier amour au dernier chagrin
étiré jusqu'à ce jour où vous me lisez
ce dortoir dans un toujours raboté
vous m'avez appris
comment
lorsque tout coule
engendrer
un peu moins
de fureur au monde
et comment
enclaver ma salive
l'épurer
dès sa crête
j'acte, j'aspire
je respire peu
je me suis noyé toujours
seulement là et de paroxysmes
je
vous
ai épousée
du premier amour au dernier chagrin
étiré jusqu'à ce jour où vous me lisez
ce dortoir dans un toujours raboté
vous m'avez appris
comment
lorsque tout coule
engendrer
un peu moins
de fureur au monde
et comment
enclaver ma salive
l'épurer
dès sa crête
j'acte, j'aspire
je respire peu
je me suis noyé toujours
seulement là et de paroxysmes
Invité- Invité
Re: Boucans XV
Un mystère subsiste pour moi , je sens que je n'ai pas la clé de ce texte.
Dans ce que je reçois je préfère la fin . (devenue allergique au mot "amour" en poésie, mais c'est personnel)
Dans ce que je reçois je préfère la fin . (devenue allergique au mot "amour" en poésie, mais c'est personnel)
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Boucans XV
j'apprécie.
paroxysme me gene un peu à la fin, veut rien dire paroxysme.
paroxysme me gene un peu à la fin, veut rien dire paroxysme.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Boucans XV
"Boucans XV" s'inscrit dans un jeu d'intertextualité : celui de la traversée métaphorique d'un désert déjà évoquée, ailleurs, dans "Boucans XVII". L'expression "dans la cargaison" dresse devant le lecteur la perspective d'une vie humaine vouée aux aléas, telle une marchandise stockée dans la cale d'un bateau en partance vers un ailleurs inconnu. Le thème de l'eau se confirme à nouveau comme élément structurant du recueil "Qu'importe". Un double parallélisme ("je vous ai épousée"/"vous m'avez appris", "je suis"/ "de paroxysme de vous") signale une situation d'échange propre à celle d'un couple, mais matérialisant ici le rapport du locuteur à son lectorat, rapport marqué par une indéfectible fidélité de l'un envers l'autre (gradation hyperbolique : "du premier amour au dernier chagrin"). La périphrase ("ce dortoir dans un toujours raboté"), reprenant le groupe nominal ("ce jour"), met en lumière l'aridité d'un rapport au temps cloisonné entre sommeil imposé ("dortoir") et désertion de l'idéal (paradoxe : "un toujours raboté"). Quelques verbes à l'infinitif ("engendrer", "enclaver", "épurer") magnifient l'aspect formateur du travail d 'écriture ("comment" x 2, "appris"), cette capacité à ouvrir un espace poétique qui puisse fixer une haute ligne d'affects (expression : "dès sa crête") afin d'éclairer une perspective. Même si cet apport est largement insuffisant (comparatif d'infériorité : "un peu moins"), il représente un frein à la profusion d'émotions fuyantes (hyperbole : "tout coule"), à la sensation de frustration ("fureur au monde") qui traversent douloureusement l'individu. La périphrase ("ma salive"), qui figure l'écriture du locuteur, traduit bien le fait que les mots remplacent une parole qui ne parvient pas à s'échanger dans un rapport direct avec autrui, qu'elle doit passer par le truchement de la page, par le truchement de l'écrit pour trouver à se dire. C'est bien là que se situe toute la problématique du texte : plongé dans l'écrit, le locuteur est coupé du reste des humains (adverbe exprimant le manque : "je respire peu", autres adverbes marquant une présence inactive : "seulement là"). Écrire consiste à rendre compte ("j'acte"), à se projeter par le texte, tout entier et sans mesure ("paroxysme"), dans un après espéré ("j'aspire"). Ce n'est, en aucune manière, regagner à la nage la terre ferme de l'échange, se tenir debout, dans le temps vécu, en partage avec ses semblables (image exprimant la stagnation : "toujours noyé").
Merci pour ce partage !
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Boucans XV
je n'ai pas lu les boucans d'avant,
mais ce boucan-là, fait du bruit jusque dans le Landerneau
mais ce boucan-là, fait du bruit jusque dans le Landerneau
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
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