Boucans XVII
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Boucans XVII
Planchers de sable.
On ne transpire plus de sueur ni de sel.
L'écoulement est minéral mais socle le corps.
Les grains s'évasent; les pas, l'un après l'autre, stagnent.
Ligneux, de cette transparence grise
qu'ont les visages des morts.
Dans cette pâleur escarpée,
il faut s'imprégner du temps de l'arbre
sous cinquante degrés.
Ténu, on oscille
entre hébétude et raidissement de pierre.
Les vents décharnent tout sous cette chaleur.
Ici, l'eau s'étouffe dans les manches.
On pourrait croire alors que les racines respirent.
On pourrait croire encore être hors de ce monde,
d'une conscience alcaline de plus en plus dense et fine, aigüe.
Dans le désert, j'éprouve, la nuit, ce qu'inflige le souffle du gel,
à celui qui jappe, le torse nu.
Le plancher déraille
ce ne sont que des dunes.
Je sens ce sable qui bouge
sans que se meuve une idée dont je serais l'auteur.
L'aride à découvert, s'applique,
encordé à je sais quel attachement.
Broie bientôt, c'est probable.
Je sais survivre à ces nuits.
Je sais; ces masses de sable pulvérisent.
Consument, sans fracas.
On pourrait vivre au désert.
Si l'on savait quand boire ces cendres
et comment, sans en mourir.
On ne transpire plus de sueur ni de sel.
L'écoulement est minéral mais socle le corps.
Les grains s'évasent; les pas, l'un après l'autre, stagnent.
Ligneux, de cette transparence grise
qu'ont les visages des morts.
Dans cette pâleur escarpée,
il faut s'imprégner du temps de l'arbre
sous cinquante degrés.
Ténu, on oscille
entre hébétude et raidissement de pierre.
Les vents décharnent tout sous cette chaleur.
Ici, l'eau s'étouffe dans les manches.
On pourrait croire alors que les racines respirent.
On pourrait croire encore être hors de ce monde,
d'une conscience alcaline de plus en plus dense et fine, aigüe.
Dans le désert, j'éprouve, la nuit, ce qu'inflige le souffle du gel,
à celui qui jappe, le torse nu.
Le plancher déraille
ce ne sont que des dunes.
Je sens ce sable qui bouge
sans que se meuve une idée dont je serais l'auteur.
L'aride à découvert, s'applique,
encordé à je sais quel attachement.
Broie bientôt, c'est probable.
Je sais survivre à ces nuits.
Je sais; ces masses de sable pulvérisent.
Consument, sans fracas.
On pourrait vivre au désert.
Si l'on savait quand boire ces cendres
et comment, sans en mourir.
Invité- Invité
Re: Boucans XVII
Portée par les formes négatives ("ne... plus... ni", "ne... que", "sans que", "sans" x 2), l'image d'un extrême dénuement (champ lexical de la sécheresse : "pâleur escarpée", "chaleur", "décharne", "sous cinquante degrés", "ténu", "s'étouffe", "L'aride"), doublé d'une dépossession de l'âme (comparaison : "de cette transparence grise qu'ont les visages des morts", désignation d'une alternative rien moins que tétanisée : "entre hébétude et raidissement de pierre") enserre le poème. Le jeu des modalisations ("Il faut", "On pourrait" x 3, "Si l'on savait", "je sais" x 3) met en exergue le combat du locuteur à travers un désert affectif métaphorique dont l'oasis ("l'eau") s'est dissipée comme s'évanouiraient les contours d'un mirage. Dix-sept jours ? Dix-sept semaines ? Dix-sept mois ? Le décompte ne cessera-t-il donc jamais ! Personnelle ("je"), l'expérience a valeur universelle ("on"). Le regard est marqué par la volonté de mise à distance des démonstratifs ("cette transparence grise", "cette pâleur escarpée", "cette chaleur", "ce monde", "ce sable", "ces nuits", "ces masses de sable", "ces cendres"). Quelques verbes pronominaux ("s'évasent", "s'imprégner", "s'étouffe", "se meuve", "s'applique") tendent à illustrer une forme de cloisonnement de la perspective. L'hyperbole ("tout"), la gradation ("dense, fine, aiguë") et le présentatif ("ce qu'inflige... à celui") matérialisent le joug d'une poignante torture. La nuit se présente forcément comme le champ de force le plus lourd à déminer, car c'est bien ici que les fantasmagories les plus obsédantes vous traquent impitoyablement. La position allongée, légèrement enfoncée sur un matelas, favorise, peut-être, à sa manière, le surgissement de cette image de l'ensablement. La métaphore à caractère paradoxal ("plancher de sable") et les personnifications signalant une forme de délire ("les racines respirent", "le plancher déraille") amplifient cette lecture. Le processus d'animalisation ("celui qui jappe") met en exergue un locuteur (vous me pardonnerez ce jeu de mots)... aux abois. L'antithèse ("L'écoulement est minéral mais socle le corps"), le paradoxe ("les pas, l'un après l'autre, stagnent") ainsi que le parallélisme ("ce sable qui bouge / sans que se meuve une idée") manifestent la présence d'un fossé incommensurable entre corps en errance du lieu, de la figuration d'une nouvelle utopie, et esprit enclavé, emmuré dans l'ancienne. Trois verbes emplis de radicalité ("Broie", "pulvérisent", "consument") impriment un mouvement implacable de destruction, d'anéantissement. La métonymie ("boire ces cendres") ainsi que trois verbes à l'infinitif ("survivre", "vivre", "mourir") manifestent la violence vitale de l'enjeu porté par l'ensemble du texte : passer, coûte que coûte, dans le temps libérateur de l'après.
Merci pour ce partage !
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jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Boucans XVII
quand la nuit enveloppe cet horizon infini
Donnant le signal à son imaginaire, qui luit
Des senteurs perdurent, venant alors s’inviter
Accompagnant pour des instants, une extase épurée
j'ai apprécié merci du partage
Donnant le signal à son imaginaire, qui luit
Des senteurs perdurent, venant alors s’inviter
Accompagnant pour des instants, une extase épurée
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So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Boucans XVII
Vraiment très beau. J'ai eu un peu peur au début de tomber sur une poésie un peu trop conceptuelle, aux images trop complexes pour marquer... et puis non, il y a une alchimie entre pensée et sens... qui fait sens justement. Et le rythme est très bon aussi.
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