411 (solo)

Bonjour à tous. Longtemps que je n'étais pas venu ici. Ne voulais revenir qu'avec une vraie nouveauté.
En voici une, en mode... rap. Mon nouveau dada et ici mon premier "vrai" solo. Je le soumets à votre jugement.
La bise.

Yoni "411" Wolf

j'adhère, sur la tête de ma mère
la vérité, cette pute qui pousse a faire
soi-disant le bonheur sur cette terre

j'aime bcp paroles flow musique

Ouuuuauahhh !!! un revenant... salut Yoni ! comme ça fait du bien de te lire à nouveau... enfin de t'entendre, mais tu nous as déjà habitué à tes poétiques notes, ces petites bulles poético-musicales qui nous secouaient tous, tellement plus fort qu'le Schweppes.
Mais là je suis un peu déçue... j'en viens même à me demander si je préfère pas écouter le vrai Yoni Wolf made in USA... tu vois un peu dans quelle position tu me mets ? mal à l'aise quoi.
Je n'entends pas beaucoup d'originalité dans ton titre, je ne vois pas en quoi il se démarque des autres raps français que chacun peut écouter, et j'enfoncerai même le clou en t'avouant que le fil musical et ton flow semblent appartenir au passé... comme du déjà entendu.
Où peut-on lire les paroles Yoni ?
Sans rancunes... je t'embrasse... gros bisous

Yep, salut les mecs (et les cat), oui, ça faisait longtemps, une masse énorme de voies artistiques en tout genre ces derniers temps, dont le rap.
J'ai un peu kidnappé le truc car j'ai eu la chance de tomber sur un vrai rappeur "underground", du coup depuis trois mois que je fais du rap, j'ai déjà enregistré 4 tritres en featuring, + ce premier solo. Alors oui, c'est tout frais, et je peux comprendre ta réserve, Pussicat. Maintenant, je me rends compte que rappés, les mots peuvent avoir un réel impact sur les djeunes, ou, plus globalement, pour des gens qui ne liront pas ou peu de poésie. Du coup je pense que c'est cela le plus excitant, savoir que je suis d'ors et déjà "adopté" par un collectif, et que je pourrai peut-être, après, en mener certains vers la poésie "écrite".

Sinon, pour aller voir mon travail plus écrit, tu peux aller jeter un oeil sur mon blog, 114411.hautetfort.com

Pour le texte, le voici, avec quelques vers en plus.




J'débarque dans l'rap game
pour plus jamais y retourner
j'débarque avec mes guêtres sales
avec un flow de détraqué

j'écris la vie j'écris l'époque
comme on cri sans équivoque
et oui ça vient du ventre et oui ça pue l'fenec

ça dégage les trous du culs
ça cultive et puis ça tue
comme un air de déjà-vu
comme un relent d'absolu

et si j'insulte
c'est juste pour en jouir
après
j'exulte
exprès
à l'idée de vous éch
happer

j'écris avec la gueule qui foire des histoires de gloires passées
d'écartelés d'aristo d'caniveau d'vauriens d'assistés exemplaires

je parle de tous ceux-là
qui ne savent pas plaire
et qui n'ont pas le pouvoir
ou ne savent pas s'en servir

qui sont en pleine misère comme à l'école des baffes
qui s'inventent la rage dès leur plus jeune âge
ont la lèvre retroussée comme un chien qui bave
la tendresse a ses raisons que le béton ne connait pas

et d'un quotidien creux j'déballe des cirrhoses à tout vas
vieille femmes qui fouille dans l'cendrier pour y chercher de quoi s'tuer
de quoi s'occuper les bronches j'parle
de la tronche

du mec
qui voit
en bleu
des yeux
rieurs
des fous
furieux
d'la p'tite fille qui rêve de bouffer ses parent avec les yeux


j'parle de rien j'pars de l'extrême
de la crème de la crème de la crème du désaxé
du bon cassos cassé qui rêve et qui encaisse
comme un zola'luciné vomissant toute sagesse

j'déoupe l'ivresse comme un Céline branleur
comme un balzac en baggie
j'écris ma human comedy
mon trip au bout de l'ennui
mon germinal adolescent

les confessions d'un siècle d'enfants
rêvant d'une vérité cachée
et de ces kidnappeurs d'histoire
qui réfut'raient le soleil

essais d'faf mamam FN fracture ouverte infamie nette d’impôt
une armée droguée au popo
qui ne demande qu'à prendre des tartes

et qui s'enferment dans le je
jusqu'à ne plus savoir quoi faire
jusqu'à partir à la guerre
pour y trouver quelques repères

jusqu'à crever pour une cause
qu'ils ne connaissent pas
on ne guérit pas le monde ma gueule
avec la haine raciale

alors quoi? la dissidence tu dis?
laisse-moi rigoler doucement
on ne pense pas librement quand on suit aveuglément

la vérité en ce moment
est une arme de destruction massive
voilà pouquoi j'm'insurge
aussi bien contre l'état
que face aux insurgés

la France en ce moment c'est pas un jeu
le rap n'est pas un jeu
crier n'est pas un jeu
la vérité n'est pas un jeu
la conscience n'est pas une parodie d'révolte
et c'est pas parce qu'on ose dire je
qu'on a quelque chose à dire ensuite

alors rallume ta télé
c'est pas plus con qu'internet
va vivre avec des poules
et renie toute conscience

vivre caché aujourd'hui
c'est ça la dissidence

Et bien tu vois, j'en viens presque à apprécier le texte brute sans musique, il me parle plus que rappé, c'est étrange...
Connais-tu Singes Chomés alias Denis Scheubel ? il vient de sortir un album un peu ovni entre rock crise de nerfs, poésie écrite à coups de lames de rasoir, style dans l'urgence, et il parle tu vois, il ne chante pas, il a ce flow parlé-chanté... c'est un coup de coeur. Bon la référence à Bashung lui colle encore à la peau mais il va muer pour se métamorphoser en singe chromé. Il peint, dessine et sculpte aussi... mais entrer en musique à 50 balais, faut oser.

J'ai bien kiffé !!

A lire le texte sans la musique, j'ai trouvé ça bon sans plus,
Une fois avec la vidéo, ça prend toute sa dimension, j'aime beaucoup ton côté oldschool dans ta façon de posé, c'est pas ringard, et ta prod est vraiment bien, j'adore ta prod, elle colle tout à fait au texte et à ta voix, ça m'a presque fait penser à l'univers de Stupeflip d'ailleurs.

Je partage !

Bonjour Yoni,

je suis allé voir votre blog, et suis revenu réjoui par cet ilôt de vigueur sensible au milieu de la toile.
Il vaut assurément le détour, et j'y reviendrai pour en suivre l'évolution.

Pour ce qui est de ce solo je prends le tout en bloc tel qu'il est, c'est à dire le texte sur la musique, autrement ça n'aurait pas de sens, justement :

je prends le tout en bloc, même les passages du texte que je n'ai pas vraiment saisi, et ceux que j'ai moins apprécié que d'autres,
parce que le rap permet d'exprimer précisément dans le brut un angle de vue très personnel, intime.

Le résultat de ce début, je le trouve plutôt positif.
Mais je pense que vous pouvez oser aller plus loin et affiner encore le texte, en affirmant ou confirmant votre style :
ce n'est pas parce que c'est du rap qu'il faut vous éloigner de la poésie qui est vôtre et opter pour quelque facilité convenue, si j'en crois ce que j'ai lu de vous sur le blog, et qui est abouti.

Vous n'osez pas encore totalement, parce que vous débarquez en terrain nouveau ?
Des bribes de ce solo me semblent émoussées, par rapport au potentiel du tout.

Étonnant que vous parliez de djeunes, alors que vous n'êtes pas si vieux...

En résumé, le texte est un peu faible comparé à la force qu'il pourrait dégager.
J'ai aimé entre autres
le Balzac en Baggie, le Germinal adolescent,
les confessions d'un siècle d'enfants rêvant d'une vérité cachée,
on ne guérit pas le monde ma gueule
avec la haine raciale,

et surtout surtout, j'adhère à :

vivre caché aujourd'hui
c'est ça la dissidence

Bonne continuation.

minuit a écrit:je prends le tout en bloc, même les passages du texte que je n'ai pas vraiment saisi, et ceux que j'ai moins apprécié que d'autres,
parce que le rap permet d'exprimer précisément dans le brut un angle de vue très personnel, intime.

En d'autres termes, puisque le rap est une occasion de sortir ce qu'on a dans les tripes, ça ne se chipote pas. Par contre on peut le préciser, ou l'acérer.
Justement c'est fait pour ça, sans empêcher pour autant que cela parle à d'autres.

Piair: Je ne sais pas si ça y ressemble, mais en tout cas sache que je suis un fanatique du Stup. Mon dernier recueil est d'ailleurs, en partie, dédié à King Ju. Pour moi ils représentent un putain de kidnapping par le talent, un modèle d'intégrité artistique, un hymne à l'underground, et un vrai questionnement philosophique, allié bien sûr à des instrus qui tabassent.
Maintenant, je ne pense pas forcément que ce que je fais y ressemble. Rien ne ressemble à Stupéflip !
Mais je suis content que tu le mentionne. Pour le flow à "l'ancienne", eh bien c'est vrai, mais je pose également sur des trucs bien crunk , et c'est un autre travail, peut-être encore plus passionnant, sur la rime riche, voire "grasse" puisqu'en se démerdant bien on peut jouer sur un même son pendant tout un 16... alors c'est l'écriture qui est mise en avant. Si je ne me trompe pas, toutes les rimes d'Orelsan sont des rimes riches.
Et je suis persuadé que le hip-hop va aller de plus en plus vers la poésie. Pas forcément celle qu'on connait, mais une autre, avec des fautes, avec des tripes, et qui naîtra peut-être du son en lui-même, et non du sens. Mais bon... Ca reste une théorie. (Oxmo qui récite Alice au pays des Merveilles: c'est pas formidable !?)

minuit: Merci à toi, de me faire part de ton plaisir à la lecture de mon blog. C'est pas fréquent qu'on me le dise et ça fait du bien. Pour ce qui est du rap, oui, je pense que je vais évoluer vers une écriture plus "poétique", quoiqu'il faudrait encore définir ce qui est poétiquement "intéressant", mais c'est une autre chose, et j'ai pigé ce que tu voulais dire. Comme je le disais à Piair, le travail d'écriture hip-hop est une science, et à moi, dans ma position de poète papier "qui s'est mis au rap" (et non l'inverse), il m'apparaît comme un nouveau champ d’expérience, et je balbutie humblement, même si beaucoup s’enthousiasment. Et au final, je n'essaie pas non plus de perdre de vue que le rap est à la base une écriture du réel, ayant besoin d'images fortes, de faits, de corps. Le personnage est souvent parfois au centre de l'oeuvre, et cela même chez des mecs comme le Klub des Loosers, ou TTC, ou toute la scène alternative au rap "ghetto", qui explorait des voies nouvelles, beaucoup plus surréalistes. Eh bien même chez eux les "codes" restent. Du coup, je tente de faire un aller-retour constant entre factuel, poétique, message et image. Je n'écrirais pas du rap comme j'écris ma poésie, j'y ai pensé beaucoup, et j'en conclue que ce sont deux travaux différents. Et parfois j'en tremble de laisser une phrase mal écrite, bancale poétiquement parlant, mais qui sonnera au micro. Je te jure c'est l'horreur ! J'ai un grand frisson lorsque je rajoute une syllabe à un alexandrin !
En tout cas oui, je vais évoluer, et vais sans doute un peu bousculer les "règles de l'art", en fait c'est sûr même, je reste un travailleur de la langue, un enragé de la métaphore. Mais aujourd'hui j'ai des couilles, et tente l'egotrip littéraire.

Bref. Merci.

De rien.

Et tant mieux si vous avez "pigé" ce que je voulais dire, car ce n'est pas si évident à transcrire de manière exacte.
De mon côté j'ai aussi compris votre objectif, par le biais de ce que vous en dites juste là, au-dessus.

En somme, l'essentiel est de ne pas s'y perdre, ne pas perdre l'origine. Sa propre origine.
Maintenir en équilibre une juste balance entre ces dimensions à la fois différentes et communicantes, vers lesquelles on est attiré.

Je pense que nous pouvons être d'accord là-dessus, même si être forcément d'accord sur tout n'est pas le but, évidemment.

Votre "L'amour fou" m'a beaucoup plu...
Sincèrement, continuez,
c'est du bon, ça !

Les deux en parallèle, hop-hop !
;-))

je reviens sur " vivre caché aujourd'hui, c'est çà la dissidence " peut on dire alors que le silence est une forme de dissidence

Mais vivre caché n'est pas pour autant assimilable au silence !

Attention à ne pas déplacer les sujets,
mais c'est à Yoni surtout de voir ce qu'il en pense, lui.

C'est son fil, après tout.
Il en reste maître,
là je dis juste ce que j'en pense moi.

je suis d'accord vivre caché n'est pas pour autant assimilable au silence !

mais vivre en silence

j'ai visité ton blog, t'as plusieurs cordes a ton arc l'artiste
bravo

Oui, je pense que dans cette époque du I am what I am, de l'exaltation du moi qu'on peut lire même sur les tee-shirts, je pense que vivre caché, qu'avoir le courage de "vivre en silence" est la plus grande forme de Dissidence. Car même les renégats, les marginaux, font partie des statistique. Le capitalisme est ainsi fait: il entretient le désir, la dépendance, et il récupère tout, et joue justement sur l'individualisme et la quête d'affirmation de chacun. Mettez une théière orange parmie 10 théières blanches, tout le monde choisira l'orange en se sentant unique, jusqu'à ce que toutes les théières soient oranges.

Je copierai juste ici un poème de Bukowski qui, moi, me bouleverse au plus haut point.


POEME POUR UNE VIEILLE FEMME AUX DENT GÂTÉES

je connais une femme
qui continue à acheter des puzzles
chinois
des casses têtes
avec des poulies
des fils
qui finalement s’ajustent
dans un ordre prévisible.
elle y parvient
mathématiquement
elle résout tous ses
puzzles
elle vit près de la mer
elle donne du sucre aux fourmis
et croit
en dernier instance
en un monde meilleur.
ses cheveux sont blancs
elle les peigne rarement
ses dents sont gâtées
et elle porte des choses informes
qui couvrent un corps que beaucoup
de femmes auraient bien voulu avoir.
durant de nombreuses années
elle m’a irrité
avec ce que je considérais être
des excentricités -
comme tremper des coquilles
d’oeufs dans l’eau
(pour donner du calcium aux plantes)
mais finalement quand je pense à sa
vie
et que je la compare à d’autres vies
plus éblouissantes, plus originales
et plus belles
je réalise qu’elle a blessé
moins de gens que
n’importe qui de ma connaissance
(et par blesser je veux simplement
dire blesser).
elle a traversé des périodes terribles,
où j’aurais peut-être dû l’aider
beaucoup plus
car elle est la mère de mon
seul enfant
et jadis nous avons été très amoureux
l’un de l’autre,
mais elle a passé à travers toute seule
comme je l’ai dit
elle a blessé moins de gens que
n’importe qui de ma connaissance,
et si vous prenez ça en considération,
eh bien,
elle a créé un monde meilleur
elle a gagné.

C. Bukowski

oui.
oui, oui !

Et alors enfin voilà que tout à la fois je doute à fond de vous,
tout autant que je suis d'accord.

Bref,
silence.

C'est le mieux.
Pfff...!

J'en ai oublié quelques majuscules,
mais on s'en fiche, d'ailleurs !

(Bon.
Je pars de ce fil,
content mais énervé.

Je préfère que ce soit à cause de Bukowski,
car franchement, il y a pire !)

moi je ne suis pas énervé , simplement heureux de lire des textes que je ressens

Et alors,
si le silence prime sur tout,
expliquez-moi ce qu'on fait à parler ici,
disant que le silence est le mieux.

Ce n'est pas plus absurde ?

Si le silence est le mieux,
est-ce que cela se dit ?

derrière l'écran on n'entend rien, c'est un silence virtuel, comme une vie en apesanteur, le son est cliquetis

Non mais je parle à Yoni, là...

So :
Back !

Yoni Wolf a écrit:Mettez une théière orange parmie 10 théières blanches, tout le monde choisira l'orange en se sentant unique, jusqu'à ce que toutes les théières soient oranges.

moi pas comprendre. en quoi l'existence de plusieurs théières oranges pose problème?