L'ouverture
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L'ouverture
Imagine c'est le jour c'est plein jour
Cela faisait longtemps un si long temps mon frère
nous sortions tous les deux main dans la main riant
et nos yeux grands ouverts sous le ciel de midi
quatre billes de verre étorchées de lumière
la lumière éclatait en plein jour en midi
Et nos yeux grands ouverts sous le ciel de midi
Et ses reflets sur l'eau gelée de la rivière
et ses reflets criants en éclats éblouis
l'éperon d'or cinglant giclé de fleurs d'hiver
nous tirait de ces larmes ces lames cristaux
ces larmes de glace d'où naissent les couteaux
Imagine c'est le jour c'est plein jour
Pourquoi ?
imagine c'est le jour c'est plein jour c'est comme ça
C'est comme ça c'est ainsi
et nous rirons mon frère et nous rirons encore
les yeux pleurant de joie fleurissant de mil feux
les futurs champs de guerre que nos pères ont nourris
enchristés de gloriole
enterrés sous les poutres
sous la foudre et le foutre
sous les pluies alchimistes d'épais brouillards de nuit
sous les épées feulantes au dessus de leurs têtes auréolées bénies
Imagine c'est le jour c'est plein jour c'est plein jour
imagine c'est le jour c'est le jour qui se lève.
Cela faisait longtemps un si long temps mon frère
nous sortions tous les deux main dans la main riant
et nos yeux grands ouverts sous le ciel de midi
quatre billes de verre étorchées de lumière
la lumière éclatait en plein jour en midi
Et nos yeux grands ouverts sous le ciel de midi
Et ses reflets sur l'eau gelée de la rivière
et ses reflets criants en éclats éblouis
l'éperon d'or cinglant giclé de fleurs d'hiver
nous tirait de ces larmes ces lames cristaux
ces larmes de glace d'où naissent les couteaux
Imagine c'est le jour c'est plein jour
Pourquoi ?
imagine c'est le jour c'est plein jour c'est comme ça
C'est comme ça c'est ainsi
et nous rirons mon frère et nous rirons encore
les yeux pleurant de joie fleurissant de mil feux
les futurs champs de guerre que nos pères ont nourris
enchristés de gloriole
enterrés sous les poutres
sous la foudre et le foutre
sous les pluies alchimistes d'épais brouillards de nuit
sous les épées feulantes au dessus de leurs têtes auréolées bénies
Imagine c'est le jour c'est plein jour c'est plein jour
imagine c'est le jour c'est le jour qui se lève.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: L'ouverture
pussicat a écrit:C'est comme ça c'est ainsi
et nous rirons mon frère et nous rirons encore
les yeux pleurant de joie fleurissant de mil feux
les futurs champs de guerre que nos pères ont nourris
enchristés de gloriole
enterrés sous les poutres
sous la foudre et le foutre
sous les pluies alchimistes d'épais brouillards de nuit
sous les épées feulantes au dessus de leurs têtes auréolées bénies
ce passage est superbe, en fermant les yeux j'imagine l'endroit, j'attend l'aurore, comme on attend l'espoir de vivre un jour de plus
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: L'ouverture
Ayayah ! Passez-moi l’expression, mais ça envoie du lourd ! Que j’aime cette écriture virile et furieuse, lexicalement hypertrophiée, métaphorique à l’extrême ! C’est de la vraie écriture artiste, et c’est assez rare au 21e siècle. Sur le sens, tout est clair dans la première moitié, je suis moins sûr pour la seconde, mais, ô paradoxe, c’est aussi celle que je préfère, avec Rêvelin. Un grand bravo à vous, Pussicat, voilà un travail qui mériterait bien des superlatifs.
PS : pourriez-vous m’éclairer sur le sens de « étorché » ? Google ne connaît pas beaucoup d’occurrences, les dictionnaires aucune... Je suppose un « écorché » assorti d’une nuance, mais laquelle ? Ou simple jeu de mots avec "torche"?
PS : pourriez-vous m’éclairer sur le sens de « étorché » ? Google ne connaît pas beaucoup d’occurrences, les dictionnaires aucune... Je suppose un « écorché » assorti d’une nuance, mais laquelle ? Ou simple jeu de mots avec "torche"?
Ento- Nombre de messages : 103
Age : 32
Date d'inscription : 08/06/2009
Re: L'ouverture
Rectification : avec So-Back*. Ca m'apprendra à me fier aux seuls avatars...
Ento- Nombre de messages : 103
Age : 32
Date d'inscription : 08/06/2009
Re: L'ouverture
merci pour le com'Ento a écrit:PS : pourriez-vous m’éclairer sur le sens de « étorché » ? Google ne connaît pas beaucoup d’occurrences, les dictionnaires aucune... Je suppose un « écorché » assorti d’une nuance, mais laquelle ? Ou simple jeu de mots avec "torche"?
rdv sur le fil "Discussions autour de nos textes",
cela fait un peu vieille école mais...
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: L'ouverture
L'anaphore qui jalonne le poème (« Imagine c'est le jour c'est plein jour ») fait office de refrain au surgissement inévitable de la tragédie. Derrière une entame marquée par l'entente (champ lexical de la complicité : « mon frère », « main dans la main », « riant »), une ombre vaguement inquiétante, menaçante, se profile déjà par le biais de la périphrase désignant les yeux (« quatre billes de verre »). La clarté est vive (champ lexical : « yeux grands ouverts » x 2, « ciel de midi » x 2, « lumière » x 2, « en plein jour »), trop sans doute, comme le manifeste un verbe à l'imparfait, porteur d'excès (« éclatait »). À ce stade, c'est un peu comme si les éléments du décor, éléments naturels, entraient en coalition contre l'homme. Les « reflets » constituent le point de jonction entre le soleil (que suggère le « ciel de midi ») et « l'eau gelée ». Immédiatement, l'éblouissement surgit, provoquant un aveuglement. Une violence se met en branle (champ lexical : « criants », « éperon », « cinglant », « giclé », « lames », « cristaux », « couteaux »). C'est comme si le ciel, devant tant de bonheur humain, sevré depuis trop longtemps d'hécatombes, réclamait soudain sa part de sacrifice, de sang à verser. Deux métaphores (« fleurs d'hiver » et « larmes de glace ») matérialisent ce bouleversement mortifère dans le rapport de l'individu à son semblable. Comment se fait-il que celui qui fut mon camarade de jeu devienne soudain, en un instant, l'ennemi irréductible à détruire ? Hélas, seul un dérisoire constat fera office d'explication (« c'est comme ça c'est ainsi»). La vie humaine se fonde, s'institue sur les termes d'un paradoxe. Dans la dernière partie du poème, les assonances en « an » ( « encore », « pleurant », « fleurissant » « champs », « enchristés », « enterrés ») et en « ou » (« nourri », « sous » x 4, « poutres », « foudre », « foutre », « brouillards ») appuient sur cette douleur profonde, née du tragique inhérent à la destinée humaine. Le « foutre » qui produit se présente comme l'exact pendant de la « foudre » qui détruit. « L'ouverture » du titre semble bien désigner le surgissement, la béance spasmodique des ténèbres au coeur même de l'harmonie la plus douce.
Merci pour ce partage !
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
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