La martelière
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La martelière
effluves
ressacs ?
ressacs ?
seul
dans ces peines
illuminées subitement
un temps submergé
de joie
depuis
coulis d'hébétude
ce provisoire
***
corps grincé
j'écris
tu
quarante ans
maquillé
puis
désertique
***
un jour
l'eau
avait envahi
les arbres
absorbé la mort dans les souches
imprégné l'oubli
perché sur mes épaules
mais le mutisme est revenu
ses gravures de rides
ses feuilles sans envolée
encore fallait-il
pleurer des semences
se prolonger
mais
vous aviez le goût des franges
l'odeur égoïste de l'esprit
et de ce qui s'y découvre
j'écrivais
"puisse le sable ne pas s'imbiber de toute l'eau de mer !"
***
ensuite
l'aube avide
s'est levée
hélée entre les orages
ensuite
ce fut tout ce ciel
plissé de hoquets
ce n'est plus
que
ce que je voyais
qui était
et que
pourtant
j'avais vécu
en vain
toute prière délivrée
la hâte fut trop lente
pas auprès de chaque pas
attentif à vouloir
épurer le parcours
vérité sévère
qui ausculte
***
mains jointes dans les tessons
***
vie
ne nous délivre pas du mal
ne nous empêche pas de saigner
ne nous délie jamais
de ce majuscule amour
***
toutes prières répétées
toutes prières délavées
***
Boucan VIII
alors
lèvres rogues dans l'incendie
je t'ai écrit
des paroles blanchies
une gerçure de nacre
par toi
m'arrachait de l'infect au loin
***
oui
dans l'aube avide encore
il reste
une lampe qui distille du miel
ruisselle sur l'incertain
s'écorche sur les flancs des murs
***
comme l'eau chante
au long de son lit
vous aviez votre vie
j'y ai noyé la mienne
***
d'un côté ou de l'autre
des portes
subsiste de l'espoir
il me répugne
il est sans toi
***
Caminando
sans chuintement
entre les gobelets de grenache
et les schistes
père goutta la rouille des ardoises
je fus émerveillé
de lui offrir ce moment
nous apprîmes sans palissade
que nous ne nous parlerions
jamais
en la même langue
nos regards ne s'exprimèrent
qu'à la dérobade
je ne l'ai pas vu mourir
que lui dire aujourd'hui ?
ainsi soit-il
separados para siempre
***
Boucan XX
Ghazal
mon aimée
le goudron hors sable
engluait l'air
le vent étouffait tout
je gravis un torrent à sec
et jouis de la chaleur
à ma guise effrénée
de toute ma peau mal aimée
***
l'hirsute ravage de ce pays
c'est s'agglutiner
aux génériques d'autres itinéraires
tous cependant d'ocre et de brûlure
m'entends-tu
inerte
je ne cesserai jamais de suer
le silence est torride
un butin sans salive
toi seule
***
c’était donc cela la cime
***
assis quelque part
au poste
sur les veines mauves
de pierres
que fige encore
l'effroi
de la naissance de l'univers
***
que non
je termine de force
reclus
dans une immensité qui me démange
***
j'avais osé croire
en l'œil obnubilé
là où se palpent
des roches attendries
***
j'avais osé
du bout des doigts
langue
sous la main
ouvrir ta source de plaisir
ta beauté habile
ta force
jamais captive
***
j'avais osé
cœur sans scaphandre
gorgé d'ébloui
enchâsser ton image
survivre
de la chair aux reliques
***
et l'inverse
plus tard
***
je n'ai pas échoué
mais les entraves
persistent
je le sais
du bout du monde
et des orages
***
comme si
j'avais pu écrire le silence!
corseter l'eau !
sans traire le sang
de l'être nu
alors
***
Sur l'estrade
blesse-moi blessure
rétrécis le chaos de son absence
deviens pulpe aiguë
en joignant mes actes
aux pensées que je lui adresse
puisqu'elle me manque toujours
blessure d'elle
dans ta linéaire permanence
ton bleu peut devenir si triste
selon le regard
et le poids du souffle qui me supporte
je suis passé dans ce poème
pour qu'elle me manque toujours
blessure
d'une ardeur sans réticence
je suis dans les marches
phalanges souillées
vers celle que j'ai choisi pour ciel
***
elle me manquera toujours
attachante
émouvante
à l'abri du charme
fleurie aux gencives de l'herbe
verte mousse des autels
les cierges aux mains de lumière
n'ont pas vacillé
sur nos déjà très anciennes archives
mémoire d'étoile
précise grammatique
artisane du geste doux
toi
épitaphe au-dessus des berceaux
1974
***
sous la peau
l'eau s'écoulait sans sommeil
irriguant le subconscient des hommes
tout ce que je sentais
est dans ce néant de textes
sans clientèle
***
distance
on arrivera à la mer
plus loin ce sera l'océan
plus loin
l'espace
hanté
et notre disparition
une parole intime
veillera sur ce que nous ne serons pas devenus
je la tais
mais ce n'est qu'une infime mesure
***
être certes
pour un moment
et quelqu'un
dans la forge
des gouttes à gouttes
impassibles
et des choses qui changent
être
hier
dans une rature
***
je t'aime du cœur immortel que je ne détiens pas
pour toutes les femmes
que je n'ai pas voulu connaître
pour tous les gestes heureux
que je n'ai pas vécus
pour l'odeur du grand large et du pain chaud
je t'aime
hurlant
que le sablier de l'avenir m'abandonne
***
avant
quand l'eau glissait
entre les branchages
de mes veines
tu étais là
où rien encore
n'est moissonné
levain deviné
à
voix qui devenait haute
***
Palmeraie
l'eau chuchote
"je viens de la neige, ne t'en souviens-tu pas ?"
- je suis dépaysé
"chaque cristal dans la goutte prend part au murmure"
- cela me parle
"j'étais dans ta semence"
- je ne l'ai pas oublié
"reste de sève"
- j'essaie
***
puis
errer
***
savoir de force encore
que la culpabilité des songes
n'existe nulle part
imputrescible
comme les feuilles de platanes
n'aurais-je été bon qu'à faire de toi une idole
sans te toucher ?
***
oui
les mots ne sont plus mes amis
ils ne te disent plus rien
ils me blessent chaque jour davantage
m'impliquent
jusqu'au mutisme
***
là
ce qu'on appelle le fond
n'a pas de limite
on ne sait jamais quand on s'y trouve
notre faculté de résistance
n'a pas été envisagée par une maman
***
mais
j'aurai la pudeur de ma fin
***
il n'a pas fallu beaucoup de temps
- frôlé d'intense ?-
pour nous séduire
aujourd'hui
je connais bien
le sort de l'éclat
***
les alcools
insolé d'amour inutile dans la bruyance
***
navré d'illusions
***
Quand ? Sous la branche
entre l'aisselle de l'arbre dessous
la clavicule
dessus
quand
un ultime nuage se pose
dans le jour aminci
quand
un rouge-gorge
chassé par le geai
s'envole
aussi vif qu'un trait
quand
je suis d'un souffle
et noyé
de verdure blanche
aussi pure
qu'au début d'un soir apaisé
et plus tard
quand
sachant des pierres tièdes
que l'opacité ne se récite plus
que la nuit ne se discerne pas
mais la lumière en elle
bien davantage
quand
sous les arbres endormis
les branches me recourbent
entre sommeil et pensée
je me recommence
furtive
une clarté d'infime tendresse
vient doser le temps
il faut que je parte
***
éperdu
qu'est-ce que cela veut dire encore ?
***
sans ton nom
par-dessus l'immensité
Invité- Invité
Re: La martelière
ouche !
j'ai lu et relu votre texte en le copiant/collant...
première impression : la difficulté due à la longueur.
et première question : pourquoi ne pas l'avoir posté en plusieurs fois, à suivre, comme un recueil ?
parce que tel est mon choix ! pourrais-je lire, et je le respecte, mais c'est costaud, dans le fond et la forme.
"La martelière", le titre peut faire référence à... mais aussi et surtout à un lieu en particulier.
le style est dur, sec, violent, mains jointes dans les tessons...
puis revient ce Boucan déjà lu, c'est le 3e je crois...
puis vient Caminando... et un nouveau Boucan
et Sur l'estrade, et Distance et Palmeraie puis puis errer, et Quand ? Sous la branche
Pour moi c'est un recueil qui demande du temps... impossible de lire et de dire un tout.
aussi je reviendrai dire mon sentiment sur chacun des poèmes, pour vous dire enfin...
à bientôt de vous relire,
j'ai lu et relu votre texte en le copiant/collant...
première impression : la difficulté due à la longueur.
et première question : pourquoi ne pas l'avoir posté en plusieurs fois, à suivre, comme un recueil ?
parce que tel est mon choix ! pourrais-je lire, et je le respecte, mais c'est costaud, dans le fond et la forme.
"La martelière", le titre peut faire référence à... mais aussi et surtout à un lieu en particulier.
le style est dur, sec, violent, mains jointes dans les tessons...
puis revient ce Boucan déjà lu, c'est le 3e je crois...
puis vient Caminando... et un nouveau Boucan
et Sur l'estrade, et Distance et Palmeraie puis puis errer, et Quand ? Sous la branche
Pour moi c'est un recueil qui demande du temps... impossible de lire et de dire un tout.
aussi je reviendrai dire mon sentiment sur chacun des poèmes, pour vous dire enfin...
à bientôt de vous relire,
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: La martelière
Tu as un parti pris de longueur, sûre de soi.
Un peu comme quand je choisis un livre dans une librairie, j'ai lu "la première page", puis "une" (distance/palmeraie) au hasard. Porté par la présentation, le style me semble le même. Et le fil : soi. Et je pense que c'est dangereux, de proposer un long texte qui ramène très souvent à soi, visiblement, très.
Et les trouvailles qui éclairent le texte ne suffisent pas à foudroyer d'un peu de chaleur ce petit chiot abandonné, ce Pierrot sous l'alcôve. Je suis sans doute sévère mais c'est de ne pas retrouver le jus des Orangeries
Un peu comme quand je choisis un livre dans une librairie, j'ai lu "la première page", puis "une" (distance/palmeraie) au hasard. Porté par la présentation, le style me semble le même. Et le fil : soi. Et je pense que c'est dangereux, de proposer un long texte qui ramène très souvent à soi, visiblement, très.
Et les trouvailles qui éclairent le texte ne suffisent pas à foudroyer d'un peu de chaleur ce petit chiot abandonné, ce Pierrot sous l'alcôve. Je suis sans doute sévère mais c'est de ne pas retrouver le jus des Orangeries
'toM- Nombre de messages : 278
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Beaucoup à dire.
Merci de votre lecture, ponctuelle ou continue, Pussicat et toM,
Oui, c'est un recueil. Un ensemble mais qui s'éparpille. Comme les "Boucans", cette viande sèchée que l'on retrouve dans plusieurs textes et pas dans un seul.
Pour toM : je vous invite à lire ce petit texte que l'on interpètera comme on le veut mais qui me semble porteur d'une liberté essentielle dans la manière de se dire aujourd'hui, quelle que soit la forme.
Si vous n'avez pas beaucoup de temps, allez directement à l'article "23".
J'aurais beaucoup à dire mais cela en vaut-il la peine ?
Je n'ai pas la réponse.
D'où cette publication.
Oui, c'est un recueil. Un ensemble mais qui s'éparpille. Comme les "Boucans", cette viande sèchée que l'on retrouve dans plusieurs textes et pas dans un seul.
Pour toM : je vous invite à lire ce petit texte que l'on interpètera comme on le veut mais qui me semble porteur d'une liberté essentielle dans la manière de se dire aujourd'hui, quelle que soit la forme.
Si vous n'avez pas beaucoup de temps, allez directement à l'article "23".
J'aurais beaucoup à dire mais cela en vaut-il la peine ?
Je n'ai pas la réponse.
D'où cette publication.
Invité- Invité
Voici le lien de ce site intéressant et de l'article en question
http://www.fabula.org/colloques/document2239.php
Invité- Invité
Re: La martelière
Je ne découvre qu'aujourd'hui ce qui entourait "Palmeraie"...
Qu'importe le pseudo, pourvu qu'on ait l'émotion!
Une belle expérience de lecture qui fait oublier les quelques facilités.
Qu'importe le pseudo, pourvu qu'on ait l'émotion!
Une belle expérience de lecture qui fait oublier les quelques facilités.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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