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La martelière

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Message  Invité Mar 21 Juil 2015 - 13:50

effluves
ressacs ?


seul
dans ces peines

illuminées subitement

un temps submergé
de joie

depuis
coulis d'hébétude

ce provisoire

***

corps grincé
j'écris

tu

quarante ans

maquillé
puis
désertique

***

un jour
l'eau
avait envahi
les arbres

absorbé la mort dans les souches

imprégné l'oubli
perché sur mes épaules

mais le mutisme est revenu
ses gravures de rides
ses feuilles sans envolée

encore fallait-il
pleurer des semences

se prolonger

mais
vous aviez le goût des franges

l'odeur égoïste de l'esprit
et de ce qui s'y découvre

j'écrivais

"puisse le sable ne pas s'imbiber de toute l'eau de mer !"


***

ensuite

l'aube avide
s'est levée
hélée entre les orages

ensuite

ce fut tout ce ciel
plissé de hoquets

ce n'est plus
que
ce que je voyais

qui était
et que

pourtant
j'avais vécu

en vain

toute prière délivrée

la hâte fut trop lente

pas auprès de chaque pas
attentif à vouloir
épurer le parcours

vérité sévère
qui ausculte

***

mains jointes dans les tessons

***

vie
ne nous délivre pas du mal
ne nous empêche pas de saigner

ne nous délie jamais
de ce majuscule amour

***

toutes prières répétées
toutes prières délavées

***

Boucan VIII


alors

lèvres rogues dans l'incendie

je t'ai écrit
des paroles blanchies

une gerçure de nacre
par toi
m'arrachait de l'infect au loin

***

oui
dans l'aube avide encore

il reste
une lampe qui distille du miel

ruisselle sur l'incertain

s'écorche sur les flancs des murs

***

comme l'eau chante
au long de son lit

vous aviez votre vie

j'y ai noyé la mienne

***

d'un côté ou de l'autre
des portes
subsiste de l'espoir

il me répugne

il est sans toi

***

Caminando


sans chuintement

entre les gobelets de grenache
et les schistes

père goutta la rouille des ardoises

je fus émerveillé
de lui offrir ce moment

nous apprîmes sans palissade
que nous ne nous parlerions
jamais
en la même langue

nos regards ne s'exprimèrent
qu'à la dérobade

je ne l'ai pas vu mourir

que lui dire aujourd'hui ?

ainsi soit-il

separados para siempre 


***

Boucan XX


Ghazal

mon aimée

le goudron hors sable
engluait l'air

le vent étouffait tout

je gravis un torrent à sec
et jouis de la chaleur
à ma guise effrénée

de toute ma peau mal aimée

***

l'hirsute ravage de ce pays

c'est s'agglutiner
aux génériques d'autres itinéraires

tous cependant d'ocre et de brûlure

m'entends-tu

inerte
je ne cesserai jamais de suer

le silence est torride

un butin sans salive
toi seule

***

c’était donc cela la cime

***

assis quelque part

au poste
sur les veines mauves
de pierres
que fige encore
l'effroi
de la naissance de l'univers

***

que non

je termine de force

reclus
dans une immensité qui me démange

***

j'avais osé croire
en l'œil obnubilé

là où se palpent
des roches attendries

***

j'avais osé
du bout des doigts

langue

sous la main
ouvrir ta source de plaisir

ta beauté habile

ta force
jamais captive 

***

j'avais osé

cœur sans scaphandre
gorgé d'ébloui

enchâsser ton image

survivre
de la chair aux reliques

***

et l'inverse
plus tard

***

je n'ai pas échoué

mais les entraves
persistent

je le sais

du bout du monde

et des orages 

***

comme si
j'avais pu écrire le silence!

corseter l'eau !

sans traire le sang
de l'être nu

alors

***

Sur l'estrade

blesse-moi blessure

rétrécis le chaos de son absence
deviens pulpe aiguë
en joignant mes actes
aux pensées que je lui adresse

puisqu'elle me manque toujours

blessure d'elle

dans ta linéaire permanence
ton bleu peut devenir si triste
selon le regard
et le poids du souffle qui me supporte

je suis passé dans ce poème
pour qu'elle me manque toujours

blessure
d'une ardeur sans réticence

je suis dans les marches
phalanges souillées
vers celle que j'ai choisi pour ciel

***

elle me manquera toujours

attachante
émouvante

à l'abri du charme

fleurie aux gencives de l'herbe
verte mousse des autels
les cierges aux mains de lumière
n'ont pas vacillé
sur nos déjà très anciennes archives

mémoire d'étoile
précise grammatique
artisane du geste doux
toi
épitaphe au-dessus des berceaux

1974



***

sous la peau
l'eau s'écoulait sans sommeil

irriguant le subconscient des hommes

tout ce que je sentais
est dans ce néant de textes
sans clientèle

***

distance

on arrivera à la mer

plus loin ce sera l'océan

plus loin
l'espace
hanté

et notre disparition

une parole intime
veillera sur ce que nous ne serons pas devenus

je la tais

mais ce n'est qu'une infime mesure

***

être certes

pour un moment
et quelqu'un

dans la forge
des gouttes à gouttes
impassibles

et des choses qui changent

être
hier

dans une rature 

***

je t'aime du cœur immortel que je ne détiens pas

pour toutes les femmes
que je n'ai pas voulu connaître

pour tous les gestes heureux
que je n'ai pas vécus

pour l'odeur du grand large et du pain  chaud

je t'aime
hurlant

que le sablier de l'avenir m'abandonne

***

avant

quand l'eau glissait
entre les branchages
de mes veines
tu étais là
où rien encore
n'est moissonné

levain deviné
à
voix qui devenait haute

***

Palmeraie


l'eau chuchote
"je viens de la neige, ne t'en souviens-tu pas ?"

- je suis dépaysé

"chaque cristal dans la goutte prend part au murmure"

- cela me parle

"j'étais dans ta semence"

- je ne l'ai pas oublié

"reste de sève"

- j'essaie

***

puis

errer


***

savoir de force encore
que la culpabilité des songes
n'existe nulle part

imputrescible
comme les feuilles de platanes

n'aurais-je été bon qu'à faire de toi une idole
sans te toucher ?

***

oui

les mots ne sont plus mes amis

ils ne te disent plus rien

ils me blessent chaque jour davantage

m'impliquent
jusqu'au mutisme

***



ce qu'on appelle le fond
n'a pas de limite

on ne sait jamais quand on s'y trouve

notre faculté de résistance
n'a pas été envisagée par une maman

***

mais

j'aurai la pudeur de ma fin

***

il n'a pas fallu beaucoup de temps
- frôlé d'intense ?-
pour nous séduire

aujourd'hui
je connais bien
le sort de l'éclat

***

les alcools

insolé d'amour inutile dans la bruyance

***

navré d'illusions

***

Quand ? Sous la branche

entre l'aisselle de l'arbre dessous
la clavicule
dessus

quand
un ultime nuage se pose
dans le jour aminci

quand
un rouge-gorge
chassé par le geai
s'envole
aussi vif qu'un trait

quand
je suis d'un souffle
et noyé
de verdure blanche
aussi pure
qu'au début d'un soir apaisé

et plus tard

quand
sachant des pierres tièdes
que l'opacité ne se récite plus

que la nuit ne se discerne pas
mais la lumière en elle
bien davantage

quand
sous les arbres endormis
les branches me recourbent
entre sommeil et pensée

je me recommence

furtive
une clarté d'infime tendresse
vient doser le temps

il faut que je parte

***

éperdu
qu'est-ce que cela veut dire encore ?


***

sans ton nom
par-dessus l'immensité


Invité
Invité


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Message  Pussicat Mer 22 Juil 2015 - 18:54

ouche !
j'ai lu et relu votre texte en le copiant/collant...
première impression : la difficulté due à la longueur.
et première question : pourquoi ne pas l'avoir posté en plusieurs fois, à suivre, comme un recueil ?

parce que tel est mon choix ! pourrais-je lire, et je le respecte, mais c'est costaud, dans le fond et la forme.

"La martelière", le titre peut faire référence à... mais aussi et surtout à un lieu en particulier.

le style est dur, sec, violent, mains jointes dans les tessons...

puis revient ce Boucan déjà lu, c'est le 3e je crois...

puis vient Caminando... et un nouveau Boucan

et Sur l'estrade, et Distance et Palmeraie puis puis errer, et Quand ? Sous la branche

Pour moi c'est un recueil qui demande du temps... impossible de lire et de dire un tout.
aussi je reviendrai dire mon sentiment sur chacun des poèmes, pour vous dire enfin...
à bientôt de vous relire,
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Message  'toM Jeu 23 Juil 2015 - 8:14

Tu as un parti pris de longueur, sûre de soi.

Un peu comme quand je choisis un livre dans une librairie, j'ai lu "la première page", puis "une" (distance/palmeraie) au hasard. Porté par la présentation, le style me semble le même. Et le fil : soi. Et je pense que c'est dangereux, de proposer un long texte qui ramène très souvent à soi, visiblement, très.

Et les trouvailles qui éclairent le texte ne suffisent pas à foudroyer d'un peu de chaleur ce petit chiot abandonné, ce Pierrot sous l'alcôve. Je suis sans doute sévère mais c'est de ne pas retrouver le jus des Orangeries
'toM
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La martelière Empty Beaucoup à dire.

Message  Invité Sam 25 Juil 2015 - 6:57

Merci de votre lecture, ponctuelle ou continue, Pussicat et toM,

Oui, c'est un recueil. Un ensemble mais qui s'éparpille. Comme les "Boucans", cette viande sèchée que l'on retrouve dans plusieurs textes et pas dans un seul.

Pour toM : je vous invite à lire ce petit texte que l'on interpètera comme on le veut mais qui me semble porteur d'une liberté essentielle dans la manière de se dire aujourd'hui, quelle que soit la forme.
Si vous n'avez pas beaucoup de temps, allez directement à l'article "23".

J'aurais beaucoup à dire mais cela en vaut-il la peine ?
Je n'ai pas la réponse.
D'où cette publication.


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La martelière Empty Voici le lien de ce site intéressant et de l'article en question

Message  Invité Sam 25 Juil 2015 - 6:58

http://www.fabula.org/colloques/document2239.php

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Message  Polixène Mar 18 Aoû 2015 - 23:34

Je ne découvre qu'aujourd'hui ce qui entourait "Palmeraie"...
Qu'importe le pseudo, pourvu qu'on ait l'émotion!
Une belle expérience de lecture qui fait oublier les quelques facilités.

Polixène
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