Coup de vent

Le ciel est tombé dans la mer
le saviez-vous ?

Vous marchiez la tête à l'envers
sur un chemin moussé d'oursins
l'écume aux pieds
pressant demain
quand un baiser inattendu
– aveuglée vos lèvres volaient –
vous les vola.

Tête à l'envers vous oubliiez
vos souliers sur la voie lactée
vos rêves déjà souvenirs... (?

Le ciel est tombé dans la mer
le saviez-vous ?

c'est aérien et joliment ciselé, j'aime bien

J'aime aussi, surtout "chemin moussé d'oursins" ; moins : "vos rêves déjà souvenirs", beaucoup plus terne (rêve, souvenir, deux mots extrêmement récurrents dans ce registre). La deuxième strophe est particulièrement réussie : une deuxième personne, pas si fréquente et inventive, un imparfait qui fabrique une petite fiction, une heureuse image, les pieds pressant demain que j'aime aussi, beaucoup de sensations tactiles et visuelles ici, la paronomase volaient/vola avec l'allitération en -v. La question initiale et finale est bien, mais sans plus pour moi : le ciel, la mer, l'inversion - efficace, mais plus classique.
Pardon de ne pas te commenter souvent, je regarde, mais souvent je n'ai rien de particulier à dire.

De tout ce que j'ai pu lire de toi, c'est le poème qui, pour moi, se ressent le plus de l'influence de Char, du Char maître des aphorismes, du Char héraclitéen. L'assimilation des contrastes (« le ciel » / « la mer »), qui ouvre et ferme le propos, est sensible dans l'ensemble du poème (corps : « tête à l'envers » / « pieds », sol et feu stellaire : « vos souliers sur la voie lactée », avant et après : « pressant demain », « vos rêves déjà souvenirs »). La perspective traversée est bercée par le jeu envoûtant de l'allitération assortie d'un glissement homonymique (« aveuglée vos lèvres volaient –  / vous les vola »). Le titre en lui-même (« Coup de vent »), qui met en lumière l'événement amoureux (« un baiser », « lèvres ») traversé dans l'instant, dans sa plénitude brève, pourrait aussi bien être, pour suivre le champ métaphorique des éléments dont le texte est pétri : coup de grisou, coup de tabac, coup de foudre.  

Merci pour ce partage !

Ah ce "le ciel est tombé dans la mer, le saviez-vous?" qui ouvre et donne envie d'aller voir de plus près...un vrai petit bonheur de lecture.

C'est mignon

Beau voyage, à la fois grave et léger.
Des baises qui volent, des souliers aussi, plus qu'à René Char, je penserai à Miro. partout des étoiles.

"Le ciel est tombé dans la mer
le saviez-vous ?"
non, mais je sais que "le ciel commence à ras de terre", j'apprends, donc.

Et puis je confirme que regarder la tête en bas, donne une nouvelle valeur, toute différente à ce qu'on voit.

Un avis mitigé sur ce poème, même si sur le fond, j'aime. Ma première impression est bonne, je trouve qu'il y a quelque chose d'innovant dans le choix du "vous" et de l'imparfait, dans les images mousseuses et surréalistes, ainsi que dans les jeux sur les sonorités. Mais très vite, à la relecture, je trouve que le poème rencontre ses limites, et prend un aspect un peu "forcé" par moments, je pense surtout à "vous les vola" et à "oubliiez". "vos rêves déjà souvenirs" n'est pas très original, comparé à l'ambiance et aux images suggérées par ailleurs. Je m'interroge sur l'intérêt de la répétition de la question, même si en l'état ce n'est pas désagréable.

J'aime bien photographier et la mer et le ciel et même les deux ensemble, donc je ne peux qu'adhérer.
Je pense à Higelin, tombé su ciel. Humeur musicale ces temps ci.
Quant à un chemin moussé d'Oursin, ça fait ouille, comme la vie, belle trouvaille.

merci pour vos passages et vos commentaires.

le premier vers est arrivé sans invitation... c'est alors que j'ai pensé à écrire un petit texte à la fois "grave et léger", comme tu le dis Annie, sur la vie, l'amour, le temps qui passe...

Char et Eluard sont actuellement mes deux poètes de chevet ; pas étonnant, n'est-ce pas jfmoods à qui rien n'échappe, de trouver une correspondance et un côté surréaliste à ce texte qui marche sur le fil tendu de la vie - je pense à la phrase de Condremon "Quant à un chemin moussé d'Oursin, ça fait ouille, comme la vie,...", tout à fait !

Pour ce qui est du vers relevé par Marine et Loreena Ruin : "vos rêves déjà souvenirs... (?"
j'ai tenté de ramasser le temps à l'extrême, comme une condensation aussi violente qu'instantanée : le commencement et la fin réunis, avec cette ponctuation qui laisse un espace. Si vous pensez que l'image passe à côté de l'intention, c'est votre lecture et je ne peux rien ajouter.

Alors oui, je l'admets, j'ai cette fâcheuse tendance, manie, tic d'écriture, de fermer certains de mes textes par le vers d'ouverture... parfois cela fonctionne, parfois non... ici, je ne sais quoi dire... il faudrait que je le réécrive sur papier, pour me rendre compte.

Pour le reste, je retiens tout, surtout le titre ! moi qui n'arrive jamais à trouver le titre qui convient et résume en un mot ou plusieurs l'essence d'un texte, pour le coup... "de vent"... je suis satisfaite de moije.

La forme n'est pas déplaisante et de le fond est évocateur, j'ai bien aimé.