Tu
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Tu
Tu fais le tour de la montagne. Il faut traverser un torrent, tu glisses sur les cailloux, tu vois un poisson qui s'incline et brille, disparaît, l'eau est du verre en mouvement.
tu regardes la roche au-dessus, ses plis de velours gris, sa façon d'être comme une robe. tu t'appuies dans un creux tiède, au soleil. de l'autre côté c'est la forêt, il y a des mélèzes, au repos, leurs aiguilles en tapis sur le sol roux.
cette montagne, tu y es venu de plusieurs côtés, et par tous les temps. l'hiver elle fait peur, menace de mort, mais respirer sous la neige qui tombe, quelle économie de lumière,
alors
rien n'a d'ombre, ou presque.
rien n'est si facile qu'on l'imagine quand on rêve de loin : marcher dans les prairies, avoir peur des taons qui collent, et ces files de randonneurs sur les sentiers.
Il y a des conversations vraies, y repenser c'est comme regarder la montagne depuis la vallée, avoir envie d'être en tout haut.
ou bien d’être sur le bord d’une falaise, au dessus du gouffre tapissé de forêts, de sauter et de planer. Elles laissent un vide égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
Il faut prendre le train : à la sortie du RER, voir dans la gare les images où la montagnge se dresse, à plat sur de grandes feuilles de papier.
tu vas dormir dans le train, et à l'arrivée les choses seront là pour de vrai.
En faisant le tour de cette montagne, qui n’a cessé de s’éloigner de toi, de revenir, en ayant froid aux mains l’hiver, malgré les gants, en ayant vu le torrent gainé de neige mais toujours courant.
En déchiffrant le temps qui glisse sous la couche des nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter le long de la route en lacet. Le gris de l’hiver en longues traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens. Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont, l'appréhension de glisser sur un plaque de glace. A regarder les lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. A deviner la limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières humaines
de celles des étoiles, et un imperceptible changement de valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a roulé longtemps dans la montagne prête à entrer dans l’hiver.
tu regardes la roche au-dessus, ses plis de velours gris, sa façon d'être comme une robe. tu t'appuies dans un creux tiède, au soleil. de l'autre côté c'est la forêt, il y a des mélèzes, au repos, leurs aiguilles en tapis sur le sol roux.
cette montagne, tu y es venu de plusieurs côtés, et par tous les temps. l'hiver elle fait peur, menace de mort, mais respirer sous la neige qui tombe, quelle économie de lumière,
alors
rien n'a d'ombre, ou presque.
rien n'est si facile qu'on l'imagine quand on rêve de loin : marcher dans les prairies, avoir peur des taons qui collent, et ces files de randonneurs sur les sentiers.
Il y a des conversations vraies, y repenser c'est comme regarder la montagne depuis la vallée, avoir envie d'être en tout haut.
ou bien d’être sur le bord d’une falaise, au dessus du gouffre tapissé de forêts, de sauter et de planer. Elles laissent un vide égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
Il faut prendre le train : à la sortie du RER, voir dans la gare les images où la montagnge se dresse, à plat sur de grandes feuilles de papier.
tu vas dormir dans le train, et à l'arrivée les choses seront là pour de vrai.
En faisant le tour de cette montagne, qui n’a cessé de s’éloigner de toi, de revenir, en ayant froid aux mains l’hiver, malgré les gants, en ayant vu le torrent gainé de neige mais toujours courant.
En déchiffrant le temps qui glisse sous la couche des nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter le long de la route en lacet. Le gris de l’hiver en longues traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens. Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont, l'appréhension de glisser sur un plaque de glace. A regarder les lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. A deviner la limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières humaines
de celles des étoiles, et un imperceptible changement de valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a roulé longtemps dans la montagne prête à entrer dans l’hiver.
Re: Tu
En te lisant les peintures de Didier Fleurantin m'envahissent, et son "oxydation du réel".
Mais commenter ce texte ce sera plus tard, quand les flocons seront posés.
Mais commenter ce texte ce sera plus tard, quand les flocons seront posés.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Comment ça parle...
M'expliquer serait trop long. Le texte me parle mais pas autant qu'il le faudrait
Voilà ce que j'y ai lu:
Tu fais le tour de la montagne. Il faut traverser un torrent, tu glisses sur les cailloux, tu vois un poisson qui s'incline et brille, disparaît, l'eau est du verre en mouvement.
tu regardes la roche au-dessus, ses plis de velours gris, sa façon d'être comme une robe. tu t'appuies dans un creux tiède, au soleil. de l'autre côté c'est la forêt, il y a des mélèzes, au repos, leurs aiguilles en tapis sur le sol roux.
cette montagne, tu y es venu de plusieurs côtés, et par tous les temps. l'hiver elle fait peur, menace de mort, mais respirer sous la neige qui tombe, quelle économie de lumière,
alors
rien n'a d'ombre, ou presque.
rien n'est si facile qu'on l'imagine quand on rêve de loin : marcher dans les prairies, avoir peur des taons qui collent, et ces files de randonneurs sur les sentiers.
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Il faut prendre le train : à la sortie du RER, voir dans la gare les images où la montagnge se dresse, à plat sur de grandes feuilles de papier.
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Il y a des conversations vraies, y repenser c'est comme regarder la montagne depuis la vallée, avoir envie d'être en tout haut.
ou bien d’être sur le bord d’une falaise, au dessus du gouffre tapissé de forêts, de sauter et de planer.
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Tu fais le tour de cette montagne, qui n’a cessé de s’éloigner de toi, de revenir, en ayant froid aux mains l’hiver, malgré les gants, en ayant vu le torrent gainé de neige mais toujours courant.
Tu déchiffres le temps qui glisse sous la couche des nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter le long de la route en lacet. Le gris de l’hiver en longues traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens. Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont, l'appréhension de glisser sur un plaque de glace. Tu regardes les lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. Tu devines la limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières humaines
de celles des étoiles, et un imperceptible changement de valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a roulé longtemps dans la montagne prête à entrer dans l’hiver.
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Il y a des conversations vraies.
Elles laissent un vide égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
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tu vas dormir dans le train, et à l'arrivée les choses seront là pour de vrai.
Voilà ce que j'y ai lu:
Tu fais le tour de la montagne. Il faut traverser un torrent, tu glisses sur les cailloux, tu vois un poisson qui s'incline et brille, disparaît, l'eau est du verre en mouvement.
tu regardes la roche au-dessus, ses plis de velours gris, sa façon d'être comme une robe. tu t'appuies dans un creux tiède, au soleil. de l'autre côté c'est la forêt, il y a des mélèzes, au repos, leurs aiguilles en tapis sur le sol roux.
cette montagne, tu y es venu de plusieurs côtés, et par tous les temps. l'hiver elle fait peur, menace de mort, mais respirer sous la neige qui tombe, quelle économie de lumière,
alors
rien n'a d'ombre, ou presque.
rien n'est si facile qu'on l'imagine quand on rêve de loin : marcher dans les prairies, avoir peur des taons qui collent, et ces files de randonneurs sur les sentiers.
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Il faut prendre le train : à la sortie du RER, voir dans la gare les images où la montagnge se dresse, à plat sur de grandes feuilles de papier.
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Il y a des conversations vraies, y repenser c'est comme regarder la montagne depuis la vallée, avoir envie d'être en tout haut.
ou bien d’être sur le bord d’une falaise, au dessus du gouffre tapissé de forêts, de sauter et de planer.
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Tu fais le tour de cette montagne, qui n’a cessé de s’éloigner de toi, de revenir, en ayant froid aux mains l’hiver, malgré les gants, en ayant vu le torrent gainé de neige mais toujours courant.
Tu déchiffres le temps qui glisse sous la couche des nuages, en ayant vu tomber la nuit, en ayant vu le petit car monter le long de la route en lacet. Le gris de l’hiver en longues traînées de pierres, l’effort soutenu des machines et des gens. Le bruit d’un caillou qui dégringole en contrebas du pont, l'appréhension de glisser sur un plaque de glace. Tu regardes les lumières disséminées la nuit sur le grand flanc noir. Tu devines la limite supérieure de la montagne comme ligne séparant les lumières humaines
de celles des étoiles, et un imperceptible changement de valeur dans la noirceur. tout ce qui semble légendaire quand on a roulé longtemps dans la montagne prête à entrer dans l’hiver.
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Il y a des conversations vraies.
Elles laissent un vide égal à celui de la montagne, aussi attirant, aussi plein.
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tu vas dormir dans le train, et à l'arrivée les choses seront là pour de vrai.
obi- Nombre de messages : 577
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Tu
merci obi, le texte tel que tu le transcris gagne en évidence, en lisibilité et il dit bien les choses essentielles. l'émotion qu'il transmet ainsi a une évidence.
Voici ce que j'ai essayé de faire : partant d'une série de notes, d'associations d'idées qui "tournaient autour" de la montagne, parfois de très loin, mais dans un vraie recherche de signification, j'ai eu l'idée de destructurer tout ça, d'une façon qui soit discrète, désordonnée, troublante.
L'image qui m'est venue c'est celle du massage des bébés en Inde, où la mère travaille chaque articulation, segment de membres, muscle, pour aider peut-être ainsi le bébé à vivre plus pleinement son corps en le désarticulant doucement.
Le travail que tu as fait sur le texte peut se voir comme la phase suivante, où l'on rassemblerait ses sensations, ses émotions, ses esprits, son corps.
Voici ce que j'ai essayé de faire : partant d'une série de notes, d'associations d'idées qui "tournaient autour" de la montagne, parfois de très loin, mais dans un vraie recherche de signification, j'ai eu l'idée de destructurer tout ça, d'une façon qui soit discrète, désordonnée, troublante.
L'image qui m'est venue c'est celle du massage des bébés en Inde, où la mère travaille chaque articulation, segment de membres, muscle, pour aider peut-être ainsi le bébé à vivre plus pleinement son corps en le désarticulant doucement.
Le travail que tu as fait sur le texte peut se voir comme la phase suivante, où l'on rassemblerait ses sensations, ses émotions, ses esprits, son corps.
Re: Tu
C'est le mot "légendaire" qui ce soir m'a fourni une clé de lecture; dans ce kaléidoscope d'images réelles, de souvenirs, d'anticipation et de reflets, qui nous brinquebale d'une dimension à l'autre, c'est un chemin joyeusement hétéroclite mais inscrit dans la chair que celui qui nous mène du départ au but du voyage, construisant notre légende intime, notre rapport intime à l'espace et au temps.
Plusieurs lectures encore me seront nécessaires sans doute pour l' appréhender autrement.
Plusieurs lectures encore me seront nécessaires sans doute pour l' appréhender autrement.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Tu
chacun des êtres humains peut-être construit une légende, absolument personnelle, non transmissible.
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