Les prisons d'Italie
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Les prisons d'Italie
Un poème et un enregistrement "à l'arrache"
(pour Gobu qui aime bien la forme audio, je crois)
Ca s'écoute plutôt que ça ne se lit mais comme on comprend pas tout parfois à ce que je raconte, c'est peut-être bien de suivre en même temps sur le texte
https://soundcloud.com/user-26791149/les-prisons-ditalie
(pour Gobu qui aime bien la forme audio, je crois)
Ca s'écoute plutôt que ça ne se lit mais comme on comprend pas tout parfois à ce que je raconte, c'est peut-être bien de suivre en même temps sur le texte
https://soundcloud.com/user-26791149/les-prisons-ditalie
- Les prisons d'Italie:
- Je rêvai la jaquette jaune, un livre d'Hemingway
Une promenade de pollens, d'or au bord du ciel d'été
"Vacances" (un barrage contre le pacifique
ennui de la semaine)
on marche
sur des coquillages la main tenue dans la main
on marche sur un petit muret tout droit au lendemain
finalement, hideux.
deux êtres sur la plage vers le milieu d'une page
dont l'auteur s'est trompé
L'entre-baillement d'une porte d'hôtel
comme la striure des volets barrée sur le mur
de ton front
les corps tenus ensemble et la joie des neuf heures
sonnent ensemble au cadran d'un réveil qu'on ignore
à « dix-ans » la fraîcheur des corps (j'ai en réalité le même âge que mon siècle)
Niée, ton front
devenue tapisserie devant ?
Une chambre un long matin double qui... hante
Je me souviens le premier jour on mangeait des pizzas sous une tonnelle
sans savoir que le mois prochain
on serait les jambons de notre propre vie
le matin, roman, tu le sais, nous aurions pris un œuf
et le monde comme salière
où pissent les rayons du ciel
la mer, la mer, elle, elle referait à neuf
un couple urbain-tableau dans une ville inconnue
mon grau du roi à moi
un matin tout tranquille
un lit ouvert par la grève double qui sépare le sable du sable
et le mensonge du mensonge
l'odieux parfum du lilas
italien
La porte de l'hôtel - que l'on pousse et qu'on quitte
C'est ce que tu m'as dis au bas de l'escalier
Puis, ton étrange maladie a refermé la porte,
deux fois,
insistant bien sur le loquet -
Nous allâmes nous baigner sur la pointe à Bellagio
Où les rochers déchirent les rêves estivaux
les pieds déchiquetés de fond de lac
où l'éclair et la valse envasent le passant
là, des enfants en maillot de bains ignorent la litéralité de leurs cris
je me suis réveillé
dans l'herbe
il faisait nuit
tu n'étais bizarrement pas là
ta serviette de bain claquait très sèchement dans l'air
l'exhalaison des jardins – j'avais mal à la tête
Toi à l'autre bout du bateau tu ignorais mon regard insistant
comme la houle
ma prière profonde
comme la houle
et toi l'hélice qui va la brise et va
enfiévrée du roulement continu de son âme immensément fière
Longtemps après j'ai marché sur la route et le soleil donnaient aux marcheurs cet alanguissement féroce
ces airs d'enfants titubants
ces airs d'abandons sur la grève
de bateaux
et marchant pourtant tous les éclats de carrosserie me blessent
la route une petite heure de Giovanny à Bellagio
je te prie de te souvenir de ce soir où nous nous étions promis
A Varennes
d'être bons amis
mais qu'as-tu fait de ce soir-là ?
le cygne qui repliait son cou
je me rappelle de la main sur le bastingage
des vitres éclaboussées de mer
du commandant inconnu qui ne nous avait pas dit la destination de notre voyage
et puis tard de la gare de Milan et de l'aéroport-labyrinthe où c'est vraisemblablement la dernière fois que je t'ai vue
avalée par le goudron
j'ai perdu ta trace sur un tarmac
A cause de nous je t'ai perdue sur un lieu sans un lieu
A cause de moi je t'ai perdue
A la douane j'ai dis mon nom
Mais je ne savais pas alors que c'était pas le mien
le visa de ton absence
j'ai mangé seul ce soir-là
j'ai mangé tout seul dans un grand restaurant de Bellagio
où tout était trop extravagant
et j'aurais voulu que toute cette beauté cesse
qu'on rentre et qu'on assume jusqu'au bout l'incroyable violence de la laideur
l'échec qu'on désire pour seul soi sauver l'honneur de ce qui reste
transformer un cadavre en livre
toi couchée sur le côté dans la chambre
regardant le mur
et derrière les volets clos la mer
toi couchée dans l'ombre dans la chambre
et derrière le balcon le vide
et derrière moi personne tout à coup
j'aurais voulu sauter
toi
j'aurais voulu que tu sautes
J'aurais retrouvé mon nom
Dans la mer où je t'aurais encore aimée
depuis je fais que te pousser
ton absence de courage
me dégoûtait
et je suis depuis sur les crêtes transalpines
tout le chemin de ton outrage
de tes promesses
envolées avec le carrosse d'un Del Dongo vers mon Waterloo à moi
je n'ai pas libéré les prisons d'Italie
du souvenir de ma Clélia
en haut des hautes tours en bas du lac bas
sur les rives de Côme passent des étés froids
Re: Les prisons d'Italie
Curieux que ce -beau- texte de Marine n'ait pas encore de com-menteur. C'est vrai qu'il est un peu long, mais pour qui se laisse prendre cela passerait presque trop vite. La version voix, soit-disant "à l'arrache', bèh je la trouve plutôt pro. Et la voix : je n'imaginais pas ainsi celle de Marine, j'entends un homme d'une quarantaine alors que j'imaginais Marine dans les 25-30 ans (maxi!).
Paresseux (l'heure est au cas de paresse) je me contenterais de lister quelques beaux morceaux (faisant oeuvre de boucher, ou de prof, je découpe cruellement ) :
au bord du ciel d'été
on marche sur un petit muret tout droit au lendemain
deux êtres sur la plage vers le milieu d'une page
dont l'auteur s'est trompé (curieux : je croyais avoir lu quelqu’un commenter cette image dingue ?) - la diction et la « ditture » de ce vers est plus que bien dans la version voix
la striure des volets barrée sur le mur
de ton front (le "comme" initial ne me paraît pas indispensable)
le monde comme salière (le mot suivant, telle une rage, en détruit la poésie)
en tant que montpelliérain je ne peux qu’apprécier
mon grau du roi à moi
...à fortiori quand y point une contrepèterie (mon roi du gros à moi - mon roide gros à moi...) plus gaillarde que de Noirmoutiers
ma critique :
je ne saurais approuver
l'odieux parfum du lilas
italien
surtout s’il s’agissait de jasmin du Latium, pas plus que Hallidayser Giovanni ne saurait me ravir
mais à Marine je pardonne puisque sans voiles son texte et quoique sans fard ni rime a certes de la bonbonne
une interrogation :
est-ce bien raisonnable de se promettre d’être bons amis à Varennes,
là où la république arrêta un gros : son roi ?
autre jolitude :
j'ai perdu ta trace sur un tarmac
A cause de nous je t'ai perdue sur un lieu sans un lieu
(dans un lieu sans lieu ?)
des réminiscences fugaces :
A la douane j'ai dis mon nom (liberté)
Mais je ne savais pas alors
et encore génial :
Le visa de ton absence
(et le visage de ton absence ou absence de ton visage...)
après un passage en faiblesses :
j'ai mangé seul ce soir-là ... /... depuis je fais que te pousser
(manque un Ne à la fin, répétition de ‘depuis ‘ et quelques autres approximations après une strophe précédant un peu trop "grèviste" quoiqu'en place ; faire long fatigue)
une fin (comme le début) littéraire (khâgneux ?) que n’affaiblit pas vraiment le petit pied manquant dans l’hexamètre « en bas du la -que bas », une fin en apothéose alexandrine et qui semble nous susurrer « et je demeure » :
en haut des hautes tours en bas du lac bas
sur les rives de Côme passent des étés froids
Ce texte me fait en plusieurs endroits penser à du Louis! j'espère qu'il n'y a pas injure. D'ailleurs, vous avez noté, si l'on colle (comme un Dadaïde) les meilleurs morceaux, ça reste que ça a de la gueule :
au bord du ciel d'été
on marche sur un petit muret tout droit au lendemain
deux êtres sur la plage vers le milieu d'une page
dont l'auteur s'est trompé
la striure des volets barrée sur le mur
de ton front
et le monde comme salière
j'ai perdu ta trace sur un tarmac
A cause de nous je t'ai perdue sur un lieu sans un lieu
A la douane j'ai dit mon nom
Mais je ne savais pas alors
Le visa de ton absence
en haut des hautes tours en bas du lac bas
sur les rives de Côme passent des étés froids
Paresseux (l'heure est au cas de paresse) je me contenterais de lister quelques beaux morceaux (faisant oeuvre de boucher, ou de prof, je découpe cruellement ) :
au bord du ciel d'été
on marche sur un petit muret tout droit au lendemain
deux êtres sur la plage vers le milieu d'une page
dont l'auteur s'est trompé (curieux : je croyais avoir lu quelqu’un commenter cette image dingue ?) - la diction et la « ditture » de ce vers est plus que bien dans la version voix
la striure des volets barrée sur le mur
de ton front (le "comme" initial ne me paraît pas indispensable)
le monde comme salière (le mot suivant, telle une rage, en détruit la poésie)
en tant que montpelliérain je ne peux qu’apprécier
mon grau du roi à moi
...à fortiori quand y point une contrepèterie (mon roi du gros à moi - mon roide gros à moi...) plus gaillarde que de Noirmoutiers
ma critique :
je ne saurais approuver
l'odieux parfum du lilas
italien
surtout s’il s’agissait de jasmin du Latium, pas plus que Hallidayser Giovanni ne saurait me ravir
mais à Marine je pardonne puisque sans voiles son texte et quoique sans fard ni rime a certes de la bonbonne
une interrogation :
est-ce bien raisonnable de se promettre d’être bons amis à Varennes,
là où la république arrêta un gros : son roi ?
autre jolitude :
j'ai perdu ta trace sur un tarmac
A cause de nous je t'ai perdue sur un lieu sans un lieu
(dans un lieu sans lieu ?)
des réminiscences fugaces :
A la douane j'ai dis mon nom (liberté)
Mais je ne savais pas alors
et encore génial :
Le visa de ton absence
(et le visage de ton absence ou absence de ton visage...)
après un passage en faiblesses :
j'ai mangé seul ce soir-là ... /... depuis je fais que te pousser
(manque un Ne à la fin, répétition de ‘depuis ‘ et quelques autres approximations après une strophe précédant un peu trop "grèviste" quoiqu'en place ; faire long fatigue)
une fin (comme le début) littéraire (khâgneux ?) que n’affaiblit pas vraiment le petit pied manquant dans l’hexamètre « en bas du la -que bas », une fin en apothéose alexandrine et qui semble nous susurrer « et je demeure » :
en haut des hautes tours en bas du lac bas
sur les rives de Côme passent des étés froids
Ce texte me fait en plusieurs endroits penser à du Louis! j'espère qu'il n'y a pas injure. D'ailleurs, vous avez noté, si l'on colle (comme un Dadaïde) les meilleurs morceaux, ça reste que ça a de la gueule :
au bord du ciel d'été
on marche sur un petit muret tout droit au lendemain
deux êtres sur la plage vers le milieu d'une page
dont l'auteur s'est trompé
la striure des volets barrée sur le mur
de ton front
et le monde comme salière
j'ai perdu ta trace sur un tarmac
A cause de nous je t'ai perdue sur un lieu sans un lieu
A la douane j'ai dit mon nom
Mais je ne savais pas alors
Le visa de ton absence
en haut des hautes tours en bas du lac bas
sur les rives de Côme passent des étés froids
teverino- Nombre de messages : 460
Age : 67
Date d'inscription : 23/05/2014
Re: Les prisons d'Italie
Bon, c'est bien ce qui me semblait
Et de vous le dire ma main en tremblait :
c'est entrebâillement (sans - et avec un chapeau vietcong...[url=http://www.cnrtl.fr/definition/entrebaillement]http://www.cnrtl.fr/definition/entrebaillement[/url
Xcuz Marine, c'est la soirée vieux prof...
Et de vous le dire ma main en tremblait :
c'est entrebâillement (sans - et avec un chapeau vietcong...[url=http://www.cnrtl.fr/definition/entrebaillement]http://www.cnrtl.fr/definition/entrebaillement[/url
Xcuz Marine, c'est la soirée vieux prof...
teverino- Nombre de messages : 460
Age : 67
Date d'inscription : 23/05/2014
Re: Les prisons d'Italie
Hi Marine.
En dépit de ton appel du pied, je n'avais pas eu envie d'écouter jusqu'à maintenant la version audio de ton texte (poème ? litanie, psaume ?)
Bien sûr je l'avais lu, je lis tout ce que tu écris - et avec attention - car le chasseur de perles trouve toujours quelque belle nacrée dans la coquille parfois rugueuse, voire blessante dans laquelle tu les dissimule.
Je relève, entre-z-autres (qu'il ne faut surtout pas dire, mais j'ai tous les droits : j'écris):
"...le milieu d'une page dont l'auteur s'est trompé..." qui nous renvoie sèchement à ce que nous avons la prétention d'avoir voulu écrire.
"...les jambons de notre propre vie..." métaphore qui prolonge le sentiment d'Italie.
"...un lieu sans lieu..." lieu que nous connaissons tous, mais où l'on voudrait n'avoir jamais posé le pied.
"...transformer un cadavre en livre..." ou inversement, mais ça cogne dur et juste.
Et d'autres qu'il serait fastidieux de citer.
Maintenant, la version audio. Je rejoins le Pr Teverino dans son avis : tu maîtrise le flux verbal, tu possèdes un timbre agréable et qui passe bien comme on dit en jargon de studio. En revanche, ce texte puissant aurait mérité un traitement plus musical. Une rythmique, une nappe de synthé, peut-être même un choeur comme dans l'antique, et surtout, une scansion plus hargneuse et ménageant plus de pauses. Bref il gagnerait à être franchement slammé.
Et cette question, ou plutôt ce cri, car tout cri est une question :
"QU'AS-TU FAIT DE CE SOIR-LA ?"
prendrait alors tout son son sens...
Amitiés
GOBU
En dépit de ton appel du pied, je n'avais pas eu envie d'écouter jusqu'à maintenant la version audio de ton texte (poème ? litanie, psaume ?)
Bien sûr je l'avais lu, je lis tout ce que tu écris - et avec attention - car le chasseur de perles trouve toujours quelque belle nacrée dans la coquille parfois rugueuse, voire blessante dans laquelle tu les dissimule.
Je relève, entre-z-autres (qu'il ne faut surtout pas dire, mais j'ai tous les droits : j'écris):
"...le milieu d'une page dont l'auteur s'est trompé..." qui nous renvoie sèchement à ce que nous avons la prétention d'avoir voulu écrire.
"...les jambons de notre propre vie..." métaphore qui prolonge le sentiment d'Italie.
"...un lieu sans lieu..." lieu que nous connaissons tous, mais où l'on voudrait n'avoir jamais posé le pied.
"...transformer un cadavre en livre..." ou inversement, mais ça cogne dur et juste.
Et d'autres qu'il serait fastidieux de citer.
Maintenant, la version audio. Je rejoins le Pr Teverino dans son avis : tu maîtrise le flux verbal, tu possèdes un timbre agréable et qui passe bien comme on dit en jargon de studio. En revanche, ce texte puissant aurait mérité un traitement plus musical. Une rythmique, une nappe de synthé, peut-être même un choeur comme dans l'antique, et surtout, une scansion plus hargneuse et ménageant plus de pauses. Bref il gagnerait à être franchement slammé.
Et cette question, ou plutôt ce cri, car tout cri est une question :
"QU'AS-TU FAIT DE CE SOIR-LA ?"
prendrait alors tout son son sens...
Amitiés
GOBU
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
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