Paterson NJ

De père en fils, louez Paterson
etc...

Au commencement était la rivière : Passaic River
dès l’aube humiliée, empêchée,
retenue pour
nasser les poissons migrateurs.

La rivière encore - les Grandes Chutes :
Puissance ! Énergie ! Force ! Action !
Barrage et canaux, turbines, machines.
Les usines appellent les hommes,
des foules d’hommes accourent
venus de loin, tous Noirs.

Noirs de crasse, de graisse de machine

Quand on tire, le tissu se déchire
colère, grève, attentats
Des Rouges ! Aussi des Jaunes...

La soie tissée s’enroule
avec un bruissement
d’ailes de blanches colombes
L’eau coule, les hérons,
les canards, les saumons
sauvages sont exilés
Les pères et les fils
construisent leurs maisons
au creux du coude de la rivière.

Des maisons paons, des maisons rats, des maisons fourmis.

L’eau coule et passent les saisons
plus lentes que les loutres
ont fui les locomotives
tournent les corbeaux et les colts.

Paterson s’éreinte à dénouer l’écheveau
des quartiers et des fils électriques
La rivière demeure
la ville se réjouit de ses couleurs.

Evocation parlante bien qu'un peu bavarde. J'avoue que "bruiement" (la version "Les visiteurs" -grand film s'il en est) est superbe et qu'ici elle passerait mieux encore que l'hyper sifflant "bruissement".

Quelques re-marques :

Les pères et les fils
construisent leurs maisons
banal et même un rien sexiste, vous me surprenez Annie !

tournent les corbeaux et les colts.

Ne serait-ce pas plutôt les barillets qui tournent ? (même si cela rompt l'allitération en -co de corbeaux / colts)

la ville se réjouit de ses couleurs.
est-ce si sûr lorsque la ville se meurt ? N'y a-t-il pas des périodes où "la diversité" et la "multiculturalisme" ne sont ni bienvenus -car submergeants, indigérables, ingérables- ni un remède? où c'est ajouter de la misère à la misère et lancer les pauvres contre les pauvres pour sauver les nantis?

Des maisons paons, des maisons rats, des maisons fourmis.

des maisons avec néons, avec exceptera , avec alibis

Des Rouges ! Aussi des Jaunes

des jaunes pastis comme des rouges anis

Paterson s’éreinte à dénouer l’écheveau

pour quel renouveau,

[quote][
la ville se réjouit de ses couleurs.
/quote]

voir l'avenir en rose

un texte de description, d'émotions, et peut être d'espoir

Annie a écrit:De père en fils, louez Paterson
etc...

Déjà ça commence mal, pas envie d'aller plus loin, un autre soir peut-être
"[ETC] abréviation de et cætera.
Cette définition du terme etc a été éditée par Mr Claude Augé en 1905, auteur du dictionnaire complet illustré de 1889"... et depuis ce temps, [ETC] abréviation de et cætera s'écrit etc.

Jackson
Johnson
Harrison
Wilson
Parkinson
Paterson
etc

Ça ne vous trouble pas qu'un homme, ensuite une ville se nomme "fils du père" ? Moi, oui.
Pussicat je ne comprends pas ta remarque à propos de etc, exactement je ne comprends pas ce que tu veux me faire remarquer.
Nonobstant cette remarque je remercie les différents lecteurs.

Annie a écrit:Pussicat je ne comprends pas ta remarque à propos de etc, exactement je ne comprends pas ce que tu veux me faire remarquer.

que "etc." s'écrit ainsi, et non comme il est rédigé dans ton texte "etc...",
point de points de suspension...
P.

Je l'avais lu, à sa sortie, noté le titre du film, me suis dit d'aller le voir
- ce que je n'ai pas encore fait, mais bon...

Et je le relis 3 semaines plus tard avec la même impression, forte. Musclée
Fatiguée sur la fin, mais musclée.

Merci beaucoup 'toM,
ce poème n'a pas été apprécié, ce que je ne conteste pas du tout, des fois on rate, et si j'aimerais être capable de le retravailler.
D'autre part il me tient à coeur, donc ça me fait grand plaisir que 1 lecteur au moins ait ressenti qqchose de fort.

Si j'étais lunesco je classerais au patrimoine mondial la ville de Paterson, tout ce que je sais de cette ville vient de l'internet, j'en conviens, et c'est un tel condensé d'histoire humaine, depuis les peuples primitifs (oui, en Amérique on dit "natives peoples")
http://www.lutins.org/weir/
jusqu'aux terribles luttes ouvrières
https://en.wikipedia.org/wiki/1913_Paterson_silk_strike
enfin la déshérence industrielle (ça pas besoin d'internet, on l'a sous les yeux chaque jour) et l'arrivée d'immigrés multicolores.
J'y vois une raison d'espérer, contrairement à teverino, confiante dans la volonté de vivre.
Je peux difficilement passer pour une admiratrice béate du système qui "lance(r) les pauvres contre les pauvres pour sauver les nantis", le monde est extrêmement dangereux et complètement insensé, mais il y a tellement de gens formidables, tellement de petites mains de petites gens.

La poésie de W.C.Williams, que je ne connaissais que de nom, je m'y colle, c'est difficile.
Je crois bon de me confronter aux grands et même très grands, d'abord ça fait plaisir, ça confirme qu'il y a plein de gens formidables, et puis ça me remets à ma place.

Amitiés à tous, j'espère que la modération va admettre qu'il s'agit d'un éclaicissement sur le poème et ne pas me renvoyer à la rubrique "conversation".

J'ai attendu d'avoir vu le film (qui m'a laissée avec une impression mitigée, bien que plutôt fan de Jim Jarmusch), attendu d'avoir cherché sur internet (en anglais!) ce qu'on dit de Patterson (la ville) pour commenter ton poème (et cela c'est à mes yeux une critique négative car un poème ne devrait avoir besoin de rien d'autre que de lui-même)...pour commenter.
Le poème est beau, il faut que tu le débarrasses je crois de tout ce qui pousse le lecteur à demander de l'aide à Mr google.
Mais j'ai aimé ce que tu en as dit en commentaire. Comment faire avec tout cela ?

En ce qui concerne le film, rien ou presque n'y transparaît de ce que tu mets dans ton poème. Il m'a renvoyée à une poésie proche de la "méditation en pleine conscience" californienne qui m'ennuie un peu et les deux héros m'ont semblé mièvres, sans épaisseur. Ce n'est pas cela pour moi la poésie, pas le ravi de la crèche.

je ne parle pas de ta poésie dans le dernier paragraphe, mais de celle du film.

Merci seyne,
puisque ton intervention a fait remonter le poème, je me permets d'y revenir encore.
Bien sûr que mon poème ne découle pas du film, ce fut l'occasion (avant je ne connaissais même pas le nom de cette ville, avec une seul t, comme pater), un point c'est tout. Mais quelle riche occasion m'est offerte : la ville, la rivière, la déchéance industrielle (Octobre 23) et la suite des générations (Prière à sainte Lucie).
Ceci dit je conviens de ma maladresse

seyne a écrit:Du coup, changeons de polémique : comment vis-tu le fait que presque tout le monde se soit fait avoir ?
Je veux dire que peut-être tu risques parfois de n'adresser tes poèmes qu'aux Sherlock Holmes amoureux d'empreintes, lisant dos courbé et la loupe à la main ? Et de louper les flemmards empathiques ?

et j'essaie de faire mieux.

Une version revue, dans laquelle j'ai supprimé la citation trop explicite père-fils qui a tant choqué.

De père immigré en fils d’étranger
Paterson
au fil des générations.

Au commencement était la rivière : Passaic River
dès l’aube humiliée, empêchée, retenue
pour nasser les poissons migrateurs.

La rivière encore - les Grandes Chutes :
Puissance ! Énergie ! Force ! Action !
Barrage et canaux, turbines, machines.
Les usines appellent les hommes,
des foules d’hommes accourent
venus de loin, tous Noirs

Noirs de crasse, de graisse de machine.

Cependant que la soie tissée s’enroule
avec un bruissement
d’ailes de blanches colombes
l’eau coule, les hérons,
les canards, les saumons
sauvages s’exilent.

On tire, on tire, le tissu se déchire
Colère, grève, attentats
Des Rouges ! Aussi des Jaunes...

Riches et pauvres, patrons, ouvriers,
misérables
construisent leurs maisons  
au creux du coude de la rivière.

Des maisons paons, des maisons rats, des maisons fourmis.

L’eau coule et passent les saisons
moins rapides que les loutres
ont fui les locomotives.
Colt et choléra rivalisent
les corbeaux croassent.

Paterson s’éreinte à dénouer l’écheveau
des quartiers et des fils électriques
La rivière demeure
page après page
la ville se réjouit de ses couleurs.

Je ne pensais pas le commenter, je n'arrivais pas en dire quoi que ce soit, mais puisqu'il est en haut...
"Au commencement était la rivière : Passaic River
dès l’aube humiliée, empêchée, retenue
pour nasser les poissons migrateurs"
Je trouve que ça, comme rythme, c'est fort quand même. (je veux dire, j'aime)
Le reste, je n'ai pas aimé. Je crois que ce qui n'est pas bon, dans ton poème, c'est que le langage ne dise rien d'autre que ce qu'il dit (sauf dans le passage relevé). Du coup, on se dit "bon, voilà, d'accord."