Laetitia (Lettres 2 et 3)
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Laetitia (Lettres 2 et 3)
Mademoiselle,
Je ne saurais trop remercier Valentin du Breuil, notre ami commun, de m’avoir convié à ce petit pince fesse de l’autre jour. D’ordinaire, je fuis ces réceptions où je ne fais que tenter de battre mon dernier record d’ennui, mais là, lorsque je vous ai vue, approchant votre verre de champagne de vos lèvres si gracieuses , lorsque je vous ai entendue rire comme une enfant aux plaisanteries de ce bellâtre qui vous accaparait, j’ai compris qu’un rayon de soleil venait d’inonder ma vie. Non, ne voyez dans mes propos aucune tentative de séduction. Nos vies qui n’ont fait que se croiser, à peine de s’apercevoir, en cet après-midi de printemps, n’ont nulle vocation à se rejoindre. Nous sommes, l’un et l’autre, retenus par les liens opiniâtres du mariage et ce serait folie que de vouloir s’y soustraire. Et puis telle n’est pas à vrai dire mon intention. Simplement, je suis photographe, de ceux qui tentent de fixer sur la pellicule le visage lointain de ces femmes que souvent l’on affuble avec abus du nom de star. Valentin après moult requêtes a bien voulu me confier votre adresse et je veux croire que vous ne me ferez pas grief de mon audace : accepteriez-vous de poser pour moi ? Accepteriez-vous de me prêter pour quelques heures cette grâce inégalable que Dieu vous a donnée ? J’en ferai, soyez certaine, le plus respectueux usage qu’un photographe puisse faire de la beauté
S’il vous plaît, ne répondez pas non immédiatement!Vous ne feriez que me priver du plaisir de vous donner un instant l’illusion d’être sublime pour l’éternité.
Respectueusement vôtre,
Jean Marcini
Paris, le 20 mai 1988,
Monsieur,
Ce n’est pas sans étonnement que j’ai pris connaissance de votre lettre. J’espère que vous comprendrez le partage qui est le mien entre colère et compassion. J’ai longtemps hésité avant de vous adresser ce courrier, mais il faut croire que c’est la compassion qui l’a emporté ; Avant d’aller plus loin je veux vous faire connaître ce qui a suscité mon courroux ;D’abord vos mots, cette façon de vous affirmer d’emblée sur un terrain conquis, vos mots non dénués d’emphase, comme destinés à circonvenir la petite provinciale que je suis. Car sachez bien que je suis une provinciale, échouée Quelques temps à Paris pour d’obscures raisons familiales. Je n’ai rien à voir avec les stars dont vous couvrez vos pellicules. Inutile donc de chercher à m’appâter par des compliments qui n’ont d’autres avantages que de me faire sourire. Et puis, dois-je vous le dire, ce « bellâtre » aux facéties duquel je riais et qui semblait vous encombrer, n’est autre que mon fiancé. Car,oui, je ne suis pas mariée mais je me prépare à l’être et je ne voudrais pas faire vaciller ce beau projet en m’offrant à votre objectif quand bien même, en dépit de vos inutiles propos louangeurs, je ne doute pas qu’il demeurerait respectueux.
Compassion, disais-je, car il faut être bien malheureux en ménage pour qualifier comme vous l’écrivez d’opiniâtres les liens du mariage et ne pas craindre de déployer des trésors de fascination à l’endroit d’une jeune femme qui n’a que faire de se croire sublime, même pour un instant.
Je vous suis toutefois reconnaissante de l’intérêt que vous m’avez porté, mais je vous prie de bien vouloir désormais vous efforcer d’en faire bénéficier de plus naïves que moi.
Laetitia DEMOOR, Futur Madame LANGEVIN
Ps : Ah oui, je tenais à vous le faire savoir, le mot « pince fesse » auquel vous avez cru devoir recourir pour désigner l’agréable réception organisée par mon ami du Breuil, n’a pas manqué de m’’incommoder.
Je ne saurais trop remercier Valentin du Breuil, notre ami commun, de m’avoir convié à ce petit pince fesse de l’autre jour. D’ordinaire, je fuis ces réceptions où je ne fais que tenter de battre mon dernier record d’ennui, mais là, lorsque je vous ai vue, approchant votre verre de champagne de vos lèvres si gracieuses , lorsque je vous ai entendue rire comme une enfant aux plaisanteries de ce bellâtre qui vous accaparait, j’ai compris qu’un rayon de soleil venait d’inonder ma vie. Non, ne voyez dans mes propos aucune tentative de séduction. Nos vies qui n’ont fait que se croiser, à peine de s’apercevoir, en cet après-midi de printemps, n’ont nulle vocation à se rejoindre. Nous sommes, l’un et l’autre, retenus par les liens opiniâtres du mariage et ce serait folie que de vouloir s’y soustraire. Et puis telle n’est pas à vrai dire mon intention. Simplement, je suis photographe, de ceux qui tentent de fixer sur la pellicule le visage lointain de ces femmes que souvent l’on affuble avec abus du nom de star. Valentin après moult requêtes a bien voulu me confier votre adresse et je veux croire que vous ne me ferez pas grief de mon audace : accepteriez-vous de poser pour moi ? Accepteriez-vous de me prêter pour quelques heures cette grâce inégalable que Dieu vous a donnée ? J’en ferai, soyez certaine, le plus respectueux usage qu’un photographe puisse faire de la beauté
S’il vous plaît, ne répondez pas non immédiatement!Vous ne feriez que me priver du plaisir de vous donner un instant l’illusion d’être sublime pour l’éternité.
Respectueusement vôtre,
Jean Marcini
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Paris, le 20 mai 1988,
Monsieur,
Ce n’est pas sans étonnement que j’ai pris connaissance de votre lettre. J’espère que vous comprendrez le partage qui est le mien entre colère et compassion. J’ai longtemps hésité avant de vous adresser ce courrier, mais il faut croire que c’est la compassion qui l’a emporté ; Avant d’aller plus loin je veux vous faire connaître ce qui a suscité mon courroux ;D’abord vos mots, cette façon de vous affirmer d’emblée sur un terrain conquis, vos mots non dénués d’emphase, comme destinés à circonvenir la petite provinciale que je suis. Car sachez bien que je suis une provinciale, échouée Quelques temps à Paris pour d’obscures raisons familiales. Je n’ai rien à voir avec les stars dont vous couvrez vos pellicules. Inutile donc de chercher à m’appâter par des compliments qui n’ont d’autres avantages que de me faire sourire. Et puis, dois-je vous le dire, ce « bellâtre » aux facéties duquel je riais et qui semblait vous encombrer, n’est autre que mon fiancé. Car,oui, je ne suis pas mariée mais je me prépare à l’être et je ne voudrais pas faire vaciller ce beau projet en m’offrant à votre objectif quand bien même, en dépit de vos inutiles propos louangeurs, je ne doute pas qu’il demeurerait respectueux.
Compassion, disais-je, car il faut être bien malheureux en ménage pour qualifier comme vous l’écrivez d’opiniâtres les liens du mariage et ne pas craindre de déployer des trésors de fascination à l’endroit d’une jeune femme qui n’a que faire de se croire sublime, même pour un instant.
Je vous suis toutefois reconnaissante de l’intérêt que vous m’avez porté, mais je vous prie de bien vouloir désormais vous efforcer d’en faire bénéficier de plus naïves que moi.
Laetitia DEMOOR, Futur Madame LANGEVIN
Ps : Ah oui, je tenais à vous le faire savoir, le mot « pince fesse » auquel vous avez cru devoir recourir pour désigner l’agréable réception organisée par mon ami du Breuil, n’a pas manqué de m’’incommoder.
HELLION- Nombre de messages : 477
Age : 74
Date d'inscription : 19/08/2017
Re: Laetitia (Lettres 2 et 3)
Ha ha ! Qu'est-ce que c'est que ça ? Du théâtre ou de l'historique ?
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Laetitia (Lettres 2 et 3)
Ni l'un ni l'autre, camarade.
Regarde le poste « Laetitia (lettre 1). Tu auras l'explication.
Regarde le poste « Laetitia (lettre 1). Tu auras l'explication.
HELLION- Nombre de messages : 477
Age : 74
Date d'inscription : 19/08/2017
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