Inévitablement
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Inévitablement
INEVITABLEMENT
C'était inévitable : l'odeur des amandes amères lui rappelait toujours ses amours contrariées. De plus il avait horreur de l’amande amère, sa saveur par trop prononcée lui rappelant l’haleine pestilentielle émanant des infâmes chicots de sa maîtresse d’école lorsque, enfant, il devait utiliser en ateliers travaux pratiques la fameuse colle blanche aux effluves amandés.
Ce qu’il aimait déjà mieux, c’était l’amande du noyau d’abricot, à condition de bien retirer la pellicule amère qui ne présentait aucun intérêt gustatif, et qui lui remémorait inévitablement le fumet innommable du « goulot » de sa maîtresse d’école dont les exhalaisons n’avaient rien à envier à l’arôme délicat d’une décharge publique en plein été.
Cependant, il aimait nettement moins l’amende de l’aubergine bien que, une fois dépelliculée, cette dernière eût un goût plus suave, presque doux, un peu comme du jambon, mais pas salé ; d’ailleurs l’aubergine pelée ressemble vaguement à du cochon, il faut bien le reconnaître.
Non, ce qu’il détestait franchement et catégoriquement dans l’amande amère, c’était le cheval. Alors là, autant dire que cela lui était insupportable, surtout à cause des arêtes qui laissaient inévitablement des traces indélébiles sur ses délicates papilles gustatives en toile de jute, ainsi que des sabots qui érodaient son parquet en plumes de sardine, parquet au demeurant fraîchement vitrifié (et en l’occurrence, poil à la malchance). Bon, c’est vrai, il faut dire que son talent d’artiste plasticien lui autorisait des créations originales, notamment le trompe-l’œil, discipline dans laquelle il excellait...
En effet, il savait peindre les odeurs comme personne (d’ailleurs personne n’a jamais fait ça), en trompe-l’œil, je vous affirme.
Imaginez-vous l’odeur des amandes amères, du cochon, des sabots et des arêtes de cheval en trompe-l’œil !
Finalement, il avait beau faire, tout cela lui rappelait inévitablement ses amours contrariées, c’était là son destin...
C'était inévitable : l'odeur des amandes amères lui rappelait toujours ses amours contrariées. De plus il avait horreur de l’amande amère, sa saveur par trop prononcée lui rappelant l’haleine pestilentielle émanant des infâmes chicots de sa maîtresse d’école lorsque, enfant, il devait utiliser en ateliers travaux pratiques la fameuse colle blanche aux effluves amandés.
Ce qu’il aimait déjà mieux, c’était l’amande du noyau d’abricot, à condition de bien retirer la pellicule amère qui ne présentait aucun intérêt gustatif, et qui lui remémorait inévitablement le fumet innommable du « goulot » de sa maîtresse d’école dont les exhalaisons n’avaient rien à envier à l’arôme délicat d’une décharge publique en plein été.
Cependant, il aimait nettement moins l’amende de l’aubergine bien que, une fois dépelliculée, cette dernière eût un goût plus suave, presque doux, un peu comme du jambon, mais pas salé ; d’ailleurs l’aubergine pelée ressemble vaguement à du cochon, il faut bien le reconnaître.
Non, ce qu’il détestait franchement et catégoriquement dans l’amande amère, c’était le cheval. Alors là, autant dire que cela lui était insupportable, surtout à cause des arêtes qui laissaient inévitablement des traces indélébiles sur ses délicates papilles gustatives en toile de jute, ainsi que des sabots qui érodaient son parquet en plumes de sardine, parquet au demeurant fraîchement vitrifié (et en l’occurrence, poil à la malchance). Bon, c’est vrai, il faut dire que son talent d’artiste plasticien lui autorisait des créations originales, notamment le trompe-l’œil, discipline dans laquelle il excellait...
En effet, il savait peindre les odeurs comme personne (d’ailleurs personne n’a jamais fait ça), en trompe-l’œil, je vous affirme.
Imaginez-vous l’odeur des amandes amères, du cochon, des sabots et des arêtes de cheval en trompe-l’œil !
Finalement, il avait beau faire, tout cela lui rappelait inévitablement ses amours contrariées, c’était là son destin...
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Inévitablement
Joli petit texte tout à fait en ligne avec ton avatar, mon cher PCP !
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: Inévitablement
Mercix beaucoupe Midni !
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: Inévitablement
oui, il y a du déjanté dans l'inspiration mais de la maîtrise du côté de l'écriture. C'est souvent là que se situe le ressort de la cocasserie. Puis il y a des trouvailles telles que la peinture des odeurs et ce doute qui plane sur la constitution physique voire l'identité du personnage ; qui est-il ? À quoi ressemble-t-il ? Une sorte de centaure qui occuperait l'appartement bourgeois ? Un ex satire reconvertie en bourgeois célibataire ? Un BCP encore encombré de son rêve nocturne ? En fait l'on aimerait que ce texte soit le premier épisode d'un feuilleton aux relents surréalistes ou les maîtresses d'école seraient de vilaines sorcieres qui par le seul effet de leur haleine putride mais néanmoins magique transformeraient les petits écoliers en zèbre autre loup-garou dont la délivrance passerait par la quête héroïque d'un baiser libérateur, genre version « banlieue 93 » de la belle et la bête.
HELLION- Nombre de messages : 477
Age : 74
Date d'inscription : 19/08/2017
Re: Inévitablement
Oulala ! Quelle analyse !
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
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