Le vent se lève

Aurore attendait dans le parc depuis une heure. Éric ne venait pas ; il ne viendrait plus, maintenant.
Pourtant la veille, il semblait sincère :
– Aurore ! Quelle surprise ! Je n’aurais jamais pensé te rencontrer dans une salle d’attente, après tout ce temps !…
Ils avaient bavardé. Éric venait de divorcer.
– Je suis désolée, avait dit Aurore. Tu as des enfants ?
– Non, heureusement. C’est un moindre mal.
– Tu m’as reconnue tout de suite ?
– Oui. Tu n’as presque pas changée. Moi, j’ai pris des rides autour des yeux…
– Ça te va bien.
La porte du cabinet s’ouvrit. Aurore se leva.
– C’est à moi. Peut-être à bientôt ?
Éric s’était levé aussi. Il la dépassait d’une tête.
– Pourquoi pas demain, vers midi ?
Et Aurore, cruelle :
– Au parc ?
– D’accord. Au parc.
Mais Aurore attendait dans le parc depuis une heure. Éric  ne venait pas ; il ne viendrait plus, maintenant.
Quand elle était ressortie, Éric lui avait fait un petit signe avant de suivre le médecin à son tour. Ensuite il s’était déshabillé derrière le paravent. La secrétaire était entrée sans le voir :
– Docteur, qu’est-ce que je fais du dossier de mademoiselle Aurore Dutertre ?
– Eh bien, posez-le là, Sabine. Avec les autres cancers du sein.

Les occasions cruellement manquées !
Beaucoup plus court cette fois-ci, mais très bien tourné aussi !

Drôle de titre, ça m'a fait penser au film de Ken Loach. Quant au récit, beaucoup trop court pour avoir des éléments d'appréciation. Tout repose sur la chute, mais elle est tellement vite amenée qu'on n'a même pas le temps de s'émouvoir. C'est difficile de capter l'attention avec des formats aussi rapide.

le cancer fait fuir même les saints
Eric un brin pathétique

C'est une anecdote cruelle disons. Un centaine de la même taille et du même acabit ferait un gentil petit volume de chroniques de la vie moderne.

Jano a écrit:Drôle de titre, ça m'a fait penser au film de Ken Loach. Quant au récit, beaucoup trop court pour avoir des éléments d'appréciation. Tout repose sur la chute, mais elle est tellement vite amenée qu'on n'a même pas le temps de s'émouvoir. C'est difficile de capter l'attention avec des formats aussi rapide.

Décidément je ne suis pas d'accord avec vous : le court est un format formidable, surtout sur un forum. On est obligé d'aller à l'essentiel !

L'essentiel ne veut pas dire superficiel. Je considère le format court comme plutôt facile et racoleur, pas au sens péjoratif, mais au sens où l'on sait qu'on va attirer plus de lecteurs. Je suis adepte des nouvelles longues qui prennent le temps de poser un cadre et approfondir des portraits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne poste pas les miennes ici, je sais pertinemment que vu leur longueur elles ne seront jamais lues.

Jano a écrit:L'essentiel ne veut pas dire superficiel. Je considère le format court comme plutôt facile et racoleur, pas au sens péjoratif, mais au sens où l'on sait qu'on va attirer plus de lecteurs. Je suis adepte des nouvelles longues qui prennent le temps de poser un cadre et approfondir des portraits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne poste pas les miennes ici, je sais pertinemment que vu leur longueur elles ne seront jamais lues.

Des nouvelles longues comme du Sergio Léonne, pourquoi pas ?
L'essentiel est même le contraire du superficiel…
Décidément : j'écris aussi volontier long que court pour ma part et je pense qu'écrire court est le plus difficile. Il faut synthétiser, relire, couper… Pour moi écrire long, c'est seulement écrire plus longtemps, car c'est beaucoup plus de travail. Mais je suis d'accord que sur le forum;, la tendance est au court. En tant qu'exercices, c'est probablement mieux pour tout le monde. Mais si tu publies des textes longs qui me captivent, je les lirais bien évidemment. Je suis un très gros lecteur.
Tu l'as peut-être déjà fait, donne moi un lien pour que j'aille voir.

[quote="Narbah"]

Jano a écrit:L'essentiel ne veut pas dire superficiel. Je considère le format court comme plutôt facile et racoleur, pas au sens péjoratif, mais au sens où l'on sait qu'on va attirer plus de lecteurs. Je suis adepte des nouvelles longues qui prennent le temps de poser un cadre et approfondir des portraits. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne poste pas les miennes ici, je sais pertinemment que vu leur longueur elles ne seront jamais lues.

Ce serait mieux si on discutait icinon ?

Je posterai une nouvelle demain. Si je n'ai qu'un lecteur, ce sera déjà ça ! (dommage qu'on ne puisse pas mettre d'émoticônes dans nos messages)

Jano a écrit:Je posterai une nouvelle demain. Si je n'ai qu'un lecteur, ce sera déjà ça ! (dommage qu'on ne puisse pas mettre d'émoticônes dans nos messages)

Tous les interdits sont bons à contourner en littérature je pense. Ils peuvent être comme ça :-)
Style occidental Description Style nippon
:-) =) (: Sourire
X) x) (x Sourire sournois
:-( =( ): Tristesse
:-| =| |: Blasé
:-D =D Riant de toutes ses dents, heureux
;-) (; Clin d'œil
:-P :-p :p =P =p Tirant la langue, taquin
:-O :-o :O =O =o =-O o: Étonné, bouche bée, surpris
8-) 8-O 8O N'en croyant pas ses yeux, adoration ou lunettes.
X-D XD x-D xD Personnage riant
:-$ :$ =$ $: Gêné, timide, honteux

Pour moi, court n'est pas synonyme de "superficiel" mais plutôt d'essentiel. Le travail est donc différent de celui requis pour une nouvelle plus longue ou un roman. Il demande moins de temps, mais il n'est pas moins intense.

Et même pas sûr qu'il demande moins de temps.... Un jardinier dirait qu'élaguer demande plus de temps que semer à la volée !
Perso, je n'ai pas le culte du travail en tant que tel, surtout du travail qui s'apprécie au poids. Je préfère 10 grammes de caviar à un kilo de ragoût. Mais je préfère aussi un bon ragoût à un mauvais caviar... l'argument poids ou longueur n'est pas un critère en ce qui me concerne. Entre les "Histoires naturelles" de Jules Renard et " Cent ans de solitude" de Garcia Marquez, je serais bien embêtée de choisir !

Pardon, Marco, j'étais venue pour commenter, pas pour digresser !
Donc, tu l'as compris, j'aime bien le court. Ici, cependant, je trouve que tu aurais pu, sans forcément détailler plus, donner au lecteur un poil de temps de plus pour entrer dans la situation.
Un truc en trop, à mon avis " mademoiselle Aurore Dutertre" : l'ensemble sonne peu naturel et on dirait que tu ne fais pas assez confiance à ton lecteur pour comprendre. Je supprimerais soit Aurore, soit mademoiselle.
En revanche, bravo pour l'ellipse : "Aurore, cruelle" qui titille la curiosité du lecteur sur ce que ces deux-là ont vécu quelques années avant.
Une micro nouvelle bien de notre époque, qui fait mouche.

Impossible de supprimer "Aurore", sinon le texte est incompréhensible.
Je préfère garder le "mademoiselle". Dans la vraie vie, probable que la secrétaire ne dirait pas ça, mais j'ai voulu maintenir cette phrase un peu ampoulée, d'abord pour une question de rythme, et ensuite pour marquer la différence avec le niveau de langage plus décontracté des deux protagonistes, Eric et Aurore.

Impossible de supprimer "Aurore", sinon le texte est incompréhensible.
Je préfère garder le "mademoiselle". Dans la vraie vie, probable que la secrétaire ne dirait pas ça, mais j'ai voulu maintenir cette phrase un peu ampoulée, d'abord pour une question de rythme, et ensuite pour marquer la différence avec le niveau de langage plus décontracté des deux protagonistes, Eric et Aurore.

L'ideeest bonne mais tu aurais du amener la chute differremment. Pour ressentir la cruauté d'une situation le lecteur a besoin d'y croire à cent pour cent. Or moi je suis sortie du texte et donc de l'emotion car je me suis dit : non un medecin ne trie pas ses dossiers par pathologie, les rhumes ici, l'arthrose la, les cancers ailleurs. Un medecin trie ses dossiers par ordre alphabetique pour retrouver le dossier de chacun au prochain rendez vous.
La fiction doit être incontestable pour nous maintenir en tension....
J'aime bien le format "vignette" et le style "petits contes cruels de la vie quotidienne"

Il faut bien comprendre que le challenge était d'écrire une histoire très courte, le plus court possible. Avec cette contrainte, qui est assez excitante en fait, je suis obligé d'aller à l'essentiel, sans bien sûr remettre en cause la plausibilité du texte, ce qui me paraît être le cas ici : on peut parfaitement imaginer que le toubib classe à part les dossiers "'graves".

Cancer du sein c'est une pathologie répandue une sur huit de ses patientes en sera atteinte , si tous les noms sont mélangés....Je t'assure que les medecins ne classent pas par pathologie...donc quand on sait çà on ne peut l'imaginer ...mais bon....La secrétaire aurait pu dire un truc du genre : je m'occupe de son rendez-vous pour sa radiothérapie et je rappelle Mademoiselle Dutertre....par exemple....

Je ne peux pas dire "mademoiselle Dutertre". Il faut le prénom "Aurore", sinon la chute ne fonctionne pas. Et il faut aussi le mot "cancer du sein", beaucoup plus frappant que "radiothérapie".

Rebecca a écrit:Cancer du sein c'est une pathologie répandue  une sur huit de ses patientes en sera atteinte , si tous les noms sont mélangés....Je t'assure que les medecins ne classent pas par pathologie...donc quand on sait çà  on ne peut l'imaginer ...mais bon....La secrétaire aurait pu dire un truc du genre : je m'occupe de son rendez-vous  pour sa radiothérapie et je rappelle  Mademoiselle Dutertre....par exemple....

Ou bien, “le courrier urgent que vous m'avez demandé pour annoncer le cancer de Madame Dutertre a son médecin traitant“.