Bas instincts

Ma vie se déroule au rythme des matins
Ma vessie est pleine il faut que je la vide
Et si mon profil semble un ventre gravide
Il faut que je vide aussi mes intestins

Dans le jour qui tangue en doutes incertains
Je lève en branlant ma carcasse livide
Et vais m’isoler où allait seul Ovide
Perclus des douleurs de mes plus bas instincts

Assis sur le trône en position fœtale
Roi pantin je pense à la femme fatale
Nue dans la revue des plaisirs clandestins

Ô pute au pouvoir qui tient en ta poitrine
Tu sais que tes seins au sein du magazine
Déroulent ma vie au rythme des catins.


3 avril 2022

ce sonnet ne manque pas d'habileté ni d'humour. Je m'interroge simplement sur la réitération du verbe « déroule » dans le premier vers puis dans le dernier. J'ai bien compris il s'agissait là d'un effet volontaire, mais je reste perplexe quant à son opportunité…

Merci Hellion. Tu as raison. Au départ, j'avais écrit pour dernier vers : "Ma vie se déroule au rythme des catins", ce qui fermait le sonnet en symétrie du premier vers, mais comme j'ai retravaillé mon dernier tercet, c'est parti en couilles. Je vais réfléchir.

Ah le charme irritant des vers de 11 pieds, le charme dérangeant du sonnet au thème le plus prosaïque...
"Déroule" en début et en fin, c'est bien trouvé pour moi, puisqu'il s'agit à la fois de l'évocation de nos différents tuyaux intimes, et du déroulé de jours toujours semblables.

J'aime bien aussi le contraste entre corps masculin réel et corps féminin en images.

Merci seyne. Ton analyse m'assied.

J'étais gêné par ma fin. Entre autre, j'ai regretté d'avoir utilisé le mot pute que je trouve laid. Je vous livre ma nouvelles version avec une nouvelle fin.

Merci pour vos passages.

Ma vie se déroule au rythme des matins
Ma vessie est pleine il faut que je la vide
Et si mon profil semble un ventre gravide
Il faut que je vide aussi mes intestins

Dans le jour qui tangue en doutes incertains
Je lève en branlant ma carcasse livide
Et vais m’isoler où allait seul Ovide
Perclus des douleurs de mes plus bas instincts

Assis sur le trône en position fœtale
Roi pantin je pense à la femme fatale
Qui fait son métier des plaisirs clandestins

Je paierai l’amour comme une marchandise
Car j’ai des besoins d’assidue paillardise
Ma vie se déroule au rythme des catins.

rituel as tu une âme
car mon esprit incite et mon corps compatit

HELLION a écrit:ce sonnet ne manque pas d'habileté ni d'humour. Je m'interroge simplement sur la réitération du verbe « déroule » dans le premier vers puis dans le dernier. J'ai bien compris il s'agissait là d'un effet volontaire, mais je reste perplexe quant à son opportunité…

Pas d'accord avec cette critique : très opportun, un rappel du premier au dernier vers avec juste un mot différent. Un excellent sonnet, grande qualité. J'en ai fait des centaines ... Signé gypoète barbu

Merci So-Back : merci de ton message percutant et incisif

Merci Gypoète barbu : je n'ai pas lu les centaines de sonnets que tu as écrits mais quelques-uns quand même, et je suis allé t'écouter les déclamer. Je sais donc que tu es un connaisseur éclairé et je te remercie de ton compliment.

La deuxième version est nickel-chrome
Le choix des hendécasyllabes est pertinent. En effet, chacun sait que 11 fait chier.

"11 fait chier" ! trop marrant ! Ca tombe à pique.