La Rencontre

Rencontre

Tout ce que j’aurais pu en apprendre est que cette représentation en série d’un oiseau marin vient d’un pays lointain et qu’il a été manipulé par des mains humaines, probablement d’origine asiatique.

Leur tâche exécutée, les mains sont rentrées à leur domicile par les transports en commun bondés, se sont ouvert une canette de bière. Il reste quelques traces de jaune tartrazine sur les doigts. Ils ouvrent la fenêtre, allument une cigarette, expédiant la fumée vers l’horizon.

L’oiseau palmé termine là-bas son errance sur les trottoirs de la ville. Il a traversé les océans, ignorant l’odeur du poisson, les coquillages, le bois flotté et les reflets colorés des morceaux de verre poli. Il ignore l’embrasure de la fenêtre ouverte, les traces de tartrazine sur le bois. Une cendre tombe.

« - Encore une journée de passée » me dit de loin la rencontre.

Bonjour 'toM, contente de te voir ici.
J'aime beaucoup ce texte, la façon qu'il a de glisser rapidement d'image en image, et par ce moyen d'interroger la création, la représentation.
Rien d'un ébahissement devant le génie créatif, non, quelque chose de beaucoup plus proche du réel, plus humble aussi : un artisan lointain, un amateur d'objet "sans qualité", un oiseau vivant, un oiseau de bois ou de plâtre qui tente de lui ressembler, des voyages d'un bout du monde à l'autre : humains, animaux, choses...

Bonjour toi, heureux de t'y retrouver.
(même si je me sens capable de déambuler des heures dans un entrepôt désaffecté...)

Tu as bien lu. Cette transition très rapide, qu'on aurait pu limiter à un conteneur.
Le petit goéland en peluche n'est plus la représentation de l'oiseau, ni même un porte-clefs.
Son insignifiance lui donne une autre portée.
Il est un petit morceau de vie à l'autre bout qui éveille de la sympathie. Pas de la compassion, de la sympathie.