Zombies
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seyne
David
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Zombies
Rideaux tirés sur
Le jardin sous la pluie
La journée qui s’achève
Les hommes menaçants
Tu t’accroches à ma jambe
La dame est revenue
Elle lance des seaux d’eau
Contre la baie vitrée
Et son doigt sur la glace
Trace des lettres aqueuses
« Viens », dit-elle
« Tu peux me faire confiance.
Descendons au sous-sol
Nous serons protégées
Laissons donc les cadavres
Au-dessus de nos têtes
Plutôt que sous nos pieds »
Nous parlons, nous mangeons
La terre se couvre de nos déchets
Elle exhale l’argile
Le plâtre et la poussière
Il fait sec, et bon.
Soudain l’escalier craque
Voici venir les pères et voici les maris
Ils froissent les papiers
Secrets, les sucreries
Et maintenant : courez
Si nous vous attrapons…
Je cours à reculons
Garde un œil sur toi
Je ne t’abandonne pas
Les regarde bondir
Vite, ils empoignent
Ta main, te retiennent
Alors je me laisse tomber
Je ne t’abandonne pas
Nous saurons vous aimer
Le jardin sous la pluie
La journée qui s’achève
Les hommes menaçants
Tu t’accroches à ma jambe
La dame est revenue
Elle lance des seaux d’eau
Contre la baie vitrée
Et son doigt sur la glace
Trace des lettres aqueuses
« Viens », dit-elle
« Tu peux me faire confiance.
Descendons au sous-sol
Nous serons protégées
Laissons donc les cadavres
Au-dessus de nos têtes
Plutôt que sous nos pieds »
Nous parlons, nous mangeons
La terre se couvre de nos déchets
Elle exhale l’argile
Le plâtre et la poussière
Il fait sec, et bon.
Soudain l’escalier craque
Voici venir les pères et voici les maris
Ils froissent les papiers
Secrets, les sucreries
Et maintenant : courez
Si nous vous attrapons…
Je cours à reculons
Garde un œil sur toi
Je ne t’abandonne pas
Les regarde bondir
Vite, ils empoignent
Ta main, te retiennent
Alors je me laisse tomber
Je ne t’abandonne pas
Nous saurons vous aimer
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
'toM aime ce message
Re: Zombies
Brrr... j'aime bien le ton du poème angoissant, son opacité aussi : est-ce juste une histoire de zombies ou une métaphore.
Re: Zombies
Oui, c'est la question que je me pose aussi.
Sinon, je trouve que la forme poétique donne une qualité très particulière à ce récit, c'est finalement assez rare qu'on joue à ce jeu-là.
Sinon, je trouve que la forme poétique donne une qualité très particulière à ce récit, c'est finalement assez rare qu'on joue à ce jeu-là.
Re: Zombies
Merci à tous les deux pour vos retours sur ce poème.
Ce n'est effectivement pas "juste une histoire de zombies" . D'ailleurs je ne suis pas sûre d'être convaincue par ce titre, j'hésite à ce que la dernière phrase "... Nous saurons vous aimer" devienne le titre et qu'il ne soit plus du tout fait mention de créatures fantastiques.
J'ai écrit ce texte à partir d'un rêve/cauchemar, que j'avais trouvé lourd de symboles ; la descente au sous-sol, le sol couvert de déchets, et les "hommes menaçants" qui réclament que tout soit nettoyé, rangé, qui courent après les trois femmes (la narratrice, la femme aux seaux d'eau, et l'enfant accrochée à la jambe) avec tout leur "amour" qui les effraie...
Je me pose aussi la question de laisser ou non la dernière strophe. Le rêve se terminait avec cette espèce de fuite à reculons, poursuivie par des personnages bondissants presque cartoonesques, et le "sacrifice" en se laissant attraper quand l'enfant ne peut plus suivre. J'avais envie de l'intégrer au poème mais elle ne me semble pas complètement naturelle. Finir par le "si nous vous attrapons..." qui renverrait au titre "... nous saurons vous aimer" me semble peut-être plus logique, mais ça enlèverait toute une dimension de l'histoire...
Bon voilà un peu toutes les réflexions que ce texte et vos réponses m'évoquent, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Ce n'est effectivement pas "juste une histoire de zombies" . D'ailleurs je ne suis pas sûre d'être convaincue par ce titre, j'hésite à ce que la dernière phrase "... Nous saurons vous aimer" devienne le titre et qu'il ne soit plus du tout fait mention de créatures fantastiques.
J'ai écrit ce texte à partir d'un rêve/cauchemar, que j'avais trouvé lourd de symboles ; la descente au sous-sol, le sol couvert de déchets, et les "hommes menaçants" qui réclament que tout soit nettoyé, rangé, qui courent après les trois femmes (la narratrice, la femme aux seaux d'eau, et l'enfant accrochée à la jambe) avec tout leur "amour" qui les effraie...
Je me pose aussi la question de laisser ou non la dernière strophe. Le rêve se terminait avec cette espèce de fuite à reculons, poursuivie par des personnages bondissants presque cartoonesques, et le "sacrifice" en se laissant attraper quand l'enfant ne peut plus suivre. J'avais envie de l'intégrer au poème mais elle ne me semble pas complètement naturelle. Finir par le "si nous vous attrapons..." qui renverrait au titre "... nous saurons vous aimer" me semble peut-être plus logique, mais ça enlèverait toute une dimension de l'histoire...
Bon voilà un peu toutes les réflexions que ce texte et vos réponses m'évoquent, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
Oui, zombies impose des images qui ne sont pas celles de ton rêve si je comprends bien. "nous saurons vous aimer" est magnifique de menace latente, et de sens implicite, ça ferait un très beau titre.
Moi je garderais l'ensemble du récit. J'ai souvent écrit à partir de rêves et je suis convaincue que notre rêveur interne est bien meilleur scénariste que notre penseur diurne.
Moi je garderais l'ensemble du récit. J'ai souvent écrit à partir de rêves et je suis convaincue que notre rêveur interne est bien meilleur scénariste que notre penseur diurne.
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Après l'avantage des zombies c'est qu'ils proposent une autre piste que celle d'une simple protestation féministe. Ils égarent un peu le lecteur, et introduisent la mort d'un autre côté.
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Exactement. Ou alors mettre "nous saurons vous aimer en titre" et faire un sous-titre type "une histoire de zombies".
Après il y a quand même la mention des cadavres au dessus des têtes dans le poème, qui peut suffir à introduire la mort peut être ?
Après il y a quand même la mention des cadavres au dessus des têtes dans le poème, qui peut suffir à introduire la mort peut être ?
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
(pardon j'ai répondu depuis mon téléphone et j'ai écrit n'importe quoi entre les guillemets mal placés et suffire sans e !)
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
Oui, zombie est trop grand guignol. Peut-être il faudrait mieux laisser entendre que les cadavres font partie du territoire des poursuivants ? La cave, c'est autre chose, plus organique.
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Ah oui, tiens, un rêve, je n'y avais pas pensé. "Zombie" éradique un côté "fleur bleue", et c'est un drôle de son aussi, ça fait cirque un peu à l'oreille.
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Oui, justement je ne veux pas d'un côté fleur bleue, et le côté cirque (un peu présent quand même avec ces hommes bondissants comme dans un cartoon) de zombie fait que j'avais choisi ce titre. Je n'arrive pas à décider de quel côté faire pencher la balance entre les deux titres (ça veut peut être dire que je devrais en trouver un troisième d'ailleurs).
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
Bon, tentative de deuxième version :
…Nous saurons vous aimer
Rideaux tirés sur
Le jardin sous la pluie
La journée qui s’achève
Les hommes menaçants
Tu t’accroches à ma jambe
La dame est revenue
Elle lance des seaux d’eau
Contre la baie vitrée
Et son doigt sur la glace
Trace des lettres aqueuses
« Viens », dit-elle
« Tu peux me faire confiance
Descendons au sous-sol
Nous serons protégées
Laissons donc les cadavres
Au-dessus de nos têtes
Plutôt que sous nos pieds »
Nous parlons, nous mangeons
Couvrons la Terre de nos déchets
Elle exhale l’argile
Le plâtre et la poussière
Il fait sec, et bon.
Soudain l’escalier craque
Voici venir les pères et voici les maris
Ils froissent les papiers
Secrets, les sucreries
Et maintenant : courez
Si nous vous attrapons…
J’avance à reculons
Attentive à ta course
Les regarde bondir
Vite, ils empoignent
Ta main, te retiennent
Je tombe ; ils fondent
se détournent de toi
Je ne t’abandonne pas.
…Nous saurons vous aimer
Rideaux tirés sur
Le jardin sous la pluie
La journée qui s’achève
Les hommes menaçants
Tu t’accroches à ma jambe
La dame est revenue
Elle lance des seaux d’eau
Contre la baie vitrée
Et son doigt sur la glace
Trace des lettres aqueuses
« Viens », dit-elle
« Tu peux me faire confiance
Descendons au sous-sol
Nous serons protégées
Laissons donc les cadavres
Au-dessus de nos têtes
Plutôt que sous nos pieds »
Nous parlons, nous mangeons
Couvrons la Terre de nos déchets
Elle exhale l’argile
Le plâtre et la poussière
Il fait sec, et bon.
Soudain l’escalier craque
Voici venir les pères et voici les maris
Ils froissent les papiers
Secrets, les sucreries
Et maintenant : courez
Si nous vous attrapons…
J’avance à reculons
Attentive à ta course
Les regarde bondir
Vite, ils empoignent
Ta main, te retiennent
Je tombe ; ils fondent
se détournent de toi
Je ne t’abandonne pas.
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
C'est intéressant de mettre côte à côte les deux versions : la deuxième est fluide et le récit est très clair, le thème également. La première était pleine de bruit et de fureur, d'énigmes, d'images fuyantes...comme un rêve. Peut-être il n'y a pas à choisir?
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Je n'avais pas fait attention au titre. Et rien que le mot Zombies vient pour moi déconnecter tout ce qu'il peut y avoir de réel,
même cauchemardesque (mais c'est un vrai cauchemar, avec tout ce qui relie un cauchemar au vécu),
pour en faire un texte de SF, banal, anodin.
Alors qu'il transpire la peur.
Il y a cette scène décrite par Primo Lévi, à Auschwitz, qui m'est immédiatement remontée à la gorge.
Il y a toutes ces images de photographes de presse qui couvrent les assaillants, les assaillis.
Il y a l'actualité.
Que dire de plus.
Nous saurons vous aimer, c'est foudroyant comme conclusion. Tant elle dévoie le verbe Aimer,
mais c'est exactement ça. Alors le titre, peu importe (sauf Z...), et le texte : pas une virgule.
même cauchemardesque (mais c'est un vrai cauchemar, avec tout ce qui relie un cauchemar au vécu),
pour en faire un texte de SF, banal, anodin.
Alors qu'il transpire la peur.
Il y a cette scène décrite par Primo Lévi, à Auschwitz, qui m'est immédiatement remontée à la gorge.
Il y a toutes ces images de photographes de presse qui couvrent les assaillants, les assaillis.
Il y a l'actualité.
Que dire de plus.
Nous saurons vous aimer, c'est foudroyant comme conclusion. Tant elle dévoie le verbe Aimer,
mais c'est exactement ça. Alors le titre, peu importe (sauf Z...), et le texte : pas une virgule.
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Oh, ta lecture est super intéressante 'toM. Merci pour ton retour !
Je trouve cependant qu'enlever les virgules des dernières strophes serait étrange rythmiquement, elles viennent saccader le texte et je trouve qu'elles renforcent le sentiment d'étouffement, la précipitation qui s'installe brusquement...
Je trouve cependant qu'enlever les virgules des dernières strophes serait étrange rythmiquement, elles viennent saccader le texte et je trouve qu'elles renforcent le sentiment d'étouffement, la précipitation qui s'installe brusquement...
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
Je disais : "Ne change pas une virgule"
(encore une ellipse)
(encore une ellipse)
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: Zombies
Ok, j'avais hésité à le comprendre comme ça :blush:. Merci !
(Mais du coup je devrais ne rien changer à la première ou la seconde version ?)
(Mais du coup je devrais ne rien changer à la première ou la seconde version ?)
Floralyre- Nombre de messages : 33
Age : 31
Date d'inscription : 09/03/2020
Re: Zombies
Je préfère la première, mais je pense que c'est à toi de choisir entre ton cauchemar et ton écriture, ou tes écritures de ce cauchemar,
que je n'ai certainement pas lu comme tu l'as rêvé.
que je n'ai certainement pas lu comme tu l'as rêvé.
'toM- Nombre de messages : 287
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
J'ai beaucoup aimé et je préfère aussi la première version mais il n'y a pas à choisir !
Merci pour ce partage.
J'ai vraiment adoré :
Elle lance des seaux d’eau
Contre la baie vitrée
Et son doigt sur la glace
Trace des lettres aqueuses
L'image des seaux d'eau lancés sur une baie vitrée, au-delà de la chamaillerie, c'est la compagnie des grands éléments dans nos petites dérisions.
Je suis content de voir de l'animation sur VE.
A très vite !
Antoine
Merci pour ce partage.
J'ai vraiment adoré :
Elle lance des seaux d’eau
Contre la baie vitrée
Et son doigt sur la glace
Trace des lettres aqueuses
L'image des seaux d'eau lancés sur une baie vitrée, au-delà de la chamaillerie, c'est la compagnie des grands éléments dans nos petites dérisions.
Je suis content de voir de l'animation sur VE.
A très vite !
Antoine
Jand- Nombre de messages : 306
Age : 27
Date d'inscription : 05/04/2016
Floralyre aime ce message
Re: Zombies
Je retiens la première version beaucoup plus forte en sa conclusion : "Je cours à reculons" !
et un texte sans ponctuation,
le titre m'a désorientée
je lis un affrontement ou une vengeance ou un règlement de comptes entre femmes et hommes
« Viens », dit-elle
« Tu peux me faire confiance.
Descendons au sous-sol
Nous serons protégées,
c'est féminin, c'est la protection,
vers le rassurant, vers l'essentiel, là où « il fait sec et bon »
et
La terre se couvre de nos déchets
à la terre se mêlent les restes de nourriture du repas partagé entre « elles », pour un compost de vie, de renaissance, de transformation des restes en quelque chose d'autre de vivant
les pères et les maris descendent dans l'organique dans le ventre de la maison
pourquoi ?
pour prendre ce qu'ils ne peuvent avoir sans combattre
la deuxième strophe est magnifique
l'histoire s'inscrit en lettres de glace l'eau jetée sur la vitre se glace à son contact restent les mots vivants les mots vibrant de cette substance aqueuse
tout est organique au féminin
la mort est masculine
et les cadavres nous content les combats anciens
c'est une lute pour la vie
merci pour ce partage, comme dirait Joël
et un texte sans ponctuation,
le titre m'a désorientée
je lis un affrontement ou une vengeance ou un règlement de comptes entre femmes et hommes
« Viens », dit-elle
« Tu peux me faire confiance.
Descendons au sous-sol
Nous serons protégées,
c'est féminin, c'est la protection,
vers le rassurant, vers l'essentiel, là où « il fait sec et bon »
et
La terre se couvre de nos déchets
à la terre se mêlent les restes de nourriture du repas partagé entre « elles », pour un compost de vie, de renaissance, de transformation des restes en quelque chose d'autre de vivant
les pères et les maris descendent dans l'organique dans le ventre de la maison
pourquoi ?
pour prendre ce qu'ils ne peuvent avoir sans combattre
la deuxième strophe est magnifique
l'histoire s'inscrit en lettres de glace l'eau jetée sur la vitre se glace à son contact restent les mots vivants les mots vibrant de cette substance aqueuse
tout est organique au féminin
la mort est masculine
et les cadavres nous content les combats anciens
c'est une lute pour la vie
merci pour ce partage, comme dirait Joël
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
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