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Dix mille.

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Dix mille. Empty Dix mille.

Message  Rezkallah Jeu 21 Mar 2024 - 10:58

Dans la pénombre enfumée de ce bouiboui miteux, Aziz Pistol se penche en arrière, scrutant Pimprenelle à travers la fumée des cigarettes.
— Alors, Pimprenelle, tu peux me répéter ça ? Combien de types t'as baisé jusque-là ?
— dix mille.
Aziz Pistol fronce les sourcils, sceptique.
— Dix mille ? T'es sérieuse là ?
— Ouais, sérieuse comme une putain d'crise cardiaque. Je suis à la recherche de mon dix millième abruti. Une sorte de quête personnelle, tu vois.
— Merde, c'est... impressionnant.
Pimprenelle, jouant avec son verre, lui adresse un regard taquin.
— Pas loin, crois-moi. Mais et c’est pas si fastoche que ça de tomber sur un mec sur Tinder qui pourrait être le numéro dix mille. J’ai épuisé le stock de couilles sur patte si tu vois ce que je veux dire…
— Eh bien, j'suppose que c'est pas tous les jours qu'on reçoit une offre comme ça… Je me sens tout chose… je commence à flipper…
— « Avant d'aller plus loin, faut qu'on mette les choses au clair, tu piges ? » lance-t-elle d'une voix rauque.
Aziz hoche la tête, intrigué par la fermeté de son ton.
— « Ouais, ouais, j'écoute. »
— « Y a des règles, tu vois. Un contrat à signer.
Elle sort de sa poche un bout de papier froissé, l'étale sur la table poisseuse.
— « T'es prêt à aller jusqu'au bout ? »
Aziz fixe le contrat, un sourire carnassier aux lèvres.
— « Jusqu'au bout du monde, ma belle. »
Dans le contrat, en lettres grosses et audacieuses, les termes sont clairs :
1. Donner dix mille coups de rein en un seul coït. Si Pimprenelle ne jouit pas, ça ne compte pas.
2. Ne parler de cet accord à personne, sous peine de conséquences désastreuses.
3. Aziz est libre d'utiliser toutes les drogues qu'il souhaite pour atteindre son objectif.
Pimprenelle le regarde, attendant sa réaction. Aziz éclate de rire, signant le contrat d'un geste théâtral.
— « À tes risques et périls, mon gars. »
Aziz et Pimprenelle s'engouffrent dans la nuit froide et silencieuse, la tension palpable entre eux. Ils filent à travers la ville endormie, remontent la promenade pour se frayer un chemin jusqu'au quartier des Moulins. Arrivés au Bat 36, Aziz écoute attentivement les instructions de Pimprenelle avant de garer sa vieille Clio. Il observe les environs avec méfiance.
« Elle vit dans ce trou à rats », murmure-t-il en verrouillant la voiture, jetant un coup d'œil au voisin obèse qui les toise en cramant une clope. Pimprenelle lui offre un doigt d'honneur sans hésitation, puis se faufile dans le hall du bâtiment. Aziz la suit, le cœur battant la chamade.
L'appartement est un véritable taudis, les murs écaillés laissant entrevoir des traces de moisissures, le sol jonché de détritus. Une odeur âcre de tabac froid et de bière renfermée flotte dans l'air vicié. Dans le salon, un type baraqué comme un armoire à glace est affalé sur le canapé, les yeux rivés sur un match de foot qui grésille à la télévision. Il tient une cannette de bière entre ses doigts massifs, laquelle semble être une miniature tant sa main est énorme.
—C'est mon frère, Mouloud », murmure Pimprenelle à Aziz. « Ne t'inquiète pas, il est à fond dans ses paris sportifs. Il ne se rend même pas compte qu'on est là. »
Un marmot, le visage barbouillé de crottes, le nez coulant, en proie à une crise de larmes, émerge du fond de la pièce et s'accroche au bas de la robe de sa mère en gémissant à fendre l'âme.
—C'est mon fils, Kylian », souffle Pimprenelle à Aziz. « Va dans la chambre au fond à droite et attends-moi, je vais le coucher et je reviens. »
Aziz s'exécute, pénétrant dans la chambre qui, à l'instar du reste de l'appartement, est un véritable antre de décrépitude. Il sort sa flasque de poche et s'envoie une bonne rasade d'alcool, sentant déjà l'excitation monter en lui. Pourtant, une angoisse sourde commence à s'insinuer, et il n'aime pas ça.
Sur une étagère branlante qui semble tenir par miracle, des dizaines d'albums photo sont empilés. Il en saisit un au hasard, l'ouvre... et se retrouve face à des clichés de pénis. Des images de bites. De toutes sortes, de toutes couleurs, de toutes tailles. Des monstruosités, des brindilles, des échardes, des obélisques.
Choqué, il referme le classeur en panique, en saisit un autre... encore des pénis. Rien que des putains de pénis. Un vertige le prend et il s'affaisse sur le lit, submergé par la perplexité et le dégoût.
Il prend la mesure de l'ampleur de la situation. Cette femme a vu plus de bites qu'un contrôleur de fraudes. Un poids commence à lui désarticuler les épaules... "Nous étions jeunes et larges d'épaules", chantait l'autre... Mais c'est plutôt "Nous étions jeunes et larges de bites" qu'il lui faudrait chanter à cet instant.
Malgré la saleté de la chambre, le lit était au poil et une jolie commode trônait avec le reste, en bois chaud et rutilant. Il tire le tiroir. C'est une pharmacie de l'essentiel. Des pilules aux couleurs vives, des flacons aux étiquettes effacées, des sachets de poudre mystérieuse, des tubes de lubrifiant aux parfums enivrants. À côté, une collection impressionnante de sex toys de toutes tailles et formes, certains encore dans leur emballage, d'autres usés par le temps et l'usage.
On frappe à la porte avant d'ouvrir. C'est Tobias. Impressionnant. Lourd, costaud, abruti.
—Ça va ? demande Aziz.
Mouloud ne fait que le regarder sans rien dire. Ça dure un moment puis il referme la porte.
Aziz se renvoie un coup de flasque. Les choses se mettent à ralentir. Il pense à se branler pour être sûr de durer le temps qu'il faut... mais il hésite, la main sur le paquet... Merde, oui, j'ai envie de baiser, c'est sûr... Mais j'ai grave envie de me barrer d'ici aussi... Après dix minutes, Pimpe revient. Elle n'a pas pris de douche, ni même essayé d'enlever les taches de dégoulinure sur son chemisier.
Elle se défringue, et son corps hideux apparaît. Ses vêtements retenaient la gravité de son cul. Aziz replonge dans la flasque. Il manque d'air et il touche le fond. Sa chatte est un chantier, une île côtière bombardée depuis des décennies, et au milieu, comme par résistance et honneur, le clito s'est mué en semi-bite.
—Bon, tu as un truc à boire ?
— Là, dans le second tiroir, une bouteille pleine de Jim Beam.
Bien bien. Tu en as vu un paquet de bites à ce que j'ai vu ? Tu as regardé mes albums ?
— Oui, et j'en suis très fière.
Chaque fois qu'elle mettait un peu d'émotion dans la voix, sa semi-bite pendouillait de plus belle. Une large cicatrice verticale lui bariolait le ventre. Tu as des enfants donc ?
— C'est le prix à payer, pour l’éternité tu sais…
Aziz s'envoie une lourde rasade de Beam. Pimpe, sur le lit, jambe en équerre, se triture sa semi-bite.
—Tu vas bien ? demande Pimpe en le regardant d'un air inquiet.
— Ouais, ouais, ça va, répond Aziz d'une voix un peu tremblante. Aziz attrape la plaquette de Viagra dans le tiroir et en prend trois, qu'il fait passer avec une gorgée de Jim Beam.
— Pourquoi tu fais ça, Pimp? Pourquoi tout ça?
—Pourquoi? Tu aurais dû me poser cette question bien avant, bien avant! Au bar ou dans une autre vie! Je me suis fait violer par des beaux-pères laids comme des cochons morts. Je me suis faite souiller par des humains sans âmes, menteurs, tricheurs, laids, puants, suintants le fond de chiotte de station-service mexicaine. J'ai tout pris, j'ai tout accepté, chaque détail, chaque mot, chaque douleur... La vie m'a pulvérisée, et pourtant je suis toujours là, Même si je me suis tailladée, droguée pour en finir, la vie ne me lâche pas!
Aziz comprend un peu mieux la situation. Il se déshabille. C'est un type sec, comme un tunar. Il ne mange rien, ne fait que boire. "Hmmm, bien sec et agile comme un cafard, comme je l'aime", dit Pimprenelle. Aziz sent que ça cogne dans sa poitrine. Le sang lui monte à la tête. Sa queue se dresse sans son bon vouloir.
"OK, OK", se dit Aziz. Il sent le flux dans son sexe, la puissance. Il pourrait baiser un panda ou un pendu sans ciller... Sensation divine, le Ngannou du cul, bordel ! Un tronc d'arbre qui ne finira pas en papier. Encore une rasade et il grimpe sur le lit comme un soldat en Lorraine sur une dune de sable en plein bombardement. Il enfourche son sabre et le fait pénétrer avec l'ego de tout son culot. Pimprenelle lâche un râle de plaisir. Un vrai. Sonore. Perso. Elle agrippe Aziz par son petit cul bien ferme et le ramène contre elle.
Il prend son pied malgré le fait que Pimp ne fait que se branler sa semi-bite. Il fait abstraction, donne tout ce qu'il a, en petits coups secs, courts, serrés, comme à la boxe, pour gagner en volume et en puissance. Mais plus le temps passe, plus les psalmodies de Pimp lui parviennent audibles... Ce ne sont pas des râles de joie, mais un compte, pur et sec. "3002, 3003, 3004..." Ses yeux s'écarquillent... Il ne peut pas croire qu'il soit aussi loin du compte avec tout ce qu'il a donné. Il dégouline, il soupire. Il donne, donne...
Au bout du 7045ème coup, Aziz sent une douleur violente lui déchirer le dos, puis mordre ses reins. Il essaie mais ne peut plus continuer. Il se retire.
—Tu peux me sucer un peu ?" demande Aziz.
—Oui, je vais te gober vivant, mais il va falloir recommencer depuis le début après."
—Comment ça ?" demande Aziz.
—Les dix mille, faut que tu les fasses d'un trait !
Elle avait beau le sucer, lui faire des gorges profondes, le gober entier, pipe goulu inouïe, le pauvre Aziz constate la qualité mais ça ne faisait rien. Il restait raide et sans sensation. Alors, il la pousse sur le lit et recommence à la limer. Et encore, les psalmodies reprennent de plus belle. Il en était à 1203 quand il pousse un cri de fatigue et de colère avant de se retirer.
— Ben alors, tu cales ? se moque Pimprenelle
— Tais-toi, tu vois pas que j'ai la bite en feu...
— Moi, j'ai rien senti..., ricane Pimp et c'est pas faute de contracter à fond...
Aziz fierté de bledard, cœur de galérien, enfant du béton, à le sang pompe dans ses veines comme un torrent d'enfer. Il s’envoi des rasades de Beam.
— Tu vas voir, tu vas voir... Il grogne entre ses dents…
Il plonge de nouveau, déchire, fouille comme un templier perse massacrant les sorcières putrides de la ville maudite. Il s'égare, se perd, donne, donne, donne... Les gouttes de sueur s'écoulent comme une rivière de tourments, mais Pimp, elle, compte chaque coup comme une caissière scanne chaque article, tranquille, sans broncher.
—Tu sais, une fois que ce sera fini, je vais devenir une star. Je vais écrire un livre et passer chez Hanouna...
— De... quoi... tu... parles ? Laisse échapper Aziz entre les coups de reins.
—Je vais devenir célèbre, dit Pimp, et toi, tu seras l'ultime zgeg de ma réussite... Tu ne seras pas avec les autres dans un album, mais tu auras ton cadre rien que pour toi !
—Argghh... répond Aziz. Qui s’acharne comme un dément, J'en peux plus, bordel ! C'est un putain de puits sans fond...
Aziz craque et s'arrête. Pimp se fout de sa gueule et il retente mais n'y arrive pas. Sa bite est en sang, blessée, et son cœur bat comme un trisomique dans un magasin de sucreries. PUTAIN JE ME CASSE ! Il quitte la chambre. Se retrouve face à Mouloud, l'armoire à glace débile qui lui barre le passage. Mouloud lui fait signe de retourner à l'intérieur. Aziz essaie de s'enfuir, mais Mouloud l'attrape par le col et le soulève comme un nouveau-né, le cogne contre le plafond et le jette au sol comme une canette vide. Aziz se plie de douleur, se recroqueville, recule vers la chambre.
—Je t'en supplie, laisse-moi partir... Je veux juste partir...
—Non, mon loulou, chantonne Pimp en jouant avec sa semi-bite, tu vas finir ce que tu as commencé... Tu ne quitteras pas cette chambre avant d'avoir honoré ton contrat...
— Mais c'est impossible bordel ! Impossible !
Aziz tente une nouvelle esquive. Mouloud le chope et d'un coup de coude lui fait tomber les dents. Un autre coup de coude, et le nez explose. Il se pisse dessus, minable, tremblotant, merdique.
— OK, OK... Arrête, arrête... Je vais le faire, je vais le faire, ne me tape plus... » Aziz, la gueule en sang, pleurniche, baisse son futal et grimpe sur le lit. « Il faut donner dix mille coups », se dit-il, « juste dix mille coups et je retourne au bar...

Rezkallah

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