MARIAGE : Râ et Gazella

Au commencement il y avait l’eau, puis la vie s’est installée comme par hasard. Ensuite, mais bien après, il y eu les hommes. Plusieurs d’entre eux séjournaient sur les berges de la Dordogne. Il y avait Râ, un grand gaillard costaud d’environ 14 ans. Sa puberté aidant, il manifestait beaucoup d’intérêt pour Gazella, la fille du chef. Le groupe occupait un abri naturel sur les bords de la rivière. Le calcaire avait été naturellement creusé pour façonner de beaux lacets et des cavités assez vastes pour abriter tout le groupe. C’était le début du printemps après un hiver particulièrement rude. Les hommes devaient reprendre la chasse et Râ souhaitait y participer. Il s’était beaucoup entraîné au maniement du propulseur. Cet outil prolongeait son bras et lui permettait de lancer sa sagaie jusqu'à 100m. Il faisait mouche jusqu'à 30 mètres ce que les autres hommes ne réalisaient que rarement. Il avait façonné son outil avec l’aide de son père qui le tenait du sien. Jusqu’à ce jour, l’outil n’avait trouvé que des hommes faibles pour l’utiliser. Il restait une curiosité pour les meilleurs chasseurs du clan.
Râ se rangeât avec le groupe des chasseurs dans l’abri, autour du feu ; ces hommes préparaient leur matériel pour partir en chasse. Les plus grands enfants les accompagnaient, ils porteraient les prises au retour. La saison s’y prêtait, et les aurochs ou cerfs ne manquaient pas autour des berges. Ils se mirent en mouvement un beau matin, sous les regards des femmes. Elles étaient fier de leurs compagnons, le chef leur fit un signe ; Ils savaient qu’ils ne devaient pas revenir avant d’avoir tuer un animal. Râ se retourna juste avant la lisière du bois, Gazella était là, seule, et lui sourit. Du point de vue d'un enfant, certaines choses paraissent accessoires ; mais lui sentit à ce moment que cette chasse serait son rite initiatique, qu’il devait devancer les autres chasseurs et ramener un gibier pour conquérir l’amour de son coeur. Là dessus tous les historiens sont d’accord, la fibre amoureuse est aussi ancienne que le début de l’humanité. Elle se transmet au travers des âges, et les hommes tourmentés s’imposent souvent une épreuve, face à l’animal, face au lion pour les guerriers Massaï.
Gazella resta auprès du feu inquiète de la chasse des hommes. Ce travail leur était réservé, mais il y avait souvent des accidents, des blessures qui entraînaient au mieux des infirmités. A la fin de la journée les plus jeunes enfants se mirent à courir dans tous les sens: les hommes revenaient de la chasse, Râ en tête, les autres portant un aurochs. Le chef lui demanda s’il avait tué cet animal. Alors Râ racontât avec une danse de ses mains, reproduisant le bruit de l’herbe foulée, l’approche de l’animal par le groupe, mais c’est lui, avec son propulseur qui avait réussi à lancer son arme et transpercer l’animal d’un coup, foudroyé en plein cœur, devant ses aînés abasourdis d’une telle puissance aussi loin de l’animal. Râ sut conquérir son auditoire en mimant pour le mieux sa chasse. Les enfants l’écoutaient les yeux grands ouverts, les hommes avec doute, mais Gazella l’écoutait et buvait ses paroles les yeux fermés, elle le sentait autour d’elle, rodant autour de sa proie, prête à s’abandonner à toute sa virilité.
Bête traquée, effarouchée,
Devant ton maître le regard vif,
Défend ta vie, ta nudité,
De tes grands yeux admiratifs.

Il y avait avant, il y aura après. Râ fut reconnu grand chasseur. Dès lors, il mènerait les hommes et leurs enseignerait le maniement du propulseur. En remerciement, le chef lui offrit sa fille. Alors, prenant quelques cendres tièdes autour du feu, il se frictionnât la main et l’apposa au fond de la cavité, sur le calcaire, au dessus de son couchage, témoignant ainsi que la fille du chef était maintenant sa femme. La roche gardera durant plusieurs milliers d’années sa trace, alors que Gazella mourut en couche le printemps suivant. On peut voir encore sur la ville de Larogue-Gajac la grotte qui contient quelques dessins rupestres et surtout l’empreinte de main de Râ. Les archéologues la datent du paléolithique supérieur.

Toute ressemblance avec des personnages ayant existé n’est que pure coïncidence.

J'aime assez, mais je trouve l'ensemble un peu confus.

C'est comme documenté, comme si on y était. On vient de loin y a pas à dire; Faibles femmes et grands chasseurs. Je trouve qu'on y entre facile et bien.

Quand je disais que ça australopithéquait l'histoire à donf, vous z'êtes passé le mot ou quoi ? Quiqu'est abonné à Géo, par ici ? levez le doigt, allez allez.

pif87 a écrit: En remerciement, le chef lui offrit sa fille. Alors, prenant quelques cendres tièdes autour du feu, il se frictionnât la main et l’apposa au fond de la cavité, sur le calcaire, au dessus de son couchage, témoignant ainsi que la fille du chef était maintenant sa femme.

J'aime bien, mais c'est la partie proprement mariage que j'aurais souhaité voir développée (ou voir développer) dans cet exercice. Bah ! chacun son approche et ses choix de contraintes, je m'aperçois à tous vous lire que pour ma part j'ai complètement zappé le "poème"...

Je pinaille, je pinaille, mais où elle est la ville dans cette histoire...hmm?
Toute la difficulté en plaçant l'action à la Préhistoire était d'y faire entrer une ville sans une pincée de fantastique...

Choix de période difficile et pourtant tu parviens bien à tenir ton histoire sans tomber dans la caricature. Agréable à lire. Joli 1er exo sur VE !

La scène du mariage est trop vite consommée.
Ton texte est du brut de chez brut décoffré sans limer les bavures.
Jean Ferrat aurait dû vivre à cette époque pour chanter avec raison, combien la femme est l'avenir de l'homme , car grâce à son travail assidu pour obtenir son égalité, elle a réussit à nous éviter ces longues parties de chasse éprouvantes.

Un texte qui se lit bien, un peu trop bridé par la narration stricte.
Bravo cependant pour ton premier éxo.
Un peu plus de folie la prochaine fois?

Le récit se tient, l'écriture aisée. C'est déjà pas mal. Mais pour moi, ça manque de surprise tout ça.

Tout à fait d'accord, Pif gadget.

Je viens de le dire aussi au Panda, je trouve qu'il y a beaucoup de talents d'écrivains, sur ce forum, mais que trop de textes, à mon sens, manquent comme certains films, de scénarios : c'est comme pour un film. Il peut y avoir de belles images, de bons acteurs, de beaux décors, si le scénario est banal, il manque un ingrédient important, le sel.

D'accord avec Panda. C'est bien documenté (en particulier l'histoire du propulseur, qui a joué dans l'évolution de l'art de tuer à distance un rôle au moins aussi important que celle des armes à feu) bien construit, mais ça manque un peu de fantaisie. Héroïque ou pas. En tous cas bienvenue au club des exoteurs et à la prochaine...

L'insertion du poème me paraît quelque peu téléphonée, et on sent qu'il n'est là que pour répondre à la contrainte. Seul gros point noir que je souligne, le reste m'a bien plu. C'est léger, sérieux sans trop l'être et puis j'ai eu un coup de coeur pour la fin, cette mort en couches et l'empreinte d'une main pour raconter l'histoire, la grande et la petite. C'est touchant, naïf certes et peut-être simple, mais j'ai trouvé que ça apportait une touche d'émotion à ce récit qui parfois peut paraître en manquer.

Dès le début, j'ai été curieuse. Mais où nous emmènes-tu. Moi, j'ai bien aimé, ton idée, ton époque... C'est vrai que tu pourrais développer. C'est un peu squelettique. Sans forcément aller dans la description de l'époque, de ses rites (tu t'es à priori bien documenté) mais en te dirigeant plus du côté des sensations, anecdotes, sentiments... Mais c'est juste mon idée.

merci des commentaires.
Oui le texte est brut, je m'intéresse à la littérature depuis 3 mois, est j'ai du mal à modifier mes textes, sous la contrainte des 5000 caractères.
Plutôt cartésien, donc pas encore assez de folie dans le texte bien qu'un peu dans ma tête.
Le poème, je l'aime bien il vient à point quand Râ décrit sa chasse et tourne autour d'elle les yeux fermés. c'est le parallèle entre la chasse et la séduction...
Documenté ? si peux, merci google.
Merci encore à tous et à bientôt.

Une bien jolie histoire que tu nous contes ici, de plus je passe souvent mes vacances à Montignac et j’ai donc visité les grottes de Lascaux. La prochaine fois que j’y retournerais je regarderais les peintures en imaginant une histoire comme la tienne.
Le seul petit reproche c’est que les contraintes sont survolées.

J'ai trouvé l'histoire fort bien racontée, avec le bon timing, la bonne "distance" aussi par rapport aux personnages. La fin n'est pas si mal ! La lecture est vraiment agréable. L'aspect "documenté", mais pas excessivement (on a pas l'impression que c'est un cours !) apporte beaucoup.

Bref, j'ai bien aimé ce texte, il est vraiment réussi à mon sens !

J'ai l'impression qu'avec le même procédé (la distance, une certaine documentation, une façon simple et efficace de raconter), tu peux réussir à faire encore plus séduisant, un peu plus surprenant dans le fond, et laisser l'émotion naître de ce que tu racontes.