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Le masque d'Anubis [1 et 2]

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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty Le masque d'Anubis [1 et 2]

Message  slave1802 Ven 11 Avr 2008 - 21:41

Rien à voir avec ce que j'ai pu poster avant (des petits textes que je traine depuis 25 ans), ceux qui suit est tout réçent et par encore fini.


Un mauvais rêve

Meritamon s’agitait dans son sommeil. Elle rêvait qu’Anubis, le dieu psychopompe la poursuivait de ses assiduités à travers la nécropole de Thèbes. Elle courait aussi vite que ses sandales et sa tunique de lin à demi transparente le lui permettaient. Elle avait les poumons en feu et son cœur faisait des bonds dans sa poitrine. Malgré tout, elle n’arrivait pas à distancer le chacal solaire. Bien au contraire, elle le sentait se rapprocher de plus en plus. Elle commençait à sentir son souffle dans le cou.

Une main noire se posa soudain sur son épaule. Elle hurla de terreur. Une deuxième main prit son autre bras dans un terrible étau et la stoppa net. Anubis la força à faire demi-tour pour la contempler en face. Au moment où elle aperçut sa face canine toute la scène se dissipa en fumée et elle se réveilla.

– Ce n’était qu’un cauchemar, dit-elle tout haut pour se rassurer. Anubis ne s’en prend jamais au vivant, il a bien assez à faire avec les morts !

Elle ouvrit les yeux.

Elle ne vit rien.

Sa chambre, d’habitude éclairée par le clair de lune ou la réflexion des torches des patrouilles, était totalement obscure. Elle ne distinguait absolument rien dans le noir absolu où elle était plongée.

Elle essaya de se relever pour chercher à tâtons sa lampe à huile et sa pierre à briquet mais n’y parvint absolument pas. Elle ne pouvait bouger ni les bras ni les jambes. Seule sa tête semblait libre de tout mouvement. Ses membres, eux, étaient collés à son corps et refusaient tout office.

Elle tenta de se contorsionner pour se débarrasser des liens invisibles qui la ligotaient, mais sans succès. Elle restait aussi immobile qu’une momie dans son sarcophage.

La panique montait lentement mais sûrement.

– Pourquoi suis-je attachée ? Qui m’a attaché ? Où suis-je ?

Les questions s’enchaînaient sans réponse. Elle avait beau fouillé dans ses souvenirs, elle ne se rappelait de rien. Dans sa tête aussi, il y avait un grand trou noir.

Hier soir, elle servait comme d’habitude les habitués de la maison de bière où elle travaillait depuis qu’elle était toute petite.

Après s’être contenté de nettoyer la salle après la fermeture, elle était passée au rang de serveuse puis de danseuse. Elle avait perdu sa virginité avec un client dans la petite pièce réservé à cet effet au fond de la cour intérieure. C’était peu après son quatorzième anniversaire qu’elle était devenue une femme.

Aujourd’hui elle avait vingt deux ou vingt trois ans, elle ne savait pas vraiment, elle n’avait jamais été douée pour les chiffres, et travaillait toujours dans le même établissement. Le patron, Amibhotep, été exigeant et un peu radin. Il était toujours de mauvaise humeur au réveil et tout son personnel et même sa propre épouse évitaient de le croiser avant que Rê ne soit haut dans le ciel. Il passait ensuite à la dégustation de la bière du jour et le blond breuvage adoucissait son caractère jusqu’à ce qu’il s’effondre, raide comme la justice aux dernières heures de la nuit.

Elle ne se rappelait pas si hier soir, elle avait assisté à sa sortie. Elle ne se rappelait absolument pas du déroulement de la soirée, ni des clients qu’elle avait servit, ni des danses qu’elle avait exécutées.

Cistres ou tambourins ? La question incongrue la hanta de longues minutes. La crise de panique finit par s’estomper pour laisser place à une sourde angoisse. Ou était-elle ? Qui l’avait emmené ici et pourquoi ? Ces trois questions tournaient en boucle dans son esprit. Elle ne se connaissait pas d’ennemis, elle ne possédait aucune richesse. Etant orpheline, aucune famille n’accepterait de payer une rançon pour sa délivrance. Elle avait beau y réfléchir à s’en faire chauffer les neurones, elle ne comprenait pas.

– A moins que…, à moins que je ne sois morte ? S’exclama-t-elle tout haut. Je suis dans le noub, la non-existence. J’attends de comparaître devant le tribunal d’Osiris. Mon âme Bâ va être posée sur la balance. Maât sera déjà présente dans l’autre plateau. Malheur à mon Kâ si l’équilibre ne se fait pas. La grande dévoreuse va m’avaler pour l’éternité.

– A moins qu’elle ne m’ait déjà engloutie ! Je suis dans le ventre de la dévoreuse, je suis maudite.

Meritamon se mit à sangloter dans l’obscurité. Un long fragment d’éternité passa lentement. Elle nageait à la limite de la folie, ne sachant plus si cette obscurité et les liens qui l’enserraient étaient réels ou pas. Soudain un petit détail la tira de son état de prostration.
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Message  slave1802 Ven 11 Avr 2008 - 21:42

Les ténèbres n’étaient plus aussi épaisse. Elle commençait à apercevoir des ombres dans la nuit. En tournant la tête vers la droite, elle commença à distinguer une faible lueur dans le lointain. Un point lumineux minuscule loin, très loin, quelque part sur sa droite. Le point grossit et grandit lentement. L’obscurité de l’endroit où elle était retenue reculait peu à peu chassée par la lumière. La lumière se balançait doucement. Cela ne faisait plus aucun doute, quelqu’un ou quelque chose approchait.

Sa première pensée fut qu’on venait la libérer. Un fol espoir la submergea et elle se mit à crier.

– Au secours, au secours, pour l’amour d’Isis venez me secourir ! Je suis ici, je vous en supplie, venez m’aider.

Mais elle ne reçut aucune réponse en retour et bien vite elle comprit : C’était son ravisseur qui avançait vers elle.

La lumière s’était encore agrandie et elle pouvait en distinguer la source. Une torche portée par une silhouette aux contours informes.

– Un démon, c’est un démon qui approche ! Je suis vraiment morte. Il va m’emporter dans le non-lieu. Mon nom va être effacé à tout jamais !

La chiche lumière émise par la torche fit sortir de l’ombre le décor de sa prison. Elle se trouvait dans une caverne manifestement creusée par l’homme. Les parois rectilignes étaient décorées de motifs variés. Sur le mur en face d’elle était dessiné les scènes de la vie d’un certain Happou, Grand scribe du nome du Lièvre, intendant royal des silos de pharaon. Tout autour de lui, ses serviteurs s’affairaient dans les champs et dans les ateliers. Happou, lui, était représenté dans la posture traditionnelle des scribes. Accroupis, un papyrus déroulé sur ses genoux, il tenait son calame à la main. Plus loin on le voyait chasser le canard sauvage dans une forêt de jonc. Encore plus loin, on le voyait jouer au jeu du serpent avec son épouse.

Elle comprit où elle se trouvait : Dans une tombe en cour de construction quelque part dans la vallée des morts. Elle n’était donc pas morte, du moins pas encore.
Son ravisseur se rapprochait de plus en plus. Il cheminait lentement dans une galerie étroite qui ne semblait avoir de fin. Elle commençait à distinguer son visage. Un sentiment de malaise l’emplit. Elle avait l’impréssion que ce visage n’était pas humain. Le nez était bien trop long.

L’apparition baissa un instant sa torche. Sa tête se retrouva en pleine lumière. Elle hurla.

– Non je ne suis pas morte !

Elle venait de reconnaître le visage canin d’Anubis. Sa truffe noire au bout de son long museau. Ses oreilles en pointe jaillissant d’une épaisse chevelure noire de geai. Le maître des nécropoles en personne venait la chercher.

Son divin visiteur déboucha enfin dans la grande salle où elle était retenue et s’approcha d’elle. Meritamon comprit sa méprise. Ce n’était pas Anubis, mais son masque rituel. Celui que portait le maître des secrets, le prêtre supérieur chargé de superviser les rites de momification. Elle baissa les yeux sur sa couche et reconnut la grande table de pierre sur laquelle les embaumeurs disposaient le corps des défunts pour les préparer à leur dernier voyage.

Son ravisseur se pencha vers elle et lui dit d’une voix assourdie par le masque :

– Je vois que tu es réveillé ma belle enfant.

– Laissez-moi partir mon frère, je vous en supplie. Je ferais tout ce que vous voudrez, mais de grâce, rendez-moi la liberté. Je chanterais pour vous, je danserais pour vous, je vous ferais cadeau de mon corps si vous le désirez.
– Tu vas effectivement m’offrir ton corps mais certainement pas comme tu te l’imagines.

Il partit alors d’un rire effrayant, un rire de dément qui résonnait lugubrement contre les parois de la tombe d’Happou.

Meritamon sut qu’elle était perdue et se remit à pleurer tout en continuant à supplier l’homme qui se cachait sous le masque d’Anubis.

– Tu perds ton temps si tu crois que tes larmes vont m’attendrir ou que tes prières seront exaucées. D’ailleurs je t’ai assez entendu.

Il sortit un bâillon de sa tunique et le posa sur la bouche de la jeune fille. Il lui redressa la tête sans ménagement en l’empoignant par les cheveux. Meritamon hurla une dernière fois. Le malfaisant lui enfonça le bâillon dans la bouche, la réduisant au silence. Il en noua les deux extrémités d’une seule main et laissa retomba la tête de sa victime. Son crâne produisit un son mat en heurtant la surface de la table de pierre. Elle grimaça de douleur et manqua s’étouffer en tentant de parler. Le bâillon avait un goût atroce qui lui soulevait le cœur. Elle sentait monter en elle une furieuse envie de vomir. Elle retint comme elle pu les hauts le cœur qui l’agitait. Son estomac se calma enfin mais pas sa peur.

Pendant ce temps Anubis la contemplait, les bras croisés sur sa poitrine. Il se tenait immobile tel une statue et Meritamon ne percevait même pas sa respiration. Il l’observa ainsi sans prononcer une seule parole pendant de longues minutes d’angoisse.

Elle put ainsi l’observer tout à loisir. L’homme était vêtu d’une robe sacerdotale en lin teinte en noir. Une écharpe rouge décorée de hiéroglyphes divins retombait des deux côtés de son cou. Sous la robe, elle apercevait une paire de jambes musclées et poilues. Aux pieds, son agresseur portait une simple paire de sandale en cuir avachis.

Son visage était entièrement recouvert par un masque de cérémonie à l’effigie d’Anubis. Il portait en plus une lourde perruque d’apparat qui masquait complètement ses vrais cheveux.

Soudain il leva les bras au ciel et s’agenouilla dans le même mouvement. Il commença à psalmodier une étrange prière dont la pauvre Meritamon ne captait que des bribes.

– Oui seigneur Osiris, je t’entends dans ma tête. Ton verbe pur jaillit de ma bouche.
– Oh seigneur Amon, ta rectitude m’envahit ! Je ne suis qu’un instrument entre tes mains.
– Oui seigneur Anubis, tu habite mon corps et mon kâ. C’est ta volonté qui anime mes pas. C’est ta science qui guide ma main dans la tâche sacrée que m’ont confiée les dieux.
– Oh seigneur Rê ! Astre rayonnant, vainqueur de la nuit et d’Apopis, c’est ton courage qui gonfle mes veines et réchauffe mon sang.

Il continua ainsi pendant un interminable quart d’heure à rendre grâce à tous les dieux de l’Egypte. Ceux de l’ennéade d’Héliopolis, Ceux de Memphis et de Thèbes jusqu’aux dieux des Nubiens et même ceux des Libyens.

Enfin il se releva à nouveau et se tourna vers sa victime toujours ficelée et bâillonnée.

– Les dieux m’ont confié une mission sacrée. Celle de te préparer à comparaître devant leur tribunal. Tu ne le sais pas mais tu es déjà morte. Je vais apprêter ton corps tel que me le commande le seigneur Anubis qui parle par ma bouche.

Il saisit alors un objet qu’il tenait caché sous les pans de sa tunique et le porta vers le plafond. La lame métallique accrocha la lueur de la torche et envoya un éclair dans l’œil de Meritamon. Elle reconnut une herminette de cérémonie. Un petit couteau à lame courbe utilisé par le prêtre pur procédant à l’ouverture rituelle de la bouche d’un décédé. La dernière étape pour le défunt avant que sa momie ne soit couchée dans son sarcophage pour l’éternité.

Anubis approcha la lame du visage de Meritamon qui prit une expression encore plus terrifiée qu’auparavant.

– Osiris parle par ma bouche, tu dois être préparé pendant quarante jours et quarante nuits. Ne crains rien, c’est la volonté des dieux.

Il se redressa et posa la lame sur la tunique de la jeune fille livide.

– Je vais commencer par t’ouvrir le flanc à l’aide de la pierre sacré d’ethiopie pour en extraire ton foie, tes intestins, ton estomac et tes poumons. Je les laverais consciencieusement avec du vin de palme. Ensuite, je mettrais ton corps dans un bain de natron pour que ta peau conserve son teint de pèche comme m’en à fait la demande mon seigneur et maître, Osiris. Pour terminer, je remettrais tes organes en place. Je t’emmailloterais dans le lin le plus fin en y insérant les amulettes et les scarabées rituels. Ensuite j’aspirerai la pourriture qui t’emplie le crâne et je t’emmènerais comparaître devant le tribunal d’Osiris.

Meritamon écouta son ravisseur sans parvenir à croire à son discours. Ce n’était pas possible, il n’allait pas la momifier vivante. Pas elle, elle était trop jeune pour ça ! Elle n’était pas morte ! Pas morte. Elle essayait de lui dire tout ça mais le bâillon transformait ses suppliques en vagues râles sans signification.

Son agresseur se dirigea alors vers le tunnel de sortie et s’éloigna lentement, laissant l’obscurité se refermer à nouveau sur elle.
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Message  slave1802 Sam 12 Avr 2008 - 7:26

A zut, voila ce que c'est de veiller si tard, je me suis trompé de titre.

Quelqu'un peut le remplacer par celui-çi :

Le masque d'Anubis

Merci
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Message  Sahkti Sam 12 Avr 2008 - 7:57

slave1802 a écrit:A zut, voila ce que c'est de veiller si tard, je me suis trompé de titre.
Quelqu'un peut le remplacer par celui-çi :
Le masque d'Anubis
Merci
Fait
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Message  Yaäne Sam 12 Avr 2008 - 8:17

Je trouve que parfois la syntaxe et le choix du vocabulaire sont parfois déconcertants, non ?
Je pensais que le dieu du Soleil était Râ, je me trompe peut-être ?
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Message  Yaäne Sam 12 Avr 2008 - 8:17

Après une mini-réflexion avec mon dictionnaire, j'ai appris que l'on pouvait dire Rê ou Râ, au choix !
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Message  antoine surin Sam 12 Avr 2008 - 9:21

j'aime vraiment bien ce texte,
il y aurait eu plus de détails visant à se plonger dans l'époque et le lieu, j'aurais encore plus aimé. Et peut-être un tout petit peu plus de précision sur la momification...mais bon ça, c'est juste pour moi...
bravo
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Message  Yaäne Sam 12 Avr 2008 - 9:26

Ce texte m'angoisse, une réminiscence de claustrophobie oubliée peut-être ?
Je n'en attend pas moins une suite avec impatience !
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Message  slave1802 Lun 14 Avr 2008 - 6:40

Flicotaton se réveilla avec la migraine. La soirée d’hier soir avait encore été agité. Pour les besoins d’une enquête, il avait du suivre un suspect dans tout Thèbes, entrant à sa suite dans un nombre incalculable de maison de bière. Pour ne pas se faire réparer, il avait été contraint de consommer lui aussi. Même s’il avait bu avec modération, ce débrouillant toujours pour faire durer sa coupe le plus longtemps possible, l’alcool de la boisson fermenté avait fini par lui monter à la tête. Quand le quidam qu’il suivait avait enfin réussi à retrouver le chemin de sa maison, Flicotaton n’était plus vraiment frais. Il était rentré rapidement à la caserne des Medjaï et s’était couché tout habillé sur sa natte. Il dormait avant d’avoir touché le sol.

Flicotaton était un Nubien à la musculature discrète. Loin d’être bâti comme ses congénères enrôlés dans les armées de Pharaon à cause de leur physique de poids lourd, il se comparait plutôt à une liane. Il était grand et mince. Son corps ne semblait pas contenir la moindre trace de graisse. Son teint n’avait pas la sombre couleur anthracite des habitants de Koush. Sa mère, originaire du Delta, lui avait transmis un peu de sa pâleur. Sa peau avait la couleur du chocolat au lait. Ses cheveux tiraient étrangement sur le roux et se dressaient fièrement vers le ciel sans le moindre signe de frisure. Son visage, bien que fortement halé, avait les traits fins et réguliers des habitants du Double Pays. Seule sa bouche aux lèvres pulpeuses trahissait ses origines Koushites.

Il faisait partie du corps de Medjaï depuis bientôt dix ans. Cette police du désert avait été crée à l’origine pour protéger les mines de Turquoises et d’Or du grand désert oriental. Mais bien vite, on lui avait confié toutes les taches de maintien de l’ordre dans l’ensemble du pays de Kemmit.

Flicotaton était chef de cohorte. A ce titre, il dépendait directement du vizir du sud. Il enquêtait principalement sur les vols et trafics divers perpétués dans la capitale et au alentour. Sa juridiction théorique s’étendait sur plusieurs nômes mais en pratique, il ne quittait que rarement Thèbes. La ville était le centre de l’empire depuis que le pharaon Amosis avait chassé le vil ennemi Hyksos de sa tanière d’Avaris.

La capitale semblait attirer comme un aimant les malfaiteurs du monde entier. Flicotaton passait ses journées à lutter contre les bandits libyens qui parvenaient à s’infiltrer jusque dans la ville, contre les trafiquants asiatiques qui venaient distribuer leur marchandise de contrebande en provenance du Liban jusqu’à la cinquième cataracte.

Il était aussi chargé de résoudre les affaires de meurtre ou d’enlèvement et bien sur les pillages de tombe. Ce fléau était en passe de devenir un sport national. La belle vallée avait beau être surveillé nuit et jour par une nombreuse troupe, il ne se passait pas un mois sans qu’une tombe ne soit visitée.

Flicotaton réussit finalement à se lever. Il se dirigea vers le coin cuisine de son petit appartement de fonction. Il prit un oignon cru dans un panier et entreprit de l’avaler. Soignant le mal par le mal, il accompagna son petit déjeuner d’une louche de bière qu’il puisa dans la grande jarre ou le précieux liquide fermentait. Une fois rassasié et son mal de tête calmé, il se dirigea vers la sortie de la caserne. Saluant le vigile qui en gardait l’entrée à toute heure de la journée, il partit d’un bon pas vers le palais du vizir.

Le planton à l’entrée le reconnut et lui ouvrit la lourde porte d’acacia qui en défendait l’accès. En passant sous le grand portique, il admira comme à chaque fois les bas reliefs polychromes qui le décoraient. Pharaon sur son char, tenait d’une main une massue de combat et de l’autre les rênes de son attelage. Il massacrait sans pitiés de vils asiatiques dont les corps s’entassaient sous ses roues.

Il remonta ensuite une petite allée ornée de sphinx à tête de bélier représentant Khnoum, le seigneur du Nil, le potier céleste. Arrivé devant l’entrée principale, il bifurqua vers la droite. Comme à son habitude, il coupa à travers le jardin, cueillant une mangue au passage. Parvenu à l’arrière du bâtiment il y pénétra par l’entrée des cuisines. Il salua Ptahotep, le responsable des fourneaux qui lui offrit un morceau canard, vestige du banquet de la veille. Flicotaton le mangea sur le pouce et s’essuya distraitement les mains sur son vieux pagne taché.

Il parvint finalement jusqu’au bureau du premier scribe après avoir suivi un véritable labyrinthe de couloirs et de salles hypostyles.

Il frappa à la porte et entra sans attendre la réponse.

L’occupant des lieux leva à peine les yeux du papyrus qu’il était en train d’examiner.

– Bonjour Flicotaton, toujours aussi ponctuel ! Dit-il tout en continuant sa lecture. Prend un siège et fais ton rapport.

Le Medjaï entreprit de raconter par le menu sa filature largement alcoolisée de la veille à son supérieur qui semblait l’écouter d’une oreille distraite. Mais en fait, Imhotep enregistrait chaque détail du rapport et aurait pu le réciter sans se tromper lorsque son subordonné eut finit de parler.

– En gros tu as perdu ton temps et dépensé inutilement l’or de pharaon.
– J’en ai bien peur, vénéré maître, répondit le policier en se recoiffant machinalement d’un revers de main.
– Ce n’est pas plus mal, j’ai une nouvelle mission à te confier.
– Je vous écoute.
– Depuis quelques temps on nous signale des disparitions suspectes un peu partout dans le nôme. A chaque fois, il s’agit de jeunes et jolies femmes.
– Sans doute finissent-elles dans des maisons de bière où s’enfuient-elles avec un amant.
– C’est ce que j’ai pensé au début, mais dans ces cas là, on finit toujours par retrouver leurs traces. Mais là rien ! Elles semblent s’être littéralement volatilisées, comme si Seth lui-même les avaient emportés.

Au nom de la redoutable divinité, Flicotaton ne put s’empêcher de porter la main à l’amulette qui pendait à son cou. On n’était jamais assez prudent avec le frère d’Osiris. Prononcer son nom à la légère pouvait vous coûter très cher.

– De plus, il m’a semblé à la lecture des rapports, qu’il y avait quelques similitudes dans leur disparition. Elles ont toutes disparues le soir venu. Elles étaient toutes extrêmement belles.
– C’est un peu maigre ! Ne put s’empêcher de dire le Medjaï, coupant son supérieur.
– L’intuition ! Quelque chose me dit que toutes ces disparitions sont liées. Voici la liste des disparues et les rapports de police. Lis tout ça, réfléchis-y bien et tu verras que tu seras du même avis que moi. Aussi sur que Maât est le chemin de la rectitude. Allez ! Vas maintenant j’ai une journée chargée qui m’attend.

Le vieil homme replongea le nez dans ces papyrus après avoir fait glisser vers Flicotaton un rouleau de cuir contenant les fameux rapports. Le policier s’en saisit et quitta le bureau en saluant son chef. Il n’obtint qu’un grognement pour tout au revoir. Le rouleau sous le bras, il rejoignit son propre bureau, une loge au confort spartiate et sans fenêtre située au sous-sol du palais.

La liste était singulièrement longue même pour une ville tel que Thèbes. Il dénombra une vingtaine de nom sur le premier papyrus qu’il consulta. Il parcourut rapidement les différents rapports de police et acquit lui aussi la certitude qu’il y avait un lien entre toutes ses disparitions.

Il décida de reprendre l’enquête à zéro, mais plutôt que de commencer par le haut de la liste, il s’intéressa à la dernière victime. La disparition avait été signalée trois jours plus tôt. Il s’agissait d’une certaine Meritamon, serveuse dans la demeure des délices de Bès, une maison de Bière située prés du port dans le quartier des entrepôts. Bien qu’il se ressente encore des abus d’alcool de la veille, il partit courageusement à la recherche de l’établissement.
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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty Re: Le masque d'Anubis [1 et 2]

Message  Yaäne Lun 14 Avr 2008 - 18:02

Je ne suis vraiment pas déçu(e) de la suite, ç'est bien entraînant je trouve.
Quelques points faibles selon moi :
-la culture egyptienne, pharaonique...a l'air super bien maîtrisée mais c'est un peu difficile à suivre quelques fois pour un lecteur qui n'y connaît rien,
-quelques maladresses dans les descriptions

mais une bonne trame, personnelement j'aime bien parce que ça ne se dsperse pas trop dans tous les sens comme dans mes propres histoires ! =)
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Message  Sahkti Mar 22 Avr 2008 - 8:42

Un travail de recherche et de soin dans l'écriture, appréciable.
Le sujet m'intéressant moyennement, je suis restée sur le côté une bonne partie du texte mais c en'est pas lié à toi, juste à moi.
De temps en temps, des descriptions qui alourdissent le texte, sans doute parce qu'il faut à tout prix proser une histoire, un contexte, des renseignements historiques... et ce n'est pas tout le temps évident de mêler renseignements précis et trame générale. Sur ce point, ça vaudrait la peine d'alléger certaines parties et d'en développer d'autres, de manière à ce que le tout soit plus fluide. Sinon 'intrigue est plaisante à suivre.
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Message  slave1802 Mar 2 Déc 2008 - 17:41

Le supplice de Meritamon

La pauvre Meritamon oscillait depuis un temps infini entre le dé-espoir et la rage. Chaque minute semblait durer des heures dans l’obscurité totale où elle était plongée depuis le départ de son ravisseur. Chaque petit bruit lui faisait craindre son retour. Chaque période de silence, uniquement troublé par le bruit de sa respiration et les battements de son cœur, la plongée dans un semi-coma. Elle oscillait sans cesse entre le sommeil et la torpeur, tentant de se persuader qu’elle allait s’en tirer ou qu’elle allait enfin se réveiller et quitter cet affreux cauchemar.

Mais le réveil ne venait jamais.

La soif et la faim commençaient à la tourmenter. L’envie d’uriner aussi. Quand sa vessie lui envoya les premiers signaux d’alarme, elle les réprima vigoureusement. Mais son organe devenait de plus en plus douloureux et l’envie toujours plus pressente. Elle finit par s’y abandonner dans son sommeil. Le jet de liquide chaud entre ses cuisses la réveilla en sursaut. Elle pâlit dans l’ombre. La honte la submergea un instant avant qu’elle ne se rappelle dans quelle situation elle se trouvait. Le liquide ambré coula le long de ses jambes en suivant la surface légèrement en pente de la table de momification et s’écoula au sol par l’orifice creusé à cet effet à l’une de ses extrémités. Ne resta plus sur elle que la sensation de chaleur qui s’estompa peu à peu pour laisser la place à la morsure du froid.

Le tombeau, du moins si cela en était vraiment un, était glacial et humide. Il devait se trouver loin sous la surface de la terre pour que la chaleur du désert ne parvienne pas jusqu’à elle.

– Je suis enterrée vivante ! Cria-t-elle soudain. Le bâillon qu’elle avait oublié lui fit ravaler son cri avec un hoquet. De nouveau des hauts de cœur lui retournèrent son estomac vide. Elle ravala à grand peine un jet de bille qui lui escaladait l’œsophage. Vomir avec ce bouchon dans la bouche entraînerait une mort certaine. Elle avait vu trop d’ivrogne manquant d’être asphyxier par leurs renvois pour finir comme ça.

Les idées les plus saugrenus s’entrechoquaient dans sa tête. Peu à peu elle se sentait glisser vers la folie. Son estomac vide lui faisait souffrit le martyr. Sa gorge sèche lui réclamait de l’eau en vain. Elle n’arrivait même plus à déglutir.

Soudain les ténèbres s’entre-déchirèrent. Sans qu’elle s’en rende immédiatement compte, elle commença à distinguer des ombres parmi les ombres. Elle dirigea machinalement son regard vers la direction où avait disparu son ravisseur. Elle distingua, comme la première fois, une vague lueur dans le lointain.

– Isis aidez-moi ! Nephtys ais pitié de moi ! Selkhet je t’en conjure viens à mon secours.
– Oh Sekhmet, viens à moi et détruits l’homme malfaisant qui s’avance vers moi.

Mais ses prières restèrent vaines et la lueur grossissait de plus en plus, jusqu’à ce que de nouveau Anubis se tint à ses côtés.

– Je vois que tu t’es laissé aller maudite femelle. Tu as osé souillé de tes excréments la table sacrée ! Hurla-t-il en apercevant les traces d’urine qui maculait la pierre.
– Espèce de chienne lubrique, de chatte de harem ! Maudit sois-tu pécheresse !

Meritamon voulut s’expliquer mais ne parvint qu’à produire quelques barborysmes dénués de sens.

– Tais-toi femelle, je ne veux pas t’entendre !

La pauvre captive se le tint pour dit et lui fit son regard le plus langoureux pour tenter de l’amadouer.

– Ne me regarde pas comme ça ! Tes rites de séduction ne fonctionnent pas sur moi. Je suis Anubis, le paraschiste divin, ne l’oublie pas.

Meritamon n’en continuait pas moins à le fixer du regard. Son ravisseur passa alors l’extrémité de sa torche dans un anneau scellé au mur. Le morceau de bois embrassé descendit jusqu’à la moitié de sa hauteur et s’immobilisa, éclairant la scène de sa lumière tremblotante.

– Tu l’auras voulu catin ! Cria Anubis en se penchant vers elle. Il enfonça ses deux index dans les orbites de sa prisonnière et en extraya ses globes oculaires qu’il laissa pendre négligemment sur la poitrine de sa victime.

La douleur fut atroce, comme si on lui enfonçait des charbons ardents dans les yeux. Sa vision se troubla lorsque les deux doigts de son bourreau repoussèrent ses yeux vers l’intérieur de ses orbites. La vision qu’elle avait du tombeau et de son ravisseur se mua en geyser de lumières. Elle hurla comme une folle malgré le bâillon enfoncé dans sa gorge.

Anubis sortit alors son herminette de sous sa tunique de cérémonie. Il prit l’œil droit de Meritamon dans sa paume et le tira vers lui. Le nerf optique se tendit accentuant encore la douleur de la pauvre fille. D’un geste précis, il le coupa net à l’aide de sa lame de bronze. Il répéta l’opération avec l’autre globe oculaire.
Meritamon plongea dans la nuit et dans un océan de souffrance. Elle entendit nettement le bruit humide que firent ses deux yeux quand ils éclatèrent contre la paroi de la tombe où Anubis venait de les jeter violemment.

– Je t’avais pourtant prévenu de ne pas me regarder comme ça lui murmura-t-il à l’oreille. Je vais maintenant te retirer ton bâillon mais si tu cri, je te coupe aussi la langue. C’est compris !

– Hum hum, parvint à murmurer son otage terrorisé et perclus de douleur.

Il lui souleva la tête sans ménagement et défit le nœud du linge. Il retira alors la boule de tissu qui lui obstruait la bouche depuis si longtemps. Meritamon eut un hoquet et ne pu s’empêcher de râler. Anubis, vif comme l’éclair empoigna sa langue à pleine main et tira dessus comme un forcené. De l’autre main, il entreprit de la découper à l’aide de son herminette. Meritamon tenta en vain de rentrer sa langue à l’abri dans sa bouche. Elle crut y parvenir enfin mais ne ravala qu’un misérable moignon. Le sang se mit à jaillir à flot, emplissant complètement sa bouche, manquant de l’étrangler. Muette et aveugle, Sa bouche et ses yeux absents en proie à une douleur atroce, elle perdit enfin connaissance.
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Message  Invité Mar 2 Déc 2008 - 18:13

Tiens, cela faisait longtemps ! J'ai bien aimé lire cette suite horrifique à souhait... Juste une remarque : le verbe "extraire" est défectif, il n'a pas de passé simple. Vous devez trouver une autre formulation.

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Message  slave1802 Mer 3 Déc 2008 - 21:39

Cabaret

Flicotaton sortit du palais du vizir pensif. La chaleur de ce mois de Djehuty lui sauta à la figure à peine eut-il quitté l’ombre protectrice de la grande salle hypostyle qui servait de hall d’accueil. Il leva la tête vers le ciel sans nuage. La luminosité extrême de la mi-journée lui fit plisser les yeux. Il se demanda si c’était vraiment une bonne idée d’aller se promener dans Thèbes à l’heure où l’ensemble de la population, Pharaon y compris faisait la sieste dans l’ombre bienfaitrice des maisons.

– Le devoir avant tout, dit-il tout haut en prenant la direction du port.

Seul un chien famélique leva la tête à l’audition de ces mots. Il contempla le policier quelques secondes mais vaincu par la chaleur, il reposa sa tête de chacal dans l’abri de ses deux pattes avant et repris le cours de sa sieste.

Flicotaton suivit pendant quelques minutes l’avenue principale de Thèbes. La voie, large et bien aplanit, menait de la porte de l’occident jusqu’au palais royal. Il bifurqua bientôt dans une petite ruelle qui serpentait entre les maisons aux hauts murs en direction du Nil. Une ombre providentielle protégeait la venelle et la chaleur se fit moins intense.

La ruelle se faisait de plus en plus tortueuse. Flicotaton passait sans s’arrêter devant des ateliers de potiers déserts et des fabriques de bière toutes aussi vides. Il déboucha enfin sur la berge du fleuve et ne put s’empêcher de s’arrêter pour le contempler.

Le Nil, le poumon du double pays coulait paresseusement devant lui. L’eau verte, chargée du limon, était presque à son niveau le plus haut. La crue était bonne cette année et le spectre de la famine ne viendrait pas hanter le royaume de Pharaon.

Sur l’autre rive, distance de 500 coudées, Flicotaton apercevait les temples de million d’années des prédécesseurs de Pharaon. En tournant la tête vers l’amont, il distingua la muraille du temple de Karnak recouverte d’échafaudages, signe de travaux de rénovations ou d’agrandissements comme en faisait chaque nouveau souverain en montant sur le trône d’Horus.

Flicotaton remonta la rive à contre-sens du courant. De nombreuses felouques étaient amarrées sur les quais. Leur chargement à moitié déchargé ou à moitié embarqué suivant qu’elles venaient du Sud ou repartaient vers le Delta. L’agitation était souvent intense mais la trêve de midi était ici aussi respecté et on ne voyait âme qui vive. Un chat noir sauta soudain du recoin de fenêtre sur lequel il scrutait les environs et monta en trombe à bord d’une grosse embarcation décorée de l’œil de Râ sur son flanc. Sans doute avait-il repéré quelques rats en train de fouiller la cargaison. Apparemment des grains d’épeautres, constatât Flicotaton qui ne put s’empêcher de jeter un œil aux grands paniers de jonc qui encombraient le pont.

Il continua ainsi quelque temps sa promenade entre les entrepôts et les nombreux bateaux à quai. Il finit par déboucher sur une placette décorée de tamaris et d’une statue des nombreuses statue de Pharaon qui encombraient toute la ville. Entre un entrepôt fermé et une petite échoppe d’accastillage se tenait la maison de bière qu’il recherchait. Une inscription en caractères hiératiques hésitant lui indiqua le nom de l’établissement, pompeusement baptisé « les jardins d’Abydos ". Il poussa la porte d’entrée et pénétra dans une salle obscure. Une dizaine de table gisaient entassé dans un coin de la pièce, sans doute pour libérer le sol de pierre disjointe afin de le laver. Sur l’autre mur se tenait un échafaudage instable formé de chaises et de bancs aux couleurs passés. Au fond de la salle, sagement alignés contre le mur, se tenaient quatre immenses jarres à bière. Juste à côté, un petit meuble bancal en bois noueux d’acacia, abritait une collection hétéroclite de coupes en métal et de bols en poterie.

– Y’a quelqu’un ? Demanda Flicotaton à tout hasard, bien que sa vision, maintenant adaptée à la pénombre, lui permétait de s’apercevoir que la salle était complètement déserte.

N’obtenant aucune réponse, il renouvela sa question en haussant le ton tout en se dirigeant vers une petite porte basse située près des jarres. Il atteint l’ouverture et frappa de son poing sur le battant en posant pour la troisième fois la même question.

Il perçut le son d’une étoffe qui se froisse en provenance de l’autre pièce, suivit d’un bruit de pas hésitant qui se rapprochait de l’ouverture. Un déclic et un judas de bois s’ouvrit à hauteur de regard. Il se pencha vers l’ouverture et contempla le visage ridé et bouffi d’une femme qui venait manifestement de se réveiller.

– C’est fermé ! Revenez ce soir ! Lui dit la harpie avant de lui refermer sèchement le judas au nez.
– Police ! Ouvrez ! Répondit Flicotaton. Je suis ici sur ordre de Pharaon ! Craignez son courroux si vous ne m’ouvrez pas immédiatement.

La réplique du policier eut l’effet désiré et la porte s’ouvrit lentement vers l’intérieur de la pièce.

– Ca va, entrez, ce n’est pas la peine de hurler, lui dit la femme qui tenait le battant. Qu’est ce que vous voulez ?
– Vous parler de Meritamon, fit Flicotaton en entrant dans ce qui ressemblait à une cuisine des plus mal tenue.
– Cette petite oie qui nous a laissé tomber la semaine dernière ?
– Nous pensons qu’on la plutôt enlevée.
– Enlever cette écervelée ? Qui pourrait avoir une idée aussi saugrenue ?
– C’est ce que j’essaye de déterminer madame …?
– Dame Touy, l’épouse du maître des lieux, Amibhotep.
– Qui est présentement … ?
– En train de ronfler dans la cave bien sur ! Lui répondit la tenancière en levant les yeux au ciel.
– Je n’ai pas une vie facile vous savez ! Rajouta-t-elle en soupirant fortement, ce qui eut pour effet de faire trembler son corsage à la façon d’un flan.
– Parlez-moi un peu de Meritamon.
– Elle était chez nous depuis très longtemps. Ses parents, des paysans de la vallée, l’on placé en apprentissage alors qu’elle venait d’avoir dix ans. On a toujours été gentil avec elle, c’était un peu comme notre fille, voyez !
– Vous n’en rajoutez pas un peu ? La questionna Flicotaton incrédule.
– Je le jure sur la tête de Bès !
– Pourquoi vous la traitiez d’écervelée il n’y a pas cinq minutes alors ?

La réplique du fonctionnaire laissa la matrone muette. Elle piqua un fard et s’enferra dans son histoire de mère adoptive bonne comme le pain.

– Arrêtez vos salades ou je vous coffre, s’emporta Flicotaton, lassé des racontars de la rombière. Je veux la vérité, rien que la vérité. Je ne suis pas venu pour vous juger, je suis là pour Meritamon uniquement !
– Mais.
– Suffit ! Quand l’avez-vous vue pour la dernière fois ?
– Le dernier jour de la décade précédente.
– A quelle heure et dans quelles circonstances ?
– En fin de service, vers la septième heure de la nuit. Elle est partie accompagner un client.
– Ça lui arrivait souvent ?
– Bien sur, ça fait parti du métier.
– Elle vendait ses charmes en indépendante ou sous votre coupe ?
– On partageait les gains, c’est l’usage !
– Le client avec lequel elle est partie, vous le connaissiez ?
– Il me semble qu’il venait de temps en temps mais on reçoit tellement de monde ici.
– Vous pouvez me le décrire ?
– J’en serai bien incapable, on ne distingue pas bien les gens d’ici.
– Qui sert en salle ?
– Mon époux, Amibhotep, et nos deux autres serveuses.
– Où sont-elles ?
– Elles doivent faire la sieste chez elles. Elles reviendront ce soir à la nuit tombée.
– Bien, montrez-moi le chemin de la cave, j’ai quelques questions à poser à votre mari.
– C’est vous qui décidez, mais ce n’est pas une très bonne idée de le réveiller pendant sa sieste. Il a le réveil difficile, si vous voyez ce que je veux dire ! Lui répondit la tenancière en le précédant vers le fond de la cuisine.

Elle ouvrit une petite porte basse dévoilant un escalier s’enfonçant dans le ventre obscur de Thèbes.

– Attention à la tête, c’est bas de plafond !

L’avertissement arriva trop tard, Flicotaton qui s’était baissé pour passer le seuil de la porte venait de se cogner le crâne en se relevant trop rapidement. Il poussa un juron et entreprit de descendre les marches courbées en deux. Il descendit ainsi une dizaine de degrés pour déboucher dans un minuscule couloir où deux personnes n’auraient pas pus se croiser. Le conduit, creusé dans la terre, était étayé de loin en loin par des poutres vermoulues semblant dater de la construction des pyramides.

Sa guide le précédait en ondulant suggestivement de la croupe. La vision de cet arrière-train digne d’une jument se cognant aux murs dans un simulacre de danse lascive fit naître un fin sourire sur les lèvres du policier.

– Décidément j’aurais tout vu dans ce boulot ! Pensa-t-il en progressant dans l’obscur boyau.

Ils arrivèrent finalement devant un nouvelle porte, fermée. La charmeuse l’ouvrit sans bruit et tenta de s’effacer pour laisser la place à Flicotaton. Ce dernier fut obligé de se mettre en biais pour pénétrer dans le local. L’exiguïté du couloir additionné à la corpulence de son hôte fit qu’il fut obligé de se frotter contre la rombière pour entrer dans la pièce. Il sentit ses deux seins flasques s’écraser contre sa poitrine. Tentant de la repousser, il l’en empoigna un à pleine main, ce qui fit gémir sa propriétaire.

– Chut grand fou, tu vas réveiller mon mari ! Lui murmura-t-elle à l’oreille. Quand tu en auras fini avec ce sac à bière, viens me rejoindre dans ma chambre, c’est à l’étage.

Sans lui laisser le temps de répondre à sa proposition, elle s’enfuit, plus prestement que sa corpulence le laissait présager, vers l’escalier tout au bout du couloir.
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Message  Invité Mer 3 Déc 2008 - 21:54

Ah oui, je me disais aussi... J'avais déjà lu cette partie, la précédente aussi sans doute. Peut-être l'avez-vous modifiée, je ne sais pas. En tout cas la description de la ville égyptienne m'a paru bien trop longue.

Quelques remarques sur le début :
" la chaleur se fit moins intense.

La ruelle se faisait de plus en plus tortueuse" (je trouve que la répétition se voit)
"les temples de million d’années des prédécesseurs de Pharaon" (faut pas charrier, il y a un million d'années on se baladait encore tous dans les arbres)
"Apparemment des grains d’épeautres, constata Flicotaton" (et non "constatât" qui est la forme du subjonctif imparfait, pas du passé simple)

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Message  slave1802 Jeu 4 Déc 2008 - 20:52

Le temple de million d'année : C'est les années d'immortalité après le décès dudit pharaon.

Ceci dit, les plus vieux ont cinq mille ans et on se rappelle à peine de leur nom donc c'est pas vraiment gagné pour eux.

Merci pour les remarques grammaticales, ce n'est vraiment pas au point la correction automatique...
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Message  slave1802 Jeu 4 Déc 2008 - 20:54

Flicotaton détourna la tête et tenta d’apercevoir quelque chose dans la pénombre qui régnait dans la cave. L’obscurité n’y était pas complète. Il distinguait le contour d’un soupirail au raz du plafond, apparemment obstrué par une planche. Sa vision s’habitua progressivement au manque de lumière. La cave était entièrement tapissée d’étagères grossières qui ployaient sous les jarres de vin de palme et les flacons d’hydromel. Sur le sol en terre battue, était couché sur le dos un homme corpulent dont la poitrine se soulevait régulièrement, signe d’un profond sommeil. Flicotaton l’enjamba et enleva la planche servant de volet. Le soleil de la mi-journée entra à flot par l’ouverture et l’aveugla à moitié. Il détourna son regard vers le tenancier toujours endormi. Il se baissa et le secoua sans ménagement en lui criant :

– Police de Pharaon ! Réveillez-vous !

Amibhotep se réveilla en sursaut. Se voyant agressé, il empoigna Flicotaton par les poignets et le tira vers le sol. Le policier, surprit et en plein déséquilibre, s’étala de tout son long sur le cabaretier. Ce dernier entreprit de se retourner et projeta Flicotaton sur sa gauche. Il lui sauta alors dessus et entreprit de l’étrangler.

– Maudit voleur, gredin, boit sans soif, tu comptais vider ma cave ! Crève charogne ! Suppote de Seth ! Résidus d'Apopis !

Flicotaton tentait en vain de s’expliquer mais les deux mains d’Amibhotep lui écrasaient le larynx et l’empêchait de s’exprimer. Il commençait à étouffer sous la poigne du commerçant et décida d’agir d’abord et de parler ensuite. Il banda ses muscles et s’arc-bouta soudainement. La pression sur sa trachée se relâcha un peu. D’un mouvement félin du bassin, il dressa ses jambes à la verticale et les enroula autour du cou de son agresseur. Il les abaissa ensuite violemment vers le sol, entraînant dans le mouvement Amibhotep qui lâcha prise et dont la tête alla heurter violemment le sol.

Flicotaton aussitôt libéré bondit sur ses pieds et posa sa sandale sur la gorge du gros homme qui se débattait sous son pied comme un ver blanc obèse.

– Police, arrêtes de bouger où tu finiras la journée au gnouf !

Amibhotep finit par s’exécuter et resta allongé immobile sur le sol. Le policier retira alors sa chaussure de la trachée du tenancier.

– Relèves-toi doucement maintenant. Au moindre froncement de sourcil, je t’assomme lui annonça-t-il en empoignant la petite massue qu’il portait dans son pagne.

Le tavernier se releva lentement sans quitter du regard l’arme de Flicotaton. Ce dernier s’en servait pour battre la mesure sur la paume de sa main gauche de façon fort dissuasive.

– Qui me dit que vous êtes bien de la police finit-il par demander en se frottant l’arrière du crâne ?
– Tu sais lire ?
– Un peu.
– Alors regarde ce qui est écris sur ce papyrus, lui dit le fonctionnaire en lui tendant un morceau de parchemin qu’il venait d’extraire de la bourse en cuir qu’il portait autour du cou.

Amibhotep examina le document d’un air suspicieux. La seule chose qu’il parvint à reconnaître était le cartouche de Pharaon. Il rendit le papyrus à son propriétaire en marmonnant une réponse indistincte.

– Bien, maintenant que les présentations sont faites, tu vas répondre à mes questions.

Amibhotep tiqua un peu. Il essayait de deviner sur laquelle de ses combines frauduleuses le fonctionnaire enquêtait.

– Quand as-tu vu pour la dernière fois meritamon ?

Au nom de sa serveuse, il poussa un soupir de soulagement qui n’échappa pas à Flicotaton.

– Cette garce n’est pas venue travailler depuis au moins une décade. Quand elle se décidera à reparaître devant moi, ça va être sa fête.
– Quand l’as-tu vu pour la dernière fois ?
– Le samedi soir !
– Précise !
– Elle est partit avec un client vers la sixième heure de la nuit. Elle n’est jamais revenue.
– Cela lui était déjà arrivée ?
– De partir avec un client ? Rigola le tenancier. Ca lui arrivait plusieurs fois par soirée.
– De ne pas revenir après, espèce d’abruti sans cervelle.
– Seulement si c’était l’heure de la fermeture.
– Dans ces cas là, elle vous prévenait ?
– Oui, oui, elle me faisait un signe avant de partir.
– Et ce soir là, elle vous a fait un signe ? S’enquit Flicotaton en revenant au vouvoiement.
– Pas que je me rappelle.
– Le client avec lequel elle est partit, vous pouvez me le décrire.
– Il faisait sombre et c’était déjà tard, je ne me rappelle plus très bien.
– Faites un effort par Amon !
– Il était assez grand et plutôt mince.
– C’est vague comme description, concentrez-vous un peu plus. Comment était-il habillé ?
– Il portait un grand manteau noir avec une capuche. Ca m’a parut bizarre comme tenue avec la chaleur qu’il fait en ce moment.
– Vous avez vu son visage ?
– Pas distinctement, mais quand il est sortit de la taverne, sa capuche a glissé et j’ai vu son crâne.
– De quelle couleur étaient ses cheveux ? Ils étaient longs ou courts ? Il portait une perruque ?
– Non, non, il était complètement rasé.
– Autre chose ? Ses chaussures ? Son pagne ?
– Non, je ne me rappelle de rien d’autre.
– Vous lui avez servi à boire pendant la soirée ?
– Non, c’est Meritamon qui s’en est occupée. Il était dans son coin de salle. Chaque serveuse a un espace attitré et s’occupe de tout : Servir, débarrasser, danser et charmer.
– Les autres filles ont vu quelque chose de louche ce soir là ?
– Je ne crois pas, vous n’aurez qu’à leur demander, elles ne vont pas tarder à rappliquer, ces deux traînées.
– Bien, je vais vous laisser cuver votre bière à l’ombre ! Si vous vous souvenez d’un détail, le plus infime soit-il, prévenez-moi immédiatement.
– Je n’y manquerai pas. A qui dois-je m’adresser au cas ou ? Demanda d’une voix mielleuse le commerçant toujours allongé par terre.
– Demander Flicotaton à la caserne des Medjaï.

Sur ces dernières paroles, le policier fit demi-tour et entrepris de remonter à l’air libre. La femme du cabaretier surveillait sans en avoir l’air l’escalier de la cave depuis sa cuisine. Lorsque Flicotaton poussa la porte, elle se précipita sur lui.

– Vous ne l’avez pas tué j’espère, espèce de grande brute ? Lui demanda-t-elle avec un grand sourire tout en se collant sous son nez.
– Ne vous inquiétez pas, il continue sa sieste comme si de rien n’était. A quelle heure arrivent vos deux autres serveuses ?
– Elles ne vont plus tarder ces deux oies sans cervelles. Asseyez-vous dans la salle, je vais vous servir une bière pour vous faire patienter.
– Apportez-moi plutôt une coupe d’eau fraîche si vous en avez, lui répondit Flicotaton en l’esquivant adroitement. Il passa le seuil de la cuisine et alla s’attabler.

La mégère lui apporta son eau avec célérité et tenta de réengager la conversation en lui faisant un grand sourire aguicheur. Mais le policier n’était pas d’humeur à badiner. Son regard noir la dissuada d’ouvrir la bouche. Elle déposa la coupe devant lui et se réfugia dans sa cuisine.

Flicotaton réfléchissait. Il analysait ce que venez de lui dire les deux tenanciers de ce tripot. Il ramassa un tesson de poterie qui traînait par terre et entrepris d’y inscrire ce qu’il savait sur le suspect.

Il était de grande taille, avait le crâne rasé et était vêtu d’un lourd manteau.

C’était un peu maigre comme description. Bien sur, les hommes de grande taille n’étaient pas majoritaires à Thèbes mais comment repéré un homme chauve. La moitié de la population masculine de la ville se rasait la tête pour porter une perruque ou pour des raisons sacerdotales.

Déjà il pouvait éliminer les prêtres. Bien que Thèbes en soit rempli, jamais aucun membre du clergé ne se serait aventuré dans un bouge pareil.

Il se rendit ensuite dans le quartier des tanneurs, où la fille d’un artisan avait disparue depuis bientôt deux mois. Il se laissa guidé par son odorat vers ce lieu bâtit un peu à l’écart de la ville mais proche du fleuve. Bien que n’étant pas sous les vents dominants, on sentait l’odeur pestilentielle des jarres de décantation à plusieurs centaines de coudées à la ronde.

Mais le temps était passé avant lui, emportant les souvenirs et les détails de la disparition.

Personne dans la famille ou dans l’atelier ne lui donna le moindre renseignement utile, hormis le fait que personne ne pensait à une fugue. La victime était âgée d’à peine seize ans. Elle s’entendait bien avec son père et sa mère, elle était plus ou moins fiancée avec un contremaître de la tannerie voisine, on ne lui connaissait pas d’ennemi.

Par acquit de conscience, Flicotaton interrogea le fiancé ainsi que les employés des différentes tanneries du secteur. Il n’y pécha aucune information intéressante mais repartit de là en emportant sur sa peau et son pagne, l’odeur nauséabonde des bains dans lesquels trempaient les peaux avant d’être apprêtées par les tanneurs.

Il rentra à la caserne et fila directement vers la salle d’eau. Le vigile à l’entrée ne put masquer complètement la grimace de dégoût qui lui était monté aux lèvres quand les effluves que dégageait le policier étaient venus lui irriter les papilles.

Flicotaton déposa son pagne dans une corbeille destiné aux lingères et s’allongea de tout son long dans une baignoire d’eau froide creusé dans le sol de la salle. Il entreprit de se récurer consciencieusement avec un bloc de natron disposé là à cet effet. Une fois qu’il eut réussi à chasser les mauvaises odeurs de son corps, il sortit du bain et se laissa sécher à l’air libre.
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Message  slave1802 Mar 9 Déc 2008 - 18:01

Nouvel échec


Le temps avait passé très lentement pour Meritamon. Aux portes de la folie, emprisonnée dans sa douleur, elle n’avait plus vraiment conscience du monde extérieur. Le cosmos s’était rétracté tout entier dans sa bulle de souffrance. Il y régnait les ténèbres absolues, violemment troublé de temps en temps par des flashs lumineux envoyés à son cerveau par ses nerfs optiques à vifs.

Dans sa bouche pâteuse, le sang avait cessé de s'écouler de sa langue tranchée. Son moignon avait presque cicatrisé, profitant de ses nombreuses périodes d’inconscience.

Isis et Athor étaient venues lui rendre visite. Les deux déesses avaient répondus à ses prières. Elle avait sentit leurs caresses sur ton son corps et les mots de réconforts qu’elles avaient glissé à son oreille résonnait encore dans sa tête.

Un bruit de pas dans le lointain la tira brutalement de son sommeil comateux. Son tourmenteur approchait. En proie à une terreur absolue, elle tenta de briser ses liens en s’agitant en tout sens tout en hurlant à pleins poumons. Du moins c’était son intention. Mais la terrible blessure de sa langue ne lui permit que d’émettre un coassement digne d’une grenouille du marais, dont le son eut bien du mal à franchir ses lèvres. L’effort rouvrit la plaie et le sang recommença à couler dans sa gorge. En même temps ses mouvements désordonnés de la tête firent taper l’extrémité de son nerf optique contre les parois de ses orbites vides. La douleur qui c’était un peu calmé fut atroce. Elle cessa ses efforts inutiles et s'immobilisa à nouveau.

Les bruits de pas de son ravisseur gagnaient en intensité. Preuve s’il lui en fallait, qu’il se rapprochait inexorablement. Privé de vision, elle se surprit à compter ses pas. Son esprit enfiévré lui renvoyait l’image d’un Anubis gigantesque au masque terrifiant. Son museau noir était taché du rouge vermillon de son sang et ses canines acérées lançaient des éclairs dans l’obscurité.

Les pas cessèrent enfin, remplacé aussitôt par un bruit de respiration. Le frôlement d’un objet sur du tissu la rendit folle d’angoisse. Elle revoyait encore la lame luisante de sang de l’herminette en train de lui trancher le nerf optique.

– Du calme, du calme.

La voix honnie de son ravisseur eut l’effet inverse. Meritamon, oubliant la douleur se contorsionnait dans tous les sens pour lui échapper. Mais les liens ne se détendirent même pas et elle fut bientôt de nouveau contrainte à l’immobilité.

– C’est mieux. J’ai emmené de quoi soigné ta langue. Ouvre la bouche !

Meritamon bien au contraire, serra sa mâchoire le plus fortement possible. Anubis eut beau forcer sur son menton, il ne parvint pas à lui ouvrir la bouche. Excédé, il lui pinça violemment le nez, obstruant ses deux narines.

– Si tu veux respirer, tu vas bien être obligé de l’ouvrir ! Murmura-t-il.
– Ouvres ta bouche ou je te fracasse la mâchoire à coup de massue, espèce de traînée ! S’emporta-t-il soudain tout en la giflant à la volée.

Meritamon ne put retenir son souffle plus longtemps. Elle desserra un tout petit peu les mâchoires pour tenter d’avaler une goulée d’air. Anubis s’en rendit compte aussitôt. Il força encore plus et sa pauvre victime se retrouva avec la bouche grande ouverte. Sans perdre un instant, il lui lâcha le nez.

La danseuse sentit soudain un liquide froid s’introduire en jet dans son gosier. Elle toussa et s’étrangla tout en tentant de refermer sa bouche toujours béante mais son tourmenteur ne l’entendait pas de cette oreille. Elle fut obliger de boire. Au lieu de la douleur à laquelle elle s’attendait, elle reconnut le goût sucré d’un vin de palme de qualité supérieure. Elle but avidement le breuvage des dieux, mais son ravisseur s’en aperçut et cessa de faire couler le divin nectar.

– Ce n’est pas pour boire, c’est pour cicatriser ta plaie. Je n’ai pas envie que tu meures d’hémorragie avant que tu ne sois complètement prête.

Meritamon entendit distinctement le bruit que fit la gourde de cuir quand Anubis la posa au sol. Il relâcha en même temps son emprise sur sa mâchoire. Elle en profita pour tenter de faire pénétrer dans son gosier un maximum de liquide. La soif lui tenaillait le ventre depuis si longtemps.

Anubis s’affairait autour d’elle. Elle reconnue le bruit métallique d’instruments tranchants qu’il déposait sur la table de pierre où elle était entravée. Elle se mit à trembler secouer par le frisson de la terreur. Elle imaginait toute une panoplie de lames acérées qui l’entourait de toutes parts.

– Je vais maintenant procéder à l’ablation de tes organes internes pour les purifier.
– Nnn ! nnn !
– Parles plus fort, je ne t’entends pas, rigola l’affreux personnage.

Elle sentit soudain la lame de pierre froide se posait contre son flanc. Elle se raidit et tenta d’éloigner son corps de cet objet maudit.

– Plus tu bougeras et plus tu auras mal idiote !

La lame s’enfonça d’un seul coup dans sa chair, faisant jaillir le sang et la douleur. Elle sentit ce corps étranger entrer dans son flanc et le déchirer. La lame, maniée de main experte, remonta le long de son ventre tout en le découpant et vint buter sur une de ses cotes. La sensation de froid disparut lorsque l’instrument fut retiré. La douleur n’était pas aussi intense que ça finalement.

Elle sentit la main d’Anubis pénétrer par l’ouverture sanglante et trifouiller à l’intérieur de son ventre. C’était bizarrement plus gênant que douloureux. La main entra et sortit plusieurs fois. A chaque fois, elle entendait le bruit d’un objet entrant en contact avec du liquide. Son ventre semblait s’affaisser peu à peu.

Soudain elle eut un spasme d’une violence inouïe. La douleur fut telle, qu’elle réussit à briser ses liens. Elle roula sur le côté dans un tintamarre de récipient renversé. Elle tomba de la table et heurta violement le sol de pierre. La douleur reflua. L’obscurité se déchira. Elle aperçut un cercle de lumière qui l’attirait irrésistiblement. Au loin, elle percevait encore le son d’une voix humaine qui hurlait des insanités mais plus rien ne pouvait l’atteindre maintenant.

Anubis jurait comme un charretier tout en écumant littéralement de rage. Il tenait encore dans sa main, le foie de Meritamon. Il avait encore échoué. Se calmant peu à peu, il contempla le spectacle qui l’entourait.

D’une jarre plein de vin de palme posée au sol, s’échappaient les intestins de sa victime qui rejoignaient son corps supplicié en formant une étrange guirlande sanguinolente.

Il se baisa vers Meritamon et posa un petit miroir de bronze poli contre ses lèvres. Nulle buée ne vint troubler sa surface. Cette garce était belle et bien morte.

Il la prit à bras le corps et la redéposa sur la table de momification. Empoignant son couteau d’éventration, il en nettoya sommairement la lame, taillée dans une pierre d’Ethiopie, et entreprit d’agrandir l’ouverture du flanc de Meritamon.
Il écarta les chairs déchirées et remis en place tant bien que mal les organes qu’il avait enlevés précédemment.

Il recousu grossièrement la plaie avant que le cadavre ne se raidisse. Il l’emmaillota ensuite à l’aide de fines bandelettes de lin le plus rapidement possible.

Après une demi-heure de travail acharné, il se redressa pour contempler son œuvre.

Le résultat n’était vraiment pas terrible mais de tout façon, personne ne poserait jamais les yeux sur cette étrange momie.

Il rangea ses instruments dans sa besace en cuir de chèvre et nettoya sommairement la table et le sol autour.

Il hissa ensuite, non sans mal, la momie sur son épaule et s’éloigna avec son funeste chargement vers la galerie d’accès.
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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty Re: Le masque d'Anubis [1 et 2]

Message  Invité Mar 9 Déc 2008 - 19:54

Pas mal... J'aime bien le gore.

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Message  slave1802 Lun 12 Jan 2009 - 22:22

La momie de trop

Une décade s’était écoulée depuis le début de l’enquête de Flicotaton et le policier désespérait de trouver un indice lui permettant de progresser.
Il était en train de méditer à l’ombre d’un des sycomores de la cour de la caserne lorsque il vit Abidouhotep, un de ses subalternes accourir vers lui.

– Sergent, sergent, je vous cherche depuis des lustres. Lui dit-il tout de go.
– Et bien vous m’avez trouvé !
– Il y a eu un incident dans une tombe de la belle vallée.
– Encore un pillage ? Lui demanda Flicotaton en se relevant.
– Non, non, c’est beaucoup plus bizarre.
– C'est-à-dire ?
– On a trouvé une momie !
– Une momie dans une tombe ? Je ne vois pas ce qu’il y a de bizarre.
– Mais quelqu’un la déposé !
– Calmez-vous, reprenez votre souffle et vous me raconterez depuis le début lorsque nous traverserons le Nil.
- Bien, sergent, suivez-moi.

Flicotaton emboîta le pas du soldat et tout deux se dirigèrent vers la sortie de la caserne. En passant devant le corps de garde, Flicotaton réquisionna trois Medjaï desoeuvrés. Le petit groupe se dirigea d’un bon pas vers l’embarcadère de la police.

Après une marche rapide dans les rues de Thèbes, les deux policiers débouchèrent sur la rive du fleuve. Ils se dirigèrent rapidement vers l’embarcadère des forces de l’ordre du royaume. Une barque de roseaux tressés les attendait. Ils montèrent à bord de la frêle embarcation avec l’aide de deux marins. Ceux-ci larguèrent les amarres et se mirent à pagayer en cadence. La crue était bientôt là et le fleuve coulait plus rapidement que d’habitude. Les deux marins avaient le plus grand mal à conserver une trajectoire rectiligne vers l’embarcadère situé sur la rive opposée.

Flicotaton, assis en tailleur dans la position préféré des scribes demanda à son adjoint de lui faire un rapport détaillé de cette étrange histoire de momie.

– Hier soir, la patrouille de Medjaï chargé de la garde de la nécropole est aller faire une inspection surprise de la vallée des nobles. Ils ont surpris un inconnu alors qu’il sortait d’une tombe. Ils se sont lancés à sa poursuite mais le malfaiteur leur a échappé. La lune n’était pas encore levée et la visibilité était quasi nulle. Apparemment le quidam connaissait très bien le lieu. Quand il a aperçut la patrouille, il a jeté sa torche et s’est enfuit en courant dans l’obscurité la plus totale.

– Les soldats de la patrouille l’ont vu distinctement ? Lui demanda Flicotaton.
– Non, ils étaient trop loin pour voir son visage. D’après eux, il était grand et maigre. Les cheveux coupé très court ou rasé.
– Ca va être coton de le retrouver avec une description aussi précise ! Ensuite ?
– Le chef de patrouille a voulu entrer dans la tombe pour constater les dégâts mais le voleur s’était donné la peine de refermer la porte et de remettre en place les sceaux magiques. Il a quand même posté une sentinelle à l’entrée au cas bien improbable que le voleur revienne. Ce matin, il est retourné dans la tombe avec la famille du défunt pour qu’ils puissent nous dire ce qui a disparus. Mais rien ne manquait ! Le prêtre pur qui accompagnait la famille s’est alors rendu compte que le sceau du sarcophage avait été brisé et réparé.
– Il a donc refait les sceaux de l’entrée et du sarcophage ? Plutôt inhabituel comme technique. D’habitude les pilleurs de tombe ne s’embarrassent guerre de détails pareils, non ?
– Oui, généralement ils sont très pressés et laissent la tombe ouverte mais attendez la suite.
– J’attends !
– Excusez-moi je reprend. La famille du défunt ne voulait pas que l’on ouvre le sarcophage. Ils craignaient pour le repos de son Bâ. Le chef de patrouille a tout de même insisté et ils ont fini par accepter.
– Le ritualiste a procédé au retrait des sceaux conformément à la doctrine d’Amon et il a retiré le couvercle. A l’intérieur du sarcophage, il y avait deux momies au lieu d’une !
– Deux momies ?
– Comme je vous le dit sergent, l’individu qui s’est introduit dans la tombe n’était pas un voleur. Il s’est contenté d’inhumer une momie.
– Elle est toujours en place ?
– Bien sur ! La famille a hurlé pour qu’on l’enlève mais le chef de patrouille a été intransigeant. Rien n’a bougé.

Pendant qu’ Abidouhotep faisait son rapport au sergent, les deux marins avait achevé la traversé du fleuve roi. Ils maintenirent l’embarcation contre le débarcadère pour permettre aux deux policiers de quitter le bord. Les deux hommes escaladèrent le ponton de bois et se hissèrent sur la berge, les trois soldats qui les accompagnaient en firent de même.

– Revenez nous chercher ce soir, je n’ai pas envie de passer la nuit dans le désert ! Leur dit Flicotaton alors que le frêle esquif s’éloignait déjà de la berge.
– Comptez sur nous sergent lui répondit le plus gros.

Le policier resta immobile un moment en les regardant s’éloigner dans le courant. Il laissa son regard dérivé au fil des flots tumultueux du Nil.

– La crue sera bonne cette année ! Dit-il pensif à son subalterne.
– Si Knouhm le veux lui répondit ce dernier.
– Conduisez-moi donc à cette momie excédentaire finit-il par dire en commençant à marcher vers les collines.

La petite troupe progressa lentement vers les hauteurs. La végétation luxuriante des rives du fleuve laissa vite la place aux cailloux. Ils marchaient à la queue leu leu sur une piste étroite qui serpentait dans la pierraille. La chaleur était étouffante. Le soleil dardait ses rayons vers eux sans qu’un seul nuage ne vienne s’interposer. Les roches, chauffées à blanc, réverbéraient la chaleur vers les deux voyageurs qui étaient déjà en nage. Ils avaient heureusement pris soin de se munir d’outre en peaux de chèvres remplis d’eau du Nil. Régulièrement ils faisaient une halte pour se rafraîchir.

Après une heure de marche dans la fournaise, ils arrivèrent enfin à la place de vérité. Le village des artisans de la nécropole était composé de petites maisons blanches collés les une aux autres et entouré d’une muraille plus symbolique que tactique.

Les deux hommes suivis de quelques metres par les trois soldats pénètrent dans l’enceinte par la porte principale et allèrent saluer le chef d’équipe.

L’équipe de gauche étant au travail dans la vallée, c’est Hapou, le patron de l’équipe de droite qui les reçut.

Flicotaton le connaissait bien. Le personnage était à double visage. C’était un excellent artisan, maître dans l’art de la peinture mais il ne supportait pas l’alcool. Lorsque il avait bu, il devenait violent et irritable. Quand Flicotaton était en poste dans la vallée, il avait souvent reçu des plaintes de ses équipiers pour des violences non justifiés mais le pauvre homme était tellement navré quand il avait dessoûlé qu’il ne s’était jamais résolu à le faire jeter en prison comme lui demandaient avec insistance certains des artisans travaillant avec lui.

Désireux de bavarder un peu, Hapou entreprit de les accompagner un peu sur le chemin de la tombe que les Medjaï voulaient contrôler.

– C’est moi qui l’ai décoré il y a bientôt quatre inondations, leur confia-t-il tout en cheminant dans la pierraille et en discutant de choses et d’autres sur la vie à Thèbes. Les artisans de la vallée n’avaient pas souvent l’occasion de descendre en ville, ils en étaient d’autant plus avides d’informations sur la capitale spirituelle du royaume

– Voila c’est la quatorzième de la vallée sur le côté droit après la crête que tu aperçoit la haut. Je vous laisse là, je retourne chez moi, c’est l’heure de ma sieste.

Hapou fit demi-tour et redescendit vers le village pendant que Flicotaton et ses policiers continuaient leur ascension sous le soleil torride. La chaleur faisait miroiter l’air et les enveloppait dans son étreinte brulante.

Le petit groupe parvint enfin devant l’ouverture de la tombe. Deux Medjaï, épée de bronze à la poitrine montait la garde à l’ombre protectrice du boyau s’enfonçant dans la montagne thébaine. Un peu à l’écart deux hommes, manifestement riche à en juger leurs mises, divisaient avec un prêtre au crâne rasé sous l’abri précaire d’ombrelles en papyrus que tenaient au dessus de leur tête deux esclaves asiatiques.

Quand ils aperçurent les policiers, ils se précipitèrent vers eux en glapissant. Flicotaton ne leur adressa pas un regard et pénétra dans la tombe à la suite d’Abidouhotep. Les deux sentinelles aidés des trois soldats stoppèrent net le prêtre et les parents.

Flicotaton déboucha dans la pièce principale de la tombe. Elle avait la forme d’un rectangle de dix coudées de large pour trente de long. Les murs étaient richement décorés de scènes de la vie du défunt d’un côté et de son passage vers l’au-delà sur la paroi d’en face. Le policier repéra dans un coin de la salle, un magnifique char d’apparat en pièce détaché ainsi qu’une maquette d’une barque solaire. Ses deux objets côtoyaient des meubles et de la vaisselle à profusion ainsi que d’innombrables coffres et coffrets scellés.

Le centre du tombeau était occupé par un magnifique caveau en granit d’Assouan, décoré sur ses quatre coins des représentations des déesses Isis, Nephthys, Selkis et Neith. De larges extraits du livre des portes étaient gravés en hiéroglyphes sur ses flancs.

Son couvercle richement décoré sur lequel était représenté le dieu Osiris, était posé contre un mur.

Flicotaton se baissa et regarda à l’intérieur du sarcophage. Il aperçut aussitôt une momie bizarrement tordue qui reposait sur un deuxième sarcophage en bois stuqué relevé par un décor à base de pâte de verre et de feuille d’or.

– Abidouhotep, viens me donner un coup de main pour la sortir.

Il empoigna la momie par les épaules pendant que son adjoint se saisissait des jambes. Ils la sortirent du cercueil de pierre et la déposèrent au sol.

Flicotaton se mit à genoux pour l’observer de plus prêt. Son attention fut attirée par une tache suspecte au niveau de l’abdomen. Il posa son doigt sur la surface de lin et y exerça une pression. Son doigt s’enfonça sans effort dans le corps de la momie.
Il porta son index à la bouche et le mouilla avec sa salive. Il le frotta ensuite sur la tache noirâtre qui se désagrégea sous ses doigts. Il porta à ses narines l’échantillon déposé sur son doigt.

– Par Thot, que je sois damné si ce n’est pas du sang ! S’écria-t-il soudain. Aides-moi, il faut enlever les bandelettes.
– Mais c’est impossible ! Les embaumeurs enduisent les linges de bitume.
– Ce n’est pas du bitume, c’est du sang.

Les deux fonctionnaires royaux entreprirent de déposer les bandelettes de lin qui enserraient la momie. La tournant et la retournant dans tous les sens, ils finirent par arriver au niveau de la peau. Abidouhotep qui s’occupait des bandelettes de la tête poussa soudain un cri.

– Par Isis, on lui a ôté les yeux !

Flicotaton lâcha les pieds et regarda de plus prêt le visage de la momie. Apercevant des croûtes de sangs séchés autour de ses lèvres. Il lui ouvrit la bouche et constata que la langue avait elle aussi disparue.

– Quelle horreur, ne put s’empêcher de dire Abidouhotep. La pauvre fille !

Les deux hommes finirent d’ôter les bandelettes qui formaient maintenant un tas d’un bon mètre de haut. Ils se penchèrent alors sur la cavité abdominale.

– Regarde ! On lui a ouvert le ventre puis on l’a recousus. Les seins ont été découpés, les yeux et la langue arrachés. Aucun doute c’est un meurtre.

D’après l’état de décomposition du corps, il a été commis il y a moins d’une semaine.

– Il ne reste plus qu’à connaître l’indentée de la victime fit son subordonné en s’épongeant le front. Vu l’état où est son visage, cela ne va pas être simple.
– Pour ça j’ai mon idée rétorqua son supérieur. Occupes-toi de faire ramener le corps à la maison de vie du palais. J’aimerais qu’un maître embaumeur l’examine. Je vais interroger la famille, même si je suis persuadé de perdre mon temps.
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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty Re: Le masque d'Anubis [1 et 2]

Message  Invité Mar 13 Jan 2009 - 6:05

L'histoire est toujours assez prenante, mais il y a des maladresses.

On écrit : "Ils maintinrent l’embarcation".

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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty Re: Le masque d'Anubis [1 et 2]

Message  slave1802 Mer 4 Fév 2009 - 22:11

Flicotaton planta là son adjoint et ressortit à l’air libre. Les deux parents et le prêtre étaient toujours en train de parlementer avec les sentinelles pour qu’elles les laissent pénétrer dans le tombeau.

– Bonjour mes seigneurs. Je suis le sergent Flicotaton de la police de pharaon.
– C’est un scandale, je me plaindrai auprès du vizir lui répondit le plus gros des deux hommes.
– Si vous le désirez ! Monsieur ?
– Alambichotep, maître des chais de Pharaon, cousin par alliance du vizir Imhotep. Et voici mon frère, Neferdinefer et Imhotepsed, le supérieur du sanctuaire de Ptah.
– C’est votre père qui repose ici ? Le coupa le policier.
– Oui mais…
– Soyez rassuré, le sarcophage intérieur est intact. Son corps et son Kâ repose toujours sous la protection d’Osiris.
– Mais la deuxième momie ?
– Ce n’est qu’une farce grossière. Il n’y avait que de la paille de roseaux sous les bandelettes, mentit Flicotaton.
– Mais qui …
– L’enquête sera longue mais nous mettrons la main sur le coupable et le châtiment sera exemplaire, je vous en fais le serment. Mais vous ne devriez pas rester ici. Ce n’est pas un lieu convenable pour des gens de votre qualité. Rentrez au plus vite à Thèbes, je vous tiendrai personnellement informé des progrès de l’enquête.

Avant qu’aucun d’entre eux n’ait le temps de rajouter quelque chose, Flicotaton était déjà parti. Une discussion plus poussée avec le chef d’équipe s’imposait.

De son côté, son adjoint fit rentrer les trois soldats qui les avaient accompagnés jusque là. Puisant dans le mobilier funéraire du défunt, ils improvisèrent un brancard sur lequel ils déposèrent le corps de la jeune fille après l’avoir à nouveau remmailloté grossièrement dans les bandelettes de lin.

Les sentinelles de l’entrée firent reculer la famille du propriétaire de la tombe et les quatre hommes reprirent le chemin du Nil en emportant la pauvre dépouille suppliciée.
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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty La parole des dieux

Message  slave1802 Mer 4 Fév 2009 - 22:12

ATTENTION CET EPISODE EST FORTEMENT DECONSEILLE AUX PERSONNES SENSIBLES ET AUX ENFANTS DE MOINS DE 16 ANS

Sur recomendation de la ligue de vertu et de protection des enfants à nates du nome du Lièvre









La parole des dieux

Anubis était dans son antre. Après avoir déposé le cadavre de Meritamon, il n’avait échappé que d’extrême justesse à la patrouille des Medjaï. Heureusement pour lui qu’il connaissait la vallée dans ses moindres recoins. Il avait réussi à semer ses poursuivants dans les collines d’éboulis. Se déplaçant dans l’obscurité totale, il avait pu rejoindre les bords du fleuve sans être inquiété. Sa barque de roseau l’y attendait, cachée dans un bouquet de papyrus et de joncs mêlés. Ramant le silencieusement possible, il avait traversé le Nil en se guidant vers les lueurs des torches qui brillaient toute la nuit sur l’embarcadère royal. Rasant les murs, il était ensuite rentré chez lui sans rencontrer âme qui vive.

Plusieurs jours avaient passés sans que personne ne vienne l’interroger. Sur de son impunité il était de nouveau descendu dans son repère.

Ne portant pour seul vêtement que le masque d’Anubis, il était pour l’instant agenouillé devant une statuette représentant le divin canidé passeur d’âme.

– Oh seigneur Anubis ! Ecoutes ma prière.
– Oh seigneur Amon ! Reçoit ma confession.
– Oh seigneur Osiris ! Absout mes fautes.
– Oh seigneur Seth ! J’accepte ton juste courroux.

Tout en psalmodiant ses incantations, il s’inclinait face contre terre puis se relevait droit comme un i, les deux bras levé vers le plafond de la grotte. Il levait le regard vers le ciel puis baissait la tête entraînant à nouveau son corps vers le sol.

Il continua son manège pendant près d’une heure avant de s’arrêter net, l’oreille aux aguets. Il ôta son masque et le posa à terre. L’expression de son visage passa de l’adoration à la surprise puis à la peur. Perdu dans son délire, il semblait écouter les ténèbres :

– Il sera fait selon votre volonté seigneur Seth, fit-il soudain.

Seul le silence de son repaire souterrain lui répondit. Ce qui ne l’empêcha pas d’entamer une conversation avec l’invisible.

– Oui seigneur Seth, il va falloir améliorer ma technique d’éventration.
– …
– Cela me semble effectivement plus judicieux de laisser les organes en place. Toutes mes tentatives pour les sortir des corps se sont soldées par le décès prématuré de vos servantes.
– …
– Oui, je me contenterai à l’avenir de mettre le natron directement dans la cavité abdominale.
– …
– Oui seigneur, je mérite une punition pour mon échec.
– …
– Le fouet et les poids ? Comme il vous plaira seigneur Seth.

Sur ces dernières paroles, il se releva et se dirigea vers une table de travail en acacia. Il se saisit de deux boules métalliques auxquelles était soudée une chaînette terminée par un crochet. Il introduit les deux crochets dans les anneaux d’or qui perçaient ses deux seins. Il laissa alors les boules pendre aux bouts des chaînettes qui se tendirent aussitôt lui arrachant un cri de souffrance. Il prit une troisième boule d’aspect encore plus imposant et la suspendit à l’anneau de bronze qui maintenait son sexe et ses bourses prisonniers. Il grimaça à nouveau mais parvint à rester silencieux. Il mis ensuite en place sur son pénis, un étuis phallique, utilisé habituellement comme vêtement dans les contrées sauvage au sud de la quatrième cataracte. Le fin boyau de cuir était empli d’épines d’acacia qui lui entrèrent dans la chair, le faisant hurler à nouveau de douleur. Il s’empara pour finir d’un fouet à lanière courte et entreprit de se flageller avec en se frappant de toutes ses forces par-dessus son épaule.

– Oh Seth ! Seigneur des ténèbres, acceptes mon pardon.
– Oh Anubis, gardien des nécropoles, vois comme je souffre pour toi !
– Oh Amon, toi le caché, toi le maître de l’univers, reçoit mon sang en expiation !
– Oh Osiris, seigneur de l’au-delà, maître des enfers, pardonnes mes errances.

Les coups de fouet résonnèrent pendant une heure, entrecoupés de gémissements oscillant sans arrêt entre la douleur et le plaisir et des incantations magiques de plus en plus obscures et dénuées de sens. Le dos et les fesses en sang. Les tétons martyrisés, son sexe tendu, pissant le sang et prêt à s’arracher, il finit par laisser tomber à terre son fouet. Il s’effondra à sa suite et resta prostré au sol un long moment, secoué de tremblements sporadiques et de longs sanglots.

– Oh dieux ! Qu’il est dur d’être votre serviteur ! Hurla-t-il soudain en se redressant à moitié.

Progressivement, il retrouva son calme et entreprit d’ôter les instruments de torture qui pendaient encore de son corps. Il se leva et les rangea soigneusement sur la petite table d’acacia. Il prit ensuite un petit flacon de terre cuite hermétiquement fermé par un bouchon de bois. Il l’ouvrit et plongea ses doigts dedans. Laborieusement, il commença à s’enduire le sexe, le dos et les fesses de la pommade qu’il contenait. Un savant mélange d’herbes, d’essences rares et de miel, concocté par les médecins du palais et réputé apaiser la douleur.

Une fois la pommade étendue grossièrement sur ses plaies, Il se saisit d’une outre en cuir de chèvre et but avidement la bière qu’elle contenait. Le liquide ambré coulait sur son menton et sa poitrine puis tombait au sol où il s’éloignait en fine rigole se perdant dans l’obscurité. Sa soif apaisé, il s’essuya la bouche d’un revers d’un main et enfila son pagne de travail.

Il sortit la torche qui éclairait la scène de l’anneau mural dans laquelle elle était fichée et s’éloigna dans le couloir d’accès.
Tout en marchant vers la lumière du jour, il réfléchissait au choix de sa future victime. Les nouvelles instructions de Seth étaient limpides. La divinité voulait une servante de choix et ne supporterait plus un échec de sa part. C’était sa dernière chance de plaire à son divin maître. Un visage féminin se forma dans son esprit.

– Mais oui, vous avez raison seigneur Seth ! Elle sera parfaite pour vous.

Les yeux roulants follement dans leurs orbites, il ébauchait des plans pour approcher sa nouvelle proie et l’attirer dans son repère. La partie allait être difficile mais quand on est aidé comme lui par les dieux, rien n’est impossible…
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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty Re: Le masque d'Anubis [1 et 2]

Message  mentor Mer 4 Fév 2009 - 22:19

slave, je voudrais pas être désagréable, mais il faudrait peut-être songer aussi à participer un peu plus à la vie du site autrement qu'en ajoutant des bouts à ton roman par ci par là
commenter les autres, par exemple
par exemple
mais c'est pas obligé

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Message  Invité Mer 4 Fév 2009 - 22:22

Je me rends compte en lisant cette histoire (j'aime toujours son côté gore) que j'ignore si, historiquement, les sociétés antiques connaissaient le phénomène des serial killers... Qu'en pensez-vous, slave1802 ? Savez-vous si on a des informations à ce sujet ?

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Message  slave1802 Mer 4 Fév 2009 - 22:31

J'ai déjà du mal à en lire une partie...

De plus les critiques, même constructive, j'aime vraiment pas en faire. Ca me renvois à mon manque de talent et je me sens un peu idiot de vouloir donner des conseils ou même mon avis quand j'ai tant de mal à écrire quelque chose qui me plaise.

Pour moi, un livre, un poême, un petit texte, ça se lit d'abord et ensuite éventuellement ça se relit et se relit encore.

Écrire sur un écrit me semble inutile. Si le texte me plait,à part dire bravo, que vais-je en dire
Et s'il ne me plait pas, de quel droit vais-je le démolir ?
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Message  slave1802 Mer 4 Fév 2009 - 22:39

socque a écrit:Je me rends compte en lisant cette histoire (j'aime toujours son côté gore) que j'ignore si, historiquement, les sociétés antiques connaissaient le phénomène des serial killers... Qu'en pensez-vous, slave1802 ? Savez-vous si on a des informations à ce sujet ?

Après quelques recherches sur le sujet, il semblerait que la notion de "serial killer" soit assez récente. La plupart des cas reconnus aux états unis et dans le reste du monde remontent à la fin du XIXe siècle.

Mais le phenomène semble en fait beaucoup plus ancien

- Locusta, une empoisonneuse professionnelle qui tuait aussi "pour le plaisir". Elle fut executée par ordre de l’empereur romain Galba en 69 après JC, pour les meurtres de l’Empereur Claudius et de son fils Britannicus.

En Europe, les premiers tueurs en série connus sont apparus aussi bien dans les rangs de la noblesse que parmi les paysans. Le baron Gilles de Rais, homme le plus riche de France et compagnon de Jeanne d’Arc, fut pendu et brûlé vif en 1440 pour avoir assassiné des centaines d’enfants lors de rituels sataniques pervers.
Margaret Davey, une cuisinère anglaise, fut ébouillantée vivante en 1542 pour avoir empoisonné plusieurs de ces employeurs sans raison apparente.
Au moins cinq assassins sadiques furent condamnés en tant que "loup-garou", en France et en Allemagne entre 1573 et 1590.

En 1661, la Contesse Hongroise Erzébeth Bathory fut condamnée à être emmurée vivante parce qu’elle avait torturé des centaines de jeunes femmes "pour s’amuser".
L’empoisonneuse française Marie de Brinvilliers pratiqua son "art" sur des invalides, puis s’en est prit à son propre père, ses amis et ses voisins. Elle fut exécutée pour ses crimes en 1676.
Quatre ans plus tard, la France fut ébranlée par le scandale de la "chambre ardente", impliquant la maitresse du Roi Louis XIV et un prêtre catholique, qui avaient tué des dizaines de bébés dans des meurtres rituels.
En 1719, les authorités italiennes exécutèrent une femme, La Tofania, parce qu’elle avait empoisonné près de 600 personnes !

Rien n'interdit donc de penser que l'Egypte Antique en ait compté quelques uns...
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Message  Invité Mer 4 Fév 2009 - 22:45

Pour vous répondre, je pense très sincèrement qu'on a le droit, en tant que lecteur, d'exprimer son ressenti devant ce qu'on lit, et que la valeur de ce ressenti est indépendante de la valeur qu'on peut avoir ou non comme producteur de texte. L'argument "je n'ai pas à critiquer parce que je ne saurais pas mieux faire" n'a tout simplement, je pense, aucune portée : lire et écrire sont deux activités différentes, et ce qu'on a à dire en tant que lecteur est intéressant.
Par ailleurs, le principe de ce site est précisément qu'on y publie ses textes pour avoir un retour des lecteurs, sans complaisance ni agressivité. Le fait que vous veniez y soumettre vos textes semble indiquer que vous espérez qu'on vous donnera un avis ; auquel cas, on attend aussi le vôtre sur les textes que vous pouvez lire.
Même si vous n'avez rien d'autre à dire que "j'ai aimé, surtout tel ou tel paragraphe", ou "je n'ai rien compris, pour moi c'est hermétique", cela apporte de précieuses indications à celui qui soumet son texte à un public.

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Message  Invité Mer 4 Fév 2009 - 22:49

Merci d'avoir répondu à ma question ! Je remarque tout de même que les exemples que vous donnez (à part celui de Locusta) se situent à partir de la Renaissance. Je pense qu'on dispose de pas mal de documents sur les époques antiques, et, s'il y avait eu des procès retentissants de tueurs en série, sans doute en serait-il resté des traces... J'ai vraiment l'impression pour ma part, de manière tout intuitive, que le phénomène accompagne l'époque moderne et la civilisation occidentale.

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Message  mentor Mer 4 Fév 2009 - 22:52

socque a écrit:le principe de ce site est précisément qu'on y publie ses textes pour avoir un retour des lecteurs, sans complaisance ni agressivité. Le fait que vous veniez y soumettre vos textes semble indiquer que vous espérez qu'on vous donnera un avis ; auquel cas, on attend aussi le vôtre sur les textes que vous pouvez lire.
Même si vous n'avez rien d'autre à dire que "j'ai aimé, surtout tel ou tel paragraphe", ou "je n'ai rien compris, pour moi c'est hermétique", cela apporte de précieuses indications à celui qui soumet son texte à un public.
pas mieux

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Message  slave1802 Jeu 5 Fév 2009 - 17:53

socque a écrit:Pour vous répondre, je pense très sincèrement qu'on a le droit, en tant que lecteur, d'exprimer son ressenti devant ce qu'on lit, et que la valeur de ce ressenti est indépendante de la valeur qu'on peut avoir ou non comme producteur de texte. L'argument "je n'ai pas à critiquer parce que je ne saurais pas mieux faire" n'a tout simplement, je pense, aucune portée : lire et écrire sont deux activités différentes, et ce qu'on a à dire en tant que lecteur est intéressant.
Par ailleurs, le principe de ce site est précisément qu'on y publie ses textes pour avoir un retour des lecteurs, sans complaisance ni agressivité. Le fait que vous veniez y soumettre vos textes semble indiquer que vous espérez qu'on vous donnera un avis ; auquel cas, on attend aussi le vôtre sur les textes que vous pouvez lire.
Même si vous n'avez rien d'autre à dire que "j'ai aimé, surtout tel ou tel paragraphe", ou "je n'ai rien compris, pour moi c'est hermétique", cela apporte de précieuses indications à celui qui soumet son texte à un public.

Poster un commentaire pour en dire si peu, ça me rappelle furieusement un sketch de Coluche : Quand on a si peu à dire, on ferait mieux de fermer sa geule. C'est surement un peu hors sujet mais je n'ai pas pu résister.

Plus sérieusement, je manque de temps pour venir ici tout les jours lire les très nombreuses contributions et faire des remarques pertinentes (les seules qui me semblent digne d'intérêt, mais ce n'est que mon point de vue...)

Pour les serials killers, il faut peut-être aussi considérer la population mondiale à notre époque (+ de 5 milliards) et la population à l'époque antique.
De plus, la documentation n'est pas si abondante que ça et dans le cas de l'Egypte, la majeure partie vient de la décoration des tombes et des temples, et non des archives des tribunaux...
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Message  Invité Jeu 5 Fév 2009 - 18:04

slave1802 a écrit:Poster un commentaire pour en dire si peu, ça me rappelle furieusement un sketch de Coluche : Quand on a si peu à dire, on ferait mieux de fermer sa geule. C'est surement un peu hors sujet mais je n'ai pas pu résister.

Plus sérieusement, je manque de temps pour venir ici tout les jours lire les très nombreuses contributions et faire des remarques pertinentes (les seules qui me semblent digne d'intérêt, mais ce n'est que mon point de vue...)

Pour les serials killers, il faut peut-être aussi considérer la population mondiale à notre époque (+ de 5 milliards) et la population à l'époque antique.
De plus, la documentation n'est pas si abondante que ça et dans le cas de l'Egypte, la majeure partie vient de la décoration des tombes et des temples, et non des archives des tribunaux...

Pour ce que vous dites sur les commentaires :
Ben, peut-être, mais il se trouve que c'est le principe du site... Vous avez le temps de poster vos textes et de participer aux discussions qu'il peut y avoir dessus, et c'est une très bonne chose, je ne vois pas pourquoi vous n'auriez pas celui, sans parler de passer tous les jours, de vous donner la peine de déposer un commentaire sur les textes que vous lisez, s'il y en a. Si vous n'en lisez pas, évidemment, cela n'a pas de sens de commenter...

Et merci de vos réponses à propos des tueurs en série de l'Antiquité, c'est une question qui m'intrgue.

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Message  Invité Jeu 5 Fév 2009 - 18:04

Pardon : "intrigue".

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Le masque d'Anubis [1 et 2] Empty [b]Autopsie d’un mystère[/b]

Message  slave1802 Jeu 12 Fév 2009 - 18:33

Autopsie d’un mystère

Flicotaton cheminait entre les pierres et les buissons arides sur le petit sentier qui reliait la belle vallée au village des artisans. Après un quart d’heure de marche qu’il avait mit à profit pour réfléchir à cette nouvelle affaire, il arriva en vue de la place de vérité. Il passa la porte d’accès du village et se dirigea droit vers la maison du chef d’équipe.
Il frappa à la porte de cèdre et entra sans attendre de réponse. Il pénétra dans une petite salle aux murs aussi richement décorés que ceux d’une tombe. Dans un coin de la pièce, un petit meuble bas servait d’abris pour les minuscules statues des ancêtres du maître des lieux. Au centre, trônait une statuette de Bès, le génie du foyer charger d’assurer la protection des lieux.
Une table, croulant sous les papyrus et le matériel de scribe, occupait le centre de la pièce. Elle était entourée par trois chaises dépareillées ayant connus des jours meilleurs.
Les volets étaient tirés, ne laissant filtrer dans l’habitation qu’un mince rayon de soleil dans lequel dansaient joyeusement de fines particules de poussières et de sable mêlés.
Le sol était fait de terre battue. Le plafond de paille de palmier séché disposé sur des traverses de bois toutes biscornues. Une porte faisant face à l’entrée menait aux restes de l’appartement de fonction.
La maison avait l’air déserte. Pas un bruit ne se faisait entendre, à part le bourdonnement aigu d’une mouche prisonnière d’une jarre de bière posé contre le mur ouest. Flicotaton frappa à nouveau sur le battant.
– Debout là-dedans c’est l’heure de la relève ! Cria-t-il à tue-tête.
Un bruit sourd suivi d’une plainte monta de la deuxième pièce. Un bruit de pas traînant se fit entendre et la porte s’ouvrit, laissant passage à Hapou, le chef de l’équipe de droite.
A la vue du policier il se figea sur le seuil de la chambre. Il n’en arrêta pas moins de se gratter copieusement l’entrejambe tout en baillant à s’en décrocher la mâchoire.
– J’oublie toujours que tu as fait l’école du cirque de Memphis, finit-il par déclarer à Flicotaton.
– D’Akhetaton.
– Pardon ?
– J’ai suivi les cours de l’école du rire d’Akhetaton, reprit le Medjaï.
– Hi, hi, hi ! De mieux en mieux. C’est pour me sortir des âneries pareilles que tu oses interrompre ma sieste ?
– Tu as raison, venons-en de suite aux choses qui fâchent.
– Un problème ? Encore un vol dans la tombe que tu es allé visiter ? Tu sais bien que personne ici ne s’y risquerait. Mais avant de m’annoncer de mauvaises nouvelles, assis-toi et mangeons un peu.
Flicotaton prit une chaise et s’y laissa tomber. Il reprit la conversation pendant que le chef de chantier s’affairait en fouillant dans un coffre de bois.
– Il ne s’agit pas un vol, reprit-il, mais d’une profanation !
Hapou se figea un instant. Il se releva en tenant un plat d’une main et un pichet de l’autre. Il posa le tout sur la table et s’assit à son tour.
– Une profanation ? Tu es sur de toi ?
– On a retrouvé deux momies dans un même sarcophage. Celle de son propriétaire légitime et celle d’une inconnue manifestement momifiée à la hâte.
– Tu sais, il n’est pas rare que les familles nous demandent de réemployer le mobilier des ancêtres.
– Je sais ! Mais là, la famille est catégorique. Cette momie n’est pas à eux.
– Tu soupçonnes quelqu’un d’ici ? Moi peut-être ? Tiens, en attendant de me jeter en prison prends donc quelques concombres ou un morceau de poisson.
Il se servit en premier et fit glisser le plat vers le policier. Ce dernier y jeta un coup d’œil. Le récipient en terre cuite était copieusement garni d’oignons doux, de figues, de poisson séché, de gratin d’aubergine et de concombre.
– Pas encore, je n’ai aucune piste, répondit-il en piochant une figue, mais le gaillard qui a fait le coup a glissé entre les doigts de la patrouille cette nuit. Il connaît parfaitement le terrain.
– De nombreuses personnes viennent ici. Nous ne sommes pas les seuls à connaître la vallée à la perfection.
– Ah oui ? Et qui la connaît aussi bien que vous ?
– Les Medjaï pour commencer !
– Tu accuses mes hommes, releva Flicotaton.
– Tu accuses bien les miens ! répondit Hapou du tac au tac.
– Soit ! Mais encore ?
– Les prêtres purs du temple d’Anubis, les porteurs de sarcophages, les fonctionnaires du trésor. La liste est longue.
– Je ne le sais que trop mon vieil ami !
Sur cette dernière remarque, Flicotaton resta silencieux un moment. Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas pourquoi on était venu rajouter une momie dans un sarcophage.
Le laissant réfléchir, Hapou avait rempli deux coupes à l’aide de la jarre. Il en tendit une au policier.
– Goûtes moi ce nectar, il vient des vignobles du Delta.
Flicotaton porta la coupe à ses lèvres et goutta le précieux liquide. Tout en se délectant du divin breuvage, Il posa la question qui le taraudait depuis un moment au chef d’équipe :
– Pourquoi a-t-il mis cette fausse momie là ?
– A part pour se débarrasser définitivement d’un corps, je ne vois pas lui répondit ce dernier.
– Ce débarrasser définitivement tu dis ?
– Bien oui ! Les tombes, une fois fermées, sont rarement rouvertes. Quand à rouvrir un sarcophage… Seul les pilleurs de tombe osent profaner un cercueil.
– Tu dois avoir raison. Il ne reste plus qu’à connaître l’identité de la momie de trop. Il ne manque personne dans ton équipe ou dans celle de l’autre bord, demanda le policier en pointant son index vers les maisons que l’on apercevait par la porte toujours ouverte de l’autre côté de la rue.
– Pas à ma connaissance. Tu sais, c’est un petit village ici. Si quelqu’un manquait à l’appel, je le saurais depuis longtemps.
– Personne ne s’est absenté sans raison valable ?
– Je vérifierais avec l’autre bord quand ils reviendront de la vallée, mais de mon côté personne n’a quitté la place de vérité depuis au moins un mois.
– Je te crois sur parole. Fais moi prévenir par les Medjaï si il y a quelque chose de louche de l’autre côté.
– Je n’y manquerai pas, rigolo !
Flicotaton finit sa coupe et la reposa sur la table. Il prit une dernière figue et se leva. Il tourna les talons et fit mine de quitter la pièce. Avant de franchir le seuil, il s’arrêta et se retourna vers le chef d’équipe. Il lui dit en souriant :
– Comique ! Mon nom c’est comique !

Flicotaton rejoignit son adjoint sur la berge du Nil. Ce dernier avait déjà prévenus par signaux la patrouille fluviale et une barque de roseau venait les rechercher.
– En arrivant à Thèbes tu iras me chercher la dame Touy et tu la conduira à la maison de vie du temple d’Anubis.
– Et je la trouve où votre dulcinée ? Plaisanta Abidouhotep.
– Dans la taverne sur le port où on a signalée la dernière disparition suspecte.
– Vous pensez qu’on a retrouvé la serveuse ?
– J’en suis presque sur. Et si j’ai raison, je sais où chercher les autres.
– Et où donc ?
– Dans la nécropole.
Abidouhotep resta sans voix et dévisagea son supérieur pour savoir si c’était lui, qui à son tour plaisantait. Mais le visage de Flicotaton affichait une expression des plus sérieuse.
– Cela ne va pas être évident de fouiller toutes les tombes, finit-il par s’exclamer en pensant aux difficultés d’une telle opération.
– Je ne le sais que trop bien. Quand tu m’auras emmené la dame, retourne à la caserne et prépare un détachement pour demain. Départ à l’aube.
– Mais vous n’aurez jamais l’autorisation d’ouvrir les tombes aussi vite.
– Pour commencer, on va se contenter d’inspecter les portes. Si ma théorie se vérifie bien sur.
Sur ces entre-faîts, la barque avait accosté. Les Medjaï, aidés par les deux marins hissèrent le corps à bord puis tout le monde s’entassa dans l’embarcation qui se dirigea lentement vers la capitale du nome.
La journée tirait à sa fin et le dieu soleil était déjà bas sur l’horizon. Rê se préparait à combattre une nouvelle fois le serpent Apopis et ses créatures qui l’attendaient tapis sur le trajet du voyage le long des heures de la nuit. Mais comme chaque nuit depuis que le monde avait émergé de l’océan du Nout, il renaîtrait au matin, plus fort encore que la veille.

La barque avait à peine atteint le port que Flicotaton sautait déjà à terre et partit d’une marche rapide vers le temple d’Anubis. Les Medjaï le suivraient après avoir déchargé le corps du bateau. Le temps qu’ils trouvent une charrette pour le trajet, il aurait mis la main sur le maître embaumeur auquel il pensait pour l’examen.
Le temple d’Anubis ne faisait pas partie du complexe de Karnak ni de celui plus récent de Louqsor. Là-bas, Amon régnait en maître. Il avait été au contraire construit en plein cœur de Thèbes tout prêt du Nil. Flicotaton remonta rapidement le cour du fleuve.
Il quitta la zone portuaire pour se retrouver dans le quartier d’habitation des pécheurs. Il le traversa rapidement et obliqua soudainement sur sa gauche, remontant un petit canal qui se jetait dans le fleuve. Le sanctuaire du dieu des morts trônait au milieu d’une petite place. Son architecture était des plus classique. Un vaste pylône, orné d’oriflammes aux couleurs éclatantes en protégeait l’entrée. Flicotaton passa dessous sans même relevé la tête pour admirer les scènes polychromes gravées sur ses parois. Il déboucha dans une vaste et sombre salle hypostyle. La lumière du soleil ne pénétrait dans l’édifice que par de minuscules ouvertures découpées dans le plafond central qui était légèrement surélevé par rapport au reste de la salle.
Il travers rapidement la foret de colonne papyriforme et s’enfonça dans le sanctuaire à la recherche de Hiapou, le maître embaumeur du domaine d’Anubis.
Il trouva ce dernier dans son atelier. Le prêtre ritualiste était en train d’affûter ses instruments de pierre et d’acier.
– Maître Hiapou, excusez-moi de vous déranger, mais j’aurais une momie à vous faire examiner.
– Flicotaton, mon policier préféré s’exclama le prêtre en le reconnaissant.

Maître Hiapou était un homme âgé aux cheveux déjà bien blancs et parsemés. Mais il était bâti comme un lutteur ou plutôt comme un boucher comme il aimait le dire lui-même. Une fine moustache ornait sa lèvre supérieure et disparaissait presque sous un nez proéminent et grêlé. Son visage rubicond était strié de rides qui le faisaient ressemblé à un crocodile rouge. Son ventre proéminent menaçait de s’échapper de son pagne à chacun de ses mouvements.
Il lâcha l’herminette dont il était en train de polir la lame sur une pierre abrasive et se dirigea vers le Medjaï, un grand sourire aux lèvres.
– Et où diable l’as-tu trouver cette momie ? Dans un boxon ?
– Dans une tombe de la belle vallée lui répondit Flicotaton.
Le sourire du prêtre s’effaça aussitôt. Il porta sa main à l’amulette représentant Anubis qu’il portait en sautoir autour du coup
– Par tous les dieux, tu n’as tout de même pas profané une tombe ?
– Moi non, mais quelqu’un la fait.
– Quelqu’un a été assez fou pour voler une momie ?
– Non, en fait on a rajouté une momie dans un sarcophage déjà occupé.
– Quelle abomination ! Mais où va notre royaume ? Et elle venait d’où cette momie surnuméraire ?
– C’est la question que je me pose et c’est pour cela que je vous l’ai apporté.
– Où est-elle ?
– Les Medjaïs l’apportent à l’instant. Je leur ai dit de la déposer dans une des salles de momification du temple.
– Allons-y alors dit le prêtre en se remettant en mouvement. Il quitta son atelier et précéda Flicotaton dans le labyrinthe du sanctuaire.
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Message  Invité Jeu 12 Fév 2009 - 19:01

J'aime toujours l'histoire, bien que cet épisode soit un peu mou, mais vous devriez vous relire plus attentivement ; il y a pas mal de fautes.

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Message  Invité Jeu 12 Fév 2009 - 20:12

Pourquoi prendre le temps de lire quelqu'un qui écrit longuement, mais n'a pas le temps de lire les autres ? Il existe une règle de réciprocité qui me semble le minimum de la courtoisie...

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Message  Invité Jeu 12 Fév 2009 - 20:25

Justement, coline Dé, slave1802, dernièrement, a fait l'effort de commenter des textes...

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Message  Sahkti Jeu 12 Fév 2009 - 20:29

socque a écrit:Justement, coline Dé, slave1802, dernièrement, a fait l'effort de commenter des textes...
En effet !

socque, un petit exercice poétique en direct, sur la partie conversation, ça ne vous dit rien?
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