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NOUVELLE VAGUE : Le chant du cygne

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NOUVELLE VAGUE : Le chant du cygne Empty NOUVELLE VAGUE : Le chant du cygne

Message  Krystelle Mer 7 Mai 2008 - 17:05

Mise en page pour impression : ici

Le chant du cygne



« Ma...dame, Mon...sieur. Je m’ex...cuse de vous dé...ran...ger pen...dant votre tra...jet mais sui...te à la per...te de mon em...ploi, je me re...trouve à la rue... »
Les syllabes s’enchaînent difficilement, restent suspendues un instant dans les airs, avant de retomber quelque part, entre les sièges du wagon. Il décompose toujours ses mots. Chaque son semble ainsi sortir par spasmes du fond de ses entrailles.

En réalité, Jo n’a pas perdu son emploi, et pour cause, il n’a jamais eu d’autre emploi que celui-là. Son job, c’est ça : désarticuler les mots dans le métro, et ce depuis la nuit des temps.
Il ne fait pas partie des sans-logis, des clochards, des lèche-trottoirs. Non, Jo est un prophète. Il prêche la bonne parole : la sienne. Et pour ce faire, il parcourt chaque jour des centaines de kilomètres, croise des milliers de visages et ne sait jamais le matin où il dormira le soir. Jo est un bourlingueur, un globe-trotter dont la sphère se limite à un périmètre clairement défini par le plan des lignes. À force, le métro, il le connait comme sa poche. Il explore chaque jour les terra incognita du métropolitain, les couloirs secrets et les stations fermées. Arsenal, Saint-Martin, Croix-Rouge... autant d’arrêts fantômes qui, pour les autres, sont inaccessibles depuis plus d’un demi-siècle.

Il y a des pays où, six mois par an, le soleil ne se lève pas. C’est loin d’ici et Jo n’y est jamais allé mais là où il vit, c’est un peu pareil. La nuit dure souvent tout le jour, comme au Pôle Nord. Sauf sur la ligne 6 et quelques autres. A Pasteur, la lumière s’engouffre par les larges fenêtres des wagons, envahit les rames, glisse sur les traits apathiques des voyageurs avant de mourir quelques centaines de mètres plus loin, un peu avant Passy. Cinq stations, c’est le temps que dure la saison des beaux jours...

Jo a tout juste le temps de s’imprégner de la vue imprenable s’offrant à lui depuis le viaduc de Bir-Hakeim: le fleuve, la ville et sa tour de ferraille. Il vit chaque fois la traversée aérienne comme une expérience unique qui le propulse hors des boyaux souterrains vers un paysage aux allures de carte postale. Lorsqu’il passe au dessus de l’Île aux Cygnes, Jo cherche. Jusque là les cygnes, il ne les a pas vus alors il commence à se méfier de cette île qui ne tient jamais ses promesses. À moins qu’ils ne volent très haut au dessus du métro, qu’ils ne se fondent dans le bleu de l’horizon. Peut-être même que le ciel les avale pour les déposer ailleurs, un peu plus loin.

En arrivant à Passy, la rame pénètre à nouveau dans les viscères de la capitale et l’obscurité soudaine arrache Jo à ses chimères insulaires. Descendre, faire quelques pas sur le quai, monter dans un autre wagon et reprendre le refrain :
« Ma...dame, Mon...sieur. Je m’ex...cuse de vous dé...rang...er... ».

Bien sûr, Jo aurait pu parler de l’île, des cygnes imaginaires et de leurs reflets lapis-lazuli. Il aurait aussi pu évoquer ses voyages, les milliers de kilomètres parcourus et les saisons du métro. Il aurait pu raconter tous ces visages croisés et autant de vies rêvées.
Mais Jo n’est pas un poète, c’est un prophète. Il délivre juste un message. Son message : «... sui...te à la per...te de mon em...ploi, je me re...trouve à la rue... »

En vérité, la rue, il ne l’a quasiment jamais vue. Ou alors de loin. Ou alors pas longtemps. Jo mange, dort et vit dans l’underground parisien. La nuit, il se réfugie dans les niches des tunnels, à l’abri des regards et de tout. Le jour, il arpente les rames, les couloirs. Ses chaussures, il les appelle ses ramasse-miettes. Les semelles se sont peu à peu désolidarisées du reste pour avaler, gueules béantes, les miasmes du métro, se gaver de toute la misère souterraine, s’emplir la panse d’ordures et de pourritures.

Chaque jour, Jo sent l’air humide s’engouffrer par la brèche de ses chaussures, pénétrer chaque fissure de sa chair et baigner tout son corps. Sur la ligne 4, c’est pire. À deux reprises la rame passe sous le fleuve et l’atmosphère se charge de particules aqueuses. Il a sans soute fallu creuser longtemps et profond pour franchir les bras de Seine. C’est peut-être pour ça qu’ils sont partis, les cygnes.

Des tonnes de bras et de pelles ont probablement été nécessaires pour construire tous ces kilomètres de tunnels et de voies. Jo se demande souvent où est passée la terre. Et s’ils l’avaient emmenée plus loin, pour en faire d’immenses tas ? Et si leur sommet frôlait l’écume des nuages ? Et si c’était comme ça qu’étaient nées les montagnes ? À la sueur du front des cheminots...

Dans l’imaginaire de Jo, la géographie n’est qu’une histoire de boyaux. Tout part de là, des intestins de la capitale. Chaque jour, la Ville se nourrit de milliers de voyageurs qui s’amassent par palanquées, se tassent et s’empilent au fond de ses tripes ; elle les engloutit avec avidité, se gave jusqu’à écœurement pour les régurgiter quelques stations après. La Ville nauséeuse épanche sa bile sur les quais du métro chaque jour que Dieu fait mais Jo s’en fiche. Il se fiche aussi de ses semelles buvard et des nuits sans sommeil. Il se fiche de tout parce qu’il sait que quelque part il y a des cygnes bleus et des montagnes géantes dont la cime caresse les ailes des anges.

Jo ne sait pas s’il a toujours vécu ainsi, il pense que oui. Des souvenirs, il n’en a pas, ou presque pas. Juste quelques bribes qui reviennent, parfois : un concours de bulles de bubble-gums, une girafe en papier mâché, des odeurs de romarin... Il se souvient aussi d’être tombé, souvent, d’y avoir laissé quelques dents. Il y a des trous dans le sourire de Jo, et s’il désarticule ses mots c’est parce que l’air circule entre les syllabes.
« Ma...dame, Mon...sieur. Je m’ex...cuse de vous dér...ang...er pen...dant votre tra...jet mais sui...te à la per...te de mon em...ploi... »

On lui a appris à parler de la perte d’un emploi qu’il n’a jamais eu. Les bubble-gums et une girafe en papier, c’était pas très solide comme histoire, pas suffisant en tout cas pour émouvoir les foules. On lui a expliqué que le chômage c’était crédible et efficace, parce que d’une manière ou d’une autre, tout le monde était concerné. Finalement la crise économique, c’était presque rentable. Alors le message, Jo l’a retenu par cœur. Il s’excuse à longueur de journée pour quelques pièces de monnaie avec lesquelles il s’offre un morceau de baguette ou une part de pizza. Devant la sandwicherie, il reluque parfois les viennoiseries. En comptant la ferraille au fond de sa poche, il se demande si les prophètes ont le droit de pécher par gourmandise. Et puis il recompte, avant de renoncer à troquer son âme contre un croissant aux amandes.

Tout est souvent question d’argent, finalement. Pas seulement parce qu’il faut manger mais parce que tant qu’il en a, Jo sait qu’il est vivant. Il n’a pas de reflet. Parfois, il aperçoit une silhouette trouble et vaporeuse dans les vitres des wagons, il se doute que c’est la sienne mais n’en pas vraiment sûr. Il ne sait pas exactement à quoi il ressemble, ni même s’il ressemble à quelque chose. Les cygnes, les visages dans le métro, l’odeur de romarin, et s’il avait rêvé tout ça ? Qu’est-ce qui est vrai dans la vie de Jo ? L’argent. Ces quelques pièces de cuivre que les mains lui tendent, ce lien ténu avec le monde qui lui prouve qu’il est encore vivant.

Le temps a creusé des sillons dans la peau de ses mains, de larges fêlures dans lesquelles Jo se cherche parfois un avenir. Il trouve que le dessin sur sa paume ressemble au plan de lignes de la RATP. Peut-être est-ce là le signe d’un destin tout tracé... Destin qui s’arrête net, un peu avant le poignet. Et si c’était la fin ? Et si tout s’arrêtait là, bientôt ? Jo a voyagé, beaucoup et longtemps. Si longtemps que son nom resterait peut-être gravé dans l’histoire, à côté de Christophe Colomb et Marco Polo. Et peut-être aussi qu’un jour, on baptiserait une station « Jo », en hommage à sa carrière de prophète et d’explorateur. Il y aurait des cygnes et des montagnes plein les murs. Bleus les cygnes, et pareil pour les montagnes. Un grand soleil inonderait les quais d’un jour sublime. Pas un jour froid et bref comme celui du Grand Nord sur la ligne 6, non, un jour tiède dont les rayons s’immisceraient au coin du sourire de chaque voyageur. Et chacun partirait travailler le matin, le soleil à fleur de lèvres.

Il regarde sa main et cette ligne qui s’arrête d’un coup. Il se dit que « Jo » ça sonnerait vraiment bien pour une station de métro et décide de sortir au grand jour. La lumière lui voile le regard et il distingue à peine la grande tour de ferraille. La ville baigne dans le brouillard et s’offre comme une carte postale aux couleurs délavées. Tout semble presque figé vu d’ici et pour la première fois, Jo a l’impression de vivre au ralenti. Le Pont de Bir-Hakeim, il le connait pourtant, mais derrière la vitre, c’est différent. L’air lui cingle le visage et l’odeur de la ville emplit ses narines. Sous ses pieds, l’île sans cygnes trône au milieu d’un fleuve fatigué.

Dans le clapotis, Jo croit apercevoir son reflet au milieu de milliers d’autres visages rassemblés dans une immense bulle de bubble-gum. Un peu plus loin, amarrée sur le quai, une girafe de papier mâché oscille au gré du courant. Jo est un cygne. Il vole très haut au dessus du métro, se fond dans le bleu de l’horizon tandis qu’au milieu de la Seine, une chaussure ramasse-miettes boit la tasse, flotte quelques instants avant de couler, lentement, et disparaître.

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Message  Krystelle Mer 7 Mai 2008 - 17:17

Et Merci à Stéphane, Zou et Island pour les relectures et corrections.

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Message  Chako Noir Mer 7 Mai 2008 - 18:05

C'est chouette, franchement! Je ne sais pas trop quoi dire à première lecture, mais on le prend d'affection le Jo, avec ses chaussures ramasse-miettes et ses souvenirs de bubble-gum et girafe en papier mâché. La poésie du cygne bleu dans les corridors de la grosse bête mécanique qui parcourt sans relâche le sous-sol parisien, je trouve ça tellement plus beau de faire rêver ce Jo d'extérieur. Il a parcouru tout paris et n'a jamais vu paris, il est à la rue et ne vois jamais la rue. Et s'envoler loin de tout. Très émouvant
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Message  Invité Mer 7 Mai 2008 - 18:24

Sans vouloir verser dans l'angélisme j'ai ressenti beaucoup d'émotion à la lecture de ce joli texte sensible, avec un personnage ô combien attachant autant que réel, sur un sujet toujours d'actualité. Ce qui m'épate c'est qu'il ne se passe rien dans ce texte finalement et pourtant on ne s'ennuie pas une minute, on se laisse porter par les observations pertinentes et le ton profondément humain du récit.
J''ai relevé deux passages qui me parlent tout particulièrement pour leur sensibilité, leur "compassion" (faute d'un meilleur mot qui ne véhiculerait pas d'affreuses notions de supériorité) :

Il n’a pas de reflet. Parfois, il aperçoit une silhouette trouble et vaporeuse dans les vitres des wagons, il se doute que c’est la sienne mais n’en pas vraiment sûr. Il ne sait pas exactement à quoi il ressemble, ni même s’il ressemble à quelque chose
.

Le temps a creusé des sillons dans la peau de ses mains, de larges fêlures dans lesquelles Jo se cherche parfois un avenir. Il trouve que le dessin sur sa paume ressemble au plan de lignes de la RATP. Peut-être est-ce là le signe d’un destin tout tracé... Destin qui s’arrête net, un peu avant le poignet. Et si c’était la fin ? Et si tout s’arrêtait là, bientôt ?

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Message  apoutsiak Mer 7 Mai 2008 - 20:07

.

Texte émouvant. On dirait que tu étais dans la peau du personnage.

Si j'ai du mal à demeurer dans la monotonie de ce paysage suburbain, c'est à cause de mon fichu besoin d'insolite, de dépaysement (rencontre, situation, opposition, confrontation, basculement...) et je peux imaginer qu'un autre lecteur s'en passe très bien. J'ai cependant cru que tu nous préparais à quelque chose de particulier avec le mot "prophète".

Deux broutilles :

Juste au début : "Les syllabes s’enchaînent difficilement".

Je pense que cette précision est inutile, tu as parfaitement scindé le texte, dès madame monsieur je devinais la suite et entendais la voix de ton personnage.

"Pas seulement parce qu’il faut manger mais parce que tant qu’il en a, Jo sait qu’il est vivant. Il n’a pas de reflet."

L'évocation de l'absence de reflet est trop abrupte, je trouve. C'est quelque chose de tragique, de très parlant sur l'existence, elle mériterait, il me semble, une introduction soignée.

.
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Message  claude Mer 7 Mai 2008 - 20:10

Pour moi c’est le der des ders de la N.V., et le meilleur pour la fin. n'en déplaise aux autres !

« On lui a expliqué que le chômage c’était crédible et efficace, parce que d’une manière ou d’une autre, tout le monde était concerné. » et tout le monde devrait se sentir concerné par les Jo. pourtant on fait rarement un « signe » vers eux. et si un jour on baptise une station de ces deux lettres, elles seront écrites toutes deux en majuscules : J.O.
Sur un malentendu, il pourra alors croire à un hommage.

Ya rien à jeter ! c'est du concentré !
Le titre me chiffonne un chouïa, mais il colle bien au texte.
Au nom de tous les Jo ?

Et dès le début, un vague air de Mickey 3D s’est logé dans mon crâne ? c'est normal docteur ?

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Message  Lucy Jeu 8 Mai 2008 - 0:04

Texte lu cet après-midi sans possibilité de commenter, ce sera donc basé sur le souvenir de cette lecture.
Bien, excellent texte ! Voilà qui me paraît résumer, assez bien, la situation. Le personnage de Jo et son langage particulier en font un être attachant. Je visualisais la scène avec plaisir. Une impression de légèreté, voilà ce dont je me souviens. De la légèreté et de l'émotion !
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Message  à tchaoum Jeu 8 Mai 2008 - 6:35

ça fait du bien de l'accompagner un peu, ce Jo, ça compense de toutes les fois où on fouille nerveusement sa poche à la recherche des premières pièces qui se présentent pour expédier l'affaire et renvoyer le quémandeur à son errance. Donner trois sous comme des rustines pour boucher le trou, cacher la tache qu'on ne veut ni voir ni savoir...
Beau personnage, mais j'attendais davantage du prophète annoncé, alors qu'en fait c'est très bien qu'il ne se passe rien (pas de nouvelle, bonne nouvelle :-) mais prophète fout le lecteur sur une attente...

Bah !
on recompte, y a la ville, y a l'eau (allo, yali ?) et y a l'oiseau bleu, enlevez, c'est pesé !
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Message  Sahkti Jeu 8 Mai 2008 - 9:50

Texte très agréable à lire, au rythme soutenu malgré un fil conducteur qui évolue par paliers prévisibles. Il ne se passe rien et plein de choses en même temps, c'est toute une vie qui est racontée ici et c'est peut-être ce qui provoque mon seul bémol, lié à la fin. J'aurais été davantage intéressée par la vision du monde extérieur vu par Jo, par ses retrouvailles avec ce qu'il voyait de ses fenêtres, par cet "après les années de tunnels". Tout le texte crée un atatchement au personnage qui me fait un peu regretter que ça s'arrête de la sorte. Question de goût bien sûr, ça m'empêche simplement d'en profiter vraiment.
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Message  Gobu Jeu 8 Mai 2008 - 13:52

...Et chacun partirait travailler le matin, le soleil à fleur de lèvres...

Il ne rêve pas petit, ton Jo aux semelles de vent ! Parfois le métro émerge l'espace de quelques stations des ténèbreuses catacombes où il trace sa voie habituelle, et le soleil ou la pluie fracassent les vitres ne réfléchissant habituellement que tubes fluos et placards publicitaires. Et puis il replonge dans les bas-fonds. Ton Jo voudrait apporter la lumière à des gens qui en ont perdu le souvenir. C'est ce qui fait sa beauté et la noirceur de ton étrange récit.
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Message  Invité Jeu 8 Mai 2008 - 14:32

Et voilà on y est: la nouvelle vague, celle que je lis avec plaisir, sans extras, sans prises de chou à savoir ce que bon-sang l'auteur veut me dire.
Je suis quelquefois lassé des écrits amateurs, pas de leurs défauts littéraires, mais de leur incompréhensibilité. Je vous pardonnerai toujours les couacs mais jamais l'excès de zèle à en vouloir prouver que le style est le vôtre, en auto-détruisant la lisibilité.
Ici, Krystelle rien de tel, sur un de tes sujets fétiches, ça coule et puis, ça roule. Et une poésie dans la gueule au passage:
Il y aurait des cygnes et des montagnes plein les murs. Bleus les cygnes, et pareil pour les montagnes. quelques mots jetés comme ça qui illuminent mon soir.
C'est du travail d'écrivain cette fois.

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Message  Yali Jeu 8 Mai 2008 - 16:49

Difficile de commenter un texte que l'on a lu et relu. Mais voici : il est attendrissant ce Jo et son errance est raconté avec émotion. Les mots touchent, font mouche, transportent d'une rame à l'autre, d'un sentiment au suivant. Bien tout ça si ce n'est (petit détail qui me chiffonne encore) cette sensation d'un personnage éthéré.

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Message  Yaäne Jeu 8 Mai 2008 - 17:28

Ce texte est très agréable à lire : parler d'un tel sujet sans verser dans le pathétique devient assez rare, d'où la qualité de ce texte je pense.

J'ai en particulier apprécié la fin
Il vole très haut au dessus du métro, se fond dans le bleu de l’horizon tandis qu’au milieu de la Seine, une chaussure ramasse-miettes boit la tasse, flotte quelques instants avant de couler, lentement, et disparaître.
et encore plus particulièrement l'idée des semelles " ramasse-miettes ".

Je m'attendais aussi à une suite avec le "prophète" et je m'y attendais tellement que je suis encore plus contente que ça se termine autrement.

Suite à la remarque de Claude, j'ai aussi crut reconnaître un air de Mickey 3d...c'est possible ?
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Message  Krystelle Jeu 8 Mai 2008 - 17:33

Yaäne a écrit:
Suite à la remarque de Claude, j'ai aussi crut reconnaître un air de Mickey 3d...c'est possible ?

Je vois pas... Quel morceau ?

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Message  Yaäne Jeu 8 Mai 2008 - 17:44

Je vois pas... Quel morceau ?

" L'homme qui suivait les nuages " ( version RER ) et un peu " La France a peur ".
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Message  Krystelle Jeu 8 Mai 2008 - 17:51

Yaäne a écrit:
Je vois pas... Quel morceau ?

" L'homme qui suivait les nuages " ( version RER ) et un peu " La France a peur ".

Je ne connais pas mais je vais essayer de me trouver ça !

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Message  puce Jeu 8 Mai 2008 - 18:29

je ne trouve rien à dire, si ce n'est que ton texte m'a profondément touchée, par le sujet qu'il aborde et la douceur des mots qui sont justes, poétiques, bref j'ai vraiment beaucoup aimé. La beauté du texte rejoint la beauté de l'émotion qu'il provoque, en un mot, MERCI!
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Message  Arielle Dim 11 Mai 2008 - 10:10

"Jo se cherche parfois un avenir. Il trouve que le dessin sur sa paume ressemble au plan de lignes de la RATP."

Tout un monde au creux de sa main! Tout son univers puisqu'il ne connait que les couloirs du métro parisien avec juste ce bout de ciel qu'il peuple de cygnes bleus en guise d'anges...
C'est la poésie de ce personnage que j'ai envie de retenir. Pierrot lunaire des souterrains ce Jo un peu simplet et visionnaire, pathétique et tellement touchant. Sans doute le plus beau portrait de ces nouvelles vagues.

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Message  Reginelle Dim 11 Mai 2008 - 12:44

Très très belle histoire, pour un personnage émouvant et attachant. Une de ces ombres que l'on finit par ne plus voir tellement elles font de plus en plus partie de notre société.
Sauf ce terme de "prophète"...
Je n'arrive pas à voir Jo dans la peau d'un prophète, de " celui qui est l'interprète de..."... ou alors, il me faut pousser un raisonnement, jusqu'à le faire (Jo) l'incarnation de ce qui peut arriver à tout un chacun, à notre époque, pour peu que le sort s'acharne sur lui. Se retrouver SDF, c'est si facile ! Alors, je m'attendais peut-être à quelque chose en rapport.
Et puis, en lisant, il m'est venu l'image de ces bonimenteurs de marché, qui argumentent sans fin pour écouler leurs rossignols... et ici, un Jo qui troque son histoire contre quelques sous... ou qui permet aux uns et aux autres de s'offrir une bonne conscience à peu de frais.

Mais c'est tout... En dehors de ce mot, beaucoup de poèsie douce-amère, avec un regard sur les êtres et les choses tels que je les aime.
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Message  bertrand-môgendre Lun 12 Mai 2008 - 13:04

Commentaire ou impression ?
Comment faire ?
Sur le texte en lui-même, je constate une faculté aiguë de l'observation du comportement de ton entourage, facilitant les amorces d'histoires à venir. J'aime bien les silencieux qui bouillonnent d'idées, les ténébreux qui ruminent avec délectation leurs intentions créatrices.
Voilà une autre approche du thème proposé, qui confirme si besoin était, la multiplicité des visions.
Agréable à parcourir, ton voyage est loin d'être coincé dans une rame souterraine. Un appel d'air suffira-t-il à l'envoyer en l'air ? Chose rassurante dans l'affaire, nous en connaissons déjà le navigateur.
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Message  Charles Mer 14 Mai 2008 - 14:39

je me suis laissé emporté par ta nouvelle. très rapidement rentré dans le texte. Beaucoup de belles images, beaucoup de belles phrases et un personnage très réussi que ce Jo. Le tout emballé dans une grande sensibilité et une lenteur agréable. Un bien joli voyage en métro que celui-ci. Peut être un mini bémol sur la fin que j'aurais peut être vu autrement, ou peut être, justement aurais je bien vu un texte sans fin, ouvert sur une monotonie qui se poursuit ...
En tous cas, très réussi.
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Message  mentor Ven 16 Mai 2008 - 14:35

une bien belle et triste histoire que celle de Jo. Mais si bien racontée. Sans dialogues, sans « action » ni rebondissements, sur un ton lisse. Mais avec tellement de sensibilité. L’anonymat de la mégapole est bien rendu. J’ai bien aimé l’image des lignes de la main qui figurent les lignes du métro. Beaucoup d’humanité dans ce texte. Merci.

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