Exercice en direct mercredi 4 juin 2008 - 21.00

apoutsiak a écrit:mais si, je suis le seul couillon à donner une pièce sans lumière, et après la MC va me dire de fairer quelque chose avec le tournesol : faire pousser le tournesol dans une cave ? Repeindre en tournesol ? Le stress total, je dis.

Tu veux ma salle d'attente ? Je commence à me sentir mal, là...

ouais, ben moi, j'attends que le travers, le ravioli frit crevettes, le poulet citron passent, la Tsing tao c'est plus rapide. Mon pauvre apou, t'es mal barré !

Du vert anis dans une épicerie ?! Une boîte de brocolis qui a déteint ...

Ha ben passez à la maison, y a Leffe, Chimay et Guinness :-)

la salle d'atente je ne te la vole pas, c'est une bonne idée. Et garde tes crobes, urtout !

santé a vous tous.
Rhum agricole 59°/° direct de Marie-galante

antoine surin a écrit:j'me joindrais bien a toi mais j'ai plus que de la Leffe.

Les exos en direct, c'est tout un art : faut prévoir la logisitique.

C'est sûr que la Tsing tao c'est pipi de chat à côté !

Bon, ben je reste coincée dans ma salle d'attente, alors, mais y'a de plus en plus de monde, là... Et puis si vous vous mettez tous à boire, il va falloir que je m'y mette aussi, question de convivialité, mais là il est à peine 16 heures, ça fait un peu tôt pour moi...

Les Contraintes

3 personnages au choix avec interaction entre eux

Un mot ayant rapport avec une notion d’espace ou d’étroitesse, ex : exigü

Un insecte, ils peuvent être plusieurs mais du même type

Une petite phrase interrogative qui sera récurrente dans le texte


Une vêtement ou partie de vêtement qui porte la couleur qui vous est désignée

Tout cela dans le local qui vous est désigné



Always
couleur amarante
Une salle d’attente

Apoutsiak
Couleur tournesol
L’atelier

Bertrand-Môgendre
Couleur vert anis
Une cave


Gobu
Couleur tournesol
Une épicerie

Halicante
Couleur turquoise
Des bains turcs

Sahkti
Rose bonbon
Une bouquinerie


antoine surin
couleur chair
le balcon d’en face


Zou
vert
Les toilettes du 4ème étage

Charles
Vert Olive
La consigne à bagages d’une gare

Halicante a écrit:Bon, ben je reste coincée dans ma salle d'attente, alors, mais y'a de plus en plus de monde, là... Et puis si vous vous mettez tous à boire, il va falloir que je m'y mette aussi, question de convivialité, mais là il est à peine 16 heures, ça fait un peu tôt pour moi...

Commence en douceur : un double whisky (canadien naturellement)

Des questions ?
J'ai oublié personne ?

Merci Pili

Puisque c'est ça j'avance mon atout : punch coco de ma copine Scholastique, mais après l'exo, parce que sinon je suis mort !

Moi c'est bleu dans la salle d'attente du médecin, y'a dû y avoir interférence...

hé bé ça en fait des contraintes :-)
C'est parti!

Gobu a écrit:

Halicante a écrit:Bon, ben je reste coincée dans ma salle d'attente, alors, mais y'a de plus en plus de monde, là... Et puis si vous vous mettez tous à boire, il va falloir que je m'y mette aussi, question de convivialité, mais là il est à peine 16 heures, ça fait un peu tôt pour moi...

Commence en douceur : un double whisky (canadien naturellement)

Vaut mieux que je le noie, alors, sinon je dors avant la fin !

ok, a dans une heure

je passe les Doors "" show me the way to the next whisky bar---alabama song

Tu as inversée :


Always
couleur amarante
Une salle d’attente

Apoutsiak
Couleur tournesol
L’atelier

Bertrand-Môgendre
Couleur vert anis
Une cave

Moi c'était vert anis... J'essairais de poster tout ça demain car mes parents comme je l'avait prédit viennent de me virer. Bonne Soirée

Désolée pour le retard (encore et toujours ...)

Rendez-vous dans une heure et bon travail à tous !

Je reposte pour les retardataires et parce que je m'étais oubliée

Les Contraintes

3 personnages au choix avec interaction entre eux

Un mot ayant rapport avec une notion d’espace ou d’étroitesse, ex : exigü

Un insecte, ils peuvent être plusieurs mais du même type

Une petite phrase interrogative qui sera récurrente dans le texte


Une vêtement ou partie de vêtement qui porte la couleur qui vous est désignée

Tout cela dans le local qui vous est désigné



Always
couleur amarante
Une salle d’attente

Apoutsiak
Couleur tournesol
L’atelier

Bertrand-Môgendre
Couleur vert anis
Une cave

Gobu
Couleur tournesol
Une épicerie

Halicante
Couleur turquoise
Des bains turcs

Sahkti
Rose bonbon
Une bouquinerie

antoine surin
couleur chair
le balcon d’en face

Zou
vert
Les toilettes du 4ème étage

Charles
Vert Olive
La consigne à bagages d’une gare

Pili
Vert pomme
Un parc

Contraintes: rose bonbon et bouquinerie

- Puis-je vous aider, Monsieur?
- Non, merci, je jette un coup d'œil
- A votre aise Monsieur, n'hésitez pas si jamais

Antoine semble regarder le client d'un air indifférent. Il est pourtant à l'affût, parce que là devant lui se tient un étudiant fauché et les étudiants fauchés, Antoine, il aime bien cela. Pas à cause de ce qu'ils achètent, c'est sûr, mais parce qu'en général, ils aiment bien traîner dans la boutique et y passer des heures, à tourner et retourner les livres dans tous les sens, lire les résumés, contempler les illustrations, faire bruisser le papier sous leurs doigts… et ça, Antoine, jamais il ne s'en lasse. Le frottement du papier contre l'index, le bruit de la feuille qui cède la place à la suivante, le murmure de la couverture frottée par une main curieuse, tout cela, même trente ans après l'ouverture du magasin, met Antoine dans une état émotionnel indescriptible.
Tout au début, il s'est bien demandé si cette attirance pour ces petits bruits était provoquée par le fait de travailler toute la journée au milieu des livres ou bien si c'est l'inverse, si ce fantasme encore inconscient ne l'a pas poussé, d'une manière ou d'une autre à tenir un tel commerce.
Jamais Antoine n'a trouvé la réponse à sa question et à vrai dire, il s'en fiche un peu. A partir du moment où ça le rend heureux, pourquoi réfléchir. A force de vouloir trop savoir d'où vient le bonheur, on finit par le perdre et de cela, Antoine en a trop peur.

- Puis-je vous aider Mademoiselle?
- Oui, je cherche un livre de poésie
- Vous cherchez quelque chose de précis?
- Des poèmes qui parlent d'animaux de préférence, je voudrais monter un spectacle avec les enfants de ma classe à l'occasion de la Journée Mondiale des Animaux; je suis stagiaire-enseignante vous voyez et j'aimerais faire bonne impression au prof et…
- Je dois avoir ce qu'il vous faut, ne bougez pas!

Antoine s'absente quelques instants, farfouille dans une caisse, puis dans une autre et revient en brandissant triomphalement un recueil des fables de La Fontaine.

- Tenez, ce n'est pas vraiment de la poésie mais ça pourrait être amusant à mettre en scène avec des enfants. Et puis ce n'est pas cher!

La stagiaire étudiante trouve cela formidable, en effet pas cher du tout et quitte la bouquinerie en gratifiant Antoine d'un merveilleux sourire.
Antoine qui soupire d'aise. Parce que les sourires, ça aussi il aime bien. Pas parce que ça veut dire merci mais parce que ça reflète le moment de joie qu'il fait naître chez ses clients. Antoine est un grand sentimental. Aussi grand que sa boutique peut être petite. On y est à l'étroit, il faut enjamber les caisses pour passer du secteur Cinéma à celui du Théâtre, sans parler des biographies empilées tout en haut des étagères. Cela fait partie du charme de l'endroit, ce côté hétéroclite et désordonné qui transforme les pièces en autant de cavernes d'Ali Baba.

- Puis-je vous aider Madame? Un conseil?
- Bien volontiers! Je voudrais refaire la décoration de ma chambre à coucher, mais je n'ai pas trop les moyens pour ces revues de décoration bien chères et encore moins pour des guides, alors je me demandais si, à tout hasard, vous n'auriez pas quelque chose pour m'aider
- Les chambres à coucher, voyons voir… ha mais oui, je sais que nous avons un opuscule sur les chambres à coucher dans les maisons de maître viennoises au 19e siècle. Rassurez-vous rien de coûteux! Et je me souviens qu'il y a dans tout cela un petit côté kitsch qui vous plaira peut-être et puis c'est un livre amusant. Ha, en voilà un autre sur les chambres à coucher américaines dans les années 70, de quoi faire votre bonheur. Surtout à 2 euros pièce!
- Vous êtes un amour!

Encore une cliente contente. Comme Antoine en cet instant présent, souriant en voyant cette dame vêtue d'une jupe rose bonbon mettre autant de couleurs dans la boutique. On dirait un papillon ou, mieux encore, une libellule. Mais est-ce que ça existe les libellules rose bonbon? Antoine se gratte le crâne et se met à réfléchir, il doit certainement avoir un livre sur les libellules. Reste à trouver où…
Antoine se dirige vers le rayon Animaux et commence à regarder sur les étagères, examinant titre par titre. Il finit par trouver un livre sur les papillons, peut-être parle-ton des libellules dedans…

- Monsieur Antoine?
- Ho, Sophie, comment allez-vous?
- Bien bien, merci
- Puis-je vous aider? Que cherchez-vous aujourd'hui?
- Des informations sur les présidents des Etats-Unis! Ils ont dit hier soir à la télé qu'il y avait eu des tentatives d'assassinats qui n'avaient jamais été rendues publiques alors ça m'intrigue et j'aimerais bien en savoir un peu plus. Vous permettez que je fouille un peu?
- Faites comme chez vous, Sophie!

Sophie se dirige vers le rayon Histoire, Antoine la suit du regard. Il sait qu'il va passer un bon moment. Sophie est une de ses fidèles clientes, depuis l'ouverture du magasin. Elle achète de temps en temps quelque chose, elle vient surtout pour fureter et entamer un brin de causette avec quelqu'un. Parfois elle raconte ses jeunes années à une adolescente amusée ou bien elle donne un cours d'éducation civique à un étudiant trop poli pour bailler. Sophie passe la plupart de son temps le nez plongé dans les livres d'Antoine, fronçant les sourcils ou souriant comme une enfant devant un gâteau au chocolat. Elle lit en silence tout en bougeant les lèvres, elle grimace et prend des notes, elle vient parfois montrer ses trouvailles à Antoine en lui demandant si il se rend compte de ce qu'on peut lire là. Et puis, oui, et puis… Sophie adore caresser les pages des livres et les tourner de manière à produire un bruit de papier qui fait littéralement craquer Antoine.
Alors Antoine s'installe sur un carton plein de livres et contemple Sophie. Les mains de Sophie. Le livre dans les mains de Sophie. Pendant des heures.

Antoine est un homme heureux…

couleur chair
le balcon d’en face


Qu’est-ce que c’est que cette merde ?

Trois obèses sont assis nus à un balcon, tournés les uns vers les autres.
Le premier, un homme d’une cinquantaine d’année laisse échapper de sa gorge ouverte un long râle. Sur quoi sa voisine de droite, une jeune femme brune lâche un pet aigu. Las de ces discutions inopinées le troisième larron garde le silence derrière sa barbe grise.
Ils sont immobiles…depuis un bon bout de temps à en juger par l’odeur qui ce dégage de ces quatre cent vingt kilos de viande affalés sur des chaises en fer. Ils sont tellement à l’étroit sur ce balcon serré qu’ils semblent ne former qu’une seule masse de viande à l’allure vaguement humanoïde.
La couleur naturelle de leur peau à fait place à un vert violacé pour la fille et le barbu et à un mauve foncé pour le dernier.
La femme tente de relancer la conversation par une suite d’incongruités lentes et espacées mais le barbu l’interrompt alors par un rot profond. De sa bouche sortent des vers. Par couple d’abord, puis par dizaines pour se répandre ensuite comme une gerbe sur son slip couleur chair tout plein d’une ancienne bonne bouffe.
Les vers envahissent les interstices bien rares de cette belle pièce de viande. Se répandent dehors l’intimité de la femme comme l’accouchement d’un nourrisson invertébré. Grouillent sous le cinquantenaire pour lui chatouiller les orteils.

Qu’est-ce que c’est que cette merde ?

Trois obèses nus morts sur un balcon,
L’on pourrait croire qu’ils sortent de baise,
En aucune façon,
Gisant mal à l’aise,
Plein de vers leur girons,
Requiem de vesses.

Je repasse un peu plus tard... Merci Pili, super chouette cet exo!

Touffeur

Elle est arrivée avec son petit sac vert pomme et s’est assise à côté de moi sur le banc. Elle soupirait. Je lisais. Elle soupirait à nouveau. J’ai senti qu’elle me dévisageait. Le regard scotché à mon livre, je n’ai pas bronché. Nouveau soupir et :
— Ouh la la ! ce qu’il fait lourd ! Pleuvra-t-il ou pleuvra-t-il pas ?

Je n’ai pas répondu. La question à mon sens n’appelait pas de réponse et puis, l’adressait-elle au ciel ou à moi ? Je lisais. Du moins, j’essayais.
Elle s’est mise à fourrager bruyamment dans son miniscule sac vert pomme.
Elle a fini par trouver ce qu’elle cherchait. J’ai senti une odeur d’eau de cologne. Ça m’a rappelé quand nous allions au théâtre avec ma grand-mère.
Ele s’est passé la lingette humide sur le front, puis elle à fait le creux d’un bras en remontant jusqu’à l’épaule. Puis l’autre bras, même topo.
— C’est pas possible, comme il fait lourd ! Pleuvra-t-il ? Pleuvra-t-il pas ?

J’ai décroisé les jambes, les ai croisées autrement.
Elle s’est levée et a agité les mains en tous sens autour de sa tête.
Elle a repris place sur le banc. Elle a poussé un très long soupir.
— Evidemment c’est plein de mouchettes ! A cause de l’orage qui se prépare. Ils l’ont annoncé, mais pleuvra-t-il ou pleuvra-t-il pas ?

Prudemment j’ai levé les yeux de mon livre. Effectivement, il y avait de petites mouches qui voletaient. Et vrai, elles s’agglutinaient plutôt autour de ma voisine. La lingette odoriférante sans-doute.
Un homme est arrivé. Il s’est adressé à la jeune-fille.
— Il y a longtemps que tu es là ?
Elle a exhalé son plus long soupir
— Trop longtemps en tous cas !
Puis :
— On y va ?

Ils sont partis

J’ai soupiré. J’ai refermé mon livre. Francis Dannemark, Qu’il pleuve!

Plus person ? Désertion ?

Pili a écrit:Plus person ? Désertion ?

Attention, y aura du bâton !

;-))))

Ah ! revoilà du monde !

Contrainte : Bain turc et bleu

Cafard au bain maure


- Bordel, mais j’ai jamais mis les pieds dans des bains turcs, moi !
- Ben justement ! Ca pourrait t’ouvrir de nouveaux horizons !
- Mais et… Mon rendez-vous chez le médecin ?!
- Ah, ça suffit avec ton médecin, hein ! Et puis, avec la vapeur, crois-moi, tous tes microbes vont dégager fissa, pas un pli, les microbes, zou ! Envolés, les microbes !

Hassan était mon ami. Mais quand il s'y mettait, Hassan, rien ne pouvait l'arrêter... Devant son grand corps dégingandé qui me faisait des gestes désordonnés pour mimer les microbes qui se faisaient la malle au contact de la vapeur, j'ai pas pu résister. Alors, je l’ai suivi, mon Hassan, mon cher ami… Hassan au hammam, tiens, ça me ferait presque marrer, ses conneries…

- Bon, mais alors on n’y reste pas une heure, hein, parce que moi j’ai pas que ça à faire, de me prélasser dans l’eau comme un morceau de barbaque en marinade !
- Quoi, une heure ? Tu rigoles ! Les bains turcs, il faut au moins deux heures pour que ça fasse effet, mon gars, et encore, deux heures ça passe super vite... Et puis tu passes pas ton temps dans l’eau, c’est un bain de vapeur avant tout !
- Comment ça, c’est censé faire quel effet, ton truc turc, là ? Et mon rendez-vous chez le médecin ? Hein ?
- Bon, écoute, là tu me les brises, avec ton rendez-vous, hein, d'ailleurs ton toubib il prend pas de rendez-vous, alors tu iras après, tu m'entends, A - PRES !

J'ai pas trop insisté, vu que le Hassan, il commençait à s'énerver. Alors je me suis activé :
il a fallu que je cherche mon maillot de bain au fond de l'armoire, celui que j'avais acheté quelques années auparavant pour les vacances au bord de la mer. Turquoise, il était, mon maillot. Ca peut paraître idiot, un maillot turquoise pour un mec, je sais, mais c'est pas moi qui l'ai choisi, ce maillot, enfin, sa couleur, je veux dire... En tous cas, une fois arrivés là-bas, il s'est bien foutu de ma gueule, le Hassan, quand il m'a vu sortir mon maillot...

- Bon, écoute, il faut que je t’explique : ici, tu enlèves tout ! Le haut, le bas, le milieu, tout ! Après, on te file une grande serviette genre pagne, que tu enroules autour de la taille, et que tu pourras enlever dès qu’on sera dans la salle réservée aux hommes, pigé ?
- Ben, tu sais, je me demandais, comme je suis pas encore entièrement déshabillé, là, si ça serait pas mieux que j’aille voir mon médecin…

Il m'a même pas écouté. Il a ouvert la porte du vestiaire et hop ! Disparu, le Hassan ! J'ai commencé à paniquer : tout seul, dans ce lieu que je connaissais pas, qu'est-ce que j'allais devenir ? Je savais même pas où était la salle réservée aux hommes ! Alors j’ai tout jeté : mon caleçon, mes chaussettes, hop, tout ça dans mon sac de piscine super étanche, et j'ai jeté le tout au fond du casier... Je me suis penché pour mettre un jeton dans la porte, et là, qu'est-ce que je vois pas au fond de mon casier ?! Un cafard !!! Le truc que j'avais pas vu depuis ma cuisine dans le 18ème ! Alors là, ça n'a fait ni une ni deux : j'ai repris mon sac, je l'ai fourré dans un autre casier - après l'avoir minutieusement inspecté, bien sûr - et je suis parti en trombe à la recherche d'Hassan...
Quand j’ai ouvert la porte du vestiaire, j'ai pas su où aller. C'est ça le problème avec la vapeur : ça fume. Un écran de fumée tel que j'y voyais pas à plus de vingt centimètres, comme si je m'étais retrouvé dans un de ces espaces prévus pour les fumeurs, une de ces pièces vitrées aussi spacieuses que la salle d’attente de mon médecin – prévue pour dix personnes, à tout casser, en comptant les sièges plastique pour les enfants. Bref, le genre d'endroit où t'as pas envie de t'éterniser, où, rien qu’à lever les yeux t’as l’impression d’être dans un caisson hyperbare où on va te foutre la pression sans que tu puisses te retourner ni lever le petit doigt tellement t'es à l'étroit.

- Monsieur, monsieur, par ici monsieur !

Ah, une douce voix féminine me guide dans ce brouillard. Je fais deux pas et je me rends compte qu'en fait de boite à sardines, je me trouve dans une sorte de grande salle de bains carrelée du sol au plafond. La demoiselle qui m’a apostrophé est derrière un guichet.

- Tenez, monsieur, voici votre serviette et un savon. Le bain pour les messieurs se trouve de ce côté.

Elle m’indique une porte derrière laquelle je retrouve le brouillard qui m’a désorienté à l’entrée, mais me voilà rasséréné : je sais que je ne suis pas seul ni perdu au milieu de la brume. J’avance droit devant moi, jusqu'à ce que je bute contre ce qui semble être un banc de pierre. Là, je distingue enfin mon ami :

- Dis donc, tu sais pas ce que j’ai trouvé au fond du casier ? Un cafard !
- Un cafard comment ? Un cafard du genre cafard moche ou un gros cafard du genre j’ai pas le moral ?

Il a l’air essoufflé, le Hassan, comme s'il avait couru.

- Ben, un vrai cafard avec une belle carapace et des antennes et tout ce qu’il faut là où il faut… Alors tu vois, là, j’ai qu’une envie, c’est de sortir d’ici et d’aller voir le médecin…
- Ah ouais, tu veux jouer au docteur ?
- Déconne pas, Hassan, j’me sens pas bien, là, il faut que j’sorte d’ici sinon je fais un malaise, t’en as pas marre, toi, t’es tout essoufflé, là… Moi j'suis sûr que c'est pas bon, ça, il fait au moins cinquante degrés, là...

Hassan ne me répond pas. Son souffle se fait plus rauque, il semble chercher l'air. Je le distingue à peine.

- Bon, écoute, Hassan, tu fais ce que tu veux, moi j’me casse !
- Tu veux pas rester un peu encore ?
- Et mon rendez-vous chez le médecin, alors ? Non, non, j’en peux plus, j’y vais, là !

Je suis retourné droit devant moi dans la brume, le plus vite que j’ai pu. Je suis passé devant le guichet de la préposée aux serviettes qui, heureusement, ne m’a pas vu. J’avais aucune envie de lui expliquer pourquoi je ressortais sitôt entré. J'avais qu'une envie : sortir de là !
C’est quand j’ai ouvert la porte du vestiaire que j’ai vu Hassan. Il a eu l'air soulagé de me voir.

- Ben alors, qu’est-ce que tu foutais ?! Ca fait dix minutes que je t’attends, là-bas !
- Oui, ben, comme j'te l'ai dit, moi je remballe ! Les cafards, le brouillard, ça suffit, j'en ai marre !
- Mais enfin, on vient juste d’arriver ! T'as pas pu apprécier encore ! Il faut que t’attendes que tes pores s’ouvrent pour te débarrasser de toutes les toxines… Et puis c’est quoi cette histoire de cafard ?
- Comment ça, c’est quoi cette histoire ? Mais j’te l’ai dit tout à l’heure ! C’est truffé de cafards ici ! Regarde !

Là-dessus, j’ai ouvert grand la porte du casier. Vide. Le casier était vide. Immaculé. J'ai ouvert celui d'à côté. Vide aussi. Et le suivant. Fermé. Je me suis mis à ouvrir tous les casiers à la volée pour retrouver ce satané cafard. Rien. No cafard. No blatte. Le blues total.

- Mais arrête, là ! Ca va pas, non ! Tu fais un barouf du diable, là, ils vont finir par nous virer si tu continues, arrête bordel ! T’es malade où quoi ? Allez, moi j’laisse tomber, tiens, va voir ton médecin, finalement t'en as bien besoin, ciao !

Hassan est reparti. Retourné dans les brumes derrière la porte. Moi je me suis assis sur le banc minable de ce vestiaire minable et je me suis mis à pleurer. Comme un gamin. Déjà tout petit j'aimais pas la piscine. Traumatisé par un maître nageur. La tête sous l'eau et les larmes au chlore, oui, j'avais oublié tout ça, tiens. Il a fallu d'un bain turc pour me remémorer ce salaud. La tête sous l'eau et le vestiaire des moniteurs qui fermait à clef. Il ouvrait que quand il avait fini. Comme un gosse, j'ai chialé. Puis je suis rentré chez moi. Lessivé. Le médecin attendra bien demain.

Contraintes : Vert anis dans une cave





Que vas-tu devenir ma fille ?
Les barreaux du haut, font figure de ciel de lit. Depuis que j'ai accouché de Tahiana, je ne peux plus me lever. Une mauvaise hémorragie me tient clouée sur le matelas que nous partagions toutes les trois. Mizo et Iary ont décidé de me céder le sommier. Elles se relayent sur la paillasse jetée au sol de la cave humide. Elles se sont attelées à la tâche, pour remplir mon quota de nappes et serviettes contrôlées par notre geôlier.

Le matin, le gardien nous ouvre la lourde porte de chêne. Il nous apporte dans une gamelle, l'unique repas quotidien avec le pain. Le jour où il a vu le bébé, sa colère ne parvint pas à dissimuler sa surprise, lui qui se faisait un point d'honneur à tout vérifier dans notre petite cave.
Mizo et Iary s'agrippèrent à l'homme lorsqu'il saisit Tahiana. Un mauvais coup sur la première, une violente gifle collée à l'autre et la porte se referma sur notre triste sort.

Mon bébé fut conçu lors d'une orgie collective organisée par notre châtelain, le peintre fou. Il aime notre broderie à tel point qu'il l'incorpore dans ses toiles composées. Nous les Malgaches nous avons l'obligation d'enjoliver toutes les pièces de tissus en coton qu'il nous fait parvenir. Ce mois-ci, nous devons décliner les verts dans les motifs de notre choix. J'en ai profité pour décorer une petite barboteuse vert anis à Tahiana, notre seul espoir de vie. Que vas-tu devenir ma fille ? Une fourmi s'agrippe au mur de notre prison. Elle passe le soupirail et disparaît de ma vue. Personne ne peut se débarrasser d'un enfant aussi facilement. Que vas-tu devenir ma fille ?

Mizo ma soeur cadette pleure la nuit sans bruit. Pourtant, j'entends ses sanglots secouer ses membres devenus si fragiles depuis notre enfermement. Les jours ne se comptent plus qu'en semaines, longues, tristes, mortelles. Si de mort il est question, c'est bien ici son antichambre. Je ne veux plus revoir mon pays. Je ne veux plus revoir ma famille, ni cet oncle que j'ai tant maudit, celui avec lequel nous avons pu obtenir nos passeports, confisqués à présent par cet artiste lubrique. Je devais emmener ma soeur en Europe et poursuivre mes études d'infirmière dans les grandes écoles renommées. Qu'allez-vous devenir mes filles ? me cria maman en nous suppliant de rester près d'elle.

Notre cousine Iary, instruite par son père, nous a rejoints au moment du départ. Elle est ma référente, mon modèle, depuis l'âge de nos premières sorties en cachette. De deux ans mon aînée, elle me fit connaître les garçons, les plus sérieux, mais aussi les plus délurés. Ce que je préférai malgré tout, c'était les revues, sur lesquelles s'étalaient les robes magnifiques portées par les mannequins, défilant pour les grands couturiers parisiens. Que vas-tu devenir ma fille ? la sermonna à son tour ma tante inquiète.

Mizo donne la béquée, à Mialy sa soeur qui n'a pas faim, sa soeur qui souffre. L'eau froide de l'unique robinet ne parvient pas à étancher leur soif de liberté.

Qu'allez-vous devenir les filles ?

(je suis parti écrire une histoire, merci Pili)

Mauvais alignement à droite.
Pouvez-vous me corriqer ? FAIT! (S.)

Merci pour l'exercice Pili.
Je commente plus tard tous les textes des particirants.

bertrand-môgendre a écrit:Mauvais alignement à droite.
Pouvez-vous me corriqer ?

Merci pour l'exercice Pili.
Je commente plus tard tous les textes des particirants.

Bonne écriture et bonne nuit bertand-mô !

bertrand-môgendre a écrit:Je commente plus tard tous les textes des particirants.

Les particirants cirés ! :-)))
Merci pour l'exercice, j'ai vraiment apprécié, même si l'histoire de la question qui revient était pas évidente à caser.
J'ai trouvé une faute dans mon texte :
"Il faut que t’attende que tes pores s’ouvrent pour te débarrasser de toutes les toxines…" : il manque un -s- Ca serait-tu possible de le rajouter ? (comme diraient les Québécois) c'est ok!
Merci d'avance et bonne nuit !

Vous me pardonnerez, j'ai patiné longtemps sur une idée débile et maintenant, mes yeux se ferment, je posterai donc demain matin.

Bonne nuit Halicante, Bonne nuit Apou !

Exo 040806

Contraintes perso

- Couleur : Tournesol
- Lieu : Epicerie



DU RIFI A LA SUPERETTE

Qu’allais-tu faire dans cette galère ? (Molière, les Fourberies de Scapin)
Je t’en pose des questions ? (Gobu, Exo VE 040608)


La supérette d’Ali, tu peux pas te gourer. Tu prends à droite en sortant de chez toi, tu titubes cent pas jusqu’à la petite place au bout de la rue, et tu vois clignoter son enseigne plus fort qu’un gyro de la BAC. C’est pas compliqué : même par temps de brouillard, tu peux te guider dessus. C’est la boussole du fêtard imprévoyant. Le GPS du soiffard en panne de combustible.

Bon, d’accord, supérette, supérette, faut le dire vite. Il voit grand Ali, tu penses, il a encore des réminiscences d’infinis désertiques qui lui traînent sous le fez, et un atlas du Sahara planqué sous sa blouse verte. C’est vrai aussi que sa petite épicerie de quartier, tu me croiras si tu voudras, elle bien plus grande du dedans que de dehors. Magie arabe, sans aucun doute, Ali trimballe une moustache à avoir tous les djinns de son côté. Quant au contenu, la caverne d’Ali Baba cool, c’est rien à côté. Tout ce que tu veux, il l’a, et même le reste. Tout ça jusqu’à au moins 23 h et plus si affinités.

Qu’est-ce que j’allais faire dans cette galère ? Ben j’allais au ravito, qu’est-ce que tu crois. Quand je sors de chez moi après dix heures du soir par grand vent, c’est qu’il y a vraiment urgence. Et urgence il y avait. J’étais tranquille j’étais peinard à siroter un petit pinard, quand le bigo a carillonné plus péremptoire qu’une cloche de réfectoire scolaire. Quand il sonne comme ça, ça renifle le débarquement impromptu. Ca a pas loupé. Wahdee et le Grand Migou étaient sur le sentier de la fête, et c’était par chez moi qu’il passait. Comme assez souvent à vrai dire. Ils allaient rappliquer dans l’heure avec le gosier en pente. En général ils ne se pointent pas les mains vides, mais ce soir-là, ils n’avaient que leur bite et la guitare de Wahdee. On ferait avec mais fallait dare-dare réassortir le bar. Ma copine la Puce me l’a confirmé d’un hochement de tête fataliste. Ne restait plus qu’une demi-bouteille de Beaujolpif et un fond de Suze que je réserve aux invités que je ne souhaite pas voir revenir. Pas avec ça qu’on désaltère deux gaillards de leur trempe bien décidés à se prendre une biture de force 12 sur l’échelle de Walker (Johnny de son prénom)

Qu’est-ce que j’allais faire dans cette galère ? Faire le plein, pardi. Ali fumait tranquillement sous l’auvent de sa boutique, entre deux casiers de tomates et trois cageots de pastèques, sa cannette de Pelforth planquée derrière une caisse de dattes, des fois qu’un imam vienne à passer. Ali triche un peu avec les préceptes du Prophète mais il respecte ses ministres. Toi, fils, il m’a dit, t’as une urgence sur le feu. Il a le don de double vue, Ali, surtout après quelques cannettes de brune. Tu crois pas si bien dire, je lui ai rétorqué, j’ai le Grand et le Teigneux qui débarquent et ils ont soif. Il a tout de suite vu l’ampleur du problème : il connaît les deux lascars. Bon, s’est-il frotté les mains, je te prépare un carton tout de suite. Je te mets comme d’hab : deux boutanches de scotch, six de Côtes du Rhône, et deux trois packs de Guinness pour la mise en bouche. Wahdee a le palais Irish, question bibine. Il était en train d’empiler la came, quand l’autre abruti s’est pointé.

Mais qu’est ce que je foutais dans cette galère ? Un gugusse plus grand et plus maigre qu’un réverbère, revêtu d’un ciré plus jaune qu’un parterre de tournesols, avec une cagoule de la même couleur sur la tronche, surgi de la nuit. Il ressemblait à un adepte du Ku Klux Klan qu’on aurait passé à la bombe fluo. Jusque là ça donnait plutôt envie de rire. L’ennui c’est qu’il brandissait un pétard gros comme un canon antichar, et qu’il avait l’air bien décidé à s’en servir pour relooker la déco de la supérette. Ca me faisait moins rire et Ali plus du tout. Ca lui foutait même carrément les abeilles, et je voyais approcher dangereusement le moment où il allait prendre la mouche. Donne la caisse, vite, glapissait l’énergumène tout en agitant son arme sous notre pif. Et toi, ton fric, ou ça va saigner. Moi du fric, j’en avais pas sur moi : chez Ali, je marche au crayon et je le paye une fois le mois. Il a confiance, il sait où j’habite. Mais va expliquer ça à un forcené qui a décidé de faire le braquage du siècle dans un commerce de proximité ! Ali, les mains bien en évidence pour pas trop contrarier l’autre cinglé, est passé derrière pour ouvrir le tiroir-caisse. Je savais qu’il planquait un fusil à pompe sous le comptoir, et je me suis dit qu’à moins d’un miracle, le temps allait se mettre à l’orage incessamment.

Mais comment sortir de cette galère ? Les miracles, c’est comme les bonnes nouvelles, ça arrive rarement quand tu les attends. Et pourtant, c’est ce qui s’est produit. Magie arabe, sans doute, ou alors le sixième sens de mes potes. Au moment où Ali s’apprêtait à plonger la main sous le comptoir pour vendre chèrement la peau de son bénéfice, une immense silhouette a surgi derrière l’autre taré, trop occupé à nous braquer pour surveiller ses arrières. Un violent coup sur le poignet a suffi pour lui faire lâcher son arme en hurlant de douleur, et tandis que le Grand Migou le ceinturait d’une étreinte à étouffer un buffle, Wahdee le finissait d’un atémi au bouc qui l’a envoyé direct sur orbite. Ben je vois qu’on arrive à temps, à rigolé le Migou. Suffit qu’on te laisse tout seul cinq minutes pour que tu fasses des bêtises, Gobu, a surenchéri Wahdee, avec qui le sarcasme est toujours compris. N’empêche je les aurais embrassé, d’ailleurs je l’ai fait et Ali aussi, n’empêche sa religion. Vérification faite, le pétard était une imitation en plastique. On était passés à deux doigts de la bavure : le fusil d’Ali, lui, il est en bon acier et il balance des chevrotines plus grosses et plus méchantes que des frelons. Il a filé un coup de pied au cul du ciré tournesol qui s’est barré sans demander son reste. Inutile de dire qu’on a bu sur le compte d’Ali ce soir-là.

Gobu

Bon dernier comme toujours, le Gobu !

Merci Pili, les contraintes, ça stimule.

Merci à tout l'monde, je pense que je commenterai plutôt demain, je commence à avoir les yeux à côtés des trous...

Bonne nuit Gobu ! Je ne vais pas tarder non plus.

Ben Gobu, merde! Ça valait l'coup d'attendre ton texte. Excellent !

Sinon , j'ai lu tous les textes. Je commenterai plus tard. Je vais aux plumes.

Cjao VE.