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L'eau de ciel

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Message  parcimonie Mar 29 Juil 2008 - 16:04

Voici un texte écrit il y a quelques temps, je ne l'aime pas mais ne sais pas quoi modifier pour l'améliorer... Je suis ouverte à toutes les critiques !! Merci !

L'eau de ciel


C’est ici que nous sommes morts une première fois.
D’autres y sont morts leur seule fois.


C’était écrit à l’encre bleu turquoise, d’une main minuscule. Le dessin de l’écriture était hérissé de tremblements, semblable en une moindre amplitude aux enregistrements de sismographes sur les pans des volcans somnolents.

Ce jour-là Mémé mourait. Elle respirait mal à mes côtés. Je tenais sa main. Elle finirait par dormir. Je finirais par pleurer. Moi qui ne pleure jamais. « Ne pleure pas, me disait-elle parfois, les larmes ça n’a été inventé que pour saler les bonnes soupes à l’oignon, rien d’autre. »
Moi qui disais qu’elle n’avait jamais osé vivre. J’avais tort puisqu’elle mourait. Elle mourait et mon visage brûlait de ne pouvoir pleurer.
Moi qui disais elle bâtit des échelles et ne fait que les regarder, regarder le ciel d’en bas et décalquer ses espoirs caduques sur du papier d’Histoire, et regarder le sang couler par ses yeux, et n’y voir plus rien à travers.
Moi j’y sautais à pieds joints dans le ciel et je lui en rapportais dans du coton quelques rêves au berceau. Elle les regardait d’en haut, me demandait « Où vas-tu faire pousser ça ? ». « Dans le futur », je répondais, « dans le futur ». Mais le futur, elle avait fini d’y croire. Elle passait son temps à désherber le passé. Sans enlever les racines, ça ne sert à rien de désherber. Elle n’en parlait jamais, des racines. Elle laissait courir. Sous terre. A l’abri des regards.

Du passé, je savais réciter depuis toute petite les prénoms de ceux qui étaient restés là-bas. Ils étaient alignés sur le buffet de Mémé, en noir et blanc dans des petits ovales. Petite, je ressemblais beaucoup à la quatrième en partant de la droite, ils disaient. A Myriam. Sur la photo elle a 2 ans, à cet âge on ressemble surtout à un bébé un peu grandi, mais ça leur faisait plaisir je crois, de voir en moi un peu de passé dépasser.

Ses souvenirs muselés, je les tenais entre mes mains : elle m’avait dit « Quand je ne serai plus assez forte pour protester, tu prendras ce cahier, et tu liras. Dans ta tête, mais ça ne fera qu’y passer. »
Le cahier était sur sa table de chevet quand j’étais arrivée la veille. Je jetai un regard furtif par la fenêtre. Au sol le ciel était gris. « Ça ne vaut pas un regard, disait-elle par ce ciel, si tu sors regarde par terre. »

Il y avait ces quelques mots en turquoise sur la première page, comme une citation qui débute un livre. Elle avait noté en dessous une date, deux débuts de phrases, barrés, d’un seul trait qui, avec les mots qu’il traversait, formait comme des barbelés.
Un blanc.
Je tournais les pages.
Une à une.
Blanches.
Il y avait trop à écrire pour que cela tienne dans des mots.

J’avais vu. C’était lors d’un voyage scolaire. J’avais 18 ans. Mémé 77. Maman 38. Mamie 60.
Je n’en avais parlé qu’avec Mémé. Elle ne parlait de ça qu’avec moi.
Elle ne prononçait rien mais y pensait. Devant maman et mamie elle ne pensait même pas. Elle parlait du temps, celui d’en haut, celui du ciel, des vieux acteurs et de la hauteur des blés, les choses qui ne font pas penser. Elles ne disaient jamais rien qui chamboule l’humeur. Pendant leurs conversations vacantes, je me plaçais contre la porte-fenêtre et je regardais par terre, les nuages passer dans le plateau sur la fenêtre. J’ignorais l’origine de tous ces récipients pleins d’eau qu’elle avait disposés autour de sa maison. Je lui avais demandé, petite, si c’était pour faire comme les douves qu’ils creusaient autour des châteaux-forts. « Non, m’avait-elle répondu, c’est pour le ciel ». Je ne comprenais pas cette habitude qu’elle avait de regarder le ciel par procuration. Maman la disait un peu folle sur les bords. Et Mamie ne disait rien. En fait elle aime beaucoup se taire.
Tous les matins, Mémé arrosait ses récipients de fenêtre, plus en été qu’en hiver. Elle les nettoyait, et les replaçait. Le ciel redevenait alors limpide dedans.
- Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi t’arroses tout le temps, ça pousse pas les fenêtres !
- Pour le chat, me répondait-elle après avoir forcé un léger sourire.
Elle n’avait pas de chat et n’en a jamais eu. Elle n’a jamais aimé les chats, elle les trouve vicieux et mauvais gendres.
- Pour les oiseaux, se défaussait-elle alors.
Mais les oiseaux du quartier n’avaient jamais soif à ses pots, ils avaient le lac et leurs amis juste derrière. Alors elle ne disait plus rien. Elle souriait de ce sourire de bord de chemin, et je savais qu’il était trop tard pour une explication.

Maman m’avait dit que je ne devais pas y aller, que ce n’était pas un lieu pour les Hommes.
Mamie, je l’ai juste informée que j’allais visiter la Pologne.
Mémé m’avait murmuré à l’oreille « Vas-y mais n’en rapporte aucun souvenir, que des espoirs. »

J’avais vu et je n’avais fait que voir. Je me souviens de cet instant dans l’abolition du temps. Nous étions tous blancs et rigides, loin, à une autre adresse. Il racontait. Il s’appelait Simon. Il avait 82 ans. Il était revenu pour nous. Témoigner. Il ne vivait plus qu’une vie de témoin. L’Histoire à petit h, à grande hache. Il faisait partie de ceux qui y étaient morts une première fois. Comme Mémé. Et il racontait les pages blanches que je tournais sous mes yeux ce dernier jour d’elle. J’ai pris la main de Mémé et j’ai continué à tourner.

J’étais arrivée là-bas pleine de certitudes et de revanche. Je pensais que je sentirais le contenu de mes veines se dresser en hallebardes lorsque je passerais sous le portail dans lequel étaient forgés les trois mots.

Mes angles droits s’ébréchaient au moindre coup de vent, rendaient mon âme courbe, isolée, et distante de toute réalité. Ses mots parlaient. Ils mettaient à genoux des innocents, dressaient des fous, des tirs, des appels, des fouets, des abjections, de la fumée, ils effleuraient des corps cassants, des cris, et du silence. J’étais incapable de rester. Plus il parlait, plus ses mots tranchés aiguisaient une incohérence.
Un jeu de Monopoly, avec des maisons bien droites et toutes identiques construites sur le bord du chemin. Ces baraques rectangulaires de part et d’autre de l’allée. Alignées. Coordonnées. Comme neuves. Presque belles.
La neige immaculée rendait le lieu vierge et imberbe. Comment y faire pousser l’atrocité ? Et si le lieu avait tout absorbé, tout enkysté ? Où fallait-il presser pour en voir le pus des réalités anciennes ? Tout était devenu propre et infécond, même le pire n’y trouvait pas son ascendance.
J’aurais voulu savoir dérouler le silence pour en dénerver sa trame. Libérer l’exactitude, une image ancienne, être capable d’imagination par ses mots. J’aurais voulu être poreuse à mon histoire. J’aurais voulu marquer en moi quelques supplices intenables. Quelques cris étouffés. Une odeur. Un visage d’enfant. Gratter d’une plume jusqu’au sang. Sur mon estomac tranquille. Avoir froid, avoir faim et mort. Voir Myriam, son regard me quémandant un sursis ou une sucette à l’angle de l’entrée des douches.

Nous sommes entrés dans une baraque. Une longue planche régulièrement percée de cercles traversait la bâtisse. C’était ici qu’ils faisaient leurs besoins. Certains y dormaient aussi. Les malades et les morts y mouraient parfois. Les vivants aussi. Il parlait, je regardais, tâchais encore, avec ses mots, d’habiter le décor. Les murs rejetaient en bloc. On ne voyait rien par nos yeux qui n’avaient jamais vu que le montrable, le montré. Il était une fois, l’Homme : mots en costard taillés dans la leçon sur nos livres d’Histoire. Les bons les méchants. Et nous qui récitons. Les dates et les noms. Les chiffres. Ne pas faire de faute. Ne pas en oublier.

Je mettais un pied puis l’autre, sans horizon, sans destination, sans profondeur de champ, je pointillais sur une image. Les autres me regardaient et attendaient que je pleuve sur mes joues. Il paraissait normal de voir les blacks danser sur du zouk, de donner du rab de couscous aux marocains à la cantine, il paraissait normal de voir une juive pleurer à Auschwitz. C’était un devoir culturel. Et j’étais la seule aux yeux secs. Même les blacks et les marocains pleuraient à flots. C’est parce qu’à la fin, dans le musée, devant les monticules de cheveux, de savons, de lunettes et de valises nommées à la peinture blanche, ils voyaient des images, les images de ceux qui les avaient portés. Ils saisissaient, par une mèche, juste une vie, juste une vie, et ils pleuraient. J’avais déjà vu tout cela, déjà senti, et mon sang s’était résigné à pardonner.

En revenant, je vis son visage patient.
« J’ai rien… Je n’ai su que voir, j’ai rien senti. J’ai essayé, j’ai pas réussi. »
« C’est mieux comme ça. C’est bien ma chérie. C’est ce que je voulais. »
C’était dix ans plus tôt, nous n’en avons plus jamais reparlé.
Je jetai un regard sur son oreiller où son visage meurtri de fatigue attendait la suite. Des larmes malgré moi glissaient continûment de mes yeux. J’ai tourné encore une page. C’était la dernière.

Ces quelques mots y étaient inscrits :
Je ne regardais plus le ciel, je n’avais plus la force de croire encore au Monde. J’étais sur le rebord du bout du Monde, un pied en dehors, prêt à m’emporter dans l’oubli, l’autre retenu encore un temps sur Terre par des forces que j’ignorais au point de ne pas même savoir leur donner le nom de Dieu.
Le jour où les russes sont arrivés, j’ai marché, j’aurais voulu courir pour sentir mes chaînes flotter, mais marcher où je voulais, marcher par envie, mettre un pied ici, ou là, c’était déjà courir, et courir à pleine allure.
Je regardais devant moi. Un jeune soldat me faisait face, je marchais vers lui. Je me suis arrêtée à quelques mètres, j’ai vu ses yeux descendre le long de mon pyjama squelettique, s’arrêter en bas, incapables de remonter. Une larme a coulé sur sa joue. J’ai baissé le regard sur mes pieds nus, ils étaient dans une flaque d’eau, je n’avais pas senti. J’ai regardé quelques secondes, j’ai entendu le soldat s’avancer, poser ses armes à terre, j’étais figée, il y avait de la boue tout autour. Et l’eau était bleue, bleue comme celle des livres d’enfants. Mes pieds étaient pris dans le ciel. Je ne voyais plus que ce bleu. Je ne me souvenais plus des reflets. Je ne me souvenais plus du ciel.
Il a murmuré quelque chose. Il a mis sa veste sur mes épaules, glissé son bras dans mon dos, l’autre sous mes genoux. Il m’a soulevée du sol. C’est là que j’ai compris que je vivais encore. Quand il m’a détachée du sol. Quand il a libéré mes pieds de leur bascule, mis mes yeux face au ciel encore lointain. Quand j’ai senti son odeur d’homme. J’avais oublié la douceur complexe et subtile de ce parfum.
Je le regardais, je ne le connaissais pas. Il ressemblait à tous les jeunes hommes à la fois. Le visage blême et traversé de longues larmes, le regard fixe vers l’avant, bien au-delà des arbres des constructions, il me serrait avec une délicatesse qui m’aurait émue aux larmes si j’avais su encore pleurer.
Il m’a enveloppée dans une couverture. Il m’a donné à boire et un morceau de pain. Il a passé ses doigts charnus et tièdes sur ma joue. Il m’a allongée à côté des autres. J’ai regardé le ciel. Immense, qui réapparaissait. J’ai regardé le bleu. Ce bleu qui m’ouvrait de nouveau la perspective du Monde.

Ma revanche sera de mourir dans un lit. A l’inverse d’Hitler mort en se pressant, en fuyant, d’une mort bâclée.
Je mourrai d’une mort solide. D’une certitude. Je mourrai d’avoir vécu.


Elle ouvrit légèrement les yeux. Ce n’était plus son souffle pénible qui entamait l’atmosphère de sa chambre. Désormais chaque infime bouchée d’air qu’elle parvenait à transmettre à ses poumons maculait le silence d’un gémissement lourd. Je regardai sur le rebord de la fenêtre. « Il fait un peu bleu Mémé. », lui murmurai-je en retenant mes sanglots.
Elle serra subrepticement ma main, me regarda une seconde.
Ça lui plaisait que je sois devenue médecin. Elle avait pleuré quand j’avais prononcé mon serment, ce fut la seule fois où je vis des larmes traverser son visage. Je lui avais glissé un oignon dans la main en la serrant contre moi.
J’ai levé le bras vers l’ampoule de morphine. En ai augmenté le débit. J’ai déposé un bisou sur sa joue, caressé doucement sa pommette, serré sa main dans la mienne. Elle sourit.
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Message  Invité Mar 29 Juil 2008 - 19:48

!!!!!!!!!
Je me remets doucement après la lecture de ce texte poétique, fort, si fort... Que d'émotion ! Pas envie de lui trouver des faiblesses à ton récit, juste garder en mémoire ceci :
Moi qui disais qu’elle n’avait jamais osé vivre. J’avais tort puisqu’elle mourait.

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Message  Invité Mar 29 Juil 2008 - 19:54

Décidément... j'y reviens... J'ai été touchée aussi par la toute dernière phrase :
Elle sourit.
Etonnée dans un premier temps par ce que j'ai pris pour un passé simple malvenu après une série de passés composés (concordance des temps !!!) ; puis je me suis dit que s'il s'agissait en fait d'un présent, eh bien, cela ajoutait un autre sens au texte, prolongeait la vie de Mémé dans le coeur du narrateur et donc du lecteur...Bref, j'ai trouvé ça très significatif, même si je transmets mal mon ressenti.

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Message  mentor Mar 29 Juil 2008 - 20:13

ne t'avise pas de changer un mot à ton texte, il est plus que bien !
oui, quelle force, quelle justesse dans les mots et quelle retenue.
tu fais vraiment très fort pour une première prestations, bravo et beinvenue sur VE !

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Message  Crevette Mar 29 Juil 2008 - 21:11

Je ne le connaissais pas celui-là et encore une fois tu me scies... C'est émouvant et touchant... Dans ce soldat, j'y ai un peu vu de mon grand-père et rien que pour ce souvenir, je te dis merci...
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Message  parcimonie Mar 29 Juil 2008 - 22:27

Island a écrit: Etonnée dans un premier temps par ce que j'ai pris pour un passé simple malvenu après une série de passés composés (concordance des temps !!!)
Merci beaucoup pour cette remarque ; en effet, il faut que je revoie l'ensemble des temps ; Certains, à la relecture et grâce à ton éclairage, me semblent inadéquats.
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Message  Invité Mer 30 Juil 2008 - 6:52

parcimonie a écrit:
Island a écrit: Etonnée dans un premier temps par ce que j'ai pris pour un passé simple malvenu après une série de passés composés (concordance des temps !!!)
Merci beaucoup pour cette remarque ; en effet, il faut que je revoie l'ensemble des temps ; Certains, à la relecture et grâce à ton éclairage, me semblent inadéquats.
Mais non ! On te l'aurait dit !

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Message  Crevette Mer 30 Juil 2008 - 7:23

Bon pour ne pas jeter trop de fleurs... J'ai pas compris cette phrase... Mal construite ou mal lue par ma pomme???

Moi qui disais elle bâtit des échelles et ne fait que les regarder, regarder le ciel d’en bas et décalquer ses espoirs caduques sur du papier d’Histoire, et regarder le sang couler par ses yeux, et n’y voir plus rien à travers.
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Message  parcimonie Mer 30 Juil 2008 - 7:35

Crevette a écrit:Bon pour ne pas jeter trop de fleurs... J'ai pas compris cette phrase... Mal construite ou mal lue par ma pomme???

Moi qui disais elle bâtit des échelles et ne fait que les regarder, regarder le ciel d’en bas et décalquer ses espoirs caduques sur du papier d’Histoire, et regarder le sang couler par ses yeux, et n’y voir plus rien à travers.

J'aime pas les fleurs, c'est périssable.
J'avoue que la phrase est quelque peu complexe et que j'ai failli à plusieurs reprises la reprendre sans y parvenir.
Je souhaite dire d'une part, avec le rapport au ciel, qu'elle ne rêve plus, ne le sait plus ou ne se le permet plus ; pour le papier d'Histoire : qu'elle regarde le passé, son histoire qui se mêle à l'Histoire et l'espoir toujours présent de voir tout cela mené différemment ; en conclusion se laisser submerger par le drame, et n'y voir plus rien à travers, c'est à dire oublier la vie qui se déroule sous ses yeux...
Je ne pense pas que je sois très claire, ça témoigne sûrement d'un défaut, donc je vais tout simplement revoir la phrase !! Merci pour la remarque chère crevette !!
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Message  Arielle Mer 30 Juil 2008 - 7:36

Oui, touchée, c'est le premier mot, comme aux autres, qui me vient à l'esprit.
Touchée, mais moins par le sujet qui est hélas souvent abordé et nous émeut toujours mais touchée surtout par ta manière très personnelle de dire les choses avec une tendresse, une légèreté déconcertantes. Tu crées un monde où la douleur se teinte de poésie, où elle n'est plus que le reflet du ciel dans l'eau, muette entre les pages vides d'un cahier, elle n'en est que plus émouvante.
Des trouvailles de langage abondent tout au long de ton texte. Une seule partie a moins retenu mon attention : les deux paragraphes qui suivent "à l'entrée des douches" ils me semblent moins dans l'esprit de l'ensemble, plus classiques…mais ce n'est que mon avis.
Une grande délicatesse et beaucoup de maîtrise dans ton écriture. J'attends d'autres textes de toi avec impatience.

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Message  Chako Noir Mer 30 Juil 2008 - 12:57

Très fort. Très très fort, que d'émotions, que de poésie, que dire, "waow!" Un commentaire peut-être un peu plus construit, mais plus tard, après une seconde lecture. Pour la première, trop occupé à savourer. Bienvenue sur VE!! Et merci à Crevette de nous présenter une recrue aussi talentueuse!
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Message  bertrand-môgendre Sam 2 Aoû 2008 - 12:44

Elle avait noté en dessous une date, deux débuts de phrases, barrés, d’un seul trait qui, avec les mots qu’il traversait, formait comme des barbelés.
propositions: formait fil barbelé... formait barbelés.
C'est parce que tu réussis à envelopper le lecteur d'un léger parfum d'amertume qu'il te faut trouver dans ce texte, les petites faiblesses à supprimer.
Les autres me regardaient et attendaient que je pleuve sur mes joues
L'idée est là, son expression imparfaite.
L'utilisation du verbe dire mériterait un bon élagage.
Un travail de recul doublé d'une volonté de précision enrichiraient (à mon avis) l'excellence des sentiments ici développés.
À relire.
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Message  parcimonie Sam 2 Aoû 2008 - 16:40

Je suis d'accord, beaucoup trop de dire qui plus est facilement modifiables. J'avais dû faire ce choix pour ne pas surcharger mon texte et laisser la place entière aux faits, mais il est vrai que c'est finalement la répétition de ce verbe pâle qui le surcharge...

Pour les barbelés j'ai cherché déjà et je n'ai trouvé aucune formulation qui me convienne. Je vais tâcher de m'en sortir autrement.

Par contre je tiens à mon pleuvoir tel qu'il est écrit, dans le sens où ils s'attendent à ce qu'elle pleure d'elle-même, de son âme, sa propre chair... Mais peut-être ai-je tort. Ainsi pourrais-tu préciser en quoi c'est imparfait ?

Merci beaucoup pour ces conseils qui m'aident.
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Message  EmilSinclair Sam 2 Aoû 2008 - 18:26

Traiter un sujet vu et revu, c’est risqué, voire prétentieux. Mais quand c’est fait avec talent, avec brio… bravo pour ce très beau texte, souvent très juste. Quelques erreurs que je me permets de relever (essentiellement de la syntaxe) :

« Moi qui disais elle bâtit des échelles et ne fait que les regarder, regarder le ciel d’en bas et décalquer ses espoirs caduques sur du papier d’Histoire », Moi qui disais « elle bâtit… » ou Moi qui disais qu’elle bâtissait…

« petite les prénoms de ceux qui étaient restés là-bas. Ils étaient alignés sur le buffet de Mémé, en noir et blanc dans des petits ovales. Petite, je ressemblais », répétition de « petite »

« si tu sors regarde par terre. », là c’est une question, je sais bien qu’on pourrait dire « regarde à terre », mais est-ce qu’on écrit pas quand même « regarde (le) parterre » ? j’sais pas du tout.

« Devant maman et mamie elle ne pensait même pas. » : « Devant maman et mamie, elle ne pensait même pas. » C’est du détail, ms ds un texte de cette qualité, ça compte.

« je regardais par terre, les nuages passer dans le plateau sur la fenêtre » : « je regardais par terre les nuages passer dans le plateau sur la fenêtre » ou « je regardais par terre, les nuages passaient dans le plateau… »

« Un jeu de Monopoly, avec des maisons bien droites et toutes identiques construites sur le bord du chemin. » : « Un jeu de Monopoly, avec des maisons bien droites et toutes identiques, construites sur le bord du chemin. » voire « Un jeu de Monopoly, avec des maisons bien droites, toutes identiques, construites sur le bord du chemin. »

« Des larmes malgré moi glissaient continûment de mes yeux. » « Des larmes, malgré moi, glissaient continûment de mes yeux. »

« j’ai vu ses yeux descendre le long de mon pyjama squelettique », je me permets de relever cette phrase pour illustrer ce que j’ai dit précédemment : la justesse du texte. Magnifique hypallage, phrase pleine de sens…


« Ma revanche sera de mourir dans un lit. A l’inverse d’Hitler mort en se pressant, en fuyant, d’une mort bâclée. » Ça ne relève que d’un avis personnel, mais je n’aurais pas directement mentionné Hitler. A-t-on vraiment envie de voir ce nom parmi les souvenirs qu’on grave sur son cahier ?

Beau texte. Encore bravo.

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Message  Lucy Sam 2 Aoû 2008 - 18:35

Un texte touchant qui ne verse jamais dans le larmoyant.
Ta plume est d'une légèreté qui fait rêver. De belles trouvailles, tu sais jouer avec les mots ( et, peut-être, te jouer d'eux ).
Je te lirai avec plaisir dans les textes que tu choisiras de nous faire partager.
Merci, en tout cas, pour celui-là !
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Message  parcimonie Dim 3 Aoû 2008 - 6:07

Merci Emilsinclair, j'ai repris la presque totalité de tes annotations.

EmilSinclair a écrit: « si tu sors regarde par terre. », là c’est une question, je sais bien qu’on pourrait dire « regarde à terre », mais est-ce qu’on écrit pas quand même « regarde (le) parterre » ? j’sais pas du tout.
Juste pour dire que dans le coin (Picardie), nous disons indifféremment à terre ou par terre. Pour ma part je l'ai appris en "par terre" et il m'a semblé l'entendre souvent utilisé dans d'autres régions, voilà pourquoi je l'ai préféré. S'il s'avère choquant je peux malgré tout le modifier.


EmilSinclair a écrit:« Ma revanche sera de mourir dans un lit. A l’inverse d’Hitler mort en se pressant, en fuyant, d’une mort bâclée. » Ça ne relève que d’un avis personnel, mais je n’aurais pas directement mentionné Hitler. A-t-on vraiment envie de voir ce nom parmi les souvenirs qu’on grave sur son cahier ?

Quant à nommer précisément Hitler, pour y avoir depuis pensé, il me semble nécessaire de le conserver ainsi : elle désigne son assassin, le nomme "en face", ne le/se cache pas derrière des périphrases, elle le pointe précisément du doigt. Cela paraît-il opportun ?

Merci à toi et à tous pour vos commentaires.
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Message  EmilSinclair Dim 3 Aoû 2008 - 11:58

« Juste pour dire que dans le coin (Picardie), nous disons indifféremment à terre ou par terre. Pour ma part je l'ai appris en "par terre" et il m'a semblé l'entendre souvent utilisé dans d'autres régions, voilà pourquoi je l'ai préféré. S'il s'avère choquant je peux malgré tout le modifier. »,

Pour ma part, ça ne m’a pas choqué, je m’interrogeais seulement sur l’orthographe.

« Quant à nommer précisément Hitler, pour y avoir depuis pensé, il me semble nécessaire de le conserver ainsi : elle désigne son assassin, le nomme "en face", ne le/se cache pas derrière des périphrases, elle le pointe précisément du doigt. Cela paraît-il opportun ? »

Disons qu’avec les subtilités qui parcourent le texte, je m’attendais à une attaque un peu moins franche, un peu moins frontale, de la part de cette vieille dame. Mais l’auteur est grand maître de son texte, et quoiqu’il arrive, tes écrits restent de grande qualité !

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Message  Sahkti Dim 10 Aoû 2008 - 19:56

Il ya beaucoup d'émotion et de poésie dans ton texte, beaucoup de force aussi. C'est ce qui ressort d'une première lecture. Une seconde permet de cerner ci et là quelques maladresses ou quelques longueurs, un sentiment de temps à autre de "too much", qui ne nuit cependant pas à l'ensemble.
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