Du Saucisson aux fruits des bois : scènes de vie quotidienne

Voilà le début d'une série de petits textes consacrés à l'adolescence.
Bonne lectuuuuuure !

Il me regardait en ouvrant de grands yeux ronds :
-Han mais tu te rends pas compte. J'crois que tu comprends pas. Trois jours ! Ca fait trois jours que j'ai rien fumé !
-Ooooh, choupinou... T'es ridicule. Complètement.
-Quoi? J'y peux rien, j'suis accro !
-Ouais, trop, j'te comprends, trois jours, c'est énorme pour un mec qui crapotte deux clopes tous les jours pour montrer à ses copains qui est le plus intéressant, le plus intelligent, le plus rebel, et j'en passe.
Comme il s'apprêtait à ouvrir la bouche, j'ai ajouté :
-Me reparle pas de ça. J'veux pas en entendre parler. Je sais que ça m'arrive aussi, de fumer avec les autres, mais je viens pas te saouler avec ça quand on se voit. Merci.
Il a baissé la tête, et quand il a redirigé son menton vers moi, c'était pour m'exposer une autre idée sordide de crétin en pleine rébellion :
-On va s'bourrer la gueule. J'ai 10 euros !
-Si tu veux. Mais je paye rien.
-On va acheter de la despé !
-T'es bourré avec 10 euros de despé? T'es trop mignon, tu sais.
Et j'étais sérieuse, il me faisait un effet fou, malgré tout. On a une relation bizarre, avec Matthieu. On passe notre temps à se moquer de nous, et des autres, presque de s'insulter, de se ridiculiser, mais en fait, on a toujours envie de se voir. Le mercredi après midi et le samedi, on va souvent à Bastille (faire du skate, se moquer des emos, et marcher, puisqu'on y va à pieds) ou aux Halles, là on entre dans toutes sortes de magasins, surtout ceux aux vitrines noires, où sont exposés de longs manteaux, des bagues, des mitaines, des pantalons en cuir et des t-shirts de groupes de métal.
Mais hier, on revenait de Bastille, on était un peu fatigués, et on s'était installés sur un banc d'une petite place dont j'ai oublié le nom, qui se situe juste au dessus de la place Edith Piaf. Il faisait bon. J'ai oublié toute la distance qu'on s'imposait, ou plutôt, j'ai oublié pourquoi on se l'imposait, j'ai trouvé ça ridicule, alors j'ai posé ma tête sur son épaule.
-Eh, tu dors pas sur moi ! Si t'as besoin d'affection, vas voir ailleur. Il a dit ça d'un ton faussement outré, un peu railleur et amusé.
J'ai grogné, et je lui ai dit que s'il voulait se bourrer la gueule il devrait acheter de la vodka ou du pastis.
-Mais c'est pas bon, ça...
-Tu achètes une bouteille de jus d'orange, t'en vides la moitié, et tu verse ta vodka dedans.
-Et c'est bon?
-Très. je l'ai déclaré d'un air sûr de moi, et je m'en félicite. Avec Matthieu, c'est toujours à celui qui a l'air le plus classe. C'est bête, mais c'est comme ça.
Il y avait une épicerie juste à côté, mais il a finit par acheter de la bière.
-Tu m'en veux pas?
-Je m'en fou, j'ai répondu d'un air détaché.
-Bon. Génial. Tiens. (Il m'a tendu une canette et a ouvert la sienne). Allez, on trinque !
Donc, on a trinqué, et un quart d'heure plus tard, il était dans une ruelle qui part de notre petite place, persuadé d'être complètement saoûl, et en train d'uriner les trois quarts de ce qu'il avait bu, à en croire par le temps qu'il a mis avant de m'appeler :
-Eh ! Viens voir ! Ca fait une énorme flaque.
Il s'est marré. C'est pourtant pas bien drôle, un flaque de pisse.
j'ai dit d'un ton presque plein d'entrain :
-Super. Contente pour toi. On retourne s'assoir?
Et là, un jeune couple passe, et piétine sa belle flaque. Il était vert, le pauvre.
Il m'a chuchotté à l'oreille :
-Ils ont marcé sur mon pipi ! T'as vu ça?! Ils ont marché sur mon pipi !! J'leur dis? Hein? Je leur dis?
-Ouais, fais toi plaisir. Dis leur.
Il a souri de son grand sourire dégoûtant.
- Eh, vous !! Madame, monsieur !! (Il n'y avait que nous dans la ruelle, j'imagine que c'est pour ça qu'il se sont tout de suite retournés) Ouais, vous. Vous avez marché sur mon pipi ! Ils avaient l'air interloqués, les pauvres. Il a repris :
-Haha, bande de con, vous avez marché sur ma pisse pleine de bière !
L'homme à chuchotté quuelque chose à l'attention de la femme, ils se sont retournés et ont continué leur chemin d'un pas pressé.
Matthieu est parti d'un rire glauque qui m'a mis mal à l'aise, et puis la nuit était en train de tomber, alors je suis partie, moi aussi.
Quand je descendait la rue et que j'étais hors de son sang de vision, il a dû se décider à regarder dans ma direction et s'étonner de ne pas me trouver, puisque je l'ai entendu gueuler mon nom à plusieurs reprises.
Pathétique, comme cri. Mais agréable, finalement... Et en y repensant je trouve que j'ai passé une bonne après-midi.

Le problème c'est que d'emblée ce texte rappelle "Il est toujours là" et que l'impression se confirme tout au long de la lecture.

Ah ! Oui c'est vrai...Mais il y en aura d'autres... J'essayerai de changer.
Au fait, oui, j'ai bien 12 ans. Ce texte ci a été écrit sans trop réfléchir... C'est dommage, j'aurai pu faire mieux :-D
Le vécu passe mal. Il n'est pas vraiment intéressant. Bref, je me mets au travail dès aujourd'ui pour pondre autre chose de meilleur.

Illusions a écrit:Ah ! Oui c'est vrai...Mais il y en aura d'autres... J'essayerai de changer.
Au fait, oui, j'ai bien 12 ans. Ce texte ci a été écrit sans trop réfléchir... C'est dommage, j'aurai pu faire mieux :-D
Le vécu passe mal. Il n'est pas vraiment intéressant. Bref, je me mets au travail dès aujourd'ui pour pondre autre chose de meilleur.

C'est bien d'être consciente du fait que le vécu "passe mal", comme tu dis. En même temps, à 12 ans du vécu... Mais beaux efforts, malgré tout. =-)

ps : j'espère que le vécu de la clope et de la bière à 12 ans, c'est du rajouté ? Parce que franchement, les gosses aujourd'hui, ava plus là !

Ava plus là.

il n'est pas précisé dans le récit, l'âge des personnages ?
Si écrivant, il nous fallait respecter notre âge, notre condition, putain ce qu'on s'emmerderait ! Non parce que tout ça consiste beaucoup à être autre (oui, j'avoue de pas être celui brandissant l'épée et fendant en deux un Troll ou deux s'étant malencontreusement perdus dans mon estaminet, c'est vous dire si je rêve. Et rêve d'autant plus, j'empire, que jamais je n'écris d'histoire de Trolls, pas plus que je ne possède d'estaminet)
Bref, pas pour ça que ça marche pas, pas non plus parce que il ne s'y passe rien, non, il y a du trop dit et trop de raccourcis à la ', personne ne parle comme ça, jeune, très jeune ou pas.
Bref je passais par là

Avec tout le respect que je te dois Yali, tout porte à croire que les personnages ne dépassent pas les quatorze ans (et avoisinnent donc l'age de la jeune auteur du texte).

Le titre, déjà : "Voilà le début d'une série de petits textes consacrés à l'adolescence."

Et ensuite, Illusions qui précise elle même que c'est du vécu.

Ce qui me chagrine donc, c'est le fait que ce vécu soit rendu de manière trop naïve - par contre, comique parfois et ça marche pas trop mal.

ps : @ Illusions, ouch.

Alskay a écrit:Avec tout le respect que je te dois Yali, tout porte à croire que les personnages ne dépassent pas les quatorze ans (et avoisinnent donc l'age de la jeune auteur du texte).

Le titre, déjà : "Voilà le début d'une série de petits textes consacrés à l'adolescence."

Et ensuite, Illusions qui précise elle même que c'est du vécu.

Ce qui me chagrine donc, c'est le fait que ce vécu soit rendu de manière trop naïve - par contre, comique parfois et ça marche pas trop mal.

ps : @ Illusions, ouch.

C'est exact, et c'est bien ça qui me fascine. Moi, la première fois ou j'ai écris une ligne, j'en avais 39. En même temps, je ne me souviens pas avoir été adolescent, pas davantage adulte. Bref, j'ai loupé toutes les étapes, aussi je regarde les plus grands du coin de l'œil, ceux qui reluquent déjà les boutanches de Vodka et le cul des filles, et je m'interroge, un brin admiratif tout de même, et voilà tout:-)

Merci des commentaires :-))
Je crois saisir à peu près ce qui cloche.

Bon. Finalement j'abandonne.

Illusions a écrit:Bon. Finalement j'abandonne.

Que se passe-t-il ?

je ne pense pas être bonne critique (l'argumentation me fait souvent défaut dans le quotidient...), mais j'ai lu deux de tes textes (celui là et un autre, mais ne me demande pas de te le citer, j'ai une mémoire de poisson rouge), et, oui il y a quelque chose qui cloche peut être vis à vis du trop réel et du pas assez qui s'y mèle, enfin c'est une impression qui m'a assaillie lorsque je les ai lu. Mais j'ai trouvé tes textes assez prenants, du genre qui laissent une empreinte dans l'esprit des gens longtemps après qu'ils les aient lu. Comme quand on finit un bouquin ou une nouvelle, qu'on arrive à la chute et qu'on se dit, Ho merde... Et qu'on a le cafard toute la journée.
Par ce coté là, j'ai beaucoup apprecié, et aussi par le fait qu'ils sont légers, sans prise de tête, et bien avec ce que l'on peut vivre quelques fois. Avec moi de cynisme tout du moins. Car ce qui pourrait clocher c'est ce regard trop adulte sur tous ces problèmes de jeunes ou de moins jeunes. Ces expressions que l'on entends seulement lorsque l'on est plongé dans un univers propre et que l'on oublie en en sortant.
Bon point aussi sur la légerté du texte (les miens sont très lourds, ce que j'essaye de corriger, mais je ne suis jamais satisfaite.)
Enfin voilà à peut prèt tout ce que j'avais à dire.
Sur ce, continue, et essaye de te détacher un peu de ce cynisme qui impregne tes textes et les rend quelque peut malsains.

Il se passe que... J'en avait commencé un autre, que je trouvais plus ou moins mauvais, pas de World sur mon ordinateur qui reviens de sa réparation chez darty, donc je l'écrivais directement sur le forum, le corrigeant petit à petit et le copiant de temps pour si jamais je faisais une fausse manip. et il y a eu un bug quelconque, internet a arrêté de fonctionner, et même ce que j'avais copié a disparu...
Enfin bon... Ces derniers temps j'écris du tout pourri et ça m'énerve. De toute façon, l'humeur n'est pas au beau fixe, il va falloir que j'arrange ça avant d'écrire un nouveau désastre.

Merci, Morien :-)))))

Après une fausse manip, Illusions, tape du pied et s'écrie :

Ces derniers temps j'écris du tout pourri et ça m'énerve

Du tout pourri comme ça, y'en a plus d'un qui pourrait en faire ses délices ;-)

Illusions a écrit:Merci, Morien :-)))))

Derien ^^

Que ce soit du vécu, c'est bien possible et tant mieux quelque part, si ça permet de parler du sujet, de l'intérieur.
Toutefois, quelque chose ne passe pas chez moi en raison notamment d'une impression de superficialité et de langage un peu faux. Des ados, j'en côtoie tous les jours et si je retrouve certaines de tes tournures dans leur langage, j'ai tout de même du mal à tout y retrouver. C'est comme si en fait, c'était un adulte qui essayait de parler ado, quelque chose coince, sans trop savoir quoi. Peut-être une question de recul (mais à 12 ans, tu ne peux logiquement pas avoir de recul sur une période que tu entames) ou alors tu as voulu trop bien faire (ce qui n'est bien sûr pas un mal ni un reproche) et tu as tué le naturel et la spontanéité des échanges de ce texte.

Moi, franchement, je ne me retrouve pas dans les commentaires. Je suis peut-être bon public, mais pour moi, ce texte fonctionne bien. Les personnages sont drôlement attachants. Les dialogues sont vivants.
Je suis peut-être bon public, mais il y a plusieurs textes sur lesquels je n’accroche pas sur ce forum, et le tien, j’ai eu envie de le lire d’emblée.
Je ne sais pas si c’est du vécu ou pas, mais ça n’a pas d’importance. En tout cas, pour moi, les personnages ne peuvent pas avoir 12 ans (ou bien y’a plus d’z’enfants…) mais une quinzaine d’années.
Juste quelques petites remarques :
- Les caractères gras c’est fatigant.
- Sépare bien ce qui fait partie des dialogues et ce qui n’en fait pas partie (il y a des retours à la ligne nécessaires).